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L’Appel de Mongo – Les deux tests

38 lecteurs / 1 critique par volume

♥♥♥♥ j’adore, je suis conquis.e | ♥♥♥ j’aime beaucoup, je suis touché.e et captivé.e | ♥♥ sa force l’emporte malgré ses faiblesses | ça se laisse lire mais sans plus | je n’aime pas/je décroche

Protocole du test II

Le second test a porté sur les quatre volumes du livre complet, incluant un questionnaire et la rédaction d’une synthèse sous forme de 4ème de couverture.

 

Recrutement d’un lectorat adulte sur annonces universitaires. Le candidat doit aimer lire, être ouvert à la spiritualité et se sentir concerné par le devenir positif de la société.
Il lit en situation de lecture naturelle, pour son plaisir et sa gratification personnelle, et reste libre d’arrêter à tout moment s’il n’y trouve plus d’intérêt et décroche.
Après lecture, il exprime librement son impression dans un entretien en termes positifs comme négatifs.

 

[Nous certifions que tous les commentaires sont retranscrits fidèlement sans bonification. Les noms des candidats ne figurent pas pour préserver leur vie privée, mais ils peuvent être transmis pour vérification à tout contact professionnel sur demande.]

Jérôme C.

Jérôme C – 40 ans – Master franco-allemand (Leipzig) – Exploitant de transport – Alsace
Sensibilité littéraire : éclectique, littérature classique, russe et contemporaine, Goethe, Zola, Dostoïevski, Stephen King.

LIVRE COMPLET  ♥♥♥♥  9,8/10*

Volume I  ♥♥♥♥  10

Volume II  ♥♥♥♥  9

Volume III  ♥♥♥♥  9,5

Volume IV  ♥♥♥♥  10

* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime

En une formule

L’art de s’oublier soi-même pour rencontrer l’Autre et devenir Un où plus rien ne manque.

Ne cherchez plus : voici le panneau indicateur à l’attention de notre humanité déboussolée pour retrouver le chemin du paradis perdu.

En quatrième de couverture

Si vous croyez encore qu’il existe des alternatives plus réjouissantes au moins pire des mondes possibles dans lequel l’élite régnante nous enferme, ou si vous croyez que même sans cela le vrai bonheur est accessible ici et maintenant indépendamment de la folie du monde, la portée révolutionnaire de ce grand livre vous comblera au-delà de vos attentes.
En nous plongeant dans un univers dystopique où règne le pouvoir de la Communication, il projette dans notre conscience une image attrayante pleine de mystère pour le seul plaisir de nous divertir. Nous voilà embarqués dans une épopée captivante en compagnie de personnages attachants qu’on ne veut plus quitter, quand peu à peu des miroirs apparaissent au cœur du divertissement qui reflètent l’état actuel de notre monde et de notre propre réalité intérieure. L’odyssée se poursuit dans la grande image mais elle nous mène maintenant à la rencontre de soi-même, nous faisant traverser les ténèbres les plus profondes de l’âme avant de rejaillir à la lumière.
On sort du livre comme d’un sortilège. L’image support du divertissement s’est évaporée dans la pure énergie créatrice qui nous est infusée pour un nouveau commencement. Nous réalisons qu’elle était une illusion, tout comme nous étions nous-même perdu dans l’illusion du monde. Au cours de la lecture, toutes les graines de l’éveil ont été semées dans notre conscience pour nous donner les moyens d’engendrer un monde meilleur, en commençant par être heureux ici et maintenant.

Questionnaire

Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?

Le premier qualificatif qui me vient est  » charmant  » au sens du Moyen Âge d’être sous l’emprise d’un charme qui s’est emparé de moi de la première à la dernière ligne.
Il est captivant, surprenant, intéressant, et marquant car il reste en tête après la lecture, donnant envie de mettre en pratique ses leçons de sagesse.
L’écriture est maîtrisée dans tous ses aspects (romanesque, épopée, érotique, analytique, spirituel, force des personnages). Rien n’est en trop, tout est à sa place et s’emboîte dans des liens nécessaires qui s’éclairent mutuellement. Et ça se lit tellement bien, avec fluidité, clarté, intensité et une attraction constante.

C’est un livre qui donne de l’énergie :
1- pour être emporté dans le courant du récit comme dans une cascade ;
2- pour l’intensité des scènes érotiques qui transmettent de l’énergie vitale ;
3- pour les scènes de transe et surtout la Danse finale des mongonastiques qui fait fusionner l’œuvre collective en libérant de l’énergie pour impulser un nouveau commencement chez le lecteur ;
4- pour la source profonde de l’inspiration du livre chargée d’énergie spirituelle.

Que vous a-t-il apporté ?

Une réflexion sur moi-même avec des éclairages déterminants sur la source de la souffrance liée à l’illusion du mental et la clé concrète pour s’en délivrer.
Une invitation à s’oublier soi-même pour retrouver le chemin de la plénitude et mettre fin au manque illusoire.
Des informations éclairantes sur différents sujets (économiques, écologiques, état du monde…)

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

Oui. Il m’a éveillé dans ma recherche sur moi-même.
Il m’a fait voir comment notre environnement médiatique omniprésent nous conditionne à l’individualisme, à la recherche d’attention et de gloire pour se sentir exister, et donc à l’incitation permanente à cultiver une image de soi attractive et parfaite. Comme c’est un but illusoire inaccessible, il est le moteur de l’insatisfaction, du manque et de la souffrance que l’on se créé soi-même. Le remède est de revenir ici et maintenant, d’accepter l’instant présent qui détruit l’illusion du futur où est projetée notre image de soi en attente de gloire dans la télé-réalité ou ailleurs.
Il m’a éveillé au bienfait de s’accepter soi-même, à la compréhension de l’équilibre intérieur qui consiste simplement à lâcher notre attachement à l’irréel, le monde inconscient des projections, pour revenir automatiquement au centre de soi-même où on est entier et où rien ne manque.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?

Oui, il est totalement cohérent en tant que roman d’initiation, car tous ses différents aspects se rassemblent pour servir un même éveil de conscience. Il y a un emboîtement logique d’un volume à l’autre par une élévation graduelle. Le vol I installe l’univers et ses enjeux par une forte accroche initiale qui incite le lecteur à se plonger dans les volumes suivants ; le vol II donne les savoirs fondamentaux de l’état du monde aboutissant à l’inconscience comme racine du mal ; le vol III entame une plongée introspective d’interrogation sur soi-même pour déterrer la racine du mal en soi; le vol IV parachève l’introspection en déterrant la racine du mal qui engage à l’action positive sur le monde par une puissante montée d’énergie transmise au lecteur.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?

Oui, car c’est une recherche que chacun doit mener seul. Et non, car c’est dommage que l’auteure ne soit pas connue des lecteurs qui aiment son œuvre.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Oui, à condition que les gens prennent le temps de le lire.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Si par grand public, on entend les lecteurs de romans de gare, non il ne l’est pas. Car trop long, et trop individuel (tout le monde n’a pas forcément envie de se remettre en question).
Mais si on entend large public, là oui. Car il s’adresse aux hommes comme aux femmes de tous âges et de toutes conditions qui peuvent être touchés et concernés.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?

Oui, clairement. Ce serait même une très bonne chose de le faire lire dans les lycées.
Outre sa grande qualité littéraire et son traitement vivant et captivant, il doit pouvoir intéresser beaucoup de gens attirés par le développement personnel, la réflexion sur les religions, l’écologie, des alternatives à la pensée dominante, des issues au désastre du monde…

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

Oui, et c’est déjà fait.

Volume I 

♥♥♥♥  10

Commentaire

J’ai énormément accroché à ce premier volume qui est aussi prenant et captivant qu’un Stephen King. Il m’est même arrivé de poursuivre la lecture au cours du repas tant j’étais pris dedans… L’écriture est très maîtrisée pour donner un livre simple à lire, facile d’accès, où toutes les situations se visualisent clairement sans effort, comme devant un écran de cinéma. Le texte reste fluide tout du long, sans accroc, il nous emporte dans son courant comme une cascade.
Dans ce premier volume, l’auteure dispose ses pions, met en place les pièces d’un échiquier qui laisse pressentir le déploiement d’une vaste construction qui nous attend dans les volumes suivants. C’est comme ça qu’apparaissent les principaux personnages. Ils ont une identité forte, des caractéristiques extrêmes, une existence hors du commun où chacun semble soumis à un destin puissant. Leur présence est marquante, criante de vérité, si bien qu’on se sent vite proche d’eux et qu’on n’a pas envie de les quitter. Le premier volume se referme avec le désir d’en connaître plus sur eux, de découvrir leur évolution et leurs interactions mutuelles, ce qui nous prédispose tout naturellement à plonger dans la suite du livre.

Des personnages marquants, je retiens particulièrement la trisaïeule tellement hors d’âge qu’elle est comme un esprit immatériel, Djack énigmatique, tourmenté et complexe, mais surtout le Baron Ungern. C’est avec lui que j’ai ressenti la plus forte identification. Il est un ange déchu, possédé par le mal, à la fois victime et bourreau. Le personnage est fascinant par sa démesure qui pointe vers la part du mal, son interrogation et sa lutte, qui est en tout être humain. Il sent qu’il est le jouet d’une puissance supérieure, esclave de son conditionnement de souffrance qui a fait de lui le monstre qu’il est devenu. Il se sait faible et tout petit devant cette puissance aveugle, il est plein de doutes, mais il ne renonce pas pour autant à sa quête métaphysique de certitude ultime, et il a pour cela toutes les audaces en allant jusqu’à défier Dieu, le Créateur et premier Responsable de sa terrible condition. J’ajoute qu’Ungern en allemand a le sens d’ »à contre-coeur », un nom que l’auteure n’a certainement pas choisi au hasard.
Dans le registre de la démesure, j’ai aussi beaucoup aimé la fête du village qui culmine avec la transe dans une invitation à tout lâcher. Sa description est particulièrement réussie car je me suis senti porté, totalement en immersion dans son atmosphère psychédélique. Puis après avoir goûté les hauteurs célestes de l’âme, la retombée dans les exigences de la chair apparaît comme son complément naturel où la dualité âme-corps mérite tout autant d’être satisfaite. On bascule alors dans la scène sexuelle que j’ai trouvée très réussie et tout à fait à sa place. Elle est le prolongement de la fête orgiaque dans son invitation à tout exprimer librement, sans retenue et sans tabou. Quand Djack est sous l’emprise de ses pulsions qu’il ne contrôle pas, comme un écho à Ungern, la violence qui le possède et qui menace de massacrer Ambre montre bien sa réalité cachée ou refoulée dans l’être humain. Après avoir laissé remonter la dangereuse énergie de sa part d’ombre, il parvient finalement à la surmonter en l’intégrant à sa conscience dans l’amour retrouvé. Il s’agit là d’une saine délivrance de la violence que l’on porte en soi, tandis que son refoulement me rappelle qu’il est à l’origine de toutes les guerres qui n’attendent que d’éclater pour expulser notre violence sur un ennemi désigné sur lequel est projetée notre ombre refoulée.

Derrière tous les personnages se tient l’énigmatique Mongo. Est-ce Dieu ? Une intelligence artificielle créée par l’homme qui a atteint le pouvoir de Dieu ? Si on ne sait encore rien de ce qu’il peut être, tout laisse entendre qu’il tire les ficelles des destins. Les principaux personnages se sentent manipulés par un destin implacable, où toute leur lutte et leur interrogation tournent autour d’un désir de se libérer du conditionnement dont ils sont prisonniers, comme si la seule expression possible de leur liberté était dans leur pouvoir de dire Non à Mongo.
Cependant, une autre approche de la liberté est suggérée quand Thomas essaye de communiquer avec Mongo dans la cellule de transfert. C’est sa résistance et sa volonté propre qui bloquent tout, mais dès qu’il renonce à imposer sa volonté, qu’il accepte et se soumet, la communication s’établit. De même qu’il est dit que c’est dans la soumission que l’on trouve Dieu… et peut-être la liberté.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien à signaler.

Volume II 

♥♥♥♥  9

Commentaire

Tout le volume apparaît comme un cours magistral proféré par le Dicteur à ses deux élèves dans l’espace de deux journées intenses. Il suspend le dynamisme du premier volume pour nous installer dans une longue parenthèse statique au caractère pédagogique marqué. Passé la petite frustration de devoir quitter ce dynamisme dans lequel j’étais si bien entraîné, l’attrait se poursuit à un autre niveau. D’abord dans la découverte de l’origine de Mongo, de sa fonction, de son lien au monde, des enjeux de la Communication, qui révèlent un univers imaginaire très élaboré et orchestré. Puis surtout dans la présentation des idées, idées souvent neuves et originales, parfois surprenantes, toujours pertinentes. On se retrouve dans un roman d’initiation qui invite le lecteur à se joindre aux deux élèves pour apprendre avec eux. Ayant été professeur et puisque l’intention du livre est ici d’instruire et d’éveiller, je dois dire que sur le plan pédagogique il est tout à fait réussi, très clair et efficace. Les idées ressortent bien, elles s’enchaînent dans une logique nécessaire, se rassemblent dans une vision d’ensemble cohérente, on suit et assimile tout les développements facilement de sorte que la lecture reste agréable et prenante.

Des idées exposées, je retiens particulièrement la nécessité de sortir du travail productif. N’étant pas politisé, je suis peu au fait de ces nouvelles problématiques et je trouve celle-ci très pertinente. De même, j’ignorais tout du mécanisme de la création monétaire et de la monnaie de dette qui a été une vraie révélation. Alors que l’économie financière donne plutôt envie de fuir tant elle reste obscure et incompréhensible, c’est tout le contraire dans le livre. Les bases fondamentales sont présentées simplement et clairement, on y voit enfin clair sur l’essentiel, ce qui rend le propos passionnant. Ces bases acquises vont nous permettre d’embrayer ensuite sur la monnaie d’attention créée par Mongo, une métaphore très parlante du pouvoir de l’attention génératrice de richesse qui règne déjà dans le monde d’Internet et des médias. La loi de l’attention qui veut que « tout ce sur quoi nous portons notre attention grandit » est très éclairante elle aussi, car elle suffit effectivement à elle seule à expliquer tout le mécanisme du pouvoir dans le monde de la Communication. Elle débouche sur l’audicratie qui renvoie à la responsabilité de notre goutte d’eau, la responsabilité du pouvoir de notre attention qui génère de la richesse là où nous la dirigeons. Ça me fait songer aux émissions de télé réalité qui sont bêtes et dégradantes et qui continuent de rapporter énormément d’argent, parce que quand on tombe dessus quelque chose se passe, le fait que tant de monde les regarde nous pousse irrésistiblement à regarder nous aussi.
Je pourrais encore citer le développement sans fin de Mongo qui augmente autant le positif que le négatif, la perte de la capacité d’attention comme explication plausible du déclin de la musique classique, le fléau de l’inconscience qui pour moi relève autant de l’indifférence et qui renvoie alors à la perte du religieux, la perte de l’attention à autrui et de l’amour du prochain. Il y a aussi les quatre poisons de la bête immonde de l’inconscience collective : l’accélération du temps, le gigantisme, le carriérisme et la frontière séparatrice, des poisons qui sont bien réels dans mon univers professionnel.
De la confrontation avec toutes les idées de ce deuxième volume, il ressort que je me sens en phase avec elles pour les trouver toutes pertinentes et cohérentes. Elles me donnent l’impression qu’elles étaient déjà en moi, que je les percevais déjà dans le monde mais sans pouvoir les exprimer,
et le livre a le mérite de les formuler clairement.

Le dernier grand moment du livre s’enclenche avec la crise de doute du Dicteur qui est vraiment très bien écrite. Elle nous fait vivre de l’intérieur sa montée d’angoisse jusqu’à ce qu’il craque, pour finalement plonger dans le Silence de Mongo et accéder à la paix intérieure qui est extrêmement bien ressentie.
Ce moment arrive à point pour préparer l’atmosphère de détente nécessaire au dénouement. Le Dicteur nous a fait accumuler son savoir au cours de la lecture, pour ensuite nous montrer que tout ce savoir l’étouffe et n’est pas essentiel pour vivre en paix et heureux. C’est aussi une invitation pour le lecteur, non pas à rejeter, mais à relativiser la connaissance acquise dans ce volume, car la compréhension profonde du Dicteur aboutit au Silence. Et l’image finale de la Madone, par son sourire transcendant indestructible, nous rappelle que si la connaissance peut aider, en définitive seul l’amour de soi-même et des autres apportera la guérison du monde.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Je signale juste que la parenthèse statique à l’intérieur du dynamisme du roman peut sembler un peu longue, mais ça reste très léger.

Volume III 

♥♥♥♥  9,5

Commentaire

Alors que je l’ai adoré, la première impression qui me vient est que je ne sais pas quoi en dire. A cause de sa richesse, de sa vastitude, de sa profondeur spirituelle qui touchent tellement de dimensions de l’être qu’il semble impossible à résumer.
Comme les volumes précédents, on rentre dedans, on est pris par le récit qui est toujours aussi bien écrit. Difficile de lâcher les pages, elles gardent leur pouvoir d’attraction en nous entraînant dans des intrigues qui s’amoncellent en restant ouvertes : l’envie de retrouver les personnages principaux, de les voir évoluer, l’envie de recevoir les révélations des grands symboles, de découvrir la cérémonie de transfert, qui sera le treizième Danseur accompli, à quoi ressemblera la treizième mutation. Mais il y a surtout l’attraction de l’inconnu, on avance dans les pages comme dans l’inconnu, car le livre ne cesse de surprendre en changeant fortement à chaque volume, au point qu’on ne sait vraiment pas à quoi s’attendre avec lui.
Dans ce troisième volume, on plonge dans une dimension spirituelle intense qui pour moi s’apparente à une religion laïque. Son pouvoir d’attraction s’exerce ici au niveau spirituel, dans un appel à aller vers soi-même, à se dévoiler pour une redécouverte de soi-même. Il éveille des intuitions de notre être intérieur, comme si on se parle à soi-même en lisant. Il exprime des vérités éternelles dans une grande référence biblique, mais en employant un langage nouveau, des images poétiques nouvelles très évocatrices qui en rafraîchissent le sens et résonnent clairement en soi.
Le livre devient de plus en plus religieux, et à ce stade, j’imagine que son auteure doit avoir un engagement religieux intense, une connaissance spirituelle profonde. On sent aussi qu’elle aime son livre, qu’elle a dû profondément aimé l’écrire, car en retour on aime son livre, on aime la force de vie et l’amour qu’il contient.

Dans le foisonnement des thèmes spirituels qui m’ont touché, celui qui me vient en premier est le sens avec, ou être avec qui est longuement développé. C’est le  » aimez-vous les uns les autres  » de Jésus. Son imprégnation conduit à dissiper les oppositions, les séparations, produisant un effet d’ouverture à la vie et d’apaisement profond. Il s’associe à l’autre grand thème du Oui inconditionnel à la vie qui invite à ne résister à rien et à tout accepter, nous faisant sentir que cette acceptation sans limites est le moteur qui fait s’évanouir le mal, que si nous pouvions réellement tout accepter, il n’y aurait plus aucune trace de mal dans notre réalité propre. Mais cette acceptation demande le courage de ne résister à rien de ce qui nous arrive, c’est un acte de sacrifice de soi tout comme Jésus s’abandonnant sans condition sur la Croix. Et je ne peux m’empêcher d’associer le périple de Thomas qui s’ouvre et s’abandonne toujours plus à la lente crucifixion de Jésus qui prend sur lui tous les péchés du monde pour les transcender.
Car on peut retrouver cette impression dès la révélation de l’Ogre qui survient au début du volume. C’est une entité fascinante qui contient tout le mal et est le miroir de toute notre peur, mais en même temps l’Ogre appelle Thomas comme un écho lointain de l’appel de Mongo. Thomas l’affronte en reconnaissant qu’il est aussi une part de lui, ce qui devient de plus en plus manifeste dans la dernière partie méditative du livre. Là, sa crucifixion consiste à s’affronter jusqu’au bout, c’est-à-dire à affronter jusqu’au bout l’Ogre, la peur et le mal qui résident dans le miroir de sa conscience. Ça me fait songer à la formule de Kleist qui dit qu’après avoir croqué la pomme il faut manger le pommier tout entier. Il faut aller jusqu’au bout du mal pour le consumer et le transcender. C’est aussi la voie du  » connais-toi toi-même  » où il faut avoir le courage de se regarder jusqu’au bout pour accéder à la connaissance de soi.
Impossible d’évoquer tous les thèmes importants car ils foisonnent. Je peux dire encore qu’ils s’enchaînent, se nourrissent et s’appellent tous les uns les autres. Comme la mission divine de l’homme qui est d’unir en lui Ciel et Terre. Comme de redevenir un petit enfant pour accéder au Royaume éveillé. Ou comme le double mouvement du relatif et de l’ultime où Thomas s’interroge si tous les êtres pourraient être en réalité éveillés, et donc au paradis, sauf lui.
Enfin une dernière note sur la scène d’amour des jeunes amants qui est d’une grande intensité érotique, accompagnant leur élévation et communion toujours plus intime par une stimulation de l’énergie très bien ressentie.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Dans la scène d’amour, il y a quelques longueurs épisodiques, quelques phrases en trop qui pourraient être retirées, mais ça reste très léger.

Volume IV 

♥♥♥♥  10

Commentaire

Comme les volumes précédents ont été à chaque fois des surprises déjouant mes attentes, j’ai commencé ce dernier volume avec une avide curiosité pour la nouvelle surprise qu’il me réservait. J’espérais quand même retrouver les grands personnages du premier volume, surtout le baron Ungern, le plus fascinant à mes yeux. Ça n’a pas été le cas mais ça ne m’a pas déçu non plus, car le grand final du livre a tout emporté dans son énergie, faisant s’évaporer tous les personnages en dévoilant leur nature illusoire dont le rôle premier était de servir de support pour l’éveil de conscience. L’aboutissement du livre est alors exactement tel qu’il doit être, et il révèle rétrospectivement son unité profonde où tous ses différents aspects étaient des préparations pour faire converger l’énergie en un point de fusion libératrice.
Pour essayer de traduire l’impression qu’il m’a faite, je perçois le livre comme une icône, au sens des icônes de l’orthodoxie russe qui ont une fonction et un pouvoir spirituels. Dans l’icône, Dieu envoie une image plate (sans perspectives) contenant un mystère qu’il faut s’efforcer de sonder par la contemplation. De la même façon, le livre envoie dans notre conscience une grande image attrayante, divertissante et chargée de mystère. Le lecteur s’en imprègne tout au long des quatre volumes où un travail de gestation est à l’œuvre qui éclot à la fin quand l’icône révèle son secret en libérant l’énergie spirituelle qu’elle contient. Alors l’image support se dissout, tout l’univers imaginaire s’évapore pour ne laisser que l’essentiel : un éveil de conscience. En reconnaissant la nature illusoire de l’image, on se réveille d’un rêve qui est aussi le rêve illusoire du monde. Lorsque l’image à laquelle on s’est identifié durant toute la lecture se dissout, c’est aussi bien l’image de soi qui se dissout. Elle procure ce sentiment libérateur de l’oubli de soi, source du vrai bonheur pour aller à la rencontre de l’Autre et parvenir à la plénitude de l’Unité où plus rien ne manque.
Le livre finit sur une ouverture qui est un nouveau commencement pour le lecteur. Il s’achève par une transmission d’énergie à travers la Danse finale des mongonastiques, où les Danseurs Carlos et Thomas tapent du pied pour prendre à témoin la Terre, symbole de l’action concrète, et où toutes les identités séparées fusionnent dans l’élan vers la Treizième Œuvre, qui ne peut être qu’une œuvre collective nécessitant la contribution de toute l’humanité. Et le lecteur sort du livre en réalisant qu’il est lui aussi partie prenante de la Treizième Œuvre, qu’elle n’adviendra qu’avec la contribution dérisoire et essentielle de sa goutte d’eau. Ainsi la boucle est bouclée pour un nouveau cycle, qui est aussi un cycle sans fin.
Le livre a semé les graines de l’éveil dans notre conscience pour nous engager à agir concrètement à notre niveau. Après nous avoir démontré que l’humanité était engagée sur le chemin de l’enfer, chemin de la ruine et du dépérissement pour les générations futures, il nous a donné tous les panneaux indicateurs pour retrouver le chemin du paradis. Ce chemin commence en reconnaissant comment on se créé soi-même son propre enfer, il s’accompagne de leçons de sagesse pratique à appliquer pour y mettre fin afin d’aller de mieux en mieux dans sa propre vie, condition préalable pour engendrer un monde meilleur pour tous.

La dimension romanesque du dernier volume est intense. Elle débute par la douloureuse rupture des jeunes amants qui est très bien ressentie. La visite de l’Ogre force Thomas à se confronter à lui-même. C’est un préalable nécessaire à sa renaissance.
Pour se connaître soi-même, il faut affronter sa propre partie infernale, aller à la rencontre de sa part d’ombre et l’accepter. S’accepter tel que l’on est est la voie pour détruire l’ego, l’image de soi, afin de trouver la paix, ce qui demande du courage. Cela revient à accepter le moment présent tel qu’il est pour détruire l’illusion du futur et du passé, et ne plus vivre de faux espoirs, comme accepter le lieu où l’on est comme le meilleur qui soit plutôt que de vouloir s’échapper dans l’ailleurs. Ce qui m’interroge sur l’intuition d’Einstein sur l’espace-temps qu’il concevait peut-être comme une donnée de la conscience.
Thomas se confronte ensuite à Gunj qui va le conduire à la guérison. Gunj évoque clairement le sage réalisé. Il a atteint la vérité de l’être et la joie intérieure inaltérable. Il est parvenu à se libérer de la souffrance enracinée dans l’ego, tout en restant profondément humain et sensible à la souffrance d’autrui, ce qui le rend proche et attachant. C’est un sage très crédible qui donne de la valeur à ses leçons de sagesse. Il n’assène pas un savoir mais a un rôle d’éveilleur et d’accoucheur dont on voit l’effet sur Thomas. Après l’avoir longuement préparé, Gunj l’abandonne a ses propres ressources intérieures pour opérer sa guérison. Elle s’enclenche avec la vision du cœur de Mafat dégorgeant de sang qui est très forte émotionnellement, tandis que le processus de guérison par le transfert de sang coupable dans la crucifixion de Thomas est tout à fait pertinent.
Le développement du rejet, de la violence, de la souffrance, puis de la réconciliation et de l’apaisement des personnages est très bien mené et ressenti, autant entre Mafat et Thomas qu’entre Carlos et Thomas. Leur métamorphose dans la scène de retrouvailles finale s’impose alors naturellement. Ils sont tous les trois unis par un même cœur ouvert dans l’amour inconditionnel comme la sainte Trinité, parce qu’ils sont tous les trois dans l’attention de l’autre et non d’eux-mêmes, donc dans l’oubli de soi où ils se sauvent eux-mêmes en parvenant à l’Un. Il n’y a plus aucune trace de jalousie et de tensions entre eux, tandis que Mafat révèle une dernière fois sa maturité supérieure sur les deux Danseurs en tant que leur initiatrice.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien. Tout est à sa place, aucune longueur à signaler.

Eva L.

Eva L. – 21 ans – 1ère année Master de Théologie – Strasbourg
Sensibilité littéraire : romans classiques et philosophie politique, Sartre, Alexandre Dumas, Marie-Aude Murail, Orwell « 1984 »

LIVRE COMPLET  ♥♥♥♥  9,5/10*

Volume I  ♥♥♥  8

Volume II  ♥♥♥♥  9

Volume III  ♥♥♥♥  9

Volume IV  ♥♥♥♥  9,5

* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime

En une formule

Une magnifique exhortation à l’Amour de toute la création.

En quatrième de couverture

A travers le destin d’un petit garçon que nous voyons grandir, nous découvrons un monde plongé dans l’horreur et comment cet enfant appelé à être un Élu pourrait le sauver. Ce roman nous parle d’amitié, d’aventure, de fraternité, d’espoir, de bienveillance et d’Amour. C’est en combattant les ténèbres de son inconscience que l’humanité pourra trouver le chemin de la fraternité, et c’est en combattant ces mêmes ténèbres à l’intérieur de lui-même que l’homme pourra se trouver en pleine lumière. Le livre tout entier est une magnifique exhortation, pour que tous aujourd’hui nous agissions à notre échelle pour un monde meilleur, comme des milliards de petits colibris.

Questionnaire

Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?

C’est un roman d’initiation, presque une épopée, qui fait le choix de s’attacher à un personnage.
Il est constitué de grandes parties avec des styles différents qui reflètent des énergies, des dynamismes, des émotions et des atmosphères tout aussi différents : vie au village, scène d’amour, transe, aventure, horreur, dialogue, monologue intérieur, description, analyse politique…
Il montre un monde horrible pour nous avertir du pire qui pourrait nous arriver si nous laissons faire, et il nous incite à partir de là à agir dès aujourd’hui.
Malgré la profondeur du mal qu’il décrit dans toute sa cruauté, la tendresse et la bienveillance dominent le livre et l’emportent largement.
La narration prend son temps. Les thèmes sont développés en profondeur, ce qui ralentit le dynamisme de la lecture sur certains longs passages. Cela peut passer pour un manque d’efficacité de tenir le lecteur en haleine, mais c’est finalement une qualité du livre. Elle révèle l’intégrité de l’auteure qui privilégie la profondeur de son message à une efficacité marchande supposée.

Que vous a-t-il apporté ?

L’envie d’agir et de croire qu’une humanité fraternelle est encore possible.

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

Je ne dirai pas éveillé car j’avais déjà conscience de certains thèmes abordés, mais il a renforcé mes convictions quant à l’action pour le bien-être de l’humanité et de la planète.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?

Je vois le livre comme des blocs successifs de styles différents, formant un tout cohérent. Cependant, je m’attendais à retrouver le personnage d’Ungern. Je suis un peu restée sur ma faim de ce côté-là, on ne voit pas l’évolution du monde souffrant.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?

Je ne sais pas si elle est nécessaire, mais c’est certain qu’elle renforce l’aura de mystère à l’origine de la création du livre.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Oui, totalement, car il invite à agir.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Oui, car il retrace une aventure, et non, car les longues descriptions peuvent ennuyer certains lecteurs qui ne seraient pas réceptifs aux thèmes abordés.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?

Je ferais la même réponse que pour la question précédente.

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

A certains, qui y seraient réceptifs, oui.

Volume I 

♥♥♥  8

Commentaire

L’écriture simple et aisée fait qu’on entre très facilement dans l’univers du livre. La façon de mettre en place tout doucement la multitude des différents éléments de l’univers est aussi très bien amenée. L’univers se construit et se déploie peu à peu dans notre imaginaire, mais sans qu’on parvienne encore à l’identifier et à comprendre ses enjeux. On en est au stade d’avoir tous les éléments d’un puzzle dont on attend que tout soit rassemblé pour découvrir la vision d’ensemble. Et c’est en premier cela qui me donne très envie d’entamer le volume II pour découvrir l’univers total dont il retourne.
Le personnage de l’enfant Thomas qui porte la marque du héros et peut-être de l’Élu attendu, par sa bienveillance et son désir de faire le bien, donne également très envie de se plonger dans la suite. Intriguée par la communauté de Mongo et leur attente de Thomas pour sauver l’humanité et accomplir son bien, je voudrais savoir comment ils comptent s’y prendre, surtout dans sa pertinence en reflet avec le nôtre. Car avec un monde très sombre dépeint dans le récit qui est comme une extrapolation extrême du nôtre, l’enjeu de le sauver fait immanquablement écho à l’enjeu de sauver notre propre monde actuel.
C’est comme ça que je perçois le personnage d’Ungern et les situations de tortures horribles dont il se délecte. C’est un dictateur qui règne par la manipulation de la peur et qui symbolise la noirceur du pouvoir économique et politique qui pèse sur notre humanité. Mais il y apparaît comme un avertissement de ce qui pourrait nous arriver si nous laissons se développer ce pouvoir sans réagir. Car si le livre met en relief cette noirceur, il semble avant tout motivé par la bienveillance et une volonté de lui trouver un remède.
Je dirai encore que la vie au village est attrayante pour son bonheur de vivre qui s’apparente à des versions altermondialistes et alternatives de notre société consumériste.
Les personnages les plus marquants sont pour moi Thomas par sa bienveillance et son pouvoir caché d’Élu potentiel, et Djack qui est plein de mystère du fait de son arrivée « accidentelle » au village où il fait la jonction entre les différents mondes.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

J’apprécie le style classique, et ici nous avons un style moderne avec un langage parlé très direct dans les dialogues, auquel je ne suis pas trop sensible.
J’ai été aussi dérangée par des répétitions en fin de phrases que je trouve malvenues et maladroites.
Ces deux remarques ne signalent pas des fautes qui doivent être corrigées, mais simplement ma sensibilité personnelle qui ne s’accorde pas avec ces deux intentions du texte qui sont manifestement délibérées.

Volume II 

♥♥♥♥  9

Commentaire

En révélant les enjeux essentiels du livre, le second volume monte nettement en intensité par rapport au premier qui apparaît alors comme sa nécessaire préparation. C’est sa dimension d’activisme citoyen intégrée au support romanesque qui m’a le plus captivée par sa pertinence et son potentiel de large diffusion.
Le style qui a évolué pour s’accorder à la maturité du propos est élaboré et tout à fait abouti.
Alors que le premier volume nous laissait dans les limbes sans pouvoir percevoir de quoi retournait l’univers de Mongo, ce qui m’a plu d’emblée est de ne pas avoir été déçue dans mon attente d’en être éclairée. Cette fois le mystère est levé, toute la compréhension des rouages de ce monde est donnée. Ce qui semblait partir un peu dans tous les sens dans le premier volume se révèle appartenir à une vaste architecture où chaque élément participe à l’ensemble par des liens nécessaires qui n’ont rien de fantaisiste. A partir de là, le récit s’inscrit dans une solide assise qui donne une grande force de développement aux thèmes abordés qui en deviennent d’autant plus convaincants.
J’ai ainsi adoré toute la description en miroir de notre monde d’aujourd’hui qui s’ouvre sur l’exacerbation de l’industrie des croquants qui a façonné une humanité vouée à la consommation, au narcissisme et à l’égoïsme. Elle met aussi très clairement en relief que cette orientation pathologique qui nous corrompt tous fait désormais tellement partie de nos mœurs que personne ne songe à la remettre en question. Tout comme la dictature de la Communication à laquelle nous sommes soumis par une saturation de divertissements qui aboutit à un abrutissement de masse, à la passivité et à la paresse qui sont acceptés socialement alors que ce sont des vices nuisibles à notre épanouissement. Tout comme la dominante de la peur pesant sur la Communication comme principal instrument de manipulation des foules et source de toutes les destructions.

Tout cela prépare l’essai socio-économique du livre auquel j’ai beaucoup accroché. On y retrouve le champ lexical de l’horreur comme une exhortation salutaire à agir, et à agir en commençant par soi-même. Notre responsabilité individuelle de contribuer à changer le monde est judicieusement mise en avant par l’esprit de la goutte d’eau. Tout en mettant à l’honneur les mouvements marginaux d’altermondialisme motivés par une action transformatrice, elle rappelle l’impasse des révolutions du passé que seul l’essor d’une nouvelle pensée peut surmonter et dont le premier impératif est que le changement commence par l’intérieur.
Elle implique un rejet de la transcendance, du moins en ce qui concerne l’attente passive d’un salut venu de l’extérieur. Ni Dieu, ni une nouvelle révolution, ni un nouveau gouvernement ne vont sauver le monde, mais c’est à chacun de nous qu’il revient de contribuer à créer un monde meilleur en prenant conscience du pouvoir d’action effectif de notre goutte d’eau.
Ce thème en appelle d’autres qui vont se déployer au cours du livre. C’est le Silence de Mongo (ou de Dieu) qui nous interpelle ensuite. Son Silence n’est pas rien, il n’est pas inaction ni indifférence mais le gage de ne pas agir à la place des hommes en leur laissant la liberté de choisir, une liberté qui implique d’assumer la responsabilité des conséquences de nos choix. En même temps, Mongo (ou Dieu) tout en ne se manifestant pas de lui-même a un plan pour le monde, un plan insondable visant son Bien suprême dans lequel le mal est un ingrédient qui fait partie de l’accomplissement de ce plan.

Ceci renvoie à nouveau à l’interrogation toujours ouverte de la liberté et du déterminisme qui traverse tout le livre. Pour Thomas en proie à cette interrogation qui le tourmente, l’issue semble apparaître dans une conjonction des deux où c’est en s’appropriant son destin, en acceptant d’être ce qu’il est qu’il trouvera sa liberté.
J’apprécie particulièrement cette façon dont le livre entretient des interrogations fondamentales sans apporter de réponse définitive. Il stimule l’esprit critique en ne prenant pas de position tranchée. Ainsi l’institution de Mongo n’est pas un idéal parfait. Elle a des failles qui méritent d’être affrontées pour être surmontées. C’est tout le rapport entre la foi et le doute qui est exacerbé chez le Dicteur, mais aussi chez Thomas. Je trouve qu’il est très bien exploré et développé. Il montre que le doute n’est pas incompatible avec la foi mais peut contribuer à la faire grandir. La foi a parfois besoin d’être mise à l’épreuve par le doute afin de se révéler à un niveau plus profond et de devenir plus authentique. Et c’est une leçon qui vaut également pour tous les mouvements citoyens porteurs d’un idéal qui méritent d’être remis en question pour grandir en pertinence et ne pas s’aveugler.
Il y a encore beaucoup d’autres idées originales qui m’ont marquées, comme tout ce qui tourne autour de l’art comme arme de salut et d’éducation humaniste des enfants, car elle stimule leur expression, leur observation et leur altruisme.
Je citerai juste pour finir le rapport au temps qui est très évocateur des pressions de notre société de l’urgence et de la vitesse. Alors qu’il est aboli au Mongonastère, procurant la vertu de s’appliquer justement à ce que l’on fait sans tension d’un résultat à fournir, c’est tout le contraire dans la société de la croissance qui est soumise à la tyrannie du temps. Ce qui me fait songer à ce dicton africain : « Vous, vous avez les montres, et nous, nous avons le temps ».

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien à signaler.

Volume III 

♥♥♥♥  9

Commentaire

Ce volume III m’a encore plus captivée que les deux précédents. J’ai adoré lire les trois premiers quarts dans lesquels j’étais totalement absorbée. On a ici le dynamisme de l’épopée dans un roman d’initiation qui déploie pas à pas les différentes phases initiatiques conduisant à un éveil de conscience toujours plus élevé. La découverte de l’amour partagé entre Thomas et Mafat est magnifiquement exprimée. Elle est d’une grande sensibilité, pleine de douceur et de tendresse, tandis qu’ils s’ouvrent graduellement l’un à l’autre pour se rejoindre dans une communion et une intimité toujours plus profondes. Cette ouverture à l’autre révèle qu’elle est indissociable d’une ouverture à soi-même et à la vie, dans un sentiment de confiance, d’écoute, de respect et de vénération chaque fois grandissants.
C’est la grande leçon de sagesse que je retiens de ce troisième volume : oser s’ouvrir à la vie, l’accueillir comme un cadeau, lui dire un Oui inconditionnel dans le présent. Notre relation épanouie à la vie en dépend, car elle nous rappelle notre condition première d’être au monde dont seule cette disposition ouverte peut nous en faire goûter la béatitude. Ce cheminement qui conduit à être en paix avec soi-même et avec la vie éveille naturellement un état intérieur de gratitude et de bienveillance qui ne demande plus qu’à s’épancher à l’extérieur, sur les autres et sur le monde. La quête du remède universel pour sauver l’humanité souffrante qui jalonne les volumes précédents trouve ici une autre réponse complémentaire et plus élevée dans l’Amour. L’Amour peut sauver le monde dès lors que l’on reconnaît que le monde est Amour. C’est ce qu’exprime Thomas au sortir de sa nuit d’amour lorsqu’il redécouvre le monde avec les yeux neufs et innocents d’un petit enfant, lui procurant la sensation paradisiaque d’émerveillement face au monde. Là tout vient du cœur et tout est reçu avec le cœur, et il n’y a d’autre commandement que d’écouter son cœur dans le présent sans se préoccuper du futur. L’envie d’aimer qui vient du fond du cœur lui a été inspirée par Mafat pour ensuite déborder sur le monde. Il s’agit bien du véritable amour qui aspire à se dévouer au bien-être d’autrui sans rien vouloir pour soi-même. Il s’agit aussi du véritable sacrifice (de l’égoïsme) qui n’est pas contraint ou forcé, mais qui devient l’expression spontanée de la libération du cœur et de la vie en soi qui procure le véritable bonheur d’être.

Autour de ce thème central gravitent d’autres thèmes qui lui sont connectés et qui approfondissent les réflexions antérieures sur la peur, la liberté et le déterminisme, la foi et le doute…
Il y a d’abord la leçon sur Newton et Einstein. Elle révèle la relativité du monde qui n’est pas objectif mais est l’expression de notre projection subjective. Cette relativité est porteuse d’espoir car elle prouve que nous avons le pouvoir de transformer le monde à partir de nous, en transformant notre projection par l’élévation de notre conscience.
L’état désastreux dans lequel se trouve le monde est la preuve de la liberté qui nous est laissée et qui est indissociable de notre responsabilité. Nous sommes alors tenus par un devoir de conscience envers le monde et envers la Terre.
Le Mongonastère fait ressortir sa part ombrageuse de dictature où il interdit les relations d’amour entre les paysannes des îlets et les mongonastiques. Les boules noires qui voient tout suppriment la vie privée et l’intimité, et donc la liberté d’agir qui est impossible dans une surveillance constante.
La religion (dans le sens d’une connexion à une dimension transcendante) a disparu pour être remplacée par la religion de la Communication. J’y vois une vraie corrélation du déclin du religieux avec notre monde d’aujourd’hui où la recherche de réponse dans la transcendance a fait place à Internet qui a réponse à tout.
L’acte de foi est dans le Oui inconditionnel à la vie. On ne peut pas servir à la fois Dieu et l’argent, on ne peut que se donner entièrement à Dieu. Ce qui met la foi à l’épreuve en demandant le courage d’affronter sa peur. Dans cette épreuve toujours renouvelée, le doute a sa place et joue un rôle important, stimulant les remises en question et ramenant à l’humilité.
Le thème de la peur réapparaît en étant plus nuancé : il y a un juste milieu où il faut savoir aussi écouter sa peur. Cela me rappelle Aristote pour qui la vertu se trouve dans le juste milieu entre les extrêmes.
La fin du volume a des références explicites au chemin christique. Thomas réalise (p266) qu’il porte en lui la charge coupable de toute l’humanité déchue, tout comme Jésus a pris sur lui tous les péchés du monde. Pour accéder au Royaume, il faut être semblable à un petit enfant et ne rien posséder. L’homme porte en lui le péché originel mais aussi une bonté originelle…

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Le dernier quart du volume s’affaiblit par des longueurs. Les thèmes y sont traités de façon trop répétitives, m’ayant donné l’impression d’avoir déjà compris avec l’envie de passer à la suite, surtout dans les deux longs passages en italiques. Ils gagneraient à être réduits de 25%.

Volume IV 

♥♥♥♥  9,5

Commentaire

J’ai dévoré ce dernier volume qui m’a enthousiasmée parce qu’il s’achemine vers la lumière en partant de l’obscurité, aboutissant à un dénouement final plein d’espoir et d’énergie positive. On se retrouve ici totalement dans le roman initiatique marqué par les longs échanges entre Thomas et Gunj. C’est l’aspect du roman qui m’a le plus surprise car je ne m’attendais pas du tout à ce que leur dialogue sous forme de joute oratoire soit autant développé. S’il est long, il a sa valeur propre et ne donne pas une impression de longueur et de répétition comme pour la dernière partie du volume précédent. Mais par cette orientation inattendue qui mène jusqu’à la fin du livre, le baron Ungern est oublié. On ne saura rien du sort de l’humanité souffrante sous son joug avec le péril qu’il fait peser sur elle, et cette omission m’a un peu laissée sur ma faim. A la place, le livre se termine sur une fin ouverte où le combat à livrer pour délivrer cette humanité en grand péril ne fait que commencer. C’est le dernier miroir qu’il nous renvoie, car il s’agit aussi bien de notre situation collective actuelle qui nous commande d’entrer en action pour échapper à notre autodestruction. La Treizième Œuvre ne pouvant être accomplie qu’avec la contribution de toute l’humanité, c’est à chacun de nous qu’il revient désormais d’agir au niveau de notre goutte d’eau pour écrire la suite de l’histoire dont le dénouement heureux nous est assuré, comme le montrent si bien les trente dernières pages du livre. Elles nous galvanisent en étant porteuses de joie, de bienveillance, de fraternité, de certitude de l’accomplissement : nous avons le pouvoir d’agir, et à travers nous, le monde sera sauvé.

Tous les thèmes développés ont une référence biblique forte, directe ou indirecte.
1- La grande interrogation de la liberté et du déterminisme qui sillonne tout le livre aboutit à la compréhension que la liberté est dans l’acceptation de ce qui arrive, dans cette détente qui est un abandon confiant à une puissance supérieure inconcevable qui sait mieux que nous ce qui est bon pour nous parce qu’elle veille parfaitement sur nous.
2- Dans le rapport à la vie, il n’y a pas de délivrance dans la fuite de la réalité. L’attachement aux rêves qui sont des illusions créé la souffrance. Le remède pour s’en délivrer est de s’ancrer dans le présent.
3- Dans le rapport à autrui, juger les autres est le mal absolu. Le jugement est une projection (de soi) sur l’autre qui ne peut que le manquer. Il installe une séparation qui interdit la relation d’altérité, dans l’accueil bienveillant de la différence de l’autre. Avoir un cœur ouvert à toutes choses nous délivre du mal du jugement.
4- La bonne santé d’une société est dans l’équilibre, le juste milieu entre les extrêmes qui renvoie à nouveau à Aristote. La vertu n’est pas dans la soumission aveugle à la loi, mais dans le juste équilibre entre l’obéissance à la loi et sa nécessaire transgression.
5- Tout comme dans « Le Petit Prince », le regard authentique est dans l’enfant. Il faut garder sa part d’enfance pour accueillir la vie.
6- L’Ogre est l’équivalent du Diable, trompeur et tentateur, prétendant être au-dessus du bien et du mal. L’originalité ici est de montrer qu’il puise sa force dans l’inconscience collective. Il s’oppose à Mongo, donc à Dieu qui conduit à la fin des souffrances.
7- Mongo en tant que Source évoque le Saint Esprit, et donc la Trinité. L’aspect du Christ est incarné par Thomas, Mafat, et aussi Carlos plus en arrière, parce qu’ils partagent la condition de l’humanité souffrante en la prenant sur eux.
8- Il ne faut pas s’inquiéter du lendemain car Mongo veille au bien de la création.
9- Sur les deux personnes qui coexistent en nous, la fausse et la vraie, cela me fait songer à la citation de Paul : « Je fais le mal que je ne veux pas ». La fausse personne tourmente les hommes. Elle est la racine du déséquilibre et du péché originel. Il revient à Thomas dans sa dimension christique, tout comme à Mafat qui est son double féminin, de détruire le germe originel du malheur qui réside dans la fausse personne.
10- L’exhortation à agir pour le bien du monde. Mongo a besoin des hommes pour accomplir son Œuvre salvatrice. Elle ne se fera pas sans nous qui avons la chance de pouvoir agir au niveau de notre goutte d’eau. C’est une mise en garde contre la passivité qui peut prendre le déguisement de la neutralité mais qui en réalité est néfaste. Sans se remettre en question et sans conscience d’agir, notre passivité est le fléau qui nous détruira. L’Adversaire nous enlise dans les ténèbres, et on ne pourra le vaincre qu’en retrouvant le chemin de la fraternité en osant aller vers l’inconnu et l’impossible.
11- La révolution qui attend l’humanité est dans le Retournement de son attention, la faisant passer de l’égoïsme à l’altruisme, de l’attention fixée sur soi à l’attention d’autrui.
12- L’Amour et la Fraternité sont le seul vrai pouvoir. Ils s’opposent à l’orgueil. C’est ce que montre la scène finale révélant l’amour pur et entier que Mafat a autant pour Thomas que pour Carlos. Elle révèle que l’amour véritable ne choisit pas et n’est pas sélectif mais s’étend à toute la création.
13- Enfin la chute de Thomas nous montre qu’aussi élevé et pur soit-il, il n’est pas infaillible. Tout comme nous, il peut être tenté par le Diable, mais l’important est qu’à l’issue de ce combat intérieur, on soit toujours capable de se relever.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien à modifier. Comme je l’ai dit plus haut, on ne voit pas l’évolution du monde souffrant avec Ungern, mais c’est le parti pris de la fin ouverte du livre.

Pascal S.

Pascal S. – 51 ans – Ingénieur Électronique – Strasbourg
Sensibilité littéraire : littérature classique, Victor Hugo, La Fontaine, géophilosophie des civilisations disparues

LIVRE COMPLET  ♥♥♥♥  9/10*

Volume I  ♥♥♥  8

Volume II  ♥♥♥♥  9

Volume III  ♥♥♥♥  9

Volume IV  ♥♥♥♥  10

* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime

En une formule

Donnez vous le pouvoir de vous transformer vous-même pour transformer le monde.

En quatrième de couverture

Dans ce roman initiatique totalement atypique qui touche tous les plans de l’être, nous prenons conscience des enjeux vitaux de notre société hautement dysfonctionnelle en recevant les lumières pour surmonter notre autodestruction et créer ensemble un monde plus humain.
Pour ce nécessaire apprentissage, on suit la vie de Thomas depuis sa naissance jusqu’à son éveil à la pleine conscience dans un récit captivant qui nous tient en haleine tout au long de ses quatre volumes. Nous immergeant dans un univers dystopique de la Communication, il nous renvoie en permanence le miroir de notre réalité contemporaine, tandis que Thomas qui porte le potentiel du plus haut idéal humain mais aussi de sa chute dans la bassesse de l’inconscience, nous confronte à nous-même et à notre propre pouvoir d’accomplissement. Les clés de la paix intérieure nous attendent au bout de ce long voyage à la rencontre de soi-même, en réalisant qu’elle est la première richesse qu’il nous faudra cultiver pour garantir notre future prospérité partagée.
Mais comment résumer un livre dont la richesse de fond semble si inépuisable qu’on en sort avec l’envie de le relire tout entier ? Comment le qualifier alors qu’il est d’une nouveauté si particulière qu’il ne se compare à aucun genre existant ? Il faut faire l’expérience de L’Appel de Mongo pour percevoir la révolution qu’il porte en lui, ce souffle d’espoir et de renouveau dont nous avons tant besoin aujourd’hui.

Questionnaire

Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?

Je le qualifierai comme un livre d’initiation. Il est très instructif, bien écrit, d’une lecture fluide, claire et facile de compréhension. On se plonge bien dans toutes les différentes scènes qui nous gardent en immersion avec une forte empathie pour les personnages. C’est un livre qui amène à la réflexion, sur le monde actuel et aussi sur nous-même, d’une façon tout à fait surprenante. Surprenante, car il change profondément d’un volume à l’autre dans sa forme comme dans son fond pour exposer un propos toujours original, au point qu’il déjoue toutes nos attentes et qu’on ne peut plus rien anticiper jusqu’à son dénouement final.
Ma conclusion du livre est que c’est grâce à l’effort individuel de chacun, à vouloir combattre nos propre démons que l’on éveillera notre conscience pour devenir plus libre face à l’emprise de notre système fondé sur le profit, l’argent, l’individualisme, le pouvoir… Et ainsi on parviendra à une harmonie planétaire basée sur le respect des choix de l’autre et l’entraide entre tous.

Que vous a-t-il apporté ?

Ça m’a fait prendre encore plus conscience des problèmes de notre société actuelle.

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

Oui. Et la partie qui m’a le plus marqué est l’explication détaillée sur le système bancaire avec le fonctionnement des prêts.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?

Oui, il est très cohérent. Les quatre livres interagissent entre eux et sont nécessaires tous les quatre pour avoir l’explication complète de la pensée de l’auteure.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?

Oui, il faut que l’auteure soit anonyme pour rester cohérente avec le thème du roman.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Oui, je pense qu’il peut éveiller les consciences, ou au moins les faire réfléchir au fonctionnement de notre société.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Oui, tout à fait.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?

Je pense que oui. En tout cas pour ma part, je considère que c’est un livre utile pour notre société, et donc qui répond à un besoin qui peut devenir contagieux.

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

Oui.

Volume I 

♥♥♥  8

Commentaire

J’ai trouvé ce premier volume très intéressant et captivant. Il est surprenant car bien qu’il soit un peu fantastique (juste ce qu’il faut à mon goût), son contenu est initiatique de mon point de vue avec beaucoup de passages qui sont profonds et nous font réfléchir.
La profondeur se révèle d’autant mieux qu’elle repose sur un style facile, clair et précis, très bien maîtrisé, ce qui fait qu’on est bien guidé par une écriture agréable et harmonieuse. On entre tout de suite dans les scènes qu’on visualise avec facilité, tout comme les personnages deviennent vite proches parce qu’on ressent leur sensibilité humaine qui les rend attachants.
Le village hors du monde où il fait bon vivre nous accueille chaleureusement. Il fait immanquablement écho aux communautés autonomes de simplicité volontaire qui émergent à la marge de la société comme les Oasis de Pierre Rabhi.
Quand arrive la séquence du jeûne, le livre surprend à nouveau par sa pertinence et la rigueur de ses descriptions (je pratique le jeûne et confirme que tout ce qu’il en dit est exact). Tout comme la séquence finale du Taï Chi Chuan, pratiquant l’Aïkido, je trouve bien venu sa manière de le présenter sous l’angle de l’énergie.
Il y a un contraste réjouissant entre un environnement fantastique et un contenu réaliste très abouti dès que le livre aborde des thèmes importants. C’est notamment le cas du grand sujet de la peur qui est présenté à plusieurs niveaux. Il se montre profond en restant léger lorsque l’auteure parle de la peur que l’on a tous, où pour se réconforter on consomme dans différents domaines. On veut posséder des quantités de choses pour nous donner l’illusion que l’on est en paix et pour calmer cette peur. Ce qui nous conduit plus loin dans le récit à la peur fondamentale de la mort que le maître Zabir décrit aux deux enfants lorsqu’ils doivent franchir une crevasse au-dessus du vide. Ils sentent le vide qui les attire et donc la mort. Car on a peur du vide et donc de la mort, ce qui exprime un manque de confiance en la vie avec une peur de franchir les obstacles (ici la crevasse).
J’ai trouvé aussi très intéressant le passage où Zabir explique aux enfants l’importance de toujours écouter son être profond et non son mental, car seul notre être profond sait ce qui est juste pour nous. Il leur explique aussi de toujours écouter le corps car la conscience est dans le corps et pas dans le mental.

Pour revenir à son aspect initiatique que je lui ai découvert en rapport avec ma passion pour les civilisations disparues, il y a tout un univers de symboles qui s’y déploie d’une façon hautement significative et non pas fantaisiste. Le Scarabée, symbole de la renaissance. Le cube, pierre philosophale des Égyptiens qui lui suppose une fonction salvatrice attendue. La pyramide qui capte l’énergie du cosmos pour l’ancrer sur la terre…
Au début du livre, l’enfant Thomas qui doit quitter sa mère et son village pour se rendre au Mongonastère évoque bien une initiation dans un temple des mystères comme il en existait au début de notre civilisation. Comme ici, les personnes devaient venir de leur propre gré et passer certaines épreuves éliminatoires avant d’être acceptées au monastère pour suivre l’enseignement. Même l’habit des mongonastiques, tunique à capuchon, sandales et ceinture en corde rappelle les moines des monastères.
Ce climat initiatique imprègne jusqu’aux jeux imaginaires des enfants où tout en s’amusant ils traversent l’épreuve de l’eau, l’épreuve du labyrinthe propres aux initiations dans les temples des mystères.
Quant au mystère suprême, il est habilement incarné par Mongo qui à la fin de ce premier volume n’a fait que croître en interrogation en restant complètement nébuleux. Le résultat produit est une attente fébrile de me plonger dans le volume II dans l’espoir que son mystère sera révélé et expliqué. A ce stade du récit, il me donne l’impression de vouloir nous inspirer une nouvelle façon de voir le monde, une façon plus éclairée où l’on se pose soi-même les questions.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

J’ai trouvé la scène des ébats sexuels d’Ambre et de Djack dérangeante et choquante par sa crudité, surtout parce qu’elle rompt avec le ton général de l’écriture qui est délicat et harmonieux.
Même remarque pour les scènes de torture avec Ungern.
Elles me laissent cependant l’impression qu’elles ont une raison d’être voulue par l’auteure qui m’échappe pour le moment, mais dont j’espère avoir la compréhension en poursuivant ma lecture.

Volume II 

♥♥♥♥  9

Commentaire

Ce deuxième volume m’a davantage plu encore pour son intérêt et sa profondeur. Je l’ai terminé avec une impatience d’entamer le volume III.
Ici le contexte fantastique devient clairement une loupe grossissante de notre monde actuel. La longue analyse du Dicteur dans l’observatoire du monde met en évidence le mouvement d’autodestruction dans lequel nous sommes piégés, mais aussi les alternatives et issues véritables qui existent à condition d’en devenir conscients collectivement pour les mettre en œuvre. Si le flux romanesque s’estompe en plongeant dans cet examen approfondi, il se découvre aussi captivant. D’abord le rappel de l’état catastrophique de notre monde a un effet stressant, anxiogène, ce qui rend la présentation des solutions porteuses d’espoir et de lumière d’autant plus attrayantes et nécessaires. La force de ce long développement est dans sa clarté pédagogique. Il lie bien les problèmes entre eux, montre leur interaction et leur enchaînement, nous rappelant que la bonne compréhension des problèmes est le préalable indispensable à leur résolution. Ce qui conduit ensuite à l’exposé des réponses salutaires dites « utopiques » qui se révèlent par contraste pourtant parfaitement logiques et cohérentes. On en sort avec une vision synthétique très claire de l’état du monde, avec ses périls et ses possibilités de les surmonter. Cette vision nous met face à l’énorme déni collectif de la catastrophe annoncée, et en surmontant la complexité apparente des problèmes qui nous maintient dans la confusion et l’inertie, elle nous incite clairement à agir au niveau de notre goutte d’eau.

Si la plupart des thèmes abordés me sont déjà familiers, je les ai retrouvés avec un nouvel éclairage. Tout le passage sur la création monétaire et la monnaie de dette notamment est très bien expliqué, il va droit à l’essentiel en apportant une compréhension limpide.
Je me suis senti totalement en phase avec les idées présentées, tout sonne juste et pertinent. L’industrie des croquants comme force négative, l’inconscience collective comme égrégore de la bête immonde, les têtes pensantes du monstre à la pointe des pyramides, là où trône la minorité des ultra-riches qui sont aussi les damnés de la terre, des êtres pervers habités par les forces du mal. La frontière séparatrice, poison suprême de la bête immonde, où cette élite richissime vit à l’extrême bordure du bon côté, dans l’état apparemment le plus enviable qui est en réalité le plus déséquilibré et le plus misérable. L’autre poison du monstre, la verticalité pyramidale, je le perçois nettement dans la boîte où je travaille, comment le carriérisme sélectionne les plus inconscients vers la pointe de la pyramide. La loi de l’attention et la monnaie d’attention, « tout ce sur quoi nous portons notre attention grandit », cela m’évoque les footballeurs qui gagnent des fortunes insensées, alors que c’est nous qui leur donnons le pouvoir en les regardant. Puis quand on passe à l’aspect lumineux du livre, son éclairage est tout aussi percutant. La culture des quatre richesses m’a marqué. Elle nous rappelle le sens véritable de la richesse qui est oublié et trop peu développé. Je suis aussi tout à fait d’accord avec les deux piliers pour nous sortir de notre impasse, la réappropriation du pouvoir de création monétaire et la fin du travail productif, même si nous sommes encore très loin de pouvoir les réaliser.

La crise de doute du Dicteur marque la dernière partie du volume. Ça a été une surprise car je ne m’y attendais pas du tout. Elle rassemble tout ce qui a été développé en tension, noirceur, désespoir à travers le dénouement heureux qui se produit dans le vieil homme. Il trouve enfin la paix intérieure, et avec elle, de la lumière pour l’humanité. Tout ce moment de méditation profonde est très bien exprimé, sa paix est ressentie comme bien réelle et authentique. Il en devient plus humain. Son dernier discours dans le muséum est porteur d’espérance pour l’humanité. Les jeunes Danseurs se retrouvent ensuite entre eux, la fin est dédramatisée, apaisée.

J’ajoute ici mes différentes remarques et compréhensions :
– Mongo est un système, un principe qui ne juge pas. Il est un pont entre l’homme et la vraie conscience, ou bien il est notre conscience, notre propre être.
– La pornographie, la violence, la vulgarité rabaisse l’homme. La folie humaine engendre son propre enfer. Tout excès sur le plaisir et les vices nous déconnecte de notre conscience.
– L’humanité est dans un état d’inconscience. Le cube au service de la conscience constitue un rempart contre la progression de l’inconscience. Il incarne le combat de la lumière contre les ténèbres.
– Un Danseur accompli (être auto-réalisé, avatar) fait la jonction entre deux mondes, le monde en déclin et le monde qui va renaître. Il est là pour nous faire comprendre que le monde tel qu’il est n’est pas la réalité.
– Vivre l’instant présent pour pouvoir prendre nos propres décisions. Dans l’instant présent on a deux possibilités : faire face ou se détourner. Là est le pouvoir du libre arbitre.
– Les symboles : douze Danseurs en rapport avec les douze constellations du zodiac, les douze apôtres ; le Scarabée qui est notre être ; le chiffre 7, les 7 chakras, les 7 cavaliers de l’apocalypse.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien, ce volume est juste comme il doit être.

Volume III 

♥♥♥♥  9

Commentaire

Le livre continue de tenir ses promesses en restant captivant et en stimulant mon impatience d’accéder au dernier tome, dans l’attente de recevoir sa conclusion et le dernier grand dénouement qu’il semble préparer. Il révèle aussi sa construction vaste et harmonieuse, où tout s’emboîte bien dans une vision qui reste claire. Il garde un bon mouvement en faisant alterner les phases de suspens avec leur dénouement, tandis que les moments consacrés à l’action, suivis de la réflexion, de la méditation et de l’explication lui donnent du rythme.
Le volume II surprenait par son traitement très différent du premier, le volume III surprend à son tour par sa différence qui le démarque des précédents. Si les trois volumes sont dans une continuité et gardent leur unité, ils pourraient presque se lire comme trois romans séparés qui ont chacun leur thématique et leur style propres. L’effet produit est que le passage d’un volume à l’autre détrompe toutes les attentes, au point que je me demande quelle va bien pouvoir être la différence et l’originalité du dernier volume. Il garde alors tout son mystère, avec une forte motivation de me plonger dedans pour aller à la rencontre de l’inconnu.

La spécificité de ce troisième volume est de nous faire basculer dans l’introspection, à travers l’exploration du monde intérieur de Thomas, et donc aussi indirectement du nôtre. Il s’ouvre à des plans ésotériques et spirituels qui invitent à la réflexion profonde et au recueillement méditatif.
Ça commence avec la leçon sur Newton et Einstein qui donne une crédibilité scientifique aux mutations de Mongo, où chaque mutation supérieure s’accompagne de sa loi d’harmonie appartenant à un ordre de réalité supérieur en rupture avec le précédent. Elle fait la jonction entre la mystique et la science comme les percevait Einstein dans sa quête de la loi d’harmonie universelle, ce qui donne un poids de sérieux au roman au sein de son contexte fantastique.
Vient ensuite la découverte de l’Ogre par Thomas. Il est à l’image de l’Antéchrist, maître des enfers et symbole du péché originel lié au sexe dépravé. Mais il reflète aussi notre propre démon intérieur. Je trouve que l’introduction de l’Ogre est très bien menée, car même les lecteurs qui n’ont pas d’ouverture spirituelle peuvent percevoir intuitivement de quoi il retourne. C’est encore renforcé quand Thomas et Carlos passent l’épreuve du four noir qui symbolise l’enfer. Le fait qu’ils s’en sortent parce qu’ils s’étaient attachés par la main est une belle image de la force de la confiance en soi et en l’autre qui montre qu’à deux on est plus forts pour traverser les épreuves de la vie que tout seul. Ils accèdent alors au sanctuaire des Danseurs accomplis qui s’accompagne de toute une symbolique, et ce passage a un effet vibratoire de résonance mystique auquel j’ai été particulièrement sensible.
A partir de là, Thomas est délivré de sa peur profonde qui le bloquait et l’empêchait d’être en paix au contact de son premier amour. Il va alors retrouver Mafat pour une longue nuit d’amour. Leur union graduelle de plus en plus profonde accompagne leur élévation mutuelle vers toujours plus de respect de l’autre, de pureté d’intention, de confiance, d’abandon et d’intimité partagée. Elle aboutit à l’élimination des egos qui permet de retourner à notre être véritable en retrouvant notre pureté originelle. D’où l’or qui apparaît, car il faut être pur pour retourner vers notre Père, notre origine paradisiaque. Dans l’accouplement des jeunes amants, se condense alors aussi bien le drame de l’humanité tout entière, car lorsque la parfaite union sera accomplie, il n’y aura plus de tristesse, plus de guerre, toutes les souffrances bassement humaines seront éliminées.

Thomas sort de sa nuit d’amour transfiguré. Il renaît au monde dans une perception pure qui lui rend perceptible sa réalité paradisiaque voilée par l’ego mais toujours présente. Il est connecté à son être d’où émanent toutes les vérités spirituelles, et c’est l’occasion de l’accompagner dans l’éclosion de ces vérités qui se déclarent à lui pas à pas. Si ces vérités se retrouvent dans toutes les traditions spirituelles, elles sont présentées dans un langage nouveau original qui a la vertu de les rafraîchir et d’intensifier leur sens profond en le mettant en phase avec nos problématiques contemporaines.
La lecture de cette troisième partie du volume a été pour moi la plus intense et la plus profonde. Elle induit une reconnexion à l’être par un recueillement méditatif, car son contenu est de l’ordre d’une nourriture spirituelle destinée à imprégner notre être plus que notre intellect. Tout ce passage m’a ouvert l’esprit, éclairé par des visions nouvelles parfois saisissantes, et m’a donné le sentiment de réactiver une connaissance intérieure qui était déjà mienne.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Toujours rien. Je ne lui trouve aucune longueur ni excès. J’apprécie au contraire sa façon de détailler les thèmes importants avec précision.

Volume IV 

♥♥♥♥  10

Commentaire

Mon intérêt n’a fait que croître d’un volume à l’autre, et il s’est encore accru avec le dernier volume qui tient toutes les promesses du livre. Il culmine en profondeur et révèle son unité en apportant les dernières réponses et synthèses.
On poursuit la plongée introspective de Thomas engagée dans le volume III où on reste tourné vers soi-même, vers notre être intérieur qui nous parle comme on se parle à soi-même. J’ai particulièrement bien ressenti le passage où Thomas se confronte à l’Ogre, où son mental le pousse à aller dans la luxure, à assouvir ses envies bestiales avec Mafat, jusqu’à ce qu’il rejette le démon. Il retrouve alors de l’énergie pour avoir supprimé une part d’ego de son corps, ce qui montre bien à quel point l’ego nous vole notre énergie. Et c’est grâce à l’aide de notre être intérieur qu’on y parvient, dont la connexion est essentielle pour éliminer nos démons. Ce qui m’a fait beaucoup aimé tous les passages où Thomas parle avec son être intérieur.
C’est ainsi que sont mises en lumière les deux natures qui cohabitent en permanence en nous, la vraie et la fausse. Elles se distinguent par deux mémoires incompatibles. Quand l’une domine, l’autre s’efface. La nature de l’Ogre vit du temps avec une mémoire ressassante du passé. Pour s’en délivrer, il faut lâcher prise au mental en revenant dans l’ici et maintenant où se trouve la mémoire de l’éternel présent qui appartient à notre nature éveillée. Là, on répond à l’appel de notre âme qui nous fait renouer avec notre être intime qui nous rend à nouveau entier. Dès lors on réalise qu’on ne manque de rien, alors que l’illusion d’un manque insatiable à combler fait partie de la nature même de l’Ogre, du mental et de l’ego. Mais le combat n’est jamais définitivement gagné, car les deux natures nous sollicitent continuellement pour emporter notre adhésion. Soit par la voix du démon qui nous séduit en nous invitant à la facilité et aux loisirs qui endorment notre conscience, soit par la voix de notre être qui est plus difficile à entendre parce qu’elle demande plus de maturité pour comprendre la vertu du sacrifice. Et c’est un rappel de notre responsabilité puisque ces deux voix ne sont jamais au-dessus de nous, mais c’est bien nous qui choisissons à chaque instant laquelle des deux nous voulons écouter.

La dimension romanesque est très intense dans ce dernier volume. Elle prépare le terrain des grandes plongées introspectives en s’accordant toujours profondément avec elles.
Après avoir connu un amour si profond, la violente rupture de Thomas et Mafat m’a pris par surprise. La scène est émotionnellement très forte. Le déchirement et la douleur des amants sont bien ressentis, on est peiné pour eux.
A partir de là, on va suivre l’évolution de la blessure d’amour de Thomas qui le crucifie comme le Christ. Gunj apparaît pour le conduire à la guérison. Leur longue confrontation fait ressortir la grande sensibilité et la grande humanité des personnages. C’est l’occasion de découvrir Gunj, qui peut être la conscience intérieure de Thomas, mais qui est aussi un être humain réalisé, affranchi de la souffrance et établi dans la vérité de l’être. Son comportement ainsi que la haute sagesse qu’il exprime sont tout à fait convaincants.
Gunj accule finalement Thomas à entrer en contact avec sa blessure d’amour, ce qui va enclencher sa guérison en le faisant renouer avec le cœur en souffrance de Mafat. J’ai trouvé ce moment extrêmement fort émotionnellement et très juste dans son processus de guérison.
Puis après une bonne nuit de sommeil, on retrouve Thomas enfin délivré de sa souffrance, où il se sent bien et apaisé. Et là aussi, sa profonde métamorphose est très bien perçue. Il s’éveille à une nouvelle conscience de l’amour, l’amour vrai, inconditionnel et sacrificiel parce que sans attachement qui est pourtant le seul qui lui a permis de retrouver sa connexion perdue à Mafat.
Dans cette nouvelle conscience, il revient vers Carlos après l’avoir violemment rejeté. Sur le plan romanesque, leur amitié fusionnelle marquée par la scène du nécessaire pardon, leurs retrouvailles et leurs confidences révèle encore un très beau moment émotionnel.
Puis après leurs retrouvailles réapparaît Mafat qui a cessé d’être une source de tourments entre eux, car tous les trois sont établis dans l’amour véritable qui ne peut générer aucune souffrance. Mais Mafat est aussi métamorphosée. Elle est enceinte et incarne la Mère Universelle porteuse des générations futures dont il nous faut prendre soin.
Enfin le livre se termine sur une Danse joyeuse de tous les mongonastiques qui forment une chaîne d’où ressort une énergie qui monte jusqu’au ciel, symbole de la coopération des hommes pour engendrer la Treizième Œuvre.
Et nous aussi, en tant que lecteurs, au niveau de notre goutte d’eau, nous sommes conviés à contribuer à la Treizième Œuvre qui est l’affaire de toute l’humanité. Le livre nous a donné tous les éclairages pour cela, nous avons tous les éléments en main pour agir, avec à nouveau de la lumière devant nous, parce que ce monde meilleur auquel nous aspirons est à notre portée.

J’ajoute mes différentes remarques et compréhensions :
– Sur les symboles : le tigre représente notre être intime, le papillon notre âme, les larves des aspects de l’ego qui s’accrochent à nous ; l’œuf est symbole de la création, du yoni féminin ; le miroir est un révélateur de l’ego.
– Thomas a compris que Mafat n’est pas la source de son bonheur et donc pas non plus la source de son malheur, car il est le seul à pouvoir trouver le chemin de son bonheur. La souffrance, les peurs, la tristesse qui sont en nous, nous les avons nous-même créés et nous seul pouvons les éliminer.
– Les Danseurs sont comme le Christ, ils se sacrifient pour aider l’humanité endormie.
– Le démon du désir est en nous et on doit l’éliminer de notre personnalité. La projection du désir est le péché originel qui nous a fait tous sortir du paradis.
– Les Dakinis sont aussi des Danseuses, elles font partie de l’énergie créatrice
– Carlos est l’archétype du Christ, le Sauveur de cette humanité souffrante. Thomas est l’archétype de Jean-Baptiste qui est venu avant le Christ pour préparer sa venue.

Les passages que j’ai particulièrement aimés :
– « Tu tiens dans tes poings serrés les braises ardentes de ta souffrance qu’un état d’inconscience te fait prendre à tort pour ton plus précieux trésor. »
–  » Il faut s’abandonner sans résistance au déroulement imprévisible et inconnaissable de sa destinée tel qu’il advient d’instant en instant pour vivre sereinement. »
– p101, ligne 11 à ligne 16 : la conscience que toute peur est issue de notre propre énergie et ne peut donc jamais être plus forte que nous.
– L’annonce de l’Apocalypse qui est la conséquence de notre niveau de dégénérescence, de l’état misérable où l’on est arrivé.
– Tout l’éclairage sur big-pharma, cet agglomérat qui ne voit que son profit et ne veut surtout pas que les personnes qui prennent leurs médicaments guérissent pour ne pas tuer la poule aux œufs d’or. C’est pourquoi ils conçoivent des médicaments qui neutralisent les symptômes aussi longtemps qu’on les prend mais sans éliminer la cause réelle de la maladie qui doit rester active.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien.

Clara D.

Clara D. – 20 ans – 2ème année langues étrangères appliquées- Strasbourg
Sensibilité littéraire : éclectique, littérature classique, Maupassant, Zola, romans américains, Paul Auster.

LIVRE COMPLET  ♥♥♥♥  9/10*

Volume I  ♥♥♥♥  8

Volume II  ♥♥♥  7

Volume III  ♥♥♥♥  9

Volume IV  ♥♥♥♥  9

* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime

En une formule

Une incroyable épopée initiatique sur la connaissance de soi et de la nature humaine.

En quatrième de couverture

Dans un monde où les désastres des inégalités et le culte du divertissement soumis à l’audimètre tout-puissant rythment les relations humaines, une entité mystérieuse nommée Mongo choisit des Élus porteurs d’un don créateur qui a le pouvoir de sauver l’humanité de l’enfer vers lequel son comportement inconscient la dirige.
À travers Thomas, un Élu potentiel plein de vie mais également de doutes sur lui-même et sur la valeur salvatrice de leur mission pour le monde, l’auteure nous livre un profond enseignement sur le potentiel humain enfoui en chacun de nous.
Entre une épopée entraînante et des épisodes spirituels éclairants, nous nous retrouvons devant notre miroir pour une plongée introspective à la rencontre de nous-même, de la lumière de notre conscience qui est la seule vraie clé pour sortir de l’impasse du désastre planétaire programmé.
La force unique du livre est d’éveiller notre conscience au pouvoir de notre goutte d’eau pour nous inciter à agir à notre niveau, non par contrainte et nécessité, mais par enthousiasme et amour de la vie, parce qu’il nous redonne foi en notre potentiel créateur illimité qui ne demande plus que de nous rassembler pour engendrer ensemble un monde meilleur.

Questionnaire

Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?

Je l’ai beaucoup aimé. Il aborde tellement de thématiques qui nous concernent tous, comme notre rapport aux autres, le dépassement de soi, l’amour. J’ai aimé les épisodes dramatiques, d’aventures, de tensions, tout comme j’ai su apprécier les enseignements spirituels.
C’est un livre porteur de leçons, éveilleur de conscience, qui est à part, fonctionnant sur un double récit, à la fois épopée et enseignement spirituel, qui ne correspond à aucun genre établi. Il procure un vrai plaisir de lecture, avec des personnages attachants, un style agréable, fluide et rythmé, simple et pertinent, tout en étant d’une très grande richesse qui le rend difficile à résumer. Il me laisse l’impression que je n’ai pas pu tout saisir sur une première lecture, et c’est un des rares livres qui me donnent l’envie de relire ses quatre volumes pour approfondir ce qui aurait pu m’échapper.

Que vous a-t-il apporté ?

Il m’a appris à relativiser sur les petits malheurs ou angoisses qui peuvent frapper nos vies. Dans cette même idée, il m’a donné l’envie d’apprendre à positiver, à m’ouvrir encore plus aux autres.
Plus généralement, il m’a apporté de forts moments de lecture qui ont réussi à éveiller ma conscience.

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

Oui. Mais j’étais déjà consciente de certaines choses comme la réalité du système monétaire, du pouvoir de la goutte d’eau, ou encore de l’audimètre et de son importance. Pareil pour le rapport à la mort, sur le fait que c’est la consécration de la vie et qu’il faut en avoir conscience.
Le livre m’a éveillée sur le rapport que nous entretenons avec la réalité, l’instant présent et son importance.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?

Oui. Je trouve que les thèmes sont abordés de façon cohérente. Tout vient facilement et dans une logique bien pensée. Ce qu’on nous apprend est habillement abordé par la suite, ce qui assure une bonne cohésion et une bonne assimilation pour le lecteur. L’alternance d’épisodes romanesques et de séquences d’enseignement maintient également cette cohérence : on passe du théorique au pratique, et inversement.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?

J’approuve l’anonymat de l’auteure dans le sens où il s’agit d’un don de soi destiné à l’humanité. Comme il est dit dans le tome II, la quête de reconnaissance n’a pas lieu d’être quand l’objectif est l’essor de la culture pour un bénéfice collectif.
Pour ce qui est des mongonastiques, peut-être que l’auteure a cherché à les rendre moins fictifs en rejoignant leur anonymat, comme si elle voulait faire entendre que les mongonastiques sont les véritables auteurs, que toutes les leçons proviennent d’eux.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Je l’espère. Mais il faut que les gens se penchent d’avantage sur ce genre de lectures instructives, qui vont au-delà de la simple distraction… De plus, les crises mondiales actuelles comme celle des migrants pourraient être une bonne façon d’appliquer les leçons du roman.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Je pense qu’il est parfaitement accessible à un grand public, et ce malgré quelques passages plus difficiles à comprendre, comme les leçons de sagesse de Gunj dans le dernier tome.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?

Oui, car le roman est attractif dû à son thème peu commun. Manier le genre romanesque et l’éveil à la spiritualité en les faisant aussi bien fusionner devrait attirer un grand nombre de lecteurs.

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

Oui, car les thèmes abordés dans le livre sont de grands sujets de conversation dans ma famille. De plus, j’ai beaucoup de personnes dans mon entourage qui apprécient la lecture, et surtout ce genre de thème spirituel.

Volume I 

♥♥♥♥  8

Commentaire

J’ai adoré ce premier volume. Ça se lit bien, de manière agréable et accessible. Le style est fluide, le rapport entre le récit et les dialogues bien dosé, ce qui aère le texte, tandis que l’oralité marquée des dialogues le dynamise en le rendant très vivant. J’ai une mémoire photographique, et les décors et personnages sont bien décrits, faciles à visualiser, comme si je percevais une scène cinématographique.
Entre le premier et le deuxième épisode, on passe d’une ambiance colorée à une ambiance très sombre, presque en noir et blanc, du moins pour tout ce qui concerne l’univers d’Ungern et des basses villes.
Le premier épisode se termine sur un dénouement extrêmement poignant. La façon dont le récit fait pressentir la douleur enfouie de la mère qui vient de perdre son enfant est une scène forte et très dure. Quant au village hors du monde et fermé sur lui-même, il m’a fait songer à une secte comme les Amish, pas sur le plan religieux mais pour être déconnecté du reste du monde. L’arrivée de Djack le fait ressortir parce qu’il reste un intrus et un étranger. C’est le plus marquant au moment de la transe suivie des ébats sexuels débridés, ce qui m’a procuré un véritable malaise, comme si en tant que lectrice j’étais moi-même une intruse dans leur monde à part. La description rigoureuse du jeûne est instructive et dénote un travail d’information en amont qui se veut précis.
C’est ce qui apparaît au deuxième épisode où j’ai suivi avec grand intérêt tout le développement sur la Communication. L’auteure fait preuve d’une connaissance approfondie du sujet pour le mettre si bien en lumière dans des symboles qui forment un miroir tout à fait pertinent de notre monde.
La présentation d’Ungern et des personnages qui l’entourent reste ambivalente : ils sont tous horribles mais on ne peut s’empêcher de ressentir de la compassion pour eux, car ils sont coincés dans leur situation et victimes de leur passé traumatique. Dans tout ce passage domine le thème de la peur dont ils sont esclaves, un thème qui va ensuite trouver son contre-exemple en revenant auprès des enfants et de Zabir, lorsqu’il leur apprend à surmonter la peur.
J’ai beaucoup apprécié tout ce qui tourne autour des enfants auxquels je me suis identifiée comme si j’étais un troisième enfant qui les accompagnait. J’ai ainsi suivi leurs différents épisodes initiatiques qui surviennent pas à pas, dans une atmosphère toujours agréable et clairement décrite. Je me suis sentie les vivre de l’intérieur, et plus particulièrement dans la cellule de transfert où je partageais leurs perceptions.
Pour dire un mot de Mongo qui est le grand mystère du livre, il m’évoque à ce stade une force invisible d’ordre métaphysique. Le fait qu’il communique avec les sens est original et intrigant. Tout comme la scène finale qui fait apparaître la petite fille après que l’enfant Thomas l’a peut-être rêvée dans la cellule de transfert, annonçant un destin commun, tout cela relance fort judicieusement l’intrigue pour aborder le volume suivant.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien à signaler.

Volume II 

♥♥♥  7

Commentaire

J’ai trouvé ce deuxième volume beaucoup plus intéressant dans le fond que dans la forme. Le romanesque du récit est moins présent et laisse place à une narration plus axée sur un objectif : il va à l’essentiel. On assiste à un vrai voyage initiatique sur l’humanité et ses maux, qui sont ceux de notre époque. Les théories économiques sont applicables à notre monde, notamment avec le financement de l’industrie pharmaceutique pour les maladies.
La lecture est toujours agréable et accessible, mais à condition cette fois d’y mettre sciemment son attention. A partir de là, on ne perd pas le fil de la compréhension et on se retrouve captivé à un autre niveau. L’impact que l’on en reçoit est alors d’autant plus fort qu’il nous a demandé plus de concentration. Le procédé rhétorique employé m’a fait penser au style des conférences TED, un procédé plus oral donc pour exprimer réquisitoire et plaidoyer.

Tout le volume se passe sur deux journées d’initiation. La façon dont il s’étend à l’intérieur de ces deux journées a un effet remarquable par rapport au récit qui se déploie sur plusieurs années dans le premier volume, comme si on suivait nous aussi en temps réel et de façon complète la longue initiation des jeunes Danseurs. On assiste avec eux aux révélations du Dicteur sur les rouages de la Communication et de l’Œuvre de Mongo, puis à son analyse très poussée et rigoureuse des dysfonctionnements catastrophiques de notre monde et de leurs issues possibles. L’ensemble se découvre étape par étape, avec ses rebondissements et ses coups de théâtre sur le plan des idées. Il en ressort une vraie cohérence où tout s’impose dans une vision logique, d’une grande clarté pédagogique. Le fil conducteur des différentes explications initiatiques est bien construit pour que le lecteur se concentre et assimile le contenu. Les thèmes s’enchaînent logiquement, se renvoient les uns aux autres dans des rapports de causalité nécessaires, et finalement tout apparaît lié et intriqué dans un tout indissociable. De cette façon, les parties théoriques sont bien intégrées et alternent avec la description de situations poussées aux extrêmes qui viennent les illustrer. C’est particulièrement frappant à la fin du volume quand on plonge dans une forteresse des basses villes qui abrite l’élite richissime pour explorer le thème de la frontière séparatrice, car sa nature de souffrance nous saute alors aux yeux avec un relief particulièrement saisissant et explicite.

Concernant l’évolution des personnages, on s’éloigne un peu de Thomas pour aller davantage vers Carlos en découvrant son intériorité. Ça équilibre leur importance dans le récit, et permet aussi de mettre en contraste les pensées qui les opposent. Le monde de Mongo est bien orchestré, son harmonie et son intention lumineuse pour l’humanité le rendent séduisant. Du fait qu’il lui résiste par sa révolte et sa méfiance, sa sensation de ne pas avoir choisi et de ne pas être libre, Thomas en devient moins attachant car on a envie d’être du côté de Mongo, et donc de Carlos qui lui y adhère complètement. Thomas reste néanmoins touchant dans ses souvenirs de sa vie passée et dans la scène finale avec Carlos qui les réunit dans un grand apaisement, où elle met en avant leur fraternité et leur lien fusionnel.
La métamorphose du vieux Dicteur délivré de son doute torturant apporte aussi un soulagement et une lumière d’espérance bienvenue pour l’humanité. Sa paix intérieure est crédible et bien ressentie. On quitte alors le livre dans une atmosphère apaisée avec une envie intacte de poursuivre la lecture pour suivre l’évolution de ces personnages et découvrir les énigmes restées en suspens.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Moins romanesque que le premier volume, il requiert une attention plus soutenue, mais c’est le prix à payer pour accéder à sa richesse de fond. Ce n’est donc pas une critique en soi, car on voit difficilement comment ça pourrait être fait autrement. Il nous demande de passer d’une attention passive et facile à une attention plus active qui est nécessaire pour grandir en conscience, et c’est précisément tout l’enjeu du combat pour la lumière des artistes porteurs de conscience présenté dans le livre. Il nous livre ainsi des clés de lecture dans un miroir pour nous inviter en tant que lecteur à participer nous aussi à ce combat par notre propre effort d’attention.

Volume III 

♥♥♥♥  9

Commentaire

Des trois volumes, c’est celui que j’ai préféré, au point d’avoir envie de le relire ultérieurement. Il se lit plus facilement que le II. On retrouve une dynamique romanesque entraînante et captivante qui alterne avec des moments de grande introspection. Les thématiques sont plus profondes et personnelles, dans le sens où l’essentiel se passe dans le monde intérieur de Thomas, sauf à la fin où il s’ouvre à l’universel. On peut parler de développement personnel dans ce volume car la découverte et l’exploration de lui-même que vit Thomas nous concerne tous. Parce que Thomas est focalisé sur lui-même tout au long du volume, tout est aussi bien centré sur soi, sur notre propre réalité intérieure. C’est pourquoi on lit comme devant notre miroir où tout ce qu’on perçoit renvoie à soi-même, parle à soi-même. On participe à l’introspection de Thomas qui nous pousse à nous remettre en question, à nous interroger sur notre propre réalité. Elle se fait sur une dominance de ses perceptions qui sont très bien ressenties et qui nous gardent en immersion dans son intériorité, si bien qu’on ressent avec lui, qu’on découvre et qu’on est surpris avec lui. Le contact avec le lecteur grandit alors en intensité et en intimité, ce qui rend Thomas plus proche et à nouveau touchant, parce qu’il nous apparaît plus humain et plus simple.

Une présence féminine apparaît enfin dans ce volume, et ça fait du bien. Mafat est un personnage fort qui va inspirer l’amour à Thomas. Il découvre avec elle la sexualité et l’amour, et l’attention profonde qu’il lui voue le rend là aussi particulièrement touchant. Son éveil à l’amour va s’étendre ensuite à l’humanité entière, en lui rappelant d’abord tout ce qu’il a aimé, sa mère, son village, la petite Cerise, et tous ces moments sont touchants et émouvants. J’ai aussi beaucoup aimé à la fin sa sensation de faire l’amour à la Terre. Il est dans une communion sensuelle toute simple avec la nature, ce qui m’a rappelé le Robinson de Michel Tournier.
Il y a beaucoup de symboles et d’évocations symboliques qui portent les thèmes. La goutte d’eau revient dans une expression plus profonde et spirituelle. Elle évoque un sens du partage et de la communion très parlant, on se sent concerné parce qu’elle apparaît si nécessaire face à notre culture de l’individualisme forcené.
Je m’attendais à l’apparition de l’Ogre par les indices subtilement semés dans le volume précédent. C’est la plaie du Mongonastère qui révèle que son fonctionnement n’est pas parfait, qu’il est lui aussi confronté à l’échec. Il est bien amené dans le récit. On partage la boule au ventre de Thomas tandis qu’il descend dans la cave pour aller à la rencontre de sa peur. Là encore, on est dans des symboles forts qui renvoient aux peurs de notre enfance et qui parlent à tout le monde.
Enfin le thème de la mort m’a beaucoup marqué. Il porte un message d’espoir car la mort y est présentée sous un jour lumineux plutôt que ténébreux. Ici, elle n’est pas effrayante, n’est pas une réalité péjorative qu’il faudrait fuir ou refouler. La conscience de la mort nous rappelle que notre existence humaine n’est pas infinie, elle va s’arrêter, mais en même temps la mort reste l’ouverture vers le sans limite, et le sans limite nous laisse le pressentiment qu’elle est aussi une expression de notre conscience.
J’ai terminé le livre avec une impatience de découvrir le dernier volume.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Dans la dernière partie méditative, certains passages présentent des tournures répétitives qui ne sont pas nécessaires. Ils gagneraient à être légèrement condensés.

Volume IV 

♥♥♥♥  9

Commentaire

Le dernier volume continue de se lire facilement, en restant prenant par un effet d’aspiration à découvrir la suite au fil des pages. S’il ne répond pas à toutes les attentes semées par les personnages sur le plan romanesque, il y répond pleinement sur le plan spirituel en mettant clairement en lumière le remède universel qui vaut autant pour notre évolution et bien-être personnels que pour l’évolution et le bien-être de l’humanité à venir. Il nous donne alors l’essentiel qui révèle la profonde unité du livre, où tous ses différents aspects et épisodes prennent sens en regard de ce dénouement essentiel qu’ils préparaient. Se déployant en plusieurs étapes, le remède universel s’accompagne d’une impression de libération graduelle de toute la noirceur des tourments humains auxquels le livre nous a confronté. On rejaillit à la lumière, à l’apaisement, à la bonne énergie et à la confiance en soi et en l’humanité dans notre capacité à créer ensemble un monde meilleur. Tout s’achève dans la réconciliation, la concorde, la communion, pour une fin heureuse où dominent la beauté intérieure des êtres et leur humanité.

La violente rupture entre Thomas et Mafat inaugure ce dernier volume. Si elle peut paraître d’abord banale pour ressembler à toutes les ruptures, sa portée va avoir des répercussions extraordinaires sur l’évolution intérieure des personnages. L’épreuve de la douleur de cœur de Thomas après avoir connu le paradis avec Mafat, puis son amitié brisée avec Carlos, installent une situation romanesque qui fait ressortir l’intensité de leurs liens dans la souffrance. Elle produit des moments émotionnels forts qui les rendent encore plus humains et touchants.
On suit ainsi les tourments de Thomas avec empathie. Il faut qu’il aille au bord du suicide pour réaliser dans un sursaut l’importance de la vie. Son désespoir le pousse à rencontrer l’Ogre qui incarne le Ça freudien, la nature bestiale et pulsionnelle de l’homme. Il est aussi le reflet de sa souffrance et de sa perdition dans lequel il cherche confusément une issue. C’est pourquoi l’Ogre clame qu’il détient la liberté absolue, que tout lui est permis parce qu’il est affranchi de toutes les règles. Avec cette liberté là, Thomas pourrait s’emparer de Mafat de force sans scrupules comme d’un remède à sa souffrance, sauf que la liberté de l’Ogre l’enferme dans la démence et l’isolement parce qu’elle nie la réalité de l’autre.
Tout ce passage montre que l’Ogre est une part de la nature humaine que l’on porte tous en nous. Elle est tributaire de comportements malsains auxquels on ne peut jamais complètement échapper, puisque même le Mongonastère qui cultive le plus haut idéal humain n’y échappe pas. L’Ogre est sa part d’ombre refoulée comme il est notre part d’ombre. Mais cette réalité nous montre en même temps le chemin pour réduire sa puissance qui est celui de l’acceptation. Car l’Ogre doit sa puissance à nos refoulements, et la voie de l’acceptation de soi permet à ce que nous refoulons de nous-même de remonter à la conscience pour se dissiper. Ce qui va faire le lien avec la vision prémonitoire de l’Ogre assis sur le trône de l’audimètre à la fin du livre, concentré de la part d’ombre de l’humanité qui lorsqu’elle prend le pouvoir sur les hommes, devient cette puissance d’aveuglement collectif déclenchant les guerres et toutes les barbaries.
Après avoir affronté toute sa noirceur, Thomas s’en remet à Gunj pour l’aider à guérir sa blessure de cœur. C’est l’occasion de découvrir ce dernier personnage qui lui incarne l’idéal de l’humain véritablement accompli. Sa sagesse, son calme, sa sensibilité à l’autre, sa compassion, mais aussi son détachement et sa libération de toute souffrance témoignent de la réalité de sa réalisation qui est très crédible. Il est humainement très attachant, tandis que ses enseignements spirituels ont une portée d’autant plus profonde et pertinente. Tout comme la façon dont il va acculer Thomas à lâcher son attachement maladif à Mafat qui va enclencher son processus de guérison du cœur. Et cette séquence de guérison où il prend sur lui tout le sang de souffrance qui jaillit du cœur de Mafat est aussi très touchante et forte émotionnellement.
Thomas sort de la traversée de sa souffrance avec une nouvelle maturité : il s’est éveillé à l’amour véritable, inconditionnel et désintéressé qui lui a permis de renouer avec Mafat en lui-même. Il est alors libéré pour renouer également avec Carlos en retrouvant toute leur amitié perdue. Ce qui nous amène à la scène finale où Thomas, Carlos et Mafat sont réunis dans un même amour pur et apaisé. Mafat qui est enceinte s’y révèle une dernière fois en position de force, avec une maturité plus élevée que les deux Danseurs en tant qu’incarnation de la féminité et de la Mère Universelle.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

L’instruction de Gunj sur le rapport entre la réalité présente et la trame du temps, aussi bien qu’entre l’ici et l’ailleurs pourrait être condensée car elle se répète inutilement. Je l’ai intégrée tout de suite, de sorte que sa reprise m’a fait un effet de ressassement plutôt que d’approfondissement.

Je reste un peu sur ma faim concernant Ungern qui ne réapparaît plus, alors que j’imaginais une connexion à venir entre Carlos et lui parce qu’ils partagent la même enfance traumatique.

Florence P.

Florence P. – 24 ans – Master 2 Science de la Vie – Strasbourg 
Sensibilité littéraire : éclectique, Bernard Werber, Irène Frain « La forêt des 29 ».

LIVRE COMPLET  ♥♥♥♥  9/10*

Volume I  ♥♥♥♥  9

Volume II  ♥♥♥♥  9

Volume III  ♥♥  6

Volume IV  ♥♥♥♥  9

* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime

En une formule

Le paradoxe d’une évasion dans un pur divertissement qui mène au cœur de la réalité pour éveiller notre conscience.

En quatrième de couverture

Après avoir vécu dans un coin de paradis préservé d’un monde ravagé, au bord de l’abîme, l’enfant Thomas est appelé par l’énigmatique Mongo pour rejoindre le Mongonastère sur une île secrète. Les milliards de cubes gris, organes de communication créés par Mongo qui relient les humains entre eux, ne pourront sauver l’humanité en péril que si un Élu, un Danseur accompli, réussira par leur entremise à la faire accéder à un niveau de conscience supérieur.
Ce sera le rôle attendu du jeune Thomas porteur d’un don caché, aussi bien que de son nouvel ami, le docile Carlos. Ils vont partir pour un long voyage intérieur destiné à élever leur niveau de conscience, ce qui se fera à travers de grandes épreuves et des découvertes fascinantes. Ils vont apprendre la force de l’amitié, les dangers de l’inconscience, la puissance de leur maître intérieur, mais aussi s’ouvrir à l’amour inspiré par la belle Mafat, sous toutes ses formes. Ce n’est cependant qu’en traversant leurs plus effroyables peurs enfouies dans la nuit de l’âme qu’ils parviendront à atteindre la lumière de la conscience, ce Graal porteur de guérison d’une humanité en souffrance qui ne se révèle qu’au prix du plus grand courage et du plus grand sacrifice.

Thomas revêt le visage de la conscience de chaque lecteur. En l’accompagnant dans son long et périlleux périple, il nous transmet une paix intérieure et un réconfort face à la confusion et l’incertitude de notre monde. Il nous rappelle en effet que nous en sommes tous, par essence, les cocréateurs et coresponsables. Et comme il nous a livré toutes les clés et la lumière pour engendrer un monde meilleur, il ne nous reste plus qu’à nous mettre en mouvement à partir de soi, en commençant par être heureux ici et maintenant.

Questionnaire

Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?

Le livre m’a fait l’impression d’une invitation à un voyage intérieur, menant à porter plus d’attention aux autres et vivre davantage dans le présent, tout en étant conscient de l’importance de chacun et de sa responsabilité dans l’état du monde actuel.
Le livre aide à trouver une sorte de paix intérieure, tout en incitant à l’action et non à la contemplation passive.
Ce qui le qualifie le mieux : message d’espoir ; pouvoir de la  » goutte d’eau  » ; éveil de la conscience.

Que vous a-t-il apporté ?

Il m’a apporté dans un premier temps des instants de lecture reposants. Cependant, c’est un livre qui fait beaucoup réfléchir sur soi et sur le monde dans lequel nous vivons, aussi bien au moment de la lecture qu’une fois qu’on l’a reposé. Me sentant en phase avec l’essentiel du livre, je dirai qu’il m’a aussi apporté une certaine forme d’espoir et diminué un sentiment de désemparement ressenti parfois face aux problèmes de nos sociétés actuelles.

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

Je pense effectivement qu’il a éveillé ma conscience mais je ne pourrai pas évoquer de domaines. C’est plus un état général, qui me pousse à vouloir redoubler d’effort pour m’ancrer plus dans le présent et l’attention à ce/ceux qui m’entoure/nt. Le reste va de soi.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?

Absolument, et je suis convaincue qu’une seconde lecture du livre me permettrait de le redécouvrir sous un autre angle. Cette seconde lecture n’est toutefois pas nécessaire pour apprécier le livre et percevoir les liens entre les différentes séquences.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?

L’anonymat de l’auteure a tout son sens, il est en parfaite cohérence avec le contenu du livre. Car il me semble prôner le désintéressement, le renoncement à l’enrichissement strictement personnel, pour tout centrer sur l’intérêt de la collectivité.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Tout à fait, car au-delà du divertissement apporté par la lecture, chacun est nécessairement amené à prendre possession du contenu du livre, de ses réflexions. Chaque lecture nous fait évoluer, et L’Appel de Mongo nous invite à plus de pleine conscience et d’altruisme.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Je pense malheureusement qu’il peut être difficile d’accès pour les jeunes générations, en raison d’un déplorable appauvrissement de leur vocabulaire. Toutefois, l’alternance des passages simples et complexes atténue cette potentielle difficulté. Le style contribue à la richesse du livre.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?

J’ignore à partir de quel moment on peut parler de succès, mais je suis persuadée que ce livre a le potentiel pour bien se vendre.

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

Absolument. J’ai même déjà commencé à en parler autour de moi.

Volume I 

♥♥♥♥  9

Commentaire

J’ai beaucoup aimé. Le contenu est captivant et accessible à tous, dans le sens où on peut facilement se reconnaître dans les situations. Le texte par contre demande un certain niveau de français. Il utilise un vocabulaire riche et pas toujours courant, mais c’est ce que j’apprécie également. Le glissement narratif qui s’adapte aux changements d’environnement des séquences en prenant leur tonalité m’a d’abord déroutée par sa nouveauté en ne percevant pas tout de suite qu’il était intentionnel. Puis il m’est apparu être une qualité majeure du récit en accentuant l’immersion dans l’imaginaire et la proximité avec les personnages, du fait de ressentir ce qu’ils vivent de l’intérieur. A cela s’ajoute un mariage très réussi entre le fantastique et le réalisme. D’un côté, le fantastique procure le plaisir de s’évader dans un monde inconnu, de l’autre côté, le rendu réaliste des événements et des personnages lui donne de la crédibilité en faisant réfléchir.

Les moments invitant à la réflexion ponctuent de la sorte tout le livre.
La scène des enfants avec leur maître Zabir m’interpelle sur la valeur d’écouter un autre, de lui faire confiance et de s’en remettre à lui pour apprendre. Sa leçon sur la reconnaissance de la peur et comment la surmonter pour ne pas être son esclave m’invite à considérer mon propre vécu dans ma relation à la peur. Quand il montre aux enfants que le premier maître est soi-même et qu’il faut toujours s’écouter avant les autres, c’est un rappel à une réalité dans laquelle je me reconnais.
La description du monde de la Communication avec son aliénation me parle aussi, avec une humanité dominée par la peur qui fait l’autruche au fond des basses villes.
Thomas dans la cellule de transfert qui se bat en vain pour obtenir ce qu’il veut de Mongo avant de lâcher prise nourrit ma réflexion sur mes propres comportements. Il m’est arrivé de lutter pour obtenir un résultat sans succès, puis en abandonnant la lutte de voir les événements de la vie m’apporter une résolution au-delà de ma volonté. Cette scène montre aussi que Thomas tout en étant l’Élu désigné reste humain avec ses limites et ses faiblesses, il n’a pas tous les pouvoirs et doit composer avec ses limitations, comme nous tous.
La question de la liberté ou du fatalisme reste suspendue tout au long du livre sans fournir de réponse. La première partie expose le cas de conscience de la mère, de l’enfant et de Djack qui aboutit à un choix sacrificiel, chacun renonçant à son désir personnel pour servir un désir altruiste. Le sacrifice particulièrement douloureux de la mère montre que son choix ne lui enlève pas la souffrance mais la libère d’un poids intenable. Pour moi, cela m’évoque que ma liberté est bien réelle parce que je suis libre de choisir. J’ai le pouvoir de faire le bon choix pour être en paix avec ma conscience, ce qui a un prix qui peut aller jusqu’à la mort.
Mongo est la grande énigme. Il n’appelle pas la réflexion, mais une interrogation permanente. Est-ce une entité ? Un concept ? Une religion ? Il donne envie de connaître la suite dans un désir de révélation.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Tout est réaliste sauf le passage où Ungern éviscère Tombola. Ayant pratiqué les dissections au cours de mes études, je peux affirmer qu’ouvrir un ventre est beaucoup plus difficile.
Je note aussi quelques légères redondances.

Volume II 

♥♥♥♥  9

Commentaire

J’aime tout autant ce deuxième volume alors qu’il se démarque fortement du premier par son traitement. Il se lit autrement où c’est sa qualité pédagogique qui vient au premier plan. De ce point de vue il est très bien formulé, clair, logique, compréhensible sans effort jusque dans ses vues profondes. Il apporte des enseignements enrichissants dont on peut tirer profit, et des vues nouvelles très bien pensées qui ouvrent notre conscience à des horizons inattendus. Il stimule notre esprit critique en élaborant des réponses en profondeur pour ensuite les remettre en question. Il nous amène ainsi à reconnaître qu’il n’existe pas de solution miracle naïve aux grands défis de notre monde, ce qui nous incite à nous interroger nous aussi sur les issues possibles tandis qu’on suit le développement des idées qui s’enchaînent naturellement en s’élevant et s’affinant toujours plus.
Le grand questionnement sur la liberté et le déterminisme réapparaît également. Il s’approfondit de l’expression de la manifestation sans agir de Mongo, comme une image de la volonté toute-puissante de Dieu ou du conditionnement qui nous a façonnés et qui tire les ficelles de chacune de nos actions. Là encore, plutôt que de fournir une réponse toute faite, ça nous amène à nous interroger plus en profondeur sur la place de notre liberté dans notre existence conditionnée.

J’ai beaucoup aimé la présentation de la création monétaire et de la monnaie de dette. C’est clair, limpide, ça se lit très bien, ce qui est une belle performance pour un sujet ardu.
Tout le thème de l’attention est très bien vu. L’audimètre, l’audicratie, la monnaie d’attention, l’attention créatrice de richesse, la pauvreté en lien avec le rejet de l’attention, le vote continuel de notre attention qui nourrit et fait croître ce sur quoi nous la portons, la responsabilité de notre goutte d’eau dans ce vote. Il offre une vision inédite de ce qui est pourtant bien au cœur du pouvoir dans notre monde de la Communication, apportant une prise de conscience déterminante.
Je ne peux qu’apprécier sa critique de la publicité à travers l’industrie des croquants. Elle met bien en avant sa profonde perversité. Alors qu’elle est admise dans notre société, qu’elle est devenue omniprésente dans notre quotidien comme si la situation allait de soi, il est salutaire de rappeler que ça reste de l’énergie négative qui n’a rien de bénéfique à nous apporter. Elle fait perdre tout esprit critique en nous lavant le cerveau, elle nous manipule et corrompt les consciences, sans parler de toute la consommation de superflu qui se fait sous son emprise et qui s’accompagne de montagnes de gaspillages et de déchets.
L’analyse des problèmes socio-économiques de notre monde, suivie de leur solution révolutionnaire en lien avec les propositions de l’altermondialisme, aboutit à la conclusion éclairée que rien ne changera si on ne commence pas par changer à l’intérieur de soi. De même, le livre rappelle bien que toutes les informations sur la réalité de ces problèmes sont aujourd’hui disponibles sur le net, et donc indirectement aussi toutes les solutions, mais personne ne les regarde. La faute à l’audimètre, au rejet de notre responsabilité de notre goutte d’eau…
J’ai trouvé très bien venu le recours au doute des personnages de Thomas et du Dicteur qui garde en éveil notre esprit critique. Il permet de relativiser la position du Mongonastère en tant que détenteur d’un bien parfait pour sauver l’humanité. Il révèle ses failles, ses zones d’ombre qui invitent à les dépasser pour avancer, et en ce sens le doute est porteur et positif. Le Dicteur finit par craquer sous la pression de son doute torturant parce qu’il ne croyait plus à son message. Il s’est imposé des barrières pour s’interdire de douter, il s’est mis tout seul dans cette situation dans laquelle il s’est enfermé et qui l’isole des autres à cause de sa dissimulation. Puis quand son doute le submerge parce qu’il ne peut plus le taire, il accepte d’être simplement humain, de ne pas tout savoir et tout contrôler, son lâcher-prise le libère alors de son isolement, et il en sort grandi, apaisé, plus humain et plus proche des autres.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien à signaler.

Volume III 

♥♥  6

Commentaire

J’ai eu plus de difficultés avec ce troisième volume qui change à nouveau considérablement des deux autres. Il se tourne vers le religieux qui ne m’est pas familier en développant des pensées par de grandes abstractions que j’ai eu du mal à suivre. Autrement, la poursuite du récit sur le plan romanesque plus concret reste toujours aussi prenante. L’évolution des personnages, leurs interactions, les nouvelles révélations du Mongonastère, les intrigues et les rebondissements continuent d’enrichir l’histoire en donnant envie de connaître la suite et fin du dernier volume.

J’ai beaucoup apprécié la façon d’enseigner de Gunj qui montre ce que peut être une pédagogie vivante et éveillée. Sa leçon sur Einstein et Newton est amusante, intéressante, et cohérente pour expliquer les mutations de Mongo.
L’apparition de l’Ogre a été une surprise. Il accompagne bien le cheminement de Thomas à la rencontre de sa peur. Après l’avoir découvert, Thomas se jette avec Carlos dans le four noir qui va déclencher leur hostilité et montrer sa peur dans tous ses états. L’Ogre y réapparaît comme le reflet de sa peur sous forme d’une puissance intrigante qui vit dans le noir où il encourage le négatif en nous, parce que dans le noir personne ne nous voit et il est plus facile de lâcher le négatif.
Le sanctuaire des Danseurs accomplis est surprenant et rassurant. Leur corps est là, dans un sourire de béatitude qui montre qu’ils ont atteint le bien suprême. Ils sont dans une autre dimension tout en étant présents, ce qui établit un lien plus concret avec leur accomplissement.
Dans tout son périple qui commence par sa peur de la rencontre intime avec Mafat, provoquant blocage et négativité, Thomas montre finalement qu’il est comme tout le monde. Il apparaît comme le symbole du pire et du meilleur qui peuvent sortir de l’homme.
Une fois libéré de la peur de lui-même, il peut retrouver Mafat pour l’aimer sans conflit. J’ai bien aimé leur deuxième rencontre pour la nuit d’amour. On alterne entre les perceptions de Mafat et de Thomas dont les vécus très différents se mélangent et convergent peu à peu. Ils deviennent de plus en plus proches en se comprenant et se sentant toujours plus semblables sur l’essentiel, leur ouverture à l’autre grandit, de même que leur abandon, leur confiance, leur sensibilité, et toute leur élévation vers l’union est bien perçue.

J’ai trouvé le thème de la mort très bien mené et très intéressant. On reste dans le factuel du saut dans l’inconnu avec une analyse psychologique du processus. En partant de l’exemple de la petite mort de l’enfance nécessaire pour renaître dans l’adolescence, on voit comment nos vies sont parcourues de petites morts et de renaissances qui sont nécessaires pour avancer. Mais chaque transition est une épreuve plus ou moins douloureuse où s’activent les conflits du jugement face à l’inconnu. Car le changement fait peur, ce qui renvoie indirectement au volume II sur le blocage de notre société dans la voie de la croissance infinie. Nous devons sortir de ce modèle qui détruit la planète, mais pour changer il faut accepter que quelque chose meurt, et nous ne changerons pas tant que nous n’aurons pas dépassé la peur de l’inconnu qui est dans toute mort et tout renouveau.
Le thème d’être avec m’a marquée, l’idée est très bien.
Le thème du miroir qui établit le rapport entre l’intérieur et l’extérieur, j’ai eu du mal à le comprendre au début du volume, mais c’est devenu plus clair avec l’explication méditative approfondie de la dernière partie.
Si j’ai été moins séduite par ce troisième volume plus difficile à lire, je reconnais a posteriori que c’est celui qui m’a fait le plus réfléchir après lecture, où ses grands questionnements spirituels restent en tête.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Ma réticence porte essentiellement sur la présentation des thèmes religieux. Ils sont développés dans des pensées abstraites très étendues dans lesquelles j’avais tendance à perdre le fil, parce que je ne suis pas très réceptive aux abstractions et par manque d’intérêt. J’ai trouvé alors qu’elles étaient inutilement insistantes, rébarbatives, mais aussi qu’elles avaient parfois un côté moralisateur un peu dérangeant. Notamment le thème de la faute originelle, comme si nous étions condamnés depuis la nuit des temps à subir une punition pour avoir fait quelque chose de mal, ça échappe complètement à mes convictions. Je comprends l’intention de mettre en avant la responsabilité de nos actions dont nous devons assumer les conséquences, mais ici c’est souvent trop chargé, et ça a un effet culpabilisant comme de se sentir montré du doigt qui est mal venu.

Volume IV 

♥♥♥♥  9

Commentaire

J’ai adoré ce dernier volume dans son ensemble et pour l’enchaînement de toutes ses parties qui sonnent juste. Alors qu’on retrouve à nouveau de longs développements de pensées abstraites, contrairement au volume précédent, j’y ai été cette fois curieusement très réceptive et en accord, ne percevant plus l’impression de culpabilisation antérieure.
Tous les grands thèmes du livre aboutissent ici à leur résolution, sur le plan du récit comme sur le plan spirituel des idées. Et c’est une résolution heureuse, lumineuse, d’une profonde cohérence. Elle procure une forme de paix intérieure face à la confusion et à l’incertitude du devenir de notre monde. Après nous avoir emportés dans son univers fantastique durant les quatre volumes, les énergies du livre culminent dans sa fin ouverte qui nous reconnecte à notre réalité propre. On ne pouvait pas concevoir de meilleure fin : elle encourage à agir en nous rappelant notre pouvoir et notre responsabilité, elle apporte de l’enthousiasme et donne de l’espoir en l’homme.

La rupture de Thomas et Mafat n’a pas été une surprise, leur passion extrême ne pouvait certainement pas durer. La scène montre les points de vue des deux personnages, leur état d’esprit différent, procédé déjà employé que je trouve très intéressant. La scène en elle-même est poignante, le déchirement des deux amants très bien ressenti.
Les personnages sont là encore poussés aux extrêmes, par des comportements et des émotions très contrastés. Ils ont toujours deux dimensions, l’une mythologique très élevée, et l’autre bassement humaine et triviale, ce qui permet de révéler en eux le pire comme le meilleur. Ce mariage constant de la double dimension des personnages est une des grandes caractéristiques du livre qui fait son attrait et sa singularité. Car il met ainsi en évidence la racine du mal comme du bien qui les anime, et qui va être exploré par la suite dans le cheminement de guérison de Thomas.
Thomas s’est montré puéril et égocentrique avec Mafat. Son entretien avec l’Ogre, entité perturbante, comble du narcissisme et tentateur de la négativité, le pousse à aller au bout de son comportement égocentré, lui faisant réaliser indirectement qu’il n’en obtiendra que plus de souffrance. L’Ogre apporte le message qu’en se laissant posséder par ses émotions négatives, on peut facilement plonger dans le délire. La clé est d’accepter de reconnaître la présence de ses émotions négatives pour les dompter, pour ne pas se laisser inconsciemment dominer par elles.
Tout cela prépare Thomas à accepter de se faire soigner et éclairer par Gunj. Le déclic se produira lorsqu’il reprendra contact avec le cœur en souffrance de Mafat, enclenchant le processus de guérison du cœur. C’est un passage symbolique fort et crédible. Toute son énergie centrée sur la préoccupation de lui-même était occupée à le détruire. Elle s’inverse en énergie positive dès qu’il s’ouvre à nouveau à l’attention des autres. Thomas va mieux, mais Mafat aussi, car malgré la distance physique son changement d’état lui a été transmis également.

J’ai beaucoup aimé l’évocation de l’acte neutre générateur d’effets néfastes. C’est très bien pointé, très bien écrit, et très important pour la prise de conscience de la responsabilité de notre passivité et inaction.
J’ai aussi été réceptive au thème de la tension des opposés devant la frontière présenté à la fin du livre, montrant que l’équilibre est dans le juste milieu entre les extrêmes.
Après que Carlos a été victime de la haine de Thomas, leur réconciliation finale est réjouissante. On a le plaisir de découvrir un peu plus Carlos, accédant aux clés d’un personnage resté secret et en retrait. Leur amitié fusionnelle est encore plus grande après l’épreuve. Ils sont délivrés de toute forme de jalousie pour aimer ensemble la même femme, nous rappelant au passage que la jalousie reste injustifiable et pathologique.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien à changer.

Jules F.

Jules F. – 20 ans – 3ème année Sciences Po – Strasbourg
Sensibilité littéraire : littérature classique, Zola, Maupassant.

LIVRE COMPLET  ♥♥♥  8/10*

Volume I  ♥♥♥♥  9

Volume II  ♥♥  6

Volume III  ♥♥♥  8

Volume IV  ♥♥♥  8

* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime

En une formule

L’intérieur est à l’extérieur et l’extérieur est à l’intérieur, tel est le miroir de la conscience et la clé du salut de l’humanité à venir.

En quatrième de couverture

Sommes-nous libres ou soumis à un déterminisme inexorable ? La réponse à cette question est capitale pour décider si les fléaux écologiques et économiques que notre humanité a engendrés relèvent de notre responsabilité et donc de notre capacité d’agir pour y remédier, ou s’ils sont le fait d’un engrenage implacable qui nous dépasse, justifiant la posture collective de déni et d’impuissance à changer qui est clairement la voie de la fatalité dans laquelle nous sommes enlisés depuis des décennies. 
En suivant la destinée d’un jeune enfant porteur d’un don mystérieux qui nous entraîne dans une quête du remède universel au sein d’un univers futuriste où règne le pouvoir de la Communication, cette grande interrogation métaphysique va être développée en menant le lecteur à des prises de conscience successives jusqu’à la révélation finale de notre liberté fondamentale qui remet le salut de l’humanité entre nos mains. Tandis que nous découvrons un monde de la Communication investi par des personnages hauts en couleur et des symboles forts liés à une entité mystérieuse, on s’ouvre parallèlement à une métaphore de notre monde contemporain qui nous met constamment en prise avec des miroirs grossissants qui nous révèlent la réalité profonde de notre situation. 
Il en résulte un effet de contagion où la conscience et l’énergie des personnages fictifs auxquels le lecteur s’est identifié tout au long du récit fusionnent avec notre réalité intérieure pour nous inviter à poursuivre l’aventure dans le monde réel, contribuant à notre tour à propager le remède universel à la mesure de notre goutte d’eau…

Questionnaire

Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?

Je le qualifierai de roman d’éducation focalisé sur la quête du remède universel. Il interroge sur les causes de la souffrance humaine sous toutes ses formes (extérieures sur les plans socio-économiques et politiques, et surtout intérieures par les tourments du mental qu’on s’inflige à soi-même), conduisant à différentes prises de conscience qui ouvrent la voie à des remèdes réels ou potentiels pour notre humanité.
L’impression générale est d’avoir été plongé dans une vaste métaphore de notre monde contemporain, avec des symboles forts évocateurs du pouvoir de la Communication qui conditionne de plus en plus notre existence quotidienne. Le livre nous tend ainsi des miroirs de notre société et de notre réalité intérieure qui se développent et s’approfondissent au cours des quatre volumes pour nous parler profondément de nous-même.

Que vous a-t-il apporté ?

– Un fort engouement et un vrai plaisir de lecture pour la dimension romanesque du premier volume.
– Des réflexions intéressantes et éclairantes sur notre monde de la Communication : le rapport entre l’attention passive et l’attention active très pertinent ; le pouvoir envahissant de la publicité présenté de façon originale et amusante ; le rapport entre l’inconscience et la conscience comme source du mal et source du bien impliquant la nécessité de cultiver l’éveil de conscience comme seule voie de salut pour l’humanité…
– Le dernier volume m’a procuré un sentiment de lâcher-prise qui fait du bien, par contraste avec notre société d’hyper-contrôle qui impose une tension permanente, aussi bien qu’un détachement à l’égard de notre culture du bonheur obligatoire que l’on doit afficher dans les réseaux sociaux.

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

Je retiens la formule clé du livre :  » L’intérieur est à l’extérieur et l’extérieur est à l’intérieur « . En mettant l’accent sur la primauté de l’intériorité, il m’a rendu plus clairement conscient qu’aucun changement positif réel de notre société ne peut être attendu s’il ne s’accompagne pas d’un changement intérieur individuel correspondant.
Le rapport entre le bien et le mal commence par un manichéisme très marqué pour évoluer vers une prise de conscience de leur valeur relative et donc illusoire, transcendée par la réalisation du Bien supérieur qui intègre les opposés.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?

Oui, tout à fait. La lecture du dernier volume éclaire les volumes précédents en révélant l’unité du livre. Alors que chaque volume est très différent, explorant un champ de réflexion et de sensibilité propres, il y a un approfondissement graduel de la quête centrale du remède à la souffrance de l’humanité. Tout s’emboîte dans une logique nécessaire, où on passe d’une prise de conscience située à un certain niveau de perception à une autre à chaque fois plus profonde, nous menant au cœur de la vision d’ensemble qui dévoile toute sa cohérence.
On est entré dans l’univers fantastique du roman en plongeant dans un imaginaire très éloigné de notre vie quotidienne. Puis il s’est mis à pointer vers notre réalité en présentant des miroirs de notre société. Et ce rapport entre le lointain et le proche s’est accentué au cours des volumes pour finir par nous parler profondément de nous-même.
Le livre se termine sur une ouverture où le lecteur est convié à continuer sa propre histoire. Au-delà de l’attrait d’un récit porteur, il nous a transmis un manuel de vie avec des prises de conscience et des leçons de sagesse qu’il ne nous reste plus qu’à mettre en pratique.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?

Oui, j’y suis plutôt favorable. Je pense que cela permet de renforcer le caractère intrigant du livre et de son atmosphère.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Oui, pour son éclairage pertinent de notre société et les prises de conscience qu’il suscite, mais à condition que le livre soit resserré sur l’essentiel et rédigé plus simplement afin d’être attractif pour un large public.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Non, pour la version que j’ai pu lire, car il y a trop de longs passages théoriques et abstraits insistants qui feront décrocher le plus grand nombre.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?

J’attends de pouvoir lire la dernière version remaniée et simplifiée pour me prononcer. Mais ça reste très certainement possible, car le contenu du livre est en soi intense, captivant, original et éclairant, nous confrontant aux grands défis de notre réalité contemporaine qui nous préoccupent tous.

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

Même réponse que précédemment, j’attends de pouvoir lire la dernière version remaniée et simplifiée pour me prononcer. Mais si ses longueurs excessives ont disparu et qu’elle me conquiert, ce sera sans hésitation.

Volume I 

♥♥♥♥  9

Commentaire

J’ai vraiment beaucoup aimé.
La grande réussite du livre à ce stade est de plonger le lecteur dans une situation romanesque vite prenante portée par une intrigue forte pour le confronter à des interrogations philosophiques et existentielles fondamentales qui restent ouvertes tout du long.
La part de l’imaginaire propre du lecteur est habilement ménagée en n’identifiant pas clairement le cadre du récit. C’est une époque futuriste indéterminée dont le contexte reste flou et ouvert, ce qui permet de stimuler son propre champ de réflexion. Et très vite, plutôt que de partir dans une anticipation lointaine déconnectée de notre réalité, on est pris dans ce qui s’apparente davantage à une métaphore de notre monde contemporain où se déploient des symboles forts qui percutent sur des facteurs incontournables de notre vie d’aujourd’hui.
Cela vaut pour les milliards de cubes gris qui font écho à l’omniprésence des écrans dans nos vies, source insidieuse de dépendance et d’addiction, comme pour les boules noires qui font écho à un organe de contrôle et de surveillance de tous nos comportements qui se développe toujours plus avec l’extension sans fin d’Internet. Car le monde dépeint dans le livre où le pouvoir de la Communication règne en maître absolu est déjà le nôtre. Et il livre des réflexions très éclairantes sur ce nouveau pouvoir, notamment sur le paradoxe d’un monde de libre communication, sans censure et sans entrave, qui n’en impose pas moins une forme de dictature subtile en distillant une pensée hégémonique se revendiquant comme expression neutre d’une réalité objective et d’un bon sens commun.
Outre la dimension politique révélant les nouveaux enjeux de pouvoir, il y a aussi une approche sociologique marquée par le contraste entre un village heureux où la communauté doit être soudée pour assurer sa survie, limitant la liberté individuelle par une obligation presque mécanique d’être solidaire, et l’univers des basses villes où les individus sont libres et indépendants, mais dont l’isolement et l’individualisme génèrent une société malsaine et malheureuse.
Quant aux grandes interrogations sur la condition humaine, elles s’enclenchent dès l’entrée en matière du récit par le cas de conscience insoluble imposée à Ambre, la mère de l’enfant élu. On est alors plongé dans une référence biblique riche qui nous tient en haleine avec le combat intérieur des trois protagonistes initiaux qui aboutit au sacrifice et au don de soi pour un mobile inconnu. C’est aussi toute la part d’innocence de l’humanité incarnée par l’enfant Thomas qui va être confrontée à la volonté de contrôle du Dicteur et du Mongonastère à des fins intéressées, une volonté de contrôle motivée par une quête obsessionnelle de perfection et de salut, comme si la perte de l’innocence renvoyant à la chute du paradis était inéluctable. S’y ajoute le thème de la perte de la mémoire qui en passant par Djack évoque l’oubli de l’origine et de l’essentiel, comme si l’humanité errait sans but, ne sachant pas où elle va parce qu’elle ne sait pas (ou a oublié) d’où elle vient.
Puis à partir de là, se pose la grande question de la liberté et du déterminisme qui va imprégner tout le récit. Cette question métaphysique est particulièrement relancée avec l’introduction du personnage noir d’Ungern qui est l’antithèse de la bonté naturelle exprimée par Thomas et son village. On se trouve alors dans un schéma manichéen marqué : les bons d’un côté et les mauvais de l’autre. Sauf que tout en Ungern montre que c’est un déterminisme implacable qui l’a façonné par-delà sa volonté propre pour le rendre si haineux. Ce qui réactive l’interrogation fondamentale de la condition humaine : l’homme est-il bon ou mauvais par nature ? Et qui en est la cause ? Est-il responsable de ce qu’il hérite de son conditionnement ? Ou la responsabilité en revient-elle à ce Mongo, évocation suggérée d’un pouvoir créateur transcendant, qui semble façonner les êtres à sa guise pour les rendre bons ou mauvais selon sa seule volonté ?
En tout cas, toutes ces interrogations passionnantes développées dans ce premier volume donnent une irrésistible envie de se plonger dans le second volume pour les approfondir en espérant en recevoir encore d’autres éclairages.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien à signaler.

Volume II 

♥♥  6

Commentaire

Ce volume rompt avec le précédent en quittant l’élan romanesque pour nous installer dans un essai socio-économique et politique contemporain.
Il reprend les thèmes abordés dans le premier volume pour les développer sur le terrain de l’analyse et de la réflexion. C’est la question de la liberté et du déterminisme, de la nature bonne ou mauvaise de l’homme, du pouvoir médiatique envahissant, avec le voyeurisme, la sexualité mercantile, la quête financière et existentielle d’attention, l’observation et la surveillance omniprésentes, la surinformation qui annihile le sens de l’engagement et de l’action, et aussi l’isolement des individus par des connexions toujours plus virtuelles où tout le monde veut se montrer sur les écrans alors que les contacts humains réels se raréfient.
J’ai beaucoup aimé toute la réflexion sur la publicité et la façon originale dont elle est mise en relief. De même, le rapport entre l’attention passive et l’attention active est très pertinent. C’est fondamentalement le rapport entre le fait d’être conscient ou inconscient qui engage notre responsabilité individuelle dans le monde de la Communication : donner notre attention à ce qui est digne d’attention pour faire croître la dignité dans le monde. Choisir et cultiver la conscience s’annonce comme la voie du salut pour l’humanité, tandis que l’inconscience est la voie de la perdition à la racine de tous les malheurs de l’humanité.
Le livre renvoie alors à une dimension religieuse ou spirituelle en adoptant une position clairement manichéenne qui montre la « juste voie ».
C’est l’aboutissement du long développement de l’essai socio-économique comme synthèse des thèmes et problématiques de notre monde contemporain. L’impasse de la croissance infinie et sa solution par la décroissance. L’impasse de l’endettement infini et sa solution par la réappropriation du pouvoir de création monétaire par le peuple. L’impasse du chômage endémique et sa solution par le revenu d’existence universel et le travail non productif créateur de richesse humaine, etc.
Mais ce manichéisme est heureusement tempéré par le constat d’échec des meilleures intentions et solutions sur la papier, ainsi que par de fortes ambiguïtés révélant les contradictions inhérentes en tout être humain. Face à la nécessité de la décroissance, il y a la croissance infinie de Mongo comme une volonté de pouvoir insatiable et indéracinable dans la nature ou la destinée même de l’homme. Tout comme il y a ce rappel que Mongo n’est qu’un Instrument, et que dans ce monde de la Communication que nous sommes en train d’engendrer tous ensemble, nous pouvons en faire le meilleur usage comme le pire.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Mon engouement pour le premier volume porté par sa dimension romanesque captivante et riche en péripéties s’est refroidi en devant la quitter pour plonger dans le long développement de l’essai socio-économique. J’entends bien que c’est le parti pris du livre qui a toute sa raison d’être en tant qu’il nourrit l’ensemble du propos, mais il aurait fallu que je puisse bifurquer sur l’essai en me sentant à nouveau captivé sur le plan de la réflexion et de la découverte d’une nouvelle vision, ce qui n’a pas été le cas en dehors de quelques idées neuves inédites.
La raison en est que de par ma formation et culture politique, les thèmes d’actualité repris dans l’essai me sont familiers, et j’ai donc eu l’impression d’une redite et de ne rien apprendre de nouveau sur de nombreuses pages. D’où mon manque d’enthousiasme et mon impression de longueur.
Bien que l’intérêt sera certainement supérieur chez un lecteur qui découvre ces thèmes pour la première fois, la question à se poser est à qui se destine le livre ?
Pour les lecteurs ignorants ces thèmes, l’essai aura un effet de nouveauté avec une valeur pédagogique et attractive certaine, mais pour les gens comme moi, je pense qu’il y aura une tendance à décrocher en raison de trop de longueurs.
A mon sens, ce second volume gagnerait alors à être réduit à l’essentiel sur toute la partie essai, sans perdre pour autant l’attrait potentiel qu’il doit exercer sur les lecteurs non-initiés.

Volume III 

♥♥♥  8

Commentaire

Ce volume III renoue avec l’intensité de l’action et des enjeux du premier volume qui s’était affaiblie sur le volume II. On monte aussi d’un cran dans le développement et l’éclairage des thèmes initialement abordés.
Le questionnement toujours renouvelé de la liberté s’y révèle tributaire de la bonté de l’homme. Une bonté qui n’est pas innée mais s’acquiert par une éducation de haute tenue stimulant les prises de conscience et l’élévation de l’âme. On trouve ici un écho très fort de l’Humanisme de Rabelais qui donne la primauté à une éducation complète intelligente faite d’effort, de courage et de discipline sans quoi la bonté ne peut pas fleurir en l’homme.
C’est ainsi que débute ce troisième volume qui présente le Mongonastère comme une école de la conscience où le travail du corps avec le Taï Chi Chuan et l’art de la Danse a autant d’importance que le travail intellectuel dispensé par Gunj. Le but est l’élévation continue du niveau de conscience qui procure toujours plus de liberté et de bien-être, conditions indispensables pour les exprimer à l’extérieur de soi sous la forme d’une bonté épanouie naturelle et spontanée.
La grande formule du livre « L’intérieur est à l’extérieur, et l’extérieur est à l’intérieur » résume tout le propos d’une éducation à l’éveil de conscience comme seule voie de salut pour l’humanité. Elle reprend l’aboutissement de l’analyse socio-politique du volume II en l’approfondissant et en la rendant directement perceptible à travers le travail d’éveil de conscience du jeune Thomas. Le changement commence par l’intérieur, car le monde n’est jamais perçu objectivement mais à travers la coloration positive ou négative de notre état intérieur dont il est la projection.
Une évolution salutaire de la société ne pourra donc advenir qu’en partant de la transformation intérieure des individus conduisant à une multiplication d’actes individuels toujours plus conscients, c’est-à-dire aussi bien toujours plus épanouis dans la bonté naturelle et spontanée.

Avec la rencontre des paysannes des îlets, le récit renoue avec l’action. L’éveil du grand amour de Thomas incarné par Mafat relance toute l’intrigue des connexions et implications insaisissables de Mongo. D’abord Mongo lui interdit l’accès à Mafat lors de leur première rencontre amoureuse parce qu’elle a éveillé sa peur de l’ »autre » qu’il n’a pas encore affrontée. Une peur profonde qui s’extériorise sous la forme de l’Ogre, cette abomination de Mongo qui lui donne alors une dimension encore plus élevée, comme s’il était au-delà du bien et du mal. De là il orchestre le destin implacable des êtres en faisant indifféremment leur bien comme leur mal, puisqu’en définitive le bien et le mal ne sont que des interprétations relatives du mental humain. Le « mal » que croit subir Thomas va faire son bien, et vice versa, révélant que la manifestation de Mongo par-delà bien et mal œuvre toujours à la finalité du Bien supérieur.
C’est ce que montre toute l’ambiguïté du personnage de Mafat. Mongo l’a désignée à Thomas dès l’enfance en l’associant à la fontaine d’amour dans la cellule de transfert, et en même temps succomber à l’amour de Mafat revient à se détourner de son devoir de mongonastique.
Dans la longue scène d’amour, Mafat va être son initiatrice pour l’élever par leur communion toujours plus intime à une conscience toujours plus vaste jusqu’à atteindre à un paroxysme béatifique de libération, d’amour et de compassion, expression de l’accomplissement humain total. Alors que c’était l’éducation du Mongonastère qui devait le conduire à cette suprême élévation de conscience, il apparaît que c’est en s’y opposant pour suivre l’enseignement de la vie même et de sa propre sagesse intérieure que Thomas y est parvenu en répondant à l’amour de Mafat. Sauf qu’à travers Mafat l’initiatrice, il s’agit peut-être encore de l’éducation de Mongo commandée par sa main invisible.
Renaissant de son illumination comme un nouvel être, Thomas va ensuite explorer sa conscience neuve de l’éveil dans de nombreuses dimensions. La conscience de la mort y tient une place essentielle. Elle est le pendant salvateur du refoulement de la réalité de la mort propre à la société de la croissance infinie qui alimente son autodestruction, invitant à se réconcilier avec la réalité de la mort dans une vision positive et lumineuse où elle est réintégrée au cycle sans fin de la vie. C’est la leçon finale du lâcher prise qui conduit au véritable bonheur par l’abandon confiant à la vie, sans s’accrocher à aucun savoir ni aucun contrôle et sans être maître de rien.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

La leçon sur Newton et Einstein décrivant le passage à un niveau d’harmonie supérieur est trop longue. La nuit d’amour de Thomas et Mafat est elle aussi trop longue et devrait être resserrée sur l’essentiel.

Volume IV 

♥♥♥  8

Commentaire

La plus forte impression que je garde de ce dernier volume est qu’il fait du bien. Il invite à lâcher prise, à entrer dans l’acceptation de ce qui adviendra en reconnaissant au final qu’on ne maîtrise pas notre destin. C’est particulièrement salutaire dans notre société où tout se veut hyper-contrôlé. Ce besoin de contrôle génère une tension permanente alors qu’en réalité notre pouvoir de contrôler les événements reste très limité, voire illusoire. Le livre nous en fait prendre conscience en apportant une forme de paix, car face à l’inanité du contrôle, il ne reste qu’à s’abandonner à notre destin imprévisible en confiance, et cette détente fait se sentir bien.
La lecture du dernier volume éclaire les volumes précédents en amenant une autre compréhension : tout ce qui a été exposé de façon si marquée se trouve relativisé et distancié. L’unité du livre est aussi révélée. Alors que chaque volume est très différent, explorant un champ de réflexion et de sensibilité propres, il n’y a pas de redites mais un approfondissement graduel de la quête centrale du remède à la souffrance de l’humanité. Tout s’emboîte dans une logique nécessaire, où on passe d’une prise de conscience située à un certain niveau de perception à une autre à chaque fois plus profonde, nous menant au cœur de la vision d’ensemble qui dévoile toute sa cohérence.
On est entré dans l’univers fantastique du roman sans préjugé de départ, plongeant dans un imaginaire très éloigné de notre vie quotidienne. Puis il s’est mis à pointer vers notre réalité en présentant des miroirs de notre société. Et ce rapport entre le lointain et le proche s’est accentué au cours des volumes pour finir par nous parler profondément de nous-même.
J’ai terminé la dernière page du livre en me disant d’abord :  » Ah bon, rien de plus « , comme s’il manquait le dénouement final, puis quelques secondes après c’est devenu évident que la fin ne pouvait pas être autrement. Le livre se termine sur une ouverture où le lecteur est convié à continuer sa propre histoire. Au-delà de l’attrait d’un récit porteur, il nous a transmis un manuel de vie avec des prises de conscience et des leçons de sagesse qu’il ne nous reste plus qu’à mettre en pratique.

Le dernier volume reste dans un manichéisme marqué, où l’individu est tiraillé par son choix entre le bien et le mal. La figure de l’Ogre s’oppose ainsi à celle de Gunj incarnant la sagesse réalisée, chacun faisant valoir ses attraits et ses séductions.
Le problème moral est à nouveau soulevé dans la quête du bonheur. Il nous interroge indirectement sur notre culture du bonheur obligatoire, ce bonheur apparent de l’image de soi que nous devons afficher en public, tout comme nous devons toujours nous faire valoir positivement sur les réseaux sociaux.
Le pouvoir qu’a autrui de faire notre bonheur ou notre malheur symbolisé par Mafat met bien en évidence la faiblesse fondamentale de l’Homme face à ce pouvoir. Quand Thomas réalise que Mafat n’est pas la cause première de son bonheur, et donc qu’elle ne peut pas être non plus la cause première de son malheur, il accède à une prise de conscience déterminante qui réoriente complètement sa quête du bonheur en percevant sa source en lui. C’est un message positif annonçant que le seul bonheur accessible est dans la plénitude de l’être qui ne dépend que de soi. Tout le reste nous enferme dans les illusions. Mais la quête du bonheur tout au long de notre vie n’est-elle pas justement de courir après des chimères ? Et ce bonheur que notre culture nous commande de conquérir impérieusement existe-t-il seulement ?

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

La séquence avec l’Ogre est trop longue, il y a des répétitions et des insistances inutiles.
Je note aussi une tendance à l’excès d’adjectifs dans le texte en général.

Claire A.

Claire A. – 20 ans – 2ème année Architecture et Engineering – Strasbourg
Sensibilité littéraire : éclectique, Marc Levy, Guillaume Musso.

LIVRE COMPLET  ♥♥♥  8/10*

Volume I  ♥♥♥♥  9

Volume II  ♥♥  7

Volume III  ♥♥♥  8

Volume IV  ♥♥♥  8

* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime

En une formule

Quand la force de l’humanité naîtra de la force de chacun d’entre nous.

En quatrième de couverture

Un combat décisif nous attend pour sauver l’humanité avant qu’il ne soit trop tard.
Le compte à rebours est annoncé dans ce roman dystopique d’un genre nouveau qui ne se compare à rien d’existant. Pendant qu’il nous immerge dans une réalité parallèle très élaborée pour nous entraîner dans une aventure captivante avec des personnages attachants en quête du remède universel, il nous tend en même temps constamment le miroir de notre monde contemporain où règne le pouvoir de la Communication. Le cocktail d’ensemble produit un éveil de conscience décisif : il existe une issue pour notre humanité en grand péril à condition de nous mettre en mouvement collectivement à travers le pouvoir de notre goutte d’eau.
Ce pouvoir, il appartient à chaque lecteur d’aller à sa rencontre tandis que le livre nous confronte à nous-même jusque dans la plus grande profondeur, là où est tapie notre peur, notre culpabilité, notre inconscience la plus inavouable qu’il nous faut accepter avec lucidité pour nous en délivrer. Car c’est de notre transformation intérieure seule que pourra émerger un nouveau monde régénéré.
Et on sort de cette épreuve réconcilié avec la vie et avec soi-même, dans une confiance neuve en notre pouvoir créateur illimité. Notre horizon bouché s’ouvre à la lumière où tout redevient possible. L’enthousiasme renaît, avec une envie d’agir à notre niveau pour contribuer à créer un monde meilleur, car nous savons désormais que nous en avons les moyens et que tout est entre nos mains.

Questionnaire

Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?

Il m’a permis de croire qu’ensemble tout est possible, que nous sommes tous responsables du monde dans lequel on vit.
Ce livre est riche, surprenant, inspirant et bénéfique pour les consciences.

Que vous a-t-il apporté ?

Une nouvelle vision du monde. On a tendance à se dire qu’il ne va pas si mal que ça, parce qu’on n’ose pas affronter l’horreur qui nous entoure.
Si les choses ne changent pas, notre futur peut devenir très mauvais.

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

J’ai pris conscience de plusieurs aspects de la vie et j’ai un nouveau regard sur différents sujets :
– La notion de Peur, que l’on s’inflige souvent à soi-même.
– Les besoins fondamentaux des  « quatre richesses  » à cultiver chaque jour.
– L’attention à la réalité de l’Autre et le don désintéressé.
Ce sont des aspects du livre que je souhaite développer dans mon quotidien.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?

Oui. Certaines séquences dont je ne percevais pas la raison d’être ont pris leur sens dans les volumes suivants (le baron Ungern, scène d’amour…)

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?

Oui. Le livre propose une vision de l’avenir et des solutions sur la façon de l’améliorer.
Afficher un nom d’auteur reviendrait à dire que quelqu’un à trouvé la  « clé  » pour aider l’humanité, ce qui ne correspond pas aux valeurs des mongonastiques.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Oui. Il peut ouvrir les consciences et amener l’humanité et chaque individu à se remettre en cause.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Je pense que non. Il faut partager certaines valeurs avec l’auteure et avoir un esprit ouvert pour percevoir le but de l’œuvre.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?

Oui.

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

Oui.

Volume I 

♥♥♥♥  9

Commentaire

J’ai été portée par l’accroche très prenante de la première partie. Je l’ai lue très vite sans presque pouvoir m’arrêter, tenue en haleine par le suspens. C’est aussi très bien écrit, agréable et facile à lire, ce qui ajoute à l’aisance de s’absorber dans l’histoire.
Je retiens plus particulièrement la relation entre la mère et l’enfant qui est touchante et pleine de sensibilité. Comme le père est absent, l’enfant est pour elle seule avec tout l’amour et la responsabilité de veiller à son bien-être. Le conflit qu’elle endure entre son désir de le garder et sa conscience de devoir le perdre en faisant le bien véritable de l’enfant qui l’attire ailleurs dans l’inconnu est d’une grande intensité. Son tourment la conduit finalement à aller au-delà de l’égoïsme pour faire le meilleur choix pour le bien de son enfant. Elle sacrifie son amour possessif en révélant l’amour pur et désintéressé qu’elle lui a toujours porté, et tous les sentiments qui s’expriment entre elle et son enfant à ce niveau-là sont très beaux.
L’arrivée « accidentelle » de Djack au village a été une vraie surprise lorsque j’ai découvert en même temps que la mère qu’il était le précepteur. Ça a encore plus intensifié le suspens qui tourne autour de Mongo en laissant entendre qu’il pourrait contrôler les destins, et donc manipuler toutes les situations pour contraindre la mère à faire le choix de lui donner son enfant malgré elle, puisque dès le départ elle a affirmé sa ferme volonté de le garder.
Bien qu’elle ne fait qu’une courte apparition, la petite Cerise est aussi un personnage touchant, et la trisaïeule avec ses manières extravagantes est assez comique.
Sur la deuxième partie, lorsqu’on aborde le monde sombre des basses villes pour arriver jusqu’au baron Ungern, ça part dans une direction complètement différente qui coupe avec le récit initial, autant dans sa forme qui devient choquante et trash que dans son fond. Il montre la noirceur et le malheur du monde qui reflètent davantage ce vers quoi l’humanité est en train de s’enfoncer, par opposition au bonheur de vivre du village qui reste un rêve ou une utopie.
Ça m’a fait un peu décrocher pour me sentir frustrée de ne plus être portée par l’élan initial du récit qui m’a si bien plu, mais je l’ai retrouvé ensuite quand on quitte ce monde sombre pour revenir dans la lumière du Mongonastère, où on accompagne à nouveau les enfants dans un récit d’une grande sensibilité, avec des relations touchantes et pleines d’humanité.
Je note que j’ai été marquée par la leçon de vie de Zabir donnée aux enfants sur la peur, qui est une réponse salutaire à la peur aveuglante à laquelle sont soumis tous les humains des basses villes. Elle m’a fait m’interroger sur ma propre relation à la peur en me transmettant un enseignement pour m’en détacher.
Le livre I se termine avec une séquence dans la cellule de transfert qui ravive tout le mystère de Mongo. Le suspens sur ce qu’il pourrait bien être est complètement relancé. Je ne veux rien anticiper pour ne pas être déçue si ça ne devait pas correspondre à mes attentes. Je préfère me laisser surprendre, ce qui attise d’autant plus mon envie de lire la suite.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien à corriger. Ma remarque sur le monde sombre du baron Ungern avec son écriture choquante et trash n’est pas un défaut en soi. Je ne suis pas accoutumée à ce style violent qui heurte ma sensibilité, mais je reste convaincue qu’il n’est pas gratuit et a sa raison d’être dans ce grand livre dont j’espère avoir la compréhension en poursuivant ma lecture.

Volume II 

♥♥  7

Commentaire

J’ai lu ce deuxième volume avec plus de difficulté, principalement la partie essai à laquelle j’ai eu du mal à accrocher, mais je souhaite toutefois poursuivre la lecture du volume III.
J’ai par contre très bien accroché à la première partie de ce volume II qui dévoile les énigmes initiales en révélant la cohérence de l’univers de Mongo. Tout trouve sa place autour de l’enjeu du Mongonastère de faire évoluer la Communication pour améliorer le sort de l’humanité, notamment la présence du baron Ungern qui y apparaît comme son nécessaire contraste. La description de l’évolution de Mongo au cours des âges est agréable à lire et à découvrir. Il apparaît comme un aboutissement d’une intelligence artificielle et pourtant il reste toujours aussi mystérieux et insaisissable, tout comme les boules noires qui recèlent son douzième degré de conscience. Les trois Règles qui le régissent est une belle idée qui donne une vraie assise au développement du monde de la Communication par l’intermédiaire de ses mutations. Ça établit le lien avec les Danseurs, la solidarité des mongonastiques qui œuvrent ensemble en apportant chacun leur goutte d’eau, tandis qu’on suit les étapes menant aux douze mutations avec intérêt dans cette construction imaginaire qui obéit à une logique très pertinente. C’est ce passage qui me met le plus en attente du volume III en laissant pressentir l’avènement de la treizième mutation que je suis curieuse de découvrir.
La description de l’industrie des croquants est bien vue également. Elle montre de manière extrême comment la publicité nous manipule, ce qui m’a amenée à mieux reconnaître son impact et son omniprésence désormais admise dans notre vie, notamment dans sa manière de stimuler artificiellement notre faim en nous poussant à manger au-delà des besoins du corps, ce qui ne peut qu’être néfaste à notre santé.

La deuxième partie commence par un long essai socio-économique qui met entre parenthèses le récit. Je me suis sentie frustrée de devoir ainsi décrocher de l’intrigue qui me tenait en haleine. Son contenu ne m’a pas vraiment attirée et m’a plutôt ennuyée, à l’exception de quelques idées originales comme la culture des quatre richesses que j’ai prise en note pour son grand intérêt. La monnaie d’attention qui apparaît plus loin en rapport avec la création monétaire m’a marquée elle aussi pour sa pertinence évocatrice, parce qu’elle reflète bien l’exigence d’attention de plus en plus nécessaire dans notre société d’aujourd’hui pour marquer notre place professionnelle et autre.
Je me suis sentie plus à l’aise avec le texte lorsqu’il renoue ensuite avec les dialogues. Il a à nouveau stimulé mon intérêt, et j’avoue que je préfère cette forme narrative qui me permet de m’identifier aux personnages dans l’action. En suivant les échanges de Carlos et de Thomas dans le présent de leur situation, je m’identifie plus facilement à eux avec la sensation de partager leur vie, ce qui rend le récit plus dynamique et vivant.
La crise du Dicteur est bien perçue. C’est en s’écoutant lui-même qu’il parvient à la guérison de son doute. Il finit par retrouver le meilleur de lui-même et la paix intérieure, et donc la plus grande des quatre richesses.
La découverte des Musiciens dans les ateliers montre l’art désintéressé des mongonastiques dont le don créateur est pour recevoir et pour donner. La scène finale entre les deux garçons est touchante. Elle met en avant les univers très différents dont ils sont issus qui n’empêchent pas leur relation fusionnelle, révélant un besoin l’un de l’autre où ils se complètent.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Le long essai socio-économique m’a fait décrocher du dynamisme du récit. Je ne dirai pas pour autant que c’est un défaut qui doit être corrigé en le retirant ou en le réduisant. Difficile de trancher, car s’il est moins attrayant et plus difficile à lire, donc d’un accès moins grand public sur ce passage, il enrichit néanmoins le livre en donnant plus de substance aux thèmes abordés.

Volume III 

♥♥♥  8

Commentaire

J’ai besoin d’être stimulée par l’action et l’interaction des dialogues pour rester prise dans un récit, c’est pourquoi je préfère ce style de roman. Mais je dois dire que j’ai été agréablement surprise par la dernière partie sur la longue introspection de Thomas, donc sans action et sans dialogue. J’ai beaucoup accroché à son contenu qui m’a bien parlé, et pour la première fois j’ai pu suivre cette forme narrative avec un vrai intérêt.
Ce qui m’a attirée d’emblée dans ce passage est sa façon de nous faire percevoir la réalité comme un cadeau. La vie est un cadeau qui nous est donné. A nous d’en prendre soin et de bien en profiter, ce qui demande seulement de rester en accord avec elle en faisant le bien. Car la liberté est donnée à l’homme, nous pouvons choisir la vie que nous voulons mener, mais cette liberté de choisir implique que nous sommes responsables de nos actes et de leur conséquences que nous devons assumer. Cela renvoie alors à la responsabilité de notre goutte d’eau qui reste décisive pour créer ensemble un monde meilleur.
La longue réflexion sur la mort m’a beaucoup plu également. Elle est présentée dans une perception positive où elle fait partie de la vie. En faisant le parallèle avec la mort de l’enfance nécessaire pour donner naissance à l’adolescence, elle montre que notre vie est parsemée de petites morts et de renaissances qui sont à chaque fois des passages d’un état ancien à un état nouveau qui sont indispensables au renouvellement du courant de vie. La mort finale du corps qui nous attend tous est présentée dans cette perspective qui nous fait pressentir qu’elle n’est elle aussi qu’un passage nécessaire pour un renouvellement plus grand dans lequel quelque chose de notre conscience persiste, tout comme nous n’avons pas perdu notre conscience de soi en passant de la mort de l’enfance à la naissance de l’adolescence. Rien de dogmatique n’est cependant affirmé sur la mort. Elle garde tout son mystère en se tenant à sa réalité factuelle de saut dans l’inconnu, mais on en ressort avec un sentiment apaisé, une plus grande acceptation de la mort et plus de confiance en ce qui nous attend dans l’inconnu. C’est l’expérience de Thomas qui accepte toujours plus la mort avec bonheur en même temps qu’il s’abandonne toujours plus à la vie qui nous transmet cette impression positive. Mais puisque son destin de Danseur l’appelle au sacrifice de sa vie, je me demande s’il ne va pas mourir dans la suite du récit, comme si son acceptation de la mort était une façon de se préparer à être le treizième Danseur accompli.

Pour revenir au début du récit, j’ai été marquée par l’apparition de l’Ogre. On partage le frisson de peur qui anime Thomas jusqu’à ce qu’il le découvre en ouvrant la porte. J’ai été surprise d’apprendre qu’il s’agissait d’un Danseur qui avait échoué à la mutation. Ne reste plus de lui que le mal qu’il a refoulé durant son éducation où il s’efforçait de ne présenter que le meilleur de lui-même, et qui est ressorti au moment de la mutation en le possédant tout entier. L’Ogre renvoie alors aussi à la part obscure ou mauvaise que l’on refoule en soi, ce qu’exprime bien le pressentiment de Thomas de porter l’Ogre en lui.
Quand il expérimente la perdition des ténèbres avec son ami Carlos et qu’ils s’en sortent parce qu’ils sont restés attachés par la main, c’est une belle image de solidarité qui montre qu’à deux on est plus forts pour affronter une épreuve.
La traversée de l’épreuve leur fait accéder au sanctuaire des Danseurs accomplis où les attend le Dicteur. Il décide de briser la Règle de sa charge en leur faisant des révélations interdites. J’ai trouvé très intéressant ce moment où il abandonne une perfection formelle d’éducation pour se montrer plus humain et plus proche des deux garçons. Il leur donne sa goutte d’eau en étant réceptif à leur humanité commune, ce qui ne peut qu’élever leur confiance mutuelle et leur sentiment d’œuvrer tous ensemble au même but. De cette façon, il leur apporte finalement beaucoup plus que s’il s’était contenté de respecter la Règle.
J’ai aussi bien aimé l’évolution de Thomas à l’intérieur de ce troisième volume. A son premier rendez-vous avec Mafat, il se montre d’abord supérieur et dominateur. Puis sa rencontre avec l’Ogre va le libérer de sa peur profonde. A partir de là, son sentiment de supériorité disparaît puisqu’il réalise que c’était avant tout un rempart pour se protéger de sa peur de l’autre. S’il a un don exceptionnel, ça n’en fait pas pour autant un être supérieur. Et de découvrir qu’il n’est fondamentalement pas différent des autres, qu’il est au même niveau qu’eux le libère de son isolement d’Élu et lui procure de l’apaisement.
Il est alors mûr pour rencontrer Mafat pour de bon parce qu’il se sent à présent avec elle de l’intérieur, au même niveau qu’elle. Il découvre la sexualité et la dimension de l’amour, où sa vie austère de mongonastique laisse place à de l’attachement pour un autre être. Il renoue ainsi avec sa part d’affection humaine comme il a pu la connaître avec la petite Cerise dans son village. Mais ce moment marque aussi son passage à l’âge adulte où il s’ouvre à l’autre et assume ses sentiments.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Dans la dernière partie, j’ai fini par perdre le fil dans le deuxième grand passage en italiques. S’il était deux fois plus court en restant sur l’essentiel, je pense que ça ne se produirait pas.

Volume IV 

♥♥♥  8

Commentaire

J’ai été contente de retrouver Mafat en ce début de volume, et attristée pour elle et Thomas dans la scène de leur rupture. Cette scène met en avant leur amour très puissant en le confrontant à leur histoire qui était impossible dès le départ. Le fait que Mafat soit prête de passer pour une sorcière en détournant un mongonastique de sa mission est une idée forte, de même que Thomas qui préfère renoncer à sa mission de sauver l’humanité pour laquelle il est venu au Mongonastère plutôt que de quitter Mafat. Elle montre bien l’intensité de leur passion qui les enferme dans un amour égoïste qui se fait au détriment des autres. C’est pourquoi leur amour passionnel est sans issue, parce qu’il reste chargé de souffrance pour tous. Et leur grande souffrance qui va atteindre jusqu’à Carlos est très bien ressentie. On a de la peine pour ce qu’ils endurent.
On découvre alors un autre Thomas qui a perdu le goût de la vie. Son mal-être l’amène à visiter l’Ogre. A travers lui, il veut se convaincre que Mafat est responsable de son mal, que c’est sa faute si il souffre et non la sienne. La voie de l’Ogre est donc d’agir sur Mafat pour se libérer de sa souffrance puisqu’il lui fait croire qu’elle en est la cause, que c’est en lui imposant sa volonté pour qu’elle se plie à son désir qu’il ira mieux.
Tout cela prépare sa confrontation avec Gunj qui va l’amener à sa guérison en l’éclairant sur la vraie nature de son mal. Il lui fait bien voir que Mafat ne peut pas être la source de son malheur parce qu’elle n’est pas non plus la source de son bonheur. Thomas est enfermé dans son mal où il est son propre bourreau comme son propre sauveur. Cette réalité me renvoie au volume I où elle a déjà été abordée concernant la peur inutile qu’on s’inflige à soi-même. Thomas doit donc aller à l’intérieur de lui pour trouver la source de son mal-être qu’il doit éliminer, avant de pouvoir renouer avec la source de son bien-être qui ne dépend de rien d’extérieur.
On voit que Gunj a le pouvoir de le guider vers sa guérison parce qu’il est un être illuminé qui est lui-même parvenu à se guérir de toute souffrance en atteignant la vérité. Comme Bouddha, c’est un sage réalisé tout à fait crédible qui donne un poids d’authenticité aux vérités spirituelles qu’il énonce. C’est comme ça qu’il m’a fait accrocher aux deux personnalités en nous, la vraie et la fausse, la consciente et l’inconsciente, que je trouve très révélatrices. J’ai aussi été marquée par son enseignement sur les trois actes, le négatif, le neutre, et le positif, qui m’a apporté une vraie prise de conscience sur la négativité masquée de l’acte neutre.
Dans sa dernière confrontation avec Gunj, Thomas doute encore de lui-même. Il ne ressent pas l’envie de sauver l’humanité car il n’a pas cette force de dévouement et de sacrifice. Et c’est seulement en découvrant Mafat qui porte un enfant que le désir de sacrifice va s’éveiller naturellement en lui. J’ai trouvé que c’était là une belle scène pleine de sens pour conduire à la fin du roman. Mafat y apparaît comme l’incarnation du Bien, de la douceur maternelle et de la force d’amour universelle. L’impulsion de Thomas à se sacrifier n’est plus contrainte mais devient l’élan spontané de son amour pour les enfants à venir de l’humanité.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

J’ai trouvé la confrontation entre Gunj et Thomas dans la première partie qui mène jusqu’à sa guérison trop théorique. Il y a trop d’insistance sur la souffrance de Thomas, notamment le passage où il se connecte au cœur ensanglanté de Mafat jusqu’à parvenir à sa guérison. C’est très théorique et statique. Ça passerait mieux si c’était réduit à l’essentiel.
J’ai d’abord été frustrée de ne pas savoir qui de Thomas ou de Carlos allait être l’Élu pour accomplir la Treizième Œuvre. Puis j’ai finalement apprécié l’idée qu’ils l’accompliraient ensemble, puisqu’elle ne peut être qu’une œuvre collective. De cette façon la fin est libre, et c’est aussi bien, car on peut imaginer ce qu’on veut.

Pierre V.

Pierre V. – 18 ans – 1ère année de lettres modernes – Alsace
Sensibilité littéraire : hétéroclite, Boris Vian, Murakami « Kafka sur le rivage », « Harry Potter ».

LIVRE COMPLET  ♥♥♥  7/10*

Volume I  ♥♥♥♥  9

Volume II  ♥♥  6,5 à 7,5

Volume III  ♥♥♥  7

Volume IV  ♥♥♥♥  8

* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime

En une formule

Plongez dans le miroir de la réalité pour découvrir votre don.

En quatrième de couverture

Thomas est destiné depuis sa tendre enfance à sauver le monde… Mongo, le maître de la Communication, mystérieuse intelligence omnisciente l’arrache à sa famille bien-aimée pour l’isoler du monde afin de développer son don de Danseur si précieux. Car seul ce don a le pouvoir d’opérer la mutation des cubes gris, des milliards d’écrans qui emprisonnent les humains dans la torpeur hypnotique du divertissement de masse.
Dans l’école du Mongonastère, nous suivons l’éducation du jeune enfant jusqu’à l’âge adulte, une éducation raffinée, novatrice, haute en couleur et pleine de rebondissements qui le pousse à affronter ses peurs les plus profondes pour aller à la rencontre de lui-même et s’éveiller à la conscience. C’est aussi l’occasion pour le lecteur d’affronter la souffrance inhérente à l’homme afin de s’en délivrer, en passant par les maux de notre société, avec les menaces et promesses du monde de la Communication qui est désormais le nôtre.
Thomas accomplira-t-il son destin ? Nous sauvera-t-il du gouffre qui est devant nous ? Une grande épopée l’attend qui est aussi celle de notre humanité en péril.

Questionnaire

Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?

Il m’a ouvert à des questions que je n’aurais peut-être pas directement perçues.
Un livré basé sur la recherche le qualifierait le mieux.

Que vous a-t-il apporté ?

Des réponses à des questions que je partageais avec le héros.

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

Oui, sur :
– l’économie
– la publicité
– une part de philosophie
– la recherche de soi-même
– le désir
– la mort

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?

Oui. Chaque passage est inhérent l’un à l’autre, et au final, on voit les nombreux thèmes créés où s’emboîtent ces passages.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?

Oui, je le comprends. Par cela elle rejoint les Trois Règles de Mongo. Justifié aussi car elle s’accorde avec l’esprit du roman, mais ce n’est pas pour autant une nécessité primordiale.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Oui, sur les esprits des lecteurs qui souhaitent s’ouvrir à de nouveaux sujets et à l’évolution de notre société, mais avant tout pour mener à un rapprochement vers l’autre.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Oui, il est accessible au grand public par sa simplicité d’écriture dans des domaines qui peuvent êtres complexes.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?

Selon moi, oui.

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

Je le conseillerai à certains de mes proches pour les ouvrir à différents sujets de lecture.

Volume I 

♥♥♥♥  9

Commentaire

Le livre est très accrocheur d’entrée. On est tout de suite en prise avec les protagonistes qui sont en cours de discussion, nous montrant une histoire qui a déjà commencé avant ce dialogue initial. L’enjeu crucial, le choix impossible de perdre son enfant imposé à la mère, est aussi tout de suite posé. Il lance l’intrigue qui s’intensifie en la confrontant à différents points de vue, tandis qu’elle se nourrit de nouvelles énigmes qui apparaissent page après page. On découvre ainsi l’existence des cubes et des boules noires, de la communauté secrète des mongonastiques avec son observatoire qui perçoit tout du monde à l’aide de ces boules. Mais leur usage véritable est encore indéfinissable, on soupçonne qu’elles sont issues de cette communauté, tandis que le village a fait le choix de rejeter les cubes et les boules, et à ce stade initial du récit, tout cela est très intrigant.
On suit l’évolution psychologique d’Ambre qui est d’abord butée, enfermée dans sa position définitive de garder son enfant, jusqu’à l’arrivée de Djack qui va tout bouleverser. Un tel personnage n’arrive jamais sans raison dans un récit, on sent qu’il va jouer un rôle important. Mais de découvrir que c’est lui le précepteur attendu, qu’il arrive malgré lui et par accident, inconscient de son rôle parce qu’il a perdu la mémoire, reste tout de même une surprise. Elle produit un gain d’intérêt pour le personnage, surtout lorsqu’il devient l’amant de la mère de l’enfant après qu’ils se soient découverts une attraction amoureuse mutuelle, toujours comme malgré eux. Djack est très attachant et garde tout son mystère. Venu de nulle part et disparaissant ensuite complètement, c’est lui qui provoque l’action en faisant la jonction avec Mongo et le village. On peut supposer qu’il est un membre de Mongo qui a choisi le rôle de précepteur de Thomas, bien qu’il ait tout oublié, mais il est tourmenté en même temps à l’idée de faire souffrir Ambre, comme s’il avait deux parts en lui en conflit, un peu comme un Dr Jekyll et Mister Hyde.
Cet aspect ressort particulièrement au moment de la scène sexuelle extrême qui suit la fête de l’An Neuf, où l’ange et le démon vont alterner chez les deux amants au milieu de leurs ébats. D’abord toute la fête apparaît comme une catharsis, un rituel pour assurer la cohésion et le bien vivre ensemble de la communauté du village. La scène sexuelle prolonge ce rituel avec la potion aphrodisiaque de la chamane, et elle doit aussi avoir pour rôle d’assurer la fertilité du village par la naissance des enfants. Dans la scène proprement dite, Ambre s’affiche d’abord comme une diablesse tentatrice par jeu, et quand Djack finit par la suivre, il déborde du jeu en se transformant en démon sauvage, incapable de contrôler ses pulsions. Il y a un combat en lui entre la lumière et les ténèbres, et il finit par se retrouver en reconnectant avec la part d’ange d’Ambre, pour s’unir à elle dans un amour plus profond. Toute cette scène est marquée par la transgression, le franchissement du tabou qui libère des forces obscures en soi qui doivent être domptées et intégrées à la personnalité entière.

Dans la deuxième partie du volume, on découvre l’univers du Mongonastère. La tenue des moines évoque les monastères chrétiens, tandis que l’enseignement de Zabir, sa connexion chamanique à l’aigle, l’absorption méditative imposée par la course dans les gouffres, regardent du côté du bouddhisme, si bien qu’on a l’impression d’être dans un mélange de religions. La cellule de transfert qu’on découvre avec Thomas sert à communiquer avec Mongo sous forme de perceptions musicales et visuelles, ce qui est original et toujours intrigant. Le récit laisse penser que le mystère de Mongo va planer tout au long des quatre volumes et qu’il ne sera révélé qu’à la fin.
Par contraste, on découvre aussi l’univers sombre des basses villes où apparaît Ungern, le Baron sanglant, qui lui aussi a été choisi par Mongo avant d’être rejeté. On est clairement dans un manichéisme où le Mongonastère incarne le bien, et les basses villes dégénérées le mal. Mais la situation pose en même temps de grandes interrogations. Mongo semble sélectionner des êtres dotés d’un grand pouvoir charismatique, des êtres appelés à être des dirigeants du monde, et le Mongonastère serait là pour les éduquer à être éclairés afin d’agir pour le bien de l’humanité. C’est ce que montre le destin d’Ungern qui lui n’a pas été préservé comme Thomas mais a vécu l’enfer. Son pouvoir charismatique est toujours là mais il est devenu démoniaque, tourné vers le pouvoir et la manipulation de la peur qui possède l’humanité pervertie des basses villes. On voit ici comment le conditionnement social peut complètement inverser un destin, ce qui pose la question de la part de liberté qui nous reste dans ce conditionnement. Et ce questionnement nous renvoie indirectement à la liberté de choisir le destin de Thomas laissée à sa mère selon l’affirmation du Dicteur, alors qu’en réalité, elle semble avoir été acculée à lâcher son enfant par un implacable enchaînement de circonstances commandé par une force aveugle ou la volonté insondable de Mongo.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

L’écriture est facile d’accès, tout public sur le plan de la lecture, ce qui est un bon point. Je trouve par contre la partie descriptive des basses villes un peu lourde, parce qu’elle s’étend avec des répétitions et qu’elle impose un changement de disposition de lecture moins entraînante qui demande plus d’attention.

Volume II 

♥♥  6,5 à 7,5

Commentaire

Sur le plan du développement des idées, ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans ce volume est sa critique de la publicité, l’impact de la télé et des écrans sur les consciences, et tout l’enjeu de capturer notre attention par ces univers marchands pour générer du profit.
La séquence du coca-goulack nous ouvre les yeux sur les possibilités de manipulation sans fin de la pub, comment elle parvient à nous séduire, à tirer les ficelles du désir dans notre subconscient. Cette séquence est très pertinente, notamment lorsqu’elle décortique le refrain entêtant, qui est la technique du ver d’oreille associée à un produit pour susciter inconsciemment chez le consommateur du désir pour ce produit. Elle révèle aussi que la manipulation ne fonctionne que si on est endormi devant l’écran, sans vigilance, dans un état d’inconscience hypnotique, et donc pourquoi la télé qui vit de la pub a un tel intérêt à nous maintenir dans le sommeil de l’inconscience.
Car si on retrouve une attention active devant la pub, avec un regard analytique conscient, elle ne peut plus avoir d’impact sur nous.
D’où le succès populaire grandissant des programmes de télé-réalité qui apparaissent dans le cube. Ils sont conçus pour nous faire jouir passivement d’un spectacle bête et méchant en se branchant sur nos pulsions voyeuristes, et là le cerveau est inactif, pas besoin de réfléchir.
Le rapport à l’audicratie, à l’audimètre personnel que chacun est incité à développer, je le perçois bien dans le fonctionnement des vidéos youtube. C’est une très bonne illustration de la loi de l’attention qui veut que tout ce sur quoi nous portons notre attention grandit. Quand on regarde un certain type de vidéos, les suggestions des autres vidéos vont être orientées en fonction de notre choix, augmentant notre attention pour les mêmes thèmes, et donc leur nombre de vues, et donc l’argent qu’elles rapportent. Chaque vidéo qu’on regarde correspond au vote de notre goutte d’eau qui génère du profit. Et les choix créatifs d’un vidéaste de youtube dans sa production vont être inspirés par ses vidéos qui ont eu le plus de succès.

Sur le plan romanesque, le personnage de Carlos devient plus présent et attirant. Il a une force cachée et une complexité qui ressortent d’un violent trauma qu’il a subi dans sa petite enfance dont on ne sait encore rien, et ça donne très envie de connaître ce qui lui est arrivé. Il est plus proche de Mongo, il adhère de tout cœur à sa mission de Danseur à la différence de Thomas qui lui est suspicieux et méfiant. Ça installe une opposition entre eux en même temps qu’ils restent profondément attachés l’un à l’autre, si bien que leur opposition les rend plutôt complémentaires. Au lieu de rester chacun braqué sur son point de vue, sûr de sa vérité, ils écoutent le point de vue de l’autre qui les fait évoluer. Comme on apprend que la présence d’un Danseur au Mongonastère est très rare, le fait qu’ils soient deux me suggère que le treizième degré d’harmonie ne sera pas atteint par un seul Danseur, mais ensemble à eux deux.
Le mur de cubes dans l’observatoire suscite la gêne des deux garçons pour le voyeurisme absolu auquel il leur donne accès. Thomas voudrait revoir sa mère par ce biais, mais hésite, tandis que la réponse que lui donne le Dicteur me laisse l’impression qu’il n’est pas franc, qu’il ne lui dit pas toute la vérité sur ce qui se passe dans son village.
La présentation des hommes jaunes les rend intrigants. Ils sont à la fois proches et distants des mongonastiques. Eux aussi vivent dans une communauté isolée, et ils ont un lien spécial avec Mongo parce qu’ils sont muets,
L’idée des trois Règles qui régissent Mongo est très originale. Elles lui imposent un statut de neutralité, mais on pressent qu’il est doté d’une volonté propre qui enfreint sa neutralité, notamment après qu’il aie rejeté les femmes pour la sélection des mongonastiques, et qu’on a appris par la bouche de Zabir qu’il est possible que Mongo n’aime pas les filles.
J’ai trouvé bien amené et drôle le moment où après avoir fait miroiter à Carlos et Thomas l’utopie d’une humanité guérie de ses maux grâce à la culture des quatre richesses, le Dicteur les ramène brusquement à la dure réalité en leur disant qu’il n’a fait que leur raconter un beau conte car dans les faits rien n’a changé. Mais toute cette présentation du Dicteur révèle néanmoins la vocation du Mongonastère qui est de changer le monde en lui apportant une nouvelle vision.
La métamorphose du Dicteur après avoir craqué est très bien décrite. Le volume I nous confrontait déjà à la scène oppressante où il était englouti dans les ténèbres de son doute. Là, il va en être libéré pour renaître à une nouvelle personnalité. Il accède à la paix intérieure, devient plus sensible et humain. Il se remet à pleurer comme un enfant en se laissant émouvoir par la beauté de l’art, la musique et le sourire de la madone.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

J’ai trouvé la partie explicative sur les rouages de notre société trop longue et détaillée, notamment sur la finance et la monnaie. Elle m’a ennuyé en me frustrant de devoir me mettre en attente du récit romanesque qui lui me captive. Ça vient du fait que j’ai déjà pris connaissance de ces questions de société et j’avais l’impression de ne rien apprendre de nouveau. Par contre, je conçois volontiers que pour un lecteur qui aborde ces questions pour la première fois, il puisse les trouver très attractives, surtout par la façon dont elles sont présentées qui offre une très bonne base d’explication complète, et d’une grande clarté pédagogique.

Volume III 

♥♥♥  7

Commentaire

On est introduit dans ce volume par la leçon de Gunj qui se déroule comme dans un petit théâtre que j’ai trouvé bien vu. Son rôle est d’ouvrir Thomas et Carlos à la réalité. Il le fait par une mise en scène des savoirs qui provoque leur remise en question et l’ouverture sur soi-même.
J’ai bien aimé la confrontation de Thomas avec sa peur qui le conduit jusqu’à l’Ogre. J’ai d’abord pensé qu’il continuait de rêver quand il se retrouve dans la situation oppressante de la cave parce qu’elle ressemble à des boyaux d’un animal, et parce que ce n’est que lorsqu’il se met à réfléchir sur sa peur que les deux portes apparaissent. Ouvrir les portes lui demande le courage de s’ouvrir à l’inconnu. Il découvre l’Ogre qui est un Danseur qui a échoué à accomplir la treizième Œuvre. Il est transformé en monstre qui est l’expression de toute sa part refoulée non reconnue qui a éclaté au moment du transfert pour le posséder. Il renvoie aussi à l’idée du miroir, du yin et du yang, où les polarités opposées ne peuvent pas exister l’une sans l’autre.
La deuxième porte ouvre dans le four noir qui nous isole et nous ramène à la solitude, car on est tout seul pour affronter sa peur. Mais le fait que Carlos et Thomas se sont attachés par la main est une belle idée pour montrer leur complémentarité où à deux ils sont plus forts pour surmonter les épreuves.
Ce qui les rend dignes d’entrer dans le sanctuaire des Danseurs accomplis. Il y a là une image très cinématographique avec le passage radical du noir au blanc. Ici tout baigne dans le blanc immaculé, dans le lait maternel réconfortant et rassurant, où ils se plongent pour une catharsis.
Le Dicteur les attend là pour leur faire de nouvelles révélations, notamment sur la nature de l’Ogre, mais pour cela il va devoir casser sa Règle. Cela indique un changement fort dans la continuité des mutations de Mongo, comme s’il fallait briser toutes les règles convenues et toutes les limites pour pouvoir accomplir la treizième Œuvre.
La première rencontre de Thomas avec Mafat fait naître en lui l’envie et la peur qu’il ne connaissait pas jusque là. Cela montre que le Mongonastère ne lui donne pas d’éducation sur ses sentiments qu’il garde pour lui. Il est encore immature de ce côté et c’est pour ça qu’il perd les pédales devant Mafat en s’enfuyant et en se montrant hautain, enfermé dans une carapace de supériorité pour se protéger de sa peur. Puis on suit toute son évolution pour maîtriser ses émotions jusqu’à être mûr pour rencontrer à nouveau Mafat. Et on sent que ce cheminement lui fait franchir des niveaux d’harmonie qui viennent de l’expérience extérieure plutôt que des cellules de transfert, puisqu’il en est transformé.

J’ai beaucoup apprécié la dernière partie méditative qui est intense et profonde.
Toute l’analyse sur le jugement qui est développée à travers la rencontre avec le Juge comme une réification de l’idée est bien vue. La confrontation à la mort devient concrète, avec sa charge émotionnelle sur l’emprise de la peur du Juge au moment du changement, car mourir c’est passer d’un état à un autre et le changement fait peur. Chaque changement marquant de notre vie nous fait mourir à un état ancien pour renaître à un état nouveau, et le processus de mort et de renaissance continuel où le Juge est présent est bien perçu. Il nous rappelle l’impermanence de tout état qui change sans fin comme le fait qu’on n’entre jamais deux fois dans la même rivière.
Pour se couler dans la rivière de la transformation continuelle sans résistance et sans souffrance, la clé est de détruire le Juge qui entretient l’opposition entre deux états à l’origine de toutes les guerres, à l’intérieur de nous comme à l’extérieur. La fin du Juge est ce qui permet de s’ouvrir au changement, et donc de s’ouvrir aussi aux autres, conscient d’être une goutte faisant partie de l’océan et destinée à le rejoindre.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Ma critique porte sur la scène sexuelle entre Thomas et Mafat. Elle débute plutôt bien, mais elle s’étend ensuite en longueur en alternant les cadences lentes et vives qui cassent le rythme. Ça s’aggrave à partir de la prise de la potion psychotrope dont je ne saisis pas trop l’intérêt et où j’ai eu tendance à décrocher. J’ai trouvé l’effet d’ensemble mal amené et pas naturel. Il faudrait accentuer le rythme et réduire toute la scène.

Volume IV 

♥♥♥♥  8

Commentaire

Ce dernier volume m’a fait l’effet du passage d’un cyclone. D’abord le cyclone ravage toutes les certitudes et le bien-être de Thomas acquis dans le volume précédent. Ensuite on est contraint d’entrer avec lui dans l’œil du cyclone pour un travail intérieur intense et douloureux, jusqu’à ce qu’il en sorte à nouveau régénéré et encore plus grandi à un niveau supérieur. Le cyclone est alors passé et le calme est revenu : désormais le héros, aussi bien que le lecteur, a toutes les cartes en main pour agir et sauver l’humanité en péril.
Le livre s’achève sur une fin ouverte qui est sympathique et ne déçoit pas. Elle contient un guide qui oriente vers un futur positif où le lecteur est libre de s’inventer la suite à sa guise.

La scène d’ouverture de la dispute de Thomas et Mafat qui va mener à leur déchirement nous plonge rapidement dans l’intrigue du dernier volume. Thomas a découvert avec elle l’amour qui l’a fait grandir, puis il est forcé à la rupture qui va complètement le dévaster où ce même amour qui l’a comblé est maintenant devenu la source de sa plus grande souffrance.
Pendant que Thomas attend de retrouver Mafat, il est totalement absorbé dans l’action de son amour qui lui commande de créer la robe comme cadeau. Cette robe est une très belle idée. Elle va faire le lien avec Mafat après leur séparation, car elle est remplie de tout l’amour de Thomas qui va permettre à Mafat de se reconnecter en s’en enveloppant.
Durant l’évolution de leur dispute, Thomas m’a fait songer à un mur de brique uni que Mafat va défaire en poussant chaque brique une à une jusqu’à ce qu’il s’effondre. L’ensemble est bien ressenti, et à la fin tout le pathos de Mafat disparaît derrière un masque de marbre qui en devient comique.

On assiste ensuite à la métamorphose de Thomas qui se rapproche de l’Ogre. D’abord par son aspect dégoûtant parce qu’il se lacère le poing et se frappe le visage, puis par ses paroles au moment où il rejoint Carlos dans leur chambre. Il rappelle la trahison de Carlos annoncée par l’Ogre d’une voix rauque chargée de haine. Carlos en est profondément perturbé comme s’il avait l’Ogre devant lui. A partir de là il va cesser toute activité, ce qui montre que les deux Danseurs ne peuvent qu’évoluer ensemble, et Carlos va lui aussi traverser un période tourmentée de son côté jusqu’à la délivrance du tourment de Thomas.
Thomas en vient à rendre visite à l’Ogre qu’il appelle son « ami ». C’est l’occasion de découvrir ce personnage maléfique qui est extrêmement marquant et puissant. Tout horrible qu’il soit, il est convaincant et on a envie de le suivre. On sent qu’il a gardé en lui la puissance d’un Treizième Danseur qui est détourné par son orgueil et son avidité, où il revendique sa supériorité sur les êtres et sa liberté suprême au-delà des apparences. Il le prouve presque par ses fanfaronnades qui en font un personnage charismatique, comique et rocambolesque. Il profite que Thomas est détruit pour le manipuler en l’incitant à obéir à ses pulsions aveugles.
Puis survient un retournement quand l’Ogre se change en Ange. C’est comme si l’essence du Treizième Danseur était sortie de l’Ogre pour montrer sa part de bonté pure, et du coup, ses fanfaronnades prennent plus de force, comme si elles contenaient réellement une vérité. C’est aussi un rappel que dans chaque être il y a une part bonne et mauvaise.
Thomas sort de la cave de l’Ogre encore plus perturbé, quand Mongo va l’attirer dans une cellule de transfert pour le guider en le plongeant dans un rêve bizarre sur ses ancêtres qui va être un catalyseur.

A partir de là, Thomas entame son chemin de guérison avec Gunj. La nature de sa souffrance se révèle peu à peu, il accède à de nouvelles prises de conscience jusqu’à ce qu’il se réveille et se réconcilie avec lui-même. Entre-temps, on a appris ce qu’était une Dakini qui est le pouvoir d’inspiration secret caché en Mafat et nécessaire aux Danseurs pour évoluer.
On arrive alors à la fin du livre où on retrouve Mafat, Carlos et Thomas réconciliés. Mafat révèle sa nature de Dakini qui sort d’elle en montrant qu’elle aime autant Carlos que Thomas d’un amour pur, tandis que Carlos et Thomas qui ont mûri chacun de leur côté sont révélés à leur pouvoir et leur destin de Danseur qui désormais est totalement en accord avec leur désir.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

J’ai trouvé un peu triste la disparition du baron Ungern qui avait un fort potentiel romanesque.
Dans la longue discussion entre Thomas et Gunj, quand ça prend une tournure philosophique abstraite pure et dure, je perdais le fil car j’avoue que je ne comprenais plus rien. De même le passage où Thomas a la vision du cœur ensanglanté de Mafat où il absorbe le sang noir qui en sort, ça me semblait très abstrait comme réconciliation qui ne concerne que l’intériorité de Thomas, alors que pour cela ils auraient dû se rencontrer physiquement. Ce n’est qu’à la fin du livre quand Mafat et Thomas se retrouvent que ce passage prend du sens quand on apprend qu’il a eu un effet sur Mafat de l’intérieur.

Cloé U.

Cloé U. – 21 ans – 4ème année Architecture et Engineering – Strasbourg
Sensibilité littéraire : éclectique, Stefan Zweig, Huxley « Le meilleur des mondes »

LIVRE COMPLET  ♥♥♥  8/10*

Volume I  ♥♥  7

Volume II  ♥♥♥  8

Volume III  ♥♥♥  7

Volume IV  ♥♥♥  9

* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime

En une formule

Et vous, avez-vous conscience de votre don ?

En quatrième de couverture

Dans un monde dystopique où les puissants se réfugient dans les profondeurs de la terre tandis que les autres, en quête d’attention, survivent à la surface, se trouve un paisible village hors du temps. Ici les habitants ont refusé la présence des cubes gris : ils ne connaissent rien de ce qui se passe à l’extérieur de leur communauté et personne n’est au courant de leur existence. Pourtant, un événement vient troubler la tranquillité du village. Des hommes venus d’ailleurs arrivent et annoncent que le jeune Thomas est porteur d’un don qui a le pouvoir de sauver l’humanité. Pour développer ce don, il doit partir vivre pour toujours dans un lieu secret qu’ils appellent le Mongonastère. Quel est cet endroit ? Quel est ce don ? Thomas quittera-t-il son village bien-aimé et parviendra-t-il à accomplir sa destinée ?
A l’heure où des livres comme 1984 ou La Servante Écarlate semblent devenir réalité, L’Appel de Mongo est une œuvre inspirante et porteuse d’espoir.

Questionnaire

Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?

Je pense que c’est un livre qui donne envie de croire en l’autre, d’aider son prochain. Je le qualifierai d’inspirant.

Que vous a-t-il apporté ?

Tout d’abord, l’intrigue était prenante et agréable à lire.
Ensuite, je trouve que c’est un livre qui apporte beaucoup d’espoir puisqu’il apprend le détachement.

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

Oui, il a éveillé ma conscience. Notamment à propos du thème de la création monétaire, mais aussi à propos de l’impact des médias et leur effet sur la conscience ou l’inconscience collective.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?

Oui, on voit tout à fait la cohérence d’ensemble, même si je pense que certaines séquences sont peut être un peu trop développées. (Ex : le passage avec Ungern prend un peu trop d’importance par rapport à l’impact réel du personnage dans la suite de l’histoire)

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?

Oui, je perçois la raison et la trouve justifiée. Je ne suis pas sûre de la trouver réellement nécessaire mais je comprends la démarche et la trouve cohérente.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Oui, je pense qu’il est susceptible d’éveiller les consciences à condition qu’elles y soient réceptives.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Je pense que c’est un livre surtout destiné à un public adulte de par la violence de certains passages.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?

Oui.

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

Oui, probablement.

Volume I 

♥♥  7

Commentaire

On est tout de suite pris dans le récit, avec une lecture fluide stimulée par de l’action constante.
Le premier épisode servant surtout à installer l’intrigue et à faire sentir l’univers énigmatique de Mongo, mon véritable intérêt s’est manifesté au deuxième épisode de par son développement plus spirituel.
Dans le premier épisode, je me suis plus particulièrement attachée au destin tragique de la mère de Thomas avec son dénouement douloureux et poignant.
Dans le second épisode, la description du monde de la Communication dans ce contexte fantastique d’anticipation se révèle être un bon miroir de notre monde actuel. L’impact que le pouvoir de la Communication a sur nos vies et sur les mouvements du monde y est en effet incroyable. Là aussi, on perçoit que c’est d’abord la violence qui capte l’attention et donc occupe le plus les écrans. Même si notre société est politiquement et techniquement une société de libre communication, dans les faits, ce sont ceux qui détiennent la puissance et la richesse qui font passer leurs idées parce qu’ils en ont les moyens. On perçoit aussi très bien que c’est l’énergie de la peur qui domine et gouverne notre monde de la Communication.
Ici, le personnage d’Ungern en tant qu’ange déchu dans une société pervertie concentre toute la thématique de cette peur. Il manipule les êtres et règne sur les foules par la peur. Si son comportement sadique inhumain est lui-même terrifiant, il interroge sur les implications du conditionnement social. Tout laisse apparaître que sa haine démente est issue de son enfance martyrisée, alors que s’il avait pu y échapper en rejoignant le Mongonastère, son comportement aurait été complètement différent. La question reste ouverte de savoir si c’est le conditionnement social qui détermine la bonté ou la méchanceté des êtres.

Sommes-nous libres de choisir nos actes et d’accomplir nos désirs ? Ou sommes-nous assujettis à un implacable déterminisme qui décide à notre place de ce que nous ferons ou ne ferons pas ? Cette interrogation plane sur les deux épisodes en interpellant tous les personnages principaux sans que la réponse ne soit jamais tranchée.
Cette réponse semble toutefois se cacher dans le mystère de Mongo qui à ce stade du premier volume reste toujours aussi nébuleux, ce qui donne envie de poursuivre la lecture dans une quête de dévoilement métaphysique.
Un premier élément de réponse apparaît néanmoins dans l’enseignement de sagesse du maître Zabir sur le dépassement de la peur. Cet enseignement transmis aux enfants se présente en contraste avec la peur qui règne dans le monde des basses villes d’Ungern, où tous les êtres y sont soumis sans échappatoire comme des esclaves. Zabir montre que s’il existe une liberté de choix, elle ne peut commencer qu’après avoir dominé sa peur, ce qui implique de l’affronter pour la surmonter.
C’est ce passage qui m’a le plus marquée pour sa connexion spirituelle. Quand Zabir fait référence à la nécessité d’écouter son véritable et tout premier maître qui est à l’intérieur de soi, ça m’a particulièrement parlé en regard de mon approche récente de la méditation : trouver son Soi intérieur par le silence et le ressenti.
La fin du récit qui fait apparaître la petite fille énigmatique, en lien avec la fontaine d’amour révélée à Thomas dans la cellule de transfert, est très intrigant et constitue une excellente accroche pour se lancer dans le volume suivant.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Dans le premier chapitre du premier épisode, le procédé narratif des deux flash-back présentés sans continuité m’a fait perdre le fil sur le moment et un peu déboussolée.
Je trouve qu’il y a un manque de cohérence entre la narration et les dialogues, ce qui m’a un peu dérangée avec des effets parfois lourds à mon goût. La narration fluctue avec les situations et les personnages, ce qui a tendance à la rendre indistincte des dialogues. Alors que les dialogues eux, se rapprochent de la narration, en étant notamment trop adultes et matures quand ils proviennent des enfants. J’apprécierai alors davantage une narration qui reste stable sur tout le roman pour mieux trancher avec les dialogues.

Volume II 

♥♥♥  8

Commentaire

J’ai trouvé ce volume II encore plus intéressant de par sa connexion clairement marquée avec notre actualité. J’ai tout particulièrement apprécié la façon dont tout est continuellement remis en question. D’abord la vocation du Mongonastère de servir l’humanité, si elle est indiscutablement bonne dans son principe, se révèle jonchée de nombreuses zones d’ombre. C’est la même chose avec les idées nouvelles qui regardent du côté de l’altermondialisme où après avoir été développées et louangées vont montrer leurs failles, dévoilant les limites ou les impasses d’un idéal parfois trop naïf. De la même manière, le thème de la Communication reste ambivalent, elle n’est ni bonne ni mauvaise en soi et peut donner le meilleur comme le pire.
Ce procédé de remise en question permanente des idées et des situations fait qu’elles s’enchaînent avec une grande cohérence dans une gradation qui amène à des prises de conscience toujours plus élevées. On suit clairement le long développement qui élève notre niveau de conscience des enjeux socio-économiques jusqu’à la crise de doute du Dicteur qui va ouvrir sur la dimension méditative. Ici la connexion spirituelle réapparaît en se découvrant prédominante pour en être l’aboutissement. Et c’est le moment du livre qui m’a le plus touchée en faisant écho à ma pratique de méditation de pleine conscience.

La première partie de ce deuxième volume dévoile le mystère de Mongo et tous ses enjeux qui étaient impalpables dans le volume I. Ce monde nébuleux devient clair, on perçoit alors sa cohérence qui nous installe dans la continuité de l’histoire, bien que les deux volumes soient très différents dans leur ton et leur propos.
Concernant l’essai socio-économique, il fait la synthèse des idées nouvelles sur la création monétaire, la monnaie de dette, l’impasse de la croissance infinie, la fin du travail…, par une bonne clarification pédagogique. La réponse salutaire de la culture des quatre richesses est tout à fait pertinente et me fait songer à la pyramide de Maslow dans l’ordre des besoins humains et donc de ce qui vaut comme richesse. Mais elle montre aussi son caractère utopique, car elle appelle à un changement de mentalité radical, et on voit mal comment il pourrait se produire dans notre société d’aujourd’hui.
C’est notamment le cas de l’industrie des croquants (publicité) qui est omniprésente à tous les niveaux de notre activité économique. Son caractère corrupteur nous imprègne tous, mais comment y échapper autrement qu’en changeant de civilisation ? Aujourd’hui, sans le support de la publicité, Youtube n’existerait pas, alors qu’il enrichit aussi notre conscience. De même que les cubes qui contiennent toute la mémoire des communications humaines, il nous revient de cultiver une conscience plus aiguisée pour recueillir les richesses de communication qui sont partout.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Étant d’une grande sensibilité, j’absorbe tout ce que je lis sans distance, et la violence des séquences qui apparaissent dans le cube dans la première partie m’a mise mal à l’aise.
L’essai socio-économique à partir de la culture des quatre richesses est un peu trop long. On a compris l’essentiel de ce qui y est dit, et les quelques répétitions et insistances sont superflues.

Volume III 

♥♥♥  7

Commentaire

J’ai très bien accroché à l’ensemble où tout est globalement bien amené. Après l’approfondissement analytique plus posé et statique du volume précédent, on repart dans la dimension romanesque faite d’actions, d’intrigues et de rebondissements qui relance au bon moment le dynamisme du récit. On plonge à nouveau dans l’univers attrayant des personnages auxquels on a commencé à s’attacher. Entre-temps ils ont évolué et on retrouve ici Thomas et son ami Carlos au commencement de leur vie adulte. Ils sont toujours en situation d’apprentissage dans « l’école » du Mongonastère qui met en avant sa pédagogie éveillante et inspirée. La leçon du magister Gunj sur Einstein et Newton servant à illustrer le passage d’un niveau d’harmonie à un autre est originale et bien vue. Elle donne un poids concret et crédible à ce qui était d’abord perçu comme un concept abstrait. Mais la grande aventure de ce volume reste la découverte de l’amour par Thomas. La façon de la faire évoluer en l’associant à des symboles forts qui la poussent aux extrêmes est aussi très bien amenée.

On voit Thomas d’abord confronté à sa peur de sa première rencontre avec l’inconnu de l’autre sexe qu’il refoule en accusant Mongo d’être responsable du blocage qui en découle. Ça amène ensuite à l’évocation de l’Ogre, source obscure de sa peur, qui le confronte subtilement à une part mauvaise et dangereuse qu’il redoute de trouver en lui, avant que cet Ogre lui soit révélé comme une entité physique bien réelle. Ce passage permet aussi de révéler les failles secrètes de Carlos, ce qui l’humanise en le rendant plus proche. A partir de là, suit l’épreuve du dépassement de la peur profonde qui débouche sur la découverte du sanctuaire des douze Danseurs accomplis. Ce ne sont plus des entités abstraites mais des présences concrètes qui affichent le demi-sourire énigmatique des bouddhas. Leur accomplissement en devient rassurant en les montrant entiers, en même temps qu’il fait écho au sanctuaire de paix qui se trouve au fond de chacun par-delà notre peur. Il conduit l’évolution de Thomas vers l’acceptation de lui-même et de ce qui doit être, lui ouvrant un nouveau regard de son amour pour Mafat où il n’aspire plus qu’à être avec elle en l’acceptant telle qu’elle est. Cette fois il se sent véritablement libre de la rencontrer car le déblocage de sa peur s’est fait de l’intérieur.
Leur deuxième et véritable rencontre apparaît alors dans une dimension beaucoup plus élevée. Leur relation devient tout de suite très subtile dans leur sensibilité et leur écoute réciproque. L’amour qu’il vont vivre et se découvrir l’un pour l’autre grandit progressivement en intensité, en intimité, en abandon et en don de soi. Cette lente progression suit l’élévation du niveau de conscience des jeunes amants qui se produit naturellement sans intention. Ils passent d’un niveau d’harmonie à un autre par phases successives, leur champ de perception se modifiant à chaque fois en devenant plus ouvert, plus vaste, plus raffiné et plus extatique. Le récit nous fait sentir de l’intérieur leur élévation par une écriture qui devient elle-même toujours plus sensible et raffinée, et le procédé narratif est ici particulièrement réussi.
Puis le dernier volet du volume nous fait partager l’illumination de Thomas qui sort de sa nuit d’amour transformé, parfaitement heureux, planant sur un nuage comme s’il était au paradis. C’est l’occasion de développer des thèmes spirituels en profondeur dont certains ont déjà été abordés dans les volumes précédents. L’intérêt qu’ils suscitent reste fort et dévoile leur implication dans l’ensemble du livre.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Je note le mot « clenche » employé p78 et 80 pour désigner la poignée de porte, alors que c’est un terme plutôt régionaliste.
Le personnage d’Ungern a pour le moment disparu. L’histoire d’amour entre Thomas et Mafat rend les personnages attachants. Ce sont des éléments narratifs importants, et je trouverais dommage qu’ils soient mis de côté dans la suite du récit.
La dernière partie développant les thèmes spirituels a des redondances et des longueurs, plus particulièrement les deux longs passages en italiques. Je comprends l’intention de l’auteure de les déployer en les répétant sous différents angles pour en imprégner le lecteur en profondeur, mais je pense que ce n’est pas utile et même que ça nuit à cette imprégnation. A mon avis, il doit être possible de faire plus court sans rien perdre d’essentiel de manière à dynamiser le texte sur ces passages, ce qui ne peut que renforcer leur attraction pour le lecteur et donc leur imprégnation.

Volume IV 

♥♥♥  9

Commentaire

Ce dernier volume est plus facile à lire du fait d’être bien rythmé. On a ici un bon équilibre entre la narration et les dialogues, la part d’action et d’explication.
Il débute par la confrontation douloureuse des jeunes amants qui est une amorce tout de suite très prenante. Il permet le dévoilement concret du personnage de Mafat que j’ai trouvé extrêmement intéressant. Puis on enchaîne avec une longue focalisation sur l’Ogre qui révèle le rôle beaucoup plus vaste qu’il occupe dans le livre.
Il n’est pas seulement une incarnation du diable ou du mal absolu, il apparaît être aussi une émanation de la part obscure, inconsciente et refoulée, qui est tapie au plus profond de nous. Toute la lutte intérieure de Thomas contre sa propre négativité va le mettre en avant. Elle le confronte à la prise de conscience d’un dédoublement de lui-même entre sa fausse personne et sa vraie personne. Ce n’est qu’après s’être libéré du cauchemar de sa fausse personne qui le possédait, qu’il réalise à quel point la puissance de sa négativité a eu d’impact en allant jusqu’à atteindre Mafat dans l’invisible, comme si l’Ogre à travers lui s’était réellement emparé d’elle pour la faire sombrer dans les ténèbres.

Cet épisode de la prise de conscience de Thomas de la réalité de l’Ogre en lui apporte une première synthèse du livre en nous dévoilant la profondeur de son enjeu psychologique. De manière rétrospective, elle éclaire la dimension archétypale des personnages dont on a suivi les péripéties tout au long du roman. La nouvelle évocation de la mère de Thomas notamment, tendant vers l’expression de la Mère universelle, nous montre qu’elle est un archétype qui continue d’exister et d’agir dans le monde intérieur de Thomas. Sa lutte pour se délivrer du tourment de son amour possessif pour Mafat fait immanquablement écho au même tourment qu’a traversé sa mère. Elle aboutit à sa guérison de cœur par sa reconnexion à l’amour vrai qui se donne gratuitement, sans rien attendre en retour. Or cet amour sacrificiel dont il se découvre capable est exactement celui que lui a donné sa mère. Et finalement tous les personnages forts auxquels on s’est identifiés nous font sentir leur réalité archétypale dans notre propre monde intérieur. Là ils agissent, influent, se confrontent, nous faisant participer nous aussi à notre niveau au même combat universel incarné par Thomas pour l’éveil de la conscience.

Le dernier volume ne déçoit pas au sens où il apporte toutes les promesses sur les questions essentielles posées par le livre. Ce qui fait qu’il garde une énergie captivante jusqu’à la dernière ligne. A travers la confrontation entre Gunj et Thomas sur son long chemin de guérison, nous accédons à une synthèse des grands thèmes spirituels et philosophiques restés en suspens dans le livre. Ils sont développés en profondeur, examinés de façon multiple et contradictoire jusqu’à leur ultime aboutissement, ce qui procure la sensation de terminer avec des réponses claires et complètes. En particulier, le questionnement récurrent de la liberté et du déterminisme trouve sa résolution à un niveau très subtil, quand Gunj développe l’approche de la responsabilité ultime et celle de l’irresponsabilité ultime. L’une est fondée sur la reconnaissance de notre liberté ultime de choisir, l’autre sur la reconnaissance de notre déterminisme infini et donc de notre absence de liberté, deux voies opposées qui pourtant sont équivalentes car elles peuvent conduire toutes les deux à une même libération.
L’arrière-plan de ces développements nous questionne sur notre action personnelle sur le monde, sur notre contribution vers une évolution positive ou négative de l’état du monde à travers notre goutte d’eau. L’évocation de l’acte neutre en tant qu’acte négatif est à ce titre tout à fait révélatrice et pertinente. Face aux grands défis que nous avons à relever, nous semblons enlisés dans un état de passivité et de paralysie généralisé qui nous sera fatal si nous ne réagissons pas à temps. Le livre s’achève sur une fin ouverte qui est le miroir de notre monde actuel où tout reste à faire et où tout est entre nos mains, mais c’est une fin ouverte sur un horizon lumineux, plein d’énergie positive et de confiance en notre pouvoir de créer un monde meilleur, qui est inspirant pour entrer dans l’action.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Tout le processus de libération du tourment de cœur de Thomas envers Mafat se déroule à l’intérieur de lui-même. Il est réglé de son côté mais pas avec elle. Il aurait peut-être été bon qu’il évolue aussi en se rencontrant à nouveau, car ce n’est qu’à la fin qu’ils se retrouvent dans un amour apaisé.
Le fait qu’Ungern ne réapparaisse plus n’est pas dérangeant en soi. Cet aspect de la présence du mal qui peut frapper l’humanité reste ainsi ouvert en laissant tout présager, mais il passe en retrait pour en devenir presque anecdotique. Du coup, l’importance donnée à Ungern dans le volume II apparaît trop grande par rapport à l’ensemble du livre.
Dernière remarque sur le statut des Danseurs. Seul leur don lié au geste est capable d’agir sur la manifestation. Je me demande juste pourquoi d’autres dons artistiques n’auraient pas ce pouvoir.

Gary L.

Gary L. – 29 ans – (Khâgne Lettres) Agrégé de géographie, Professeur d’université Science de la Terre – Lyon
Sensibilité littéraire : littérature classique et fantastique, Zola, Jules Verne, bouddhisme avec Matthieu Ricard

 

3 VOLUMES  ♥♥

[décrochage du vol IV]

Volume I  ♥♥8 à 9

Volume II  ♥♥  10

Volume III  ♥♥ 8

Volume IV    [décrochage]

Volume I 

♥♥♥  8 à 9

Commentaire

L’attrait et la qualité de ce premier volume sont au-dessus de bien des publications actuelles.
D’emblée, la référence spirituelle, et notamment biblique, est forte : le mythe du prophète incarné par l’enfant Thomas, tandis que sa mère fait songer à Marie.
Le livre est bien écrit et bien construit. L’oralité des dialogues se marie bien avec la narration. J’apprécie tout particulièrement sa structure en plans séparés qui nous fait passer d’une séquence à une autre sans transition, avant de nous faire prendre conscience de leur lien interne. De par ma sensibilité de géographe, j’ai trouvé aussi très bien venu le changement de dimension entre le premier épisode où tout est perçu en gros plan à la taille du village, et le deuxième épisode qui aborde la réalité du monde qui l’entoure par un plan plus général.
L’imaginaire fantastique donne une très bonne métaphore de notre monde contemporain, qui est bien celui du pouvoir de la Communication que les cubes gris, les boules noires et les personnages qui leur sont liés mettent fortement en relief. Il en ressort un grand contraste entre le positif et le négatif. Le lecteur traverse ainsi des scènes éprouvantes et violentes, avant de retrouver la candeur et la naïveté de l’enfance préservée dans l’atmosphère du Mongonastère, passant de l’oppression à la délivrance, des ténèbres à la lumière. Le Mongonastère n’est d’ailleurs pas sans rappeler le bouddhisme tibétain.
Les personnages constituent la grande force du livre. Ils sont marqués par la complexité, dépassent le simple manichéisme, portant ainsi en eux une part d’ambivalence qui rend difficile le jugement arrêté pour le lecteur. La focalisation interne permet au lecteur de percevoir de l’intérieur le point de vue des personnages, leurs émotions et leurs états d’âme. De la sorte, ils ne sont pas complètement définis et gardent un destin ouvert, en attente de développement, ce qui attise le désir de suivre leur évolution.
C’est comme ça qu’apparaît d’abord Thomas qui ne se dévoile que par petites touches, semant des indices de ce qu’il porte en lui sans se départir pour autant de son mystère.
Dans un registre opposé, le personnage d’Ungern obéit au même procédé qui le rend fascinant. Inspiré du personnage historique, il possède une dimension luciférienne très intéressante. Génie tourmenté, à la fois victime et bourreau pour avoir été supplicié dans l’enfance avant de devenir lui-même tortionnaire, sa recherche obsédante de la vérité laisse pressentir qu’il détient des clefs sur la réalité de Mongo.
Dans le monde contemporain, qui se désintéresse de la vieillesse au point de la considérer comme anormale, les personnes incarnant une sagesse des Anciens sont particulièrement intéressantes. La trisaïeule excentrique, le Dicteur du Mongonastère et surtout Zabir donnent à réfléchir. Zabir incarne un idéal de pédagogue, s’exprimant à hauteur d’enfant, pratiquant l’art de la maïeutique plutôt qu’assénant son savoir et refusant de prétendre avoir réponse à tout.
Enfin, j’ai particulièrement apprécié les différents niveaux de lecture, cultivés tout au long du livre, qui permettent plusieurs niveaux de compréhension. Le passage où Zabir emmène Carlos et Thomas au fond du canyon est très intéressant. S’agit-il d’une épreuve initiatique, d’un rêve de Thomas, d’une métaphore du passage de l’enfance à l’adolescence ?

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

J’ai été désarçonné par la scène sexuelle entre Ambre et Djack dont le ton grivois détonne sur l’ensemble, et je trouve la scène en elle-même trop longue.

Volume II 

♥♥♥♥  10

Commentaire

J’ai adoré ce deuxième volume au point de le lire deux fois de suite.
Tout se passe durant deux longues journées d’initiation présentées par l’instructeur Moyahm Shédid aux jeunes novices Carlos et Thomas, révélant le rôle central d’éducation du Mongonastère. On assiste avec eux à la découverte et à l’exploration du monde de Mongo qui est aussi le nôtre, car l’univers fantastique apparaît de plus en plus clairement être un miroir de notre réalité, la fiction fusionnant avec le réel. Il nous présente un futur proche possible, comme un aboutissement poussé aux extrêmes des grands courants dans lesquels nous sommes entraînés, ce qui permet de les percevoir avec un relief saisissant.
Mongo orchestrant les milliards de cubes gris symbolise la fusion de tous les médias. La description de son évolution par mutations successives le propulsant à des niveaux d’harmonie et de pouvoir toujours plus élevés est très bien amenée. Elle reflète la progression des mises en réseaux tissant la trame de notre mondialisation toujours plus profonde, et j’ai particulièrement apprécié la façon dont Mongo finit par se libérer des énergies externes pour accéder à son autonomie.

La deuxième journée d’initiation commence par une longue analyse socio-économique qui s’apparente à un article scientifique. On quitte alors la dimension romanesque mais ça ne m’a pas dérangé. Au contraire, car ce passage reste profondément intégré aux thèmes du livre et les renforce même considérablement par des éclairages originaux inattendus. On reste dans une écriture fluide, agréable à lire. L’exposé est résolument pédagogique, il s’enchaîne bien, logiquement, avec clarté, la compréhension coule de source et c’est ici la grande force du livre qui rend cet exposé passionnant.
La présentation de la monnaie de dette, bien que j’en avais déjà une approche succincte, a été une vraie découverte car on en ressort avec une vision claire et complète du processus. Même chose avec la démonstration de l’impasse de la croissance économique infinie et la nécessité vitale d’aller vers la décroissance, une réalité qui m’est déjà familière et à laquelle j’adhère à 100%, et qui là est imparable en allant au bout de ses conséquences.
J’ai trouvé très original et très fort le passage sur la culture des quatre richesses qui m’a particulièrement marqué, ainsi que le passage sur la monnaie d’attention qui éclaire notre monde d’aujourd’hui. Il révèle le facteur économique émergeant de l’attention qui alimente les réseaux sociaux et les médias en général, le mettant bien en perspective.
On quitte cette longue analyse socio-économique en ayant pris de la hauteur sur l’état de notre monde, avec une vision globale cohérente qui met de l’ordre dans sa confusion apparente tout en renforçant nos intuitions initiales, ce qui est un joli tour de force. J’ajoute qu’étant en phase avec toutes les idées développées, c’est un livre pour lequel je pense  » avec « , ce qui s’accompagne d’une impression forcément plus réjouissante et gratifiante que penser  » contre « .
Après avoir abouti à la conclusion que l’inconscience humaine est la racine du mal, le livre poursuit son développement sur le plan de l’inconscience collective humaine qui est le vrai visage de la Bête Immonde à laquelle nous participons tous de par nos propres actes individuels d’inconscience. Là aussi, je suis en accord avec cette vision qui est très bien mise en perspective et résonne clairement. La description de la frontière séparatrice comme un des principaux poisons de la Bête Immonde évoque bien ce vers quoi notre monde est en train de tendre. Nous commençons à ériger des murs pour empêcher  » l’invasion  » des migrants dans les nations privilégiées. Des quartiers fermés et sécurisés se développent pour isoler les riches des pauvres, notamment aux abords des favelas. Et nous ne réalisons pas qu’il n’y a pas réellement un bon côté de la frontière séparatrice opposé à un mauvais côté, mais que c’est la frontière en elle-même qui est néfaste parce qu’elle génère de la tension et du mal-être des deux côtés. C’est bien mis en évidence quand on pénètre dans la forteresse au fond de la basse ville où l’élite richissime et célébrissime y vit complètement isolée. A l’image des stars de la télé-réalité qui affichent en public un bonheur de pacotille superficiel, on découvre derrière l’apparence leur misère existentielle.

La crise de doute de Moyahm Shédid est aussi un passage marquant. La tension culminante de son angoisse le poussant au lâcher prise de son contrôle, puis son abandon forcé l’éveillant à une paix intérieure inattendue, l’ensemble de la progression sonne juste et est bien construit. Il ouvre un pan différent de la personnalité du vieil homme, ce qui enrichit le personnage en lui donnant de la complexité et de l’ambivalence.
Même remarque lorsqu’on aborde le passé traumatique de Carlos à la fin qui lui donne plus d’épaisseur. Comme je l’avais déjà signalé dans la façon de traiter les personnages principaux dans le volume I, ils ne sont ni tout blanc ni tout noir, ils oscillent entre bon et méchant, de sorte qu’ils ne sont pas complètement définis et gardent un destin ouvert qui donne envie de suivre leur évolution.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien à signaler.

Volume III 

♥♥♥  8

Commentaire

On renoue avec l’épopée romanesque mouvementée. Toujours en rapport avec ma sensibilité de géographe, j’ai beaucoup aimé l’approche des changements de météo. La progression de l’orage qui suit l’état de tension intérieure de Thomas jusqu’à son éclatement, sa vision des divinités ou polarités sexuelles primordiales dans les éclairs de foudre, puis le déclenchement de son travail de recherche intérieure avec la lourde pluie ininterrompue, jusqu’à la résolution de son tourment amenant la fin de la pluie tandis qu’il rejoint Mafat, je trouve l’ensemble des associations bien amené et cohérent. J’ai aussi beaucoup aimé la description des espaces dans l’île qu’on découvre et ressent au cours des déplacements de Thomas, dans sa course nocturne pour rejoindre Mafat, et quand il découvre les jeunes paysannes des îlets avec Carlos.
Ce moment de première rencontre avec les filles est intense et réjouissant, tout comme quand Thomas en vient à se battre, obscurément poussé par ses pulsions. La scène est une bonne introduction à la violente attirance que Thomas éprouve pour Mafat et qui va lier leur destin. Leur rapport amoureux où s’agitent les troubles de l’adolescence est d’un beau romanesque.
C’est ainsi que Thomas en vient à découvrir l’Ogre, d’abord comme un reflet de sa peur profonde de l’autre et de la sexualité. Avec l’Ogre qui est un personnage typique incarnant les ténèbres, le récit s’apparente ici à de l’héroïc fantasy. On suit les péripéties de Carlos et Thomas jusqu’à leur découverte du sanctuaire des Danseurs accomplis, et c’est toujours bien fait et agréable à lire.

La grande scène d’amour entre Mafat et Thomas est belle et réussie. La crudité du sexe est justifiée et indispensable dans le contexte plus large des énergies sexuelles primordiales incarnées par Éros et Thanatos qui vont être développées par la suite.
L’expression du désir entre les jeunes amants est saturée, un peu à la manière de Tarantino qui cultive l’hyper-esthétisation. Mais ici les personnages sont graduellement poussés aux extrêmes de leur perception du désir et de l’amour, ce qui conduit à révéler leur part mythologique ou divine. Comme le héros grec qui est moitié terrestre moitié céleste, les personnages doivent aller au bout d’eux-mêmes, au bout de leur limitation humaine, pour entrer en contact avec l’absolu de l’idéal céleste qu’ils portent en eux. On assiste alors à la métamorphose graduelle des amants jusqu’à l’apothéose dans l’absolu de l’union idéale, qui est aussi celle de la conscience océanique. Cette progression graduelle nous fait percevoir comment Thomas passe spontanément d’un niveau de conscience à un autre, d’un niveau d’harmonie à un autre, ce qui est le but de son éducation de Danseur, et qui se traduit par une sensibilité toujours plus fine, une ouverture, une confiance, un abandon, une réceptivité et une communion toujours plus grands entre les amants.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Le dernier tiers du volume, soit tout le passage où Thomas sort de sa nuit d’amour transfiguré, est trop long à mon goût. Il m’a fait songer à l’expérience de la nuit d’illumination de Pascal qui a déclenché sa conversion. On est dans une écriture lyrique enflammée qui est souvent trop insistante. Notamment sur les thèmes de la Vulve dévorante, d’Éros et Thanatos qui ont tendance à se répéter sans progression et sans rien apporter de nouveau. Idem pour les deux grands passages en italiques.
Je considère néanmoins que tous les thèmes sont à leur place, qu’ils ont leur raison d’être nécessaire au propos du livre, mais qu’ils pourraient être resserrés à l’essentiel (jusqu’à un tiers du texte) sans rien perdre de leur pertinence, qu’ils y gagneraient même certainement en lisibilité en gardant davantage le lecteur focalisé sur l’essentiel.

Volume IV 

  [décrochage]

Commentaire

J’ai lu environ 130 pages de ce quatrième volume, mais je trouve cela globalement pénible. Il ne se passe pas grand chose, je trouve que le propos tourne en rond. Le style est trop souvent ampoulé pour moi, et la densité de contenu trop faible. Le livre ne correspond pas spécialement non plus à ce que j’ai envie de lire en ce moment. Je ne sais pas si je suis hermétique à la dimension spirituelle, c’est plutôt d’un point de vue formel que je trouve le livre pénible.

Je souhaite donc interrompre la lecture et ne pas la reprendre.

Valérie B.

Valérie B. – 49 ans – Directrice périscolaire – Alsace
Sensibilité littéraire : éclectique, fantastique, développement personnel, Boris Cyrulnik, Ken Follet « Les Piliers de la Terre », Pierre Bottero, « Harry Potter », « Le Seigneur des Anneaux ».

3 VOLUMES  ♥♥♥ 

[vol IV non lu]

Volume I  ♥♥♥  8

Volume II  ♥♥♥♥  9,5

Volume III  ♥♥♥  7

Volume IV [non lu]

Volume I 

♥♥♥  8

Commentaire

Je lis très vite et ce premier volume m’aura pris deux heures.
La lecture est facile, les personnages sont attachants et intéressants. On rentre bien dans le roman. La progression va crescendo avec une montée du suspens, de même qu’on suit avec intérêt l’évolution des personnages. Si le livre s’apparente au fantastique et à la science-fiction, il peut ouvrir le lecteur à d’autres genres car il traite aussi des cas de conscience, de l’éducation et des problèmes sociétaux relevant plus du roman psychologique et philosophique.
Le cœur du récit est dans l’histoire de Thomas qui est très visuelle. C’est un imaginaire cinématographique qui se déploie naturellement et sans effort au cours de la lecture.

Dans la première partie, quand survient la longue scène sexuelle, elle casse le récit au point de se demander en quoi elle lui est liée. Si cette première partie s’était arrêtée là, il est probable que je n’aurais pas eu envie d’entamer la seconde partie. Mais elle renoue fort heureusement avec le récit en suivant les tiraillements de l’enfant et de sa mère, pour aboutir au finale par une très belle description de la déchirure de la séparation. Elle fait ressortir le questionnement d’une acceptation ambiguë qui est à la fois volontaire et forcée. En tant que mère, il est difficile de ne pas être touchée par ce moment émotionnel culminant. Il installe alors une attente de la deuxième partie dans un désir de découvrir le développement des personnages et la progression du récit.

La seconde partie m’a encore davantage séduite que la première qui sert surtout à installer l’intrigue et l’univers. Ici l’écriture devient fluide, coule de source, elle révèle la tessiture de l’auteure. C’est toujours très visuel, avec une belle description maîtrisée de l’ensemble, de l’environnement, des situations, des personnages et de leurs sentiments, de sorte que la lecture reste constamment très agréable.
Je retiens particulièrement le personnage noir d’Ungern qui contient un petit point blanc (ce que laisse pressentir la connexion de l’enfant brisé en lui avec la petite fille esclave), source d’une éventuelle future rédemption par une transformation positive. Mais je retiens surtout tout ce qui touche à l’univers des enfants avec la pédagogie épanouissante dont ils jouissent au Mongonastère. Leur maître Zabir les encadre et les guide en leur laissant la liberté d’apprendre par eux-mêmes. Il ne leur donne pas de réponses toutes faites mais les stimule à trouver eux-mêmes les réponses. Par des jeux aussi bien que des épreuves qu’il leur propose sans les forcer, il les pousse à se dépasser. De cette façon, ils prennent confiance en eux et en leur potentiel de créativité qui peut s’exprimer librement.
Je note également l’accroche finale de la petite fille au tempérament bien trempé qui excite ma curiosité d’en savoir plus à son sujet.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Mes réserves concernent la première partie. La très longue description du jeûne comme s’il s’agissait d’un mode d’emploi détaillé m’a dérangée en me donnant l’impression que l’auteure cherchait à m’imposer son point de vue.
La référence à l’église comme signe religieux pour la fête du village m’a aussi contrariée.
Alors qu’il s’agit visiblement d’une communauté futuriste déconnectée du monde, on retrouve des oppositions archaïques hommes femmes qui prêtent un peu à rire, tout comme l’image de la femme, séductrice et provocatrice des pulsions sexuelles.
Ce qui conduit à la domination phallique de la scène sexuelle entre Ambre et Djack qui est trop longue à mon goût. Elle déséquilibre le récit, impose une tournure différente grossière qui rompt avec la tonalité sensible générale. Je l’ai alors parcourue rapidement en la lisant en diagonale.

Volume II 

♥♥♥♥  9,5

Commentaire

Incroyable! C’est le premier mot qui me vient pour ce deuxième volume, car tout au long de ma lecture j’avais l’impression de lire mes propres pensées. J’étais absorbée comme si je me lisais moi-même en voyant se dérouler ma pensée en toute clarté. J’ai terminé le livre avec la sensation réjouissante de ne pas être seule, tandis que tout ce qui restait à l’arrière-plan de ma pensée de façon encore confuse et informulée a pris forme dans une vaste vision claire et explicite.

Le premier point qui a résonné très fort en moi est le drame de la baisse de capacité d’attention de l’humanité, directement liée à la fascination hypnotique des divertissements présents dans les écrans. Je perçois clairement cette dégradation dans mon travail avec les enfants qui s’aggrave d’année en année. Elle augmente leur tendance à l’hyperactivité, donc leur incapacité à poser volontairement leur attention qui est nécessaire à tout apprentissage, pendant que leur attention est accaparée par des futilités, des divertissements vides de valeur. Le livre montre bien l’effet pervers de l’attention monnayable comme première source de richesse dans notre monde de la Communication, car elle incite à la recherche d’attractivité maximale et permanente pour s’enrichir, d’où le développement de divertissements de plus en plus addictifs mais sans âme, sans aucune valeur d’élévation culturelle.
La reconquête du pouvoir de notre attention devient un enjeu social et politique qui est très bien mis en lumière par l’audicratie, la responsabilité de notre goutte d’eau dans le vote continuel de notre attention qui enrichit et fait croître tout ce sur quoi nous la portons.
Ça renvoie directement à l’analyse critique de l’industrie des croquants, dont la malignité consiste à nous rendre attractif ce qui n’a aucun intérêt. Et pire encore, car elle est le soutien indispensable de notre société de consommation qui conduit l’humanité vers sa destruction, comme le montre encore très bien le livre.
Après la présentation des sombres désastres qui nous attendent en perpétuant la religion de la croissance, on accède à des propositions lumineuses réjouissantes qui font apparaître des issues possibles pour renverser le cours de notre déchéance. Ici on retrouve des idées déjà en germe dans l’activisme citoyen planétaire : la réappropriation du pouvoir de création monétaire par les citoyens, la fin du travail productif assurée par un revenu d’existence universel… S’y ajoute la réponse culturelle indispensable pour résorber la négativité humaine, ouvrant sur la nécessité de l’essor du travail non-productif destiné à enrichir l’humanité sur le plan des trois richesses supérieures de la culture des quatre richesses (richesse des relations humaines, richesse de la santé physique et mentale, richesse de la joie et de la paix intérieures).
La conclusion du long développement du Dicteur aboutit à l’inconscience humaine comme la racine du mal à éradiquer. Elle apparaît de façon frappante sous la forme de l’Hydre destructrice du monde, en tant qu’agrégat de l’inconscience collective de l’humanité constitué des gouttes d’inconscience de chacun d’entre nous. Toute cette présentation est très éclairante, surtout en montrant comment la Bête immonde se propage grâce à ces quatre poisons que sont la tyrannie du temps, le gigantisme, la verticalité pyramidale et la frontière séparatrice.

J’ai apprécié une fois de plus la pédagogie novatrice du Mongonastère. Carlos et Thomas sont stimulés par la curiosité, la soif d’apprendre, ils développent leur capacité à élaborer une pensée, une argumentation, etc.
J’ai bien aimé aussi comment le Mongonastère s’est libéré du temps. Pas d’horloge, pas d’âge à porter, on se fiche du « jeunisme ».
J’ai été très réceptive à la crise de doute du Dicteur. Il montre ses limites qui le poussent au lâcher prise, à cesser de vouloir tout contrôler. Ça l’amène à une renaissance par l’acceptation. Mais l’événement personnel qu’il a traversé semble aussi annoncer un modèle pour l’humanité à travers un effondrement possible pour mieux renaître.
Le doute de Thomas, lui, est constructif et rend le roman plus crédible en laissant soupçonner le comportement manipulateur de Mongo. Quant à Mongo, la fin du livre suggère qu’il s’est retiré des affaires du monde pour que l’homme se sauve lui-même en ayant d’abord foi en lui-même. Mongo symboliserait alors l’énergie positive de la conscience collective de l’humanité.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Les commentaires du Dicteur s’accompagnent parfois de répétitions immédiates inutiles (pédagogiquement parlant), mais ça reste léger.

Volume III 

♥♥♥  7

Commentaire

Je mets trois cœurs car toute la partie romanesque m’a beaucoup plus. Cependant je me serais limitée à deux cœurs pour le dernier tiers introspectif auquel je n’ai pas accroché sauf à la toute fin.
De fait, il m’a fallu attendre d’aller à la fin du volume pour percevoir sa cohérence d’ensemble. Jusque là je ne voyais pas la raison d’être de l’Ogre, de Mafat, puis des changements de style, dans leurs rapports entre eux. La connexion s’est établie pour moi à la fin quand est développé le thème de la fable que j’ai trouvé très intéressant et révélateur. Il apporte un contre-poids salutaire au long développement des  » vérités  » spirituelles dont Thomas prend conscience quand il sort illuminé de bonheur de sa nuit avec Mafat, en rappelant justement qu’on ne connaît jamais la vérité. Personne ne peut prétendre détenir la Vérité, et encore moins la formuler une fois pour toutes.
C’est une bonne manière de relativiser les  » vérités  » révélées des religions qui lorsqu’elles sont prises au pied de la lettre en tant que dogme intouchable sont la cause des guerres de religion où chacune veut imposer sa vérité révélée. Alors que leur support sont en réalité des fables, des histoires interchangeables qui pointent vers une vérité qu’il nous reste toujours à découvrir. Et ici, le récit nous indique que nous sommes dans une belle histoire qui nous incite à tendre vers la vérité, en tant qu’elle est une démarche toujours renouvelée pour progresser sans jamais pouvoir prétendre atteindre définitivement cette vérité.

Le livre renoue avec le romanesque quand Carlos et Thomas rencontrent les jeunes paysannes des îlets. La scène est bien menée, vivante et attrayante. On retrouve la discrimination marquée entre hommes et femmes. Le coup de foudre de Thomas pour Mafat est aussi bien évoqué. Leur première rencontre et le blocage de la peur de Thomas le conduisant à la révélation de la bête humaine en lui sonnent juste.
Il part alors à la rencontre de sa peur profonde qui va le conduire à l’Ogre enfermé dans la cave. Le récit est prenant et on sent bien le climat de peur qui l’habite. Thomas a une démarche d’affrontement volontaire pour dépasser sa peur. Alors que Carlos est plus dans l’acceptation, il se démarque de lui par son doute qui le force à se remettre en cause en prenant le risque de se perdre.
Ce qui se concrétise quand il plonge avec Carlos dans la pièce noire en s’attachant par la main. Le fait qu’ils s’en sortent parce qu’ils sont restés main dans la main est un beau passage et un beau symbole. Il montre que la quête de Thomas n’est pas totalement solitaire et qu’il peut recevoir aussi l’aide de Carlos.
Suit la découverte du sanctuaire des Danseurs accomplis qui sont comme en stase. Leur contact va libérer Thomas de sa peur profonde par un sentiment d’acceptation et de reconnaissance de son innocence fondamentale. Il se sent dès lors libre de retrouver Mafat. Il se lance à sa rencontre dans la nuit pluvieuse qui l’oblige à plonger dans le courant d’un torrent. La scène est marquante et fortement évocatrice de l’élan de son désir.
Suit la longue nuit d’amour de Mafat et Thomas qui est réussie. La connexion et la communication entre les jeunes amants passent bien. La progression de leur ouverture et sensibilité mutuelles est perceptible, tout comme on perçoit qu’ils s’élèvent vers des niveaux de conscience plus élevés dans les phases de leur union. Seul bémol, l’utilisation de la potion psychotrope. Je l’ai trouvée incongrue et pas nécessaire, parce qu’elle ne correspond pas à mon goût à la personnalité simple de Mafat.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Ma critique porte sur la partie introspective du troisième tiers du livre qui quitte la dimension romanesque pour développer une vision spirituelle présentée d’une manière trop abstraite.
Il y a un changement de style marqué avec des répétitions trop flagrantes. Je trouve qu’il y a un problème de tempo, de rythme insuffisamment soutenu qui fait qu’on ne s’y accorde pas, avec pour effet d’avoir tendance à se disperser et à décrocher du contenu.
Il faudrait pouvoir le réécrire en le rendant plus visuel et intuitif (sans abstraction), et plus condensé sur l’essentiel.
(Je reconnais toutefois que ma réceptivité de ce texte introspectif a pu été réduite du fait de l’avoir lu dans une période de grande préoccupation due à des difficultés personnelles)

Volume IV 

[non lu – sans commentaire]

Laksman U.

Lakshman U. – 24 ans – Master en gestion, 2ème année psychologie – Strasbourg
Sensibilité littéraire : éclectique, autobiographie, Développement personnel, « Harry Potter », Paulo Coelho, « L’alchimiste », « 1984 » de Orwell

2 VOLUMES  ♥♥♥ 

[décrochage du vol II]

Volume I  ♥♥♥  8

Volume II  ♥♥  7

Volume III  [décrochage]

Volume I 

♥♥♥  8

Commentaire

Je trouve que c’est plutôt bien écrit.
L’entrée en matière a été faite de façon convenable : elle est accrocheuse et directe, commençant par un événement qui maintient le lecteur en haleine et le pousse à être avide de connaître la suite. 
Si la première partie sert à installer les bases de l’intrigue, la deuxième partie devient plus entraînante et captivante, nous plongeant dans le récit du fait de mieux percevoir le fil conducteur.
Je trouve que la description du monde de la Communication et sa critique sont particulièrement bien rendues et pertinentes.
Concernant les personnages principaux, ils ne sont pas tout d’une pièce, ce qui les rend intéressants parce qu’on ne les cerne pas facilement. On voit que le Dicteur, autoritaire et manipulateur, obtient toujours ce qu’il veut, mais en même temps on découvre qu’il est rongé de doutes. De même, Ungern est extrêmement sombre et malfaisant, mais on ne peut pas le condamner complètement à cause de son passé d’enfant martyrisé qui l’excuse en partie.
Ce premier volume s’achève sur l’introduction du personnage féminin de la petite fille qui laisse entrevoir une histoire d’amour à venir, ce qui stimule l’envie de lire la suite.
Les deux points forts que je retiens de ma lecture :
1- L’auteure laisse s’exprimer les différents points de vue des personnages sans prendre partie, ce qui permet de développer son propre esprit critique.
2- Le livre transmet des messages de façon subtile et bien dosée, ce qui est très bien venu, car pour ma part, je trouve qu’une œuvre reste incomplète si elle ne délivre pas de message à son lecteur.
C’est par exemple le cas sur l’avertissement discret contre les OGMs. Mais c’est bien plus marqué dans tout le passage où Zabir enseigne aux enfants à distinguer entre la peur réelle et la peur imaginaire (qui fait écho au monde d’Ungern qui règne par la terreur), tout comme comment reconnaître son véritable maître en étant en contact avec son corps. Il y a toujours un bon dosage entre les situations imagées et l’explication, de sorte qu’on comprend facilement.
Pour terminer, je dirai que mes lectures précédentes m’ont fait y voir un clin d’œil à Harry Potter, notamment parce que l’enfant quitte sa mère et le monde jusqu’alors connu pour un nouveau monde, où ses talents et ses désirs pourront être comblés.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

La partie sur la sexualité ne m’a pas pour autant choqué, étant donné que j’ai considéré la chose dans une globalité. En effet, de nos jours, nous cherchons toujours à promouvoir la jouissance masculine et celle de la femme est placée au second plan, voire jamais mentionnée.
Cependant, dans la préface ou dans le préambule, il faudrait mettre un avertissement, car le livre n’est pas adapté à tout public, ce passage sexuel pouvant facilement heurter certaines sensibilités.

Volume II 

♥♥  7

Commentaire

L’histoire continue de bien évoluer sur le plan romanesque, apportant à présent les réponses aux énigmes de Mongo qui dévoilent une image complète de l’univers avec sa cohérence. Tout ce passage reste captivant, jusqu’à ce qu’on arrive au milieu du livre qui bifurque sur une partie théorique. A partir de là, j’ai été contrarié dans ma lecture. Le premier volume était très accrocheur, apportant un vrai plaisir de lecture. Mais ce n’est plus le cas lorsqu’on entre dans la partie théorique. La lecture devient plus difficile en demandant un effort pour suivre les propos, alors qu’avant on était automatiquement entraîné par la force du récit. On quitte aussi le fil conducteur de l’histoire qui nous fait perdre l’imaginaire dans lequel on était embarqué, d’où ma contrariété. Mais si le plaisir de lecture disparaît dans la partie théorique, il est remplacé par un grand intérêt pour toutes les révélations et les informations nouvelles qu’elle contient. Et en sortant du livre, je ne peux que reconnaître qu’il m’a enrichi en me laissant une impression profonde et en m’ouvrant sur d’autres perceptions. C’est pourquoi je trouve ce deuxième volume finalement plus intense et profond que le premier. Moi qui attends d’un livre qu’il puisse aussi m’instruire, de ce côté-là je suis servi. Il m’a nourri et éclairé malgré qu’il demande plus d’effort de lecture.

Des grandes révélations qu’il m’a apportées, je retiens l’éclairage sur la nature de la dette qui est un vrai choc tellement il est différent de ce qu’on entend dans les médias. Il montre qu’elle n’est pas faite pour être remboursée car sinon elle détruirait la masse monétaire bâtie sur la dette, ce qui gèlerait toute l’économie. Elle n’existe alors que pour contraindre les peuples à travailler sans fin pour faire migrer l’argent de leur travail vers la puissance financière qui prélève les intérêts sur leur dette, une dette qui en réalité est fictive tout comme l’argent qui l’a créé.
L’éclairage sur l’impasse de la croissance infinie dans laquelle nous sommes coincés avec toutes ses répercussions désastreuses est très bien développé aussi.
J’ai été particulièrement marqué par le concept des quatre richesses qui est très pertinent. Il remet en perspective le sens de la richesse, en montrant que ce qu’on en attend véritablement est une augmentation de notre bien-être général. Ce bien-être ne peut être obtenu uniquement par l’augmentation de la richesse matérielle. Il demande aussi d’avoir une bonne santé, de bonnes relations humaines, un équilibre intérieur qui procure la paix et le calme, ce que la seule richesse matérielle ne peut pas nous donner.
L’audicratie est une autre idée très intéressante qui a eu un fort impact sur moi. Elle a modifié ma perception au point que depuis je ne place plus mon attention n’importe où. Il est très rare qu’un livre parvienne à modifier mon comportement. C’est le cas ici et ça mérite d’être souligné.
Vers la fin du livre, quand le Dicteur craque et se met à pleurer, ce passage m’a aussi marqué. J’ai trouvé très intéressant tout ce qui ressort de son recueillement méditatif, quand il réalise qu’il n’y a pas un père supérieur au-dessus de nous ou un Dieu pour nous sauver et s’occuper de nous. Le pouvoir d’agir est à l’intérieur de chacun de nous. Le destin de l’humanité est entre nos mains, c’est à nous d’exercer notre pouvoir d’action et de création pour nous sauver de l’autodestruction et engendrer un monde meilleur. Aucune puissance extérieure ne le fera à notre place.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Il faudrait peut-être trouver une manière de rendre la partie théorique plus captivante et vivante en l’intégrant davantage à l’imaginaire du récit romanesque.

Volume III 

  [décrochage]

Commentaire

J’ai finalement décroché sur ce troisième volume en arrêtant ma lecture à la page 155.
Je ne souhaite pas continuer car le livre n’a pas de fil rouge, et c’est très difficile de maintenir mon intérêt pour terminer le roman.
Ce n’est pas comme si on suivait l’évolution d’un personnage à travers le récit. A titre de comparaison, chaque roman de Harry Potter était très bien écrit à mon avis. J’avais envie de savoir ce qui se passait au prochain chapitre.
Un roman que j’ai eu du mal à terminer était Twilight, le tome 1. Je me suis arrêté au milieu puis j’ai quand même repris la lecture pour le terminer, car je l’avais commencé. Dans le cas de Mongo, je n’ai même pas cette envie.
De plus, je trouve la description de l’acte sexuel entre Mafat et Thomas crue, vulgaire et pas nécessaire. Tout comme lorsque Thomas fait la connaissance de l’Ogre.

Certes ce roman nous permet d’apprendre certaines choses, comme par exemple le fait que la dette ne sera jamais remboursée, que c’est sur elle qu’est basée l’économie. Que nous sommes aujourd’hui dans un monde qui tourne autour de l’attention que l’on porte sur les choses (publicités).
Mais je trouve que la façon d’écrire de l’auteure n’est pas bonne, en tout cas elle ne m’a pas séduite.
A titre de comparaison à nouveau, 1984 de George Orwell est un roman que j’ai adoré et je n’ai eu aucun mal à le terminer.

Protocole du test I

Le premier test regroupant 25 lecteurs est centré sur le 1er épisode (1/2 du volume I) pour mesurer le pouvoir d’attraction initial du livre, avec possibilité de poursuivre la lecture sur les volumes I et II, ce qui a été le cas de plus de la moitié du lectorat.

 

Recrutement d’un lectorat adulte sur annonces universitaires. Le candidat doit aimer lire, être ouvert à la spiritualité et se sentir concerné par le devenir positif de la société.
Il lit en situation de lecture naturelle, pour son plaisir et sa gratification personnelle, et reste libre d’arrêter à tout moment s’il n’y trouve plus d’intérêt et décroche.
Après lecture, il exprime librement son impression dans un entretien en termes positifs comme négatifs.

 

Marion C.

Marion C. – 21 ans – licence pro graphisme – Strasbourg
Sensibilité littéraire : Fantastique, Harry Potter, Tolkien

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥♥ 

Épisode 1  ♥♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥♥ 

Épisode 3 ♥♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥♥ 

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥♥♥

J’ai adoré sur toute la ligne et je ne peux pas supporter de rester sur ma faim en ne lisant pas la suite.
L’histoire riche et palpitante nous tient en haleine du début à la fin. La vie au village exhale une atmosphère de bonheur magnifiquement ressentie. Le jeûne laisse une empreinte profonde par son aspect crédible et réaliste. Le dénouement tragique de la mère est très émouvant tant sa douleur est palpable. Et bien sûr, l’entité Mongo, totalement indéfinissable à ce stade du premier épisode, installe un suspens métaphysique des plus alléchants.
J’ai été un peu déroutée par le procédé de flash-back de la première partie avant de l’intégrer. De même, la scène sexuelle m’a semblé incongrue au premier abord, et ce n’est qu’à son aboutissement qu’elle m’est apparue juste et nécessaire. Puis c’est seulement en arrivant à la fin du livre que j’ai pris conscience qu’aucune scène n’était gratuite, mais qu’elles étaient toutes liées les unes aux autres dans un enchaînement organique, révélant une construction magistrale conçue depuis la première ligne jusqu’à la dernière.

Deuxième épisode

♥♥♥♥

On change de registre, avec un premier développement de l’état du monde, des commentaires d’ordre psychosociologique, politique et spirituel, ce qui rend ce nouvel épisode encore plus intéressant, surtout que l’on sent que là aussi il participe d’une construction beaucoup plus vaste dont il n’est que la préparation.
La découverte des lieux par Thomas est particulièrement bien sentie parce qu’il se montre d’abord inadapté et plein d’interrogations. L’entrée en matière des Danseurs accomplis et de leur lien avec Thomas en tant qu’Élu relance aussitôt tout son mystère. Ma seule remarque négative concerne le passage de la description des basses villes que je trouve trop long parce que trop répétitif dans sa manière de faire ressortir les principaux thèmes, thèmes que j’ai l’impression d’avoir assimilés du premier coup.
La longue séquence dialoguée d’Ungern avec le savant puis Tombola jusqu’à sa torture finale m’a emballée, comme si j’étais plongée dans un dessin animé avec des personnages hauts en couleur manifestant un dynamisme de tous les instants.
Le contraste avec le cirque majestueux que l’on retrouve dès qu’on quitte l’atmosphère oppressante d’Ungern et des basses villes est très bien venu, car il nous fait sentir le caractère précieux de la nature, de l’air libre et de l’innocence de l’enfance. En plus de cela, j’ai été particulièrement touchée par la scène du trou qu’ils doivent sauter pour le commentaire spirituel de Zabir qui m’a fait un effet profond. De même que toute la discussion sur la peur et la juste façon de composer avec elle, en réponse bien sûr à une humanité qui vit pétrie de peur dans les basses villes comme l’autruche, a été très éclairante en regard de ma propre vie.
Elle m’a révélé du même coup la dimension spirituelle cachée que porte le livre, car tout en utilisant un contexte fantastique, il devient de plus en plus flagrant que ce qu’il exprime n’a rien de fantaisiste mais se réfère à des réalités précises et rigoureuses applicables à notre monde actuel.

Troisième épisode

♥♥♥♥

L’histoire est toujours aussi intéressante et déroutante, du fait de changer encore de style et d’ambiance, en entrant cette fois résolument dans le dévoilement de la réalité de Mongo où va prédominer la description et l’explication des rouages du monde de la Communication. Mongo et sa communauté de créateurs y occupent une place centrale qui devient clairement une place symbolique ou métaphorique, et son rôle métaphorique majeur m’a positivement impressionnée parce qu’il rend compte en profondeur d’une manière juste et tout à fait surprenante des problématiques et des ambiguïtés propres à la Communication.
Quand on aborde l’architecture de la croissance de Mongo liée aux mutations de conscience des Douze Danseurs accomplis, je me suis sentie plonger dans un fantastique spirituel aux résonances intérieures presque palpables qui restent néanmoins insondables, ce qui produit un effet très intrigant. De même, la description de l’évolution de la Communication en fonction des mutations, tout en demeurant dans le fantastique, sonne terriblement juste et pertinent.

Quatrième épisode

♥♥♥♥

Je continue à mettre quatre cœurs pour clôturer le dernier épisode, car le livre a largement tenu ses promesses en réussissant à entretenir mon intérêt et ma curiosité jusqu’au bout. Si mon enthousiasme a été le plus fort sur le premier épisode, ce qui a pris le relais dans les épisodes suivants, c’est une attirance grandissante envers l’originalité foncière d’un livre qui m’a réservé surprises sur surprises, relançant constamment mon intérêt à travers ses changements de genre et d’atmosphère qui le rendent définitivement inclassable.
Ici la surprise majeure est l’introduction d’un essai politique extrêmement développé que j’ai trouvé très bien intégré à l’ensemble du récit, où le fantastique se marie avec notre réalité socioéconomique présente, tout comme l’enjeu décisif que ce passage représente pour les jeunes Danseurs renvoie au même enjeu décisif pour notre humanité actuelle. Au même rythme que les Danseurs, on y découvre les réalités de l’état du monde cachées par les médias dominants, preuves à l’appui, ce qui rend d’autant plus pertinente la critique de la manipulation des médias élaborée dans les épisodes précédents. De l’imposture de la religion de la croissance jusqu’à la révélation de l’économie de l’attention, en passant par l’escroquerie planétaire de l’empire financier, on bascule de l’autre côté du miroir médiatique pour découvrir une autre réalité qui nous incite à la responsabilité sous une forme d’activisme citoyen.
C’est à l’évidence le moment le plus fort du livre qui donne sa cohérence à tout l’ensemble, mais j’avoue toutefois qu’il ne m’a pas marquée au point de susciter mon engagement dans le mouvement qu’il appelle. C’est sans doute parce que je n’ai que 21 ans, que je n’ai pas encore été confrontée avec le monde du travail et la dure réalité économique, en tout cas, je ne me sens pas trop désireuse de me battre sur ce terrain-là pour le moment.
Du coup, ça reste la dimension romanesque du livre qui m’a le plus emballée dans ce dernier épisode. Suivre l’évolution des personnages, leurs préoccupations et conflits intérieurs, jusqu’à la scène finale très touchante entre Thomas et Carlos qui lui révèle une part de son passé traumatique, c’est ce qui me donne envie de continuer à les suivre dans les prochains épisodes s’il m’était possible de les lire.

Suzanne B.

Suzanne B.- 60 ans – master ingénieur de la formation, conseillère Fleur de Bach
Sensibilité littéraire : Éclectique, classique, poésie

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥♥ 

Épisode 1  ♥♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥ 

Épisode 3 ♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥♥ 

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥♥♥

C’est magnifiquement écrit, simple, fluide, direct, essentiel, où les perceptions tant visuelles qu’émotionnelles s’imposent immédiatement et clairement. Les personnages sont tous attachants, avec une vraie profondeur suggérée, des luttes intérieures qui révèlent leur complexité et leur beauté d’âme. J’adore tout particulièrement la trisaïeule, merveilleux pilier de la communauté, pleine de sagesse dévouée et d’humour.
Les thèmes du livre qui s’annoncent sur ce premier épisode en forme de prologue sont encore nébuleux, ils baignent dans le brouillard entourant le village qui s’épaissit de page en page, accroissant l’intensité de l’intrigue de page en page, et c’est précisément ce qui fait son pouvoir d’attraction exceptionnel. Le style de l’auteure adopte une ligne claire, sans aucun superflu, qui est assurément très travaillé parce que le phrasé est mélodieux, la prose poétique, transmettant un haut degré de sensibilité et de délicatesse.
C’est pourquoi la scène d’amour cru n’a rien de pornographique à mes yeux, parce qu’il n’y a rien de bas dans ce qui s’y passe. Son insolence autant que son vocabulaire grossier restent ludiques, et les ébats des amants témoignent de leur désir de communion qui les plonge finalement dans un amour encore plus vrai et plus profond. Tout en étant touchée par sa force et sa qualité, j’ai néanmoins éprouvé que cette scène était trop longue, non pas en soi, mais parce qu’elle m’a contrainte à me mettre en attente de l’intrigue principale avec le petit Thomas que j’avais hâte de retrouver.

Deuxième épisode

♥♥♥

C’est toujours aussi bien écrit, mais cette fois j’ai buté sur le personnage d’Ungern, « l’ange déchu ». On s’enfonce avec lui dans la noirceur de l’humanité jusqu’à un niveau presque insoutenable, et j’en ai éprouvé un véritable malaise. La question qui s’est alors posée à moi est pourquoi je lis, et la réponse est pour le plaisir, pour m’aventurer dans l’imaginaire aussi bien que pour apprendre quelque chose de nouveau, mais certainement pas pour me faire souffrir ou me démoraliser. Ça a donc été un moment de lecture éprouvant, même si je comprends bien l’intention de l’auteure qui à travers Ungern sonne l’alarme d’un enfer possible pour l’humanité si elle continue de s’enfoncer dans la voie de perdition qui est la sienne aujourd’hui.
Sinon j’aime beaucoup l’amitié qui se noue entre Thomas et Carlos, la façon dont il fait connaissance avec Mongo et le Mongonastère, et le personnage du colosse Zabir chargé de leur instruction qui exprime une profonde sagesse à hauteur d’enfant. Lorsqu’on entame la première description et analyse politique de la Communication, on entrevoit la véritable matière du livre qui révèle l’activisme de l’auteure. Et tout d’un coup, à l’intérieur même d’une pure fiction, on est sensibilisé à des problématiques majeures de notre monde actuel, ce qui produit un effet de surprise déroutant et redouble l’intérêt du récit de savoir où tout cela peut bien mener.

Troisième épisode

♥♥♥

Avec la révélation de Mongo en tant qu’Instrument, se déploie toute la problématique politique de la Communication.
L’abrutissement de masse généré par la capture d’attention addictive virulente, l’ambivalence de la « neutralité » de l’Instrument magnifique qui offre le pire comme le meilleur, et la référence aux croquants comme sommet d’une manipulation généralisée font ressortir d’une manière frappante l’emprise envahissante du pouvoir de la Communication dans notre existence quotidienne.
Ce qui me surprend surtout dans cet épisode, c’est comment l’auteure utilise un contexte fantastique pour mener une analyse rigoureuse des rouages actuels de la Communication qu’elle pousse à leur extrême aboutissement, nous offrant ainsi un regard visionnaire très pertinent et très réaliste des bénéfices comme des fléaux que nous pouvons en récolter en fonction des choix de notre comportement collectif. Et le livre change ici à nouveau de catégorie pour adopter une forme d’expression que je n’ai encore jamais lue ailleurs. C’est comme s’il parvenait à faire fusionner le fantastique avec la réalité, où le fantastique rejoint notre réalité la plus concrète qui en retour retrouve sa part de fantastique, comme s’il nous faisait passer d’un état de résignation impuissante à la fatalité à un réenchantement de notre capacité créatrice à agir sur notre destinée collective pour le meilleur.

Quatrième épisode

♥♥♥♥

Épisode massif, dense, fourmillant d’éclairages déterminants et d’idées neuves, véritable point d’orgue du livre qui a fini par me conquérir totalement.
C’est avec lui que les pièces du puzzle semées dans les épisodes précédents se rassemblent enfin, toutes les clés de lecture sont révélées qui rétrospectivement éclairent les changements de thèmes et de genres littéraires en leur donnant toute leur raison d’être. Et ce qui fait sens et unifie le livre en un tout cohérent, c’est de se retrouver soudain embarqué dans un véritable manifeste politique qui tout en conservant le ton de l’aventure humaine pleine de péripéties, déploie un constat des lieux de l’état catastrophique du monde d’une clarté, d’une justesse et d’une pertinence impressionnantes, pour ensuite sur la base de ce constat, proposer des réponses salutaires appropriées qui sont là aussi d’une incroyable pertinence et crédibilité.

J’ai un passé d’activisme politique pour avoir fait partie de l’équipe qui a mené Catherine Trautmann à la mairie de Strasbourg. Et pour moi, le véritable choc du livre est dans ce manifeste politique tellement novateur qui montre à quel point les politiques gouvernementales de tous bords sont déconnectées des problématiques du véritable pouvoir qui règne sur notre monde et devant lequel elles demeurent par conséquent totalement impuissantes.
Mais là, je découvre des réponses révolutionnaires absolument inédites que je n’ai encore jamais entendues nulle part, des réponses limpides, imparables sur le papier, d’une puissante assise analytique qui les rendent terriblement convaincantes et enthousiasmantes. Nul doute qu’elles ont réveillé ma fibre militante, ce qui se traduit par un désir de faire connaître les idées politiques du livre, de les propager en proposant à toute personne concernée par le devenir de notre monde en grande souffrance de faire l’expérience de la lecture du livre tout entier.
Parce qu’autant il est impossible de se contenter de diffuser un résumé de ces idées sans perdre leur potentiel d’action et de contagion, autant ce dernier épisode rend parfaitement clair la nécessité de passer par l’arme du divertissement comme l’utilise l’auteure. Parce que face au moins pire des mondes possibles auquel les médias dominants nous imposent de nous résigner faute d’une alternative crédible, tout ce dont nous avons besoin, c’est que ces idées révolutionnaires qui conduisent à une issue véritable soient transmises au plus grand nombre possible de consciences jusqu’à atteindre cette masse critique qui enclenchera la révolution en nous redonnant la foi en un horizon ouvert prometteur d’un devenir meilleur pour toute l’humanité.

Luc K.

Luc K. – 55 ans – BTS dessinateur industriel – Electricien bio
Sensibilité littéraire : auteurs hispaniques, Jack London, Hermann Hesse, fantastique

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥♥ 

Épisode 1  ♥♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥♥ 

Épisode 3 ♥♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥ 

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥♥♥

La plus forte impression que je retiens de la lecture de ce premier épisode est à quel point il m’a captivé.
On entre doucement dans un récit écrit sobrement avec charme et simplicité, pas du tout à la manière trépidante des thrillers, et pourtant très vite on est pris dedans et on ne peut plus le lâcher. Pour moi, ça tient autant à l’intrigue qui est vraiment très intrigante, quasi hypnotique, qu’à l’ambiance générale et à l’originalité de l’univers imaginaire qu’il déploie. Ça donne envie de plonger dans cet univers mystérieux en compagnie de ses personnages qui sont tous profondément humains, très touchants et attachants.

Je suis ressorti de ma lecture avec la sensation d’avoir découvert un ton très original, comme si le livre avait une personnalité unique qui ne ressemble à rien de ce que j’ai pu lire précédemment. Mais je suis incapable de dire d’où ça vient exactement, car le texte reste classique dans sa forme, sans effet de style particulier pour chercher à se distinguer, à la différence de tant de nouveaux auteurs pour qui c’est véritablement un tic de vouloir faire l’original à tout prix, alors que chez eux ça sent l’effet artificiel à plein nez.
Par contre, j’avoue avoir été hermétique à la longue scène des ébats sexuels entre Ambre et Djack. Je n’ai pas compris ce qu’une scène aussi crue faisait à l’intérieur du récit. Je l’ai vécue comme l’intrusion d’un autre niveau de sollicitation explicitement érotique auquel je n’avais pas envie de me brancher, tant je voulais rester dans l’atmosphère sensible et attentionné du livre. Du coup, j’ai trouvé cette intrusion érotique pénible et impudique. Mais dès que j’en suis sorti, j’ai reconnecté immédiatement avec le cours du récit initial qui m’est apparu encore plus intense, sensible et touchant, chargé d’émotions vraies jusqu’à son dénouement absolument poignant.
A cause de ce bémol, je pourrais me limiter à trois cœurs, mais je tiens tout de même à en donner quatre, car ce livre contient indéniablement une force de vie exceptionnelle qui a su m’entraîner et me procurer un vrai bonheur de lecture.

Deuxième épisode

♥♥♥♥

Évidemment, je me réjouissais de pouvoir poursuivre l’aventure du 1er épisode qui m’a si bien captivé. Et là, je dois dire qu’au niveau accroche, ça a été encore pire que le premier. Je me suis retrouvé à le dévorer dans mon lit sans pouvoir le lâcher jusqu’à ce que je sombre écrasé de sommeil le livre entre les mains.
Dans cet épisode, la magie de l’imaginaire opère à nouveau en nous entraînant dans un autre univers complètement différent du premier. C’est à ce moment-là que le livre commence véritablement à se déployer en nous faisant comprendre qu’il n’a pas été rédigé au petit bonheur mais est construit sur une solide charpente qui a été mûrement réfléchie.
On pénètre dans l’univers sombre pressenti dans le 1er épisode qui est vraiment glauque et sinistre, en contraste avec l’univers lumineux de Mongo réservé à une élite. Le décor est posé sur ces deux mondes que tout oppose où va manifestement se jouer un combat sans pitié entre les forces de lumière et les forces obscures.

Quand on quitte le monde horrible des basses villes pour retrouver le cirque paradisiaque du Mongonastère, j’ai ressenti un véritable soulagement. L’expédition des deux enfants dans la nature sauvage m’a fait penser à Hoffman où le magique rejoint la réalité, quand l’esprit s’incarne dans des formes d’une beauté surprenante. Les leçons du sage Zabir dispensés à Thomas et Carlos nous invitent à une lecture plus méditative tournée vers la quête de soi, et le ton m’a cette fois fait penser à Hermann Hesse avec sa respiration lente et profonde propre aux romans initiatiques.
J’ai terminé cet épisode sur une lecture plus sereine comparée à mon excitation initiale de dévorer l’histoire pour savoir où tout cela mène. J’en sors avec encore plus d’interrogations et d’énigmes. Que sont donc les boules noires, les cubes gris, Mongo et sa toute-puissance ? Qu’est-ce qui les lie entre eux ? L’intrigue devient de plus en plus métaphysique, et je commence à me laisser porter par cette atmosphère de mystère en acceptant de voyager dans les brumes du récit sans chercher à tout prix à en être éclairé. Mais j’ai quand même hâte de plonger dans la suite du livre pour poursuivre l’aventure et aller à la rencontre de ce mystère toujours plus épais.

Troisième épisode

♥♥♥♥

Surprise des surprises, le mystère de Mongo est dévoilé d’un seul coup, comme s’il était complètement mis à plat après nous avoir fait mousser durant plus de 400 pages. Avec lui ce sont les clés de lecture du livre qui nous sont livrés en nous révélant que les brumes n’étaient qu’apparentes, car on découvre que toutes les scènes qu’on a lues jusqu’ici sont liées entre elles par des liens nécessaires à l’ensemble, que rien n’était fantaisiste ni gratuit. Et cette découverte de la construction cachée du livre qui est comme la vision d’une cathédrale longuement travaillée et ciselée est ce qui m’a le plus impressionné dans ce court et dense troisième épisode.

Quatrième épisode

♥♥♥

La densité du contenu s’élève encore, et cette fois sur le plus long volume, extrêmement développé et approfondi. Ici, j’ai bien senti que la lecture devient plus exigeante, requiert une attention soutenue et un désir de s’instruire pour comprendre les enjeux de politique-fiction que le livre revendique.
Cet épisode surprend à nouveau par sa différence qui le distingue des précédents. Il se permet une véritable cassure du récit romanesque dans lequel on était entraîné avec jubilation pour ouvrir une longue parenthèse théorique qui nous sort provisoirement du roman. Je perçois bien que c’est une façon de prendre du recul sur l’aspect de pur divertissement du roman pour l’intégrer à notre réalité sociale et politique, ce qui nous invite à un regard personnel sur notre propre vie et responsabilité de citoyen afin de nous sentir plus impliqués au moment de reprendre le cours de l’aventure romanesque.
Mais je dois reconnaître que ça n’a pas fonctionné avec moi, car tout ce qui est politique, même anticipatoire, ne m’attire vraiment pas. Je me suis retrouvé à survoler une trentaine de pages concernant la finance, sujet des plus indigestes à mes yeux, avant de pouvoir replonger avec plaisir dans les dialogues et les évolutions intérieures des personnages qui eux restent toujours aussi vivants et prenants.

En fait, cette cassure du flux romanesque m’a rappelé « Guerre et Paix » de Tolstoï qui est un roman magnifique que j’ai adoré, sauf pour ses longues parenthèses théoriques qui pour moi sont plutôt pesantes qu’enrichissantes. Dans ce 4ème épisode de L’Appel de Mongo, c’est la même chose avec cette grande différence que ça passe quand même beaucoup mieux parce que c’est complètement intégré à l’enjeu du livre, et qu’on ne voit pas comment on pourrait le retirer sans perdre le sens de tout ce qui suit. Bref, ce n’est pas un défaut du livre que je soulève ici, mais ma réaction subjective d’allergique à la politique et à la finance.
Ceci mis à part, tout le reste est vraiment magistral de construction et de profondeur psychologique. Les cas de conscience et les cheminements intérieurs du Dicteur et des deux Danseurs sont superbement exprimés, ils s’enchaînent et se répondent par des mouvements nécessaires qui les rendent extraordinairement réalistes dans un contexte fantastique. Surtout la chute du Dicteur, ce puits de science qui craque en reconnaissant qu’il ne sait rien, est un véritable coup de théâtre dans sa dimension spirituelle que j’ai trouvé très forte.
Je termine ma lecture des quatre épisodes sur une légère baisse d’enthousiasme mais avec un désir intact de me plonger dans les épisodes suivants pour aller au bout de l’aventure de ce livre monumental sur tant d’aspects. Je me sens aussi privilégié d’avoir eu la faveur de découvrir le manuscrit de L’appel de Mongo avant tous les autres, car un livre maîtrisé de bout en bout de cette envergure, de cette puissance, de cette finesse et de cet attrait, je n’en vois pas d’équivalent aujourd’hui, et à mon avis il est appelé à connaître un succès considérable dans les années à venir.

Eiriléna L.

Eiriléna L. -18 ans – terminale et conservatoire de danse, ressortissante grecque depuis 2 ans
Sensibilité littéraire : Théophile Gautier, H. Potter

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥♥ 

Épisode 1  ♥♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥ 

Épisode 3 ♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥♥ 

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥♥♥

J’ai adoré, j’ai hâte de lire la suite, c’est trop bien.
L’écriture est superbe, simple et fluide, captivante, très émouvante et très vivante, on visualise tout de suite les scènes et les situations.
Les personnages sont tous forts et attachants, on n’a pas envie de les quitter.
La scène de sexe ne casse pas la relation romantique entre Ambre et Djack. Elle la rend au contraire plus intense et profonde en les confrontant à la violence de la pulsion sexuelle qui les amène à dépasser leur volonté de domination liée à leur peur de l’autre sexe.
Je me suis fort identifiée au destin de Thomas doué pour la danse qui va quitter sa mère pour suivre une éducation appropriée à son don, car c’est aussi ce que je me prépare à faire pour intégrer une école de danse aux USA. Ce qui excite d’autant plus ma curiosité de découvrir le mystère de Mongo et ce qui attend Thomas.

Deuxième épisode

♥♥♥

Il est bien différent du premier et j’ai d’abord été un peu déçue de ne pas y trouver ce que j’attendais : une sorte d’école de danse en apprenant en plus qu’il n’y a pas de filles chez Mongo. Puis je me suis fait au nouveau contenu du livre où l’on quitte l’atmosphère bienheureuse du village pour plonger dans un monde sombre, cruel et triste qui nous rappelle à la dure réalité. J’ai commencé aussi à comprendre que le livre est plus qu’une évasion dans un monde imaginaire, parce qu’il contient des éclairages qui sont là pour nous aider à mieux comprendre notre monde actuel, ainsi que des leçons de vie qui peuvent nous aider à affronter nos difficultés personnelles, comme l’explication sur la peur imaginaire et la peur réelle que je trouve très juste et bénéfique. Alors si j’ai été déroutée par ce deuxième épisode qui ne correspond pas à mes attentes initiales, ce qu’il apporte d’autre me donne toujours envie de continuer la lecture.

Troisième épisode

♥♥♥

Il est à nouveau différent des deux autres. Cette fois, on découvre qui est vraiment Mongo, mais s’il est présenté d’abord comme un simple Instrument, son aspect mystérieux réapparaît quand on comprend qu’il porte en lui la conscience des Danseurs accomplis. Mongo me fait alors plutôt songer à une représentation métaphorique de notre conscience intérieure dotée d’un potentiel infini qu’il nous appartient de réaliser, ce qui revient à réaliser le destin de notre désir profond que l’on porte en soi et qui est le chemin difficile du sacrifice qui est attendu de Thomas. Cet épisode se lit également très bien, avec clarté, il captive à nouveau par la surprise de sa différence et me donne toujours envie de continuer la lecture.

Quatrième épisode

♥♥♥♥

Avec ce dernier épisode, j’ai retrouvé l’enthousiasme du premier épisode qui m’avait si bien absorbée et conquise mais d’une façon complètement différente. J’ai été à nouveau surprise par son originalité qui le distingue encore des autres. Je ne m’attendais pas du tout à entrer dans cette longue analyse politique qui m’a fait m’éloigner du roman pour y découvrir des réalités concernant notre monde aussi passionnantes si pas plus.
Je ne savais rien de l’envers catastrophique du décor de la religion de la croissance qu’on nous prêche sans arrêt dans les médias, ni de la création monétaire fondée sur la dette qui est donc irremboursable par définition, alors que les médias nous rabâchent le contraire en nous faisant croire que le peuple doit se serrer la ceinture pour la rembourser parce qu’on serait trop dépensier. C’était pour moi la première claque, comme si je voyais tout d’un coup le mensonge permanent que diffuse la télé, alors qu’auparavant je n’y faisais pas attention et en tout cas je ne pensais pas que c’était à ce point-là. Le gros avantage de la longue analyse politique est qu’elle se lit comme une aventure humaine passionnante, avec plein de retournements au niveau des idées, que toutes les explications sont claires, développées à fond de façon à ce qu’on comprenne bien de quoi il retourne.
On n’a alors plus aucun doute sur l’origine et la responsabilité du désastre qui s’annonce, mais au lieu d’en rester sur ce constat sinistre, ce que le livre a de plus fort, c’est qu’il part de son analyse rigoureuse et approfondie du désastre pour proposer des réponses positives qui sont tout aussi rigoureuses et détaillées. Ça les rend tellement crédibles qu’elles redonnent un espoir formidable dans notre avenir, et c’est là que le livre redevient si enthousiasmant.

En même temps ce passage permet de comprendre le rôle de préparation des épisodes précédents. Alors qu’on ne voyait pas trop bien pourquoi ils partaient dans des directions différentes, tout s’éclaire, on découvre leur place nécessaire dans l’ensemble, comme le thème de la mixture onctueuse de la réalité fictive diffusée par les cubes qui apparaît dans le deuxième épisode et qui rend soudain terriblement percutante la communication hégémonique des puissances régnantes présentée dans nos médias comme le spectacle vivant de l’unique réalité.
Après cette longue leçon de l’état du monde et de ses remèdes possibles, on retourne dans la vie du roman et de ses personnages avec cette impression qu’on ne les a pas vraiment quittés, parce que la leçon fusionne avec l’enjeu des Danseurs qui doivent l’intégrer pour accomplir l’exploit de libérer l’humanité, tout comme elle fusionne avec ma propre réalité de citoyenne qui doit tout autant l’intégrer pour contribuer moi aussi à cet accomplissement collectif. Et c’est comme si le livre se terminait sur cette apothéose où en m’identifiant à nouveau aux héros, je me sens investie de leur courage héroïque dans un monde fantastique qui a rejoint mon propre monde, le monde de la réalité qui ne m’écrase plus et ne me laisse plus impuissante parce qu’il est désormais réenchanté par notre merveilleux pouvoir d’être humain d’agir sur lui pour le meilleur.

Claude M.

Claude M. – 55 ans – master 2 sciences de l’éducation, formateur
Sensibilité littéraire : les classiques et la haute littérature, Modiano

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥♥ 

Épisode 1  ♥♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥♥ 

Épisode 3 ♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥♥ 

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥♥♥

Ce premier livre installe d’emblée une atmosphère irréelle, difficile à situer dans le temps, d’une communauté vivant en autarcie. En témoignent l’irruption des cavaliers qui permet d’introduire le personnage clé de Djack, l’épisode de la fête bienheureuse (où l’on relève un caractère très exacerbé de l’écriture mais qui rend bien compte de sa dimension surréelle ou hypersensible), l’expérience du jeûne où se mêlent fantastique, spiritualité et science médicale rigoureuse, et bien sûr le cœur de l’intrigue fondé sur le mystère de Mongo au parfum métaphysique et incarné par le conflit moral insoluble que va endurer la mère de l’enfant élu, drainant une intensité dramatique tout au long du récit pour atteindre son paroxysme dans le dénouement final.
Cet aboutissement m’incite à mettre quatre cœurs sans hésitation, parce que j’ai été emporté par l’énergie du récit en le lisant pratiquement d’une traite jusqu’au bout, et que je n’ai pas été heurté au cours de ma lecture par des faiblesses ou des défauts d’écriture. Pour tout dire, j’y ai pris un grand plaisir et ce n’est qu’à la fin, lorsque j’ai refermé le livre, que j’ai réalisé que le développement de l’intensité dramatique et du flux émotionnel qui paraissent évidents sur le moment en raison de la grande fluidité et facilité de lecture, relève en réalité d’un art très maîtrisé.

Deuxième épisode

♥♥♥♥

Par esprit de tolérance, je suis ouvert à tous les courants de pensée, y compris spiritualiste, bien que je ne m’y sente pas trop à mon aise pour avoir une sensibilité plutôt matérialiste et terre à terre. Or le second volet prend très vite une tonalité spirituelle dans laquelle je ne me suis pas senti en résonance et qui m’a parfois paru difficile d’accès. Je pense à l’épisode initial situé dans le Cirque, où j’ai eu le sentiment d’être projeté dans le genre spécifique du roman d’initiation, avec l’enseignement qu’y délivre Zabir à Thomas et Carlos renouvelé à la fin du livre et où l’on peut noter des références parfois obsédantes aux notions d’harmonie et de contemplation. J’ai tout de même été réceptif au propos sur la « conscientisation du corps » qui développe une idée passionnante et qui me convainc que le reste doit probablement l’être tout autant, pour autant que l’on ait la capacité d’y avoir accès.
L’intensité dramatique ne faiblit toutefois pas. Avec l’irruption du personnage très noir d’Ungern, incarnation du mal absolu, nous nous retrouvons soudain plongés dans la thématique du pouvoir médiatique dans le monde de la Communication, développant en particulier l’idée d’une vérité maquillée et reconstruite destinée à « endormir » le peuple. Là, le récit devient beaucoup plus captivant, surtout dans la façon dont l’auteure utilise tout un univers symbolique et métaphorique pour mettre en relief des réalités actuelles du monde de la Communication auxquelles nous sommes confrontés et qui sont tout à fait judicieuses et pertinentes.

Troisième épisode

♥♥♥

Là encore, même remarque que dans le précédent volet. Les passages spirituels me laissent dans un état un peu vaporeux et perplexe, tandis que j’adhère de plus en plus à l’analyse sociétale de ce monde de la Communication qui est bien entendu déjà le nôtre. Avec une richesse métaphorique qui commence à livrer tous ses secrets à travers le dévoilement du mystère de Mongo en tant qu’Instrument, on assiste à un démontage des rouages de la Communication qui est une fois de plus extrêmement judicieux et pertinent.

Quatrième épisode

♥♥♥♥

Cette fois, j’accorde à nouveau volontiers quatre cœurs pour ce dernier épisode, et je les mets également à l’ensemble du livre pour son caractère très novateur qui rompt avec ce qui peut nous être proposé dans la majeure partie de la littérature contemporaine.
La grande force de ce dernier épisode tient assurément à l’immense leçon délivrée par le Dicteur aux deux jeunes Danseurs. À travers elle, le lecteur retourne lui aussi à l’école pour parcourir un panorama complet de l’état du monde avec les puissances majeures qui l’animent. Elle nous fait passer de l’autre côté du miroir médiatique, faisant ressortir les manipulations dénoncées dans les épisodes précédents avec encore plus de force, pour nous plonger dans une vision de la réalité basée sur les faits en opposition à ce qui relève d’un fantasme collectif entretenu par les médias dominants afin de masquer ces faits dérangeants. C’est du moins ce que le lecteur découvre au cours des pages, et j’avoue que j’ai été moi-même désarçonné par ce que j’ai appris que j’ignorais, et je me suis empressé d’aller vérifier ces faits dérangeants sur Internet… qui se sont tous avérés exacts. L’impact a été assez déstabilisant, surtout concernant le mythe de la croissance dénoncé par l’auteure, cette croyance en la croissance productive adorée comme une divinité qui serait la clé de la prospérité et du bonheur et que tous les médias et gouvernants ne cessent de rabâcher, alors que dans les faits elle est la cause de la souffrance et de la misère de l’humanité.
Ce livre a eu le pouvoir de me remettre en question, alors que j’étais moi-même un adorateur de la croissance depuis tant d’années. Mais il ne se contente pas de dénoncer le dysfonctionnement, il propose également d’y remédier, alliant à la vision désespérante de la catastrophe planétaire dans laquelle nous nous enfonçons la vision d’une issue possible enthousiasmante. Aussi le grand mérite que je reconnais à l’auteure est d’avoir su produire cette fable politique, parfois lourde à digérer dans sa complexité et son foisonnement d’informations neuves mais qui s’avèrent nécessaire à son procédé didactique. Car elle diffuse une lumière à l’intérieur des ténèbres qui fait naître chez le lecteur l’envie de réfléchir à de nouvelles utopies et s’extirper ainsi de la résignation collective « au moindre mal » quotidiennement véhiculée sur nos médias par les discours dominants.

Maïté Z.

Maïté Z. – 25 ans – designer textile
Sensibilité littéraire : très éclectique, fantastique, spiritualité laïque, Eckart Tolle

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥ 

Épisode 1  ♥♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥♥ 

Épisode 3 ♥♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥ 

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥♥♥

C’est un premier épisode singulièrement efficace, qui permet de poser le personnage « appelé » au travers du regard de sa mère et de sa communauté utopiste. Quant à Mongo, s’il est capable de briser la mémoire de quelqu’un, aurait-il pu rendre Thomas malade pour forcer Ambre à le lui donner?
Tout cela donne très envie d’en savoir plus sur l’ordre ancien et très secret de Mongo et pour voir si Thomas tient sa promesse.
Le style est simple mais non simpliste, souvent à fleur d’émotion, pour porter un récit qui lui est très subtil dans ses entrelacements et ses arrières-plans suggérés. On est très rapidement et très ingénieusement happé dans l’histoire qui nous absorbe si bien qu’on ne peut plus s’arrêter de lire. Le « personnage » de Mongo se montre à la fois mystérieux, mystique et effrayant. On compatit avec Ambre et sa volonté de ne pas perdre son fils, même si on sait qu’elle n’a aucune chance de pouvoir le garder. Je n’ai pas pu m’empêcher de verser une larme sur le dénouement qui est vraiment poignant.
En résumé c’est un récit saisissant, qui a la particularité de faire plonger le lecteur dans un univers très particulier en seulement quelques pages. On y vit un véritable ascenseur émotionnel qui nous fait passer des sensations les plus archaïques aux plus pures. Il nous surprend ainsi avec la scène érotique intense qui résume les rapports primaires et profonds entre l’homme et la femme, pour ensuite retourner dans toute la délicatesse et la sensibilité poétique qui enveloppent la destinée de l’enfant mystérieux. Le lecteur est mis à l’épreuve, mais il ne peut pourtant pas lâcher le récit tant il est tenu en haleine.

Deuxième épisode

♥♥♥♥

L’Appel de Mongo dans ce deuxième épisode révèle un récit saisissant, qui a la particularité de faire plonger le lecteur dans un univers très particulier en seulement quelques pages. Ce que je retiens avant tout ici est la fluidité du style, le fait de pouvoir engloutir des pages et des pages en se laissant totalement absorber et sans pouvoir s’arrêter. L’univers que propose l’auteure est singulier et complexe, mais elle nous laisse le découvrir au fur et à mesure de la lecture avec une limpidité efficace.
Cet univers est le miroir grossissant de notre monde. On y découvre des aspects très sombres, futuristes et inquiétants, et  à la fois des expériences qui nous ramène aux sensations des plus archaïques et les plus pures. On y vit un véritable ascenseur émotionnel, passant d’une scène érotique intense résumant les rapports primaires et profonds entre l’homme et la femme à l’exploration de la sagesse par des enfants qui suivent une formation mystérieuse, tout en subissant d’autres passages très oppressants moralement. Le lecteur est mis à l’épreuve, mais il ne peut pourtant pas lâcher le récit tant il est tenu en haleine.
Ce récit est vraiment une belle réussite et annonce une suite toute aussi prometteuse. On a hâte de découvrir la suite !

Troisième épisode

♥♥♥♥

Ce troisième épisode permet d’entrer dans une réelle compréhension du monde dépeint, avec un recul dont ne disposait pas précédemment le lecteur. Tout à coup, tout s’éclaire, tout prend son sens, et on se met alors à se poser des questions de plus en plus pertinentes, à la fois sur l’histoire, mais aussi sur notre propre réalité. Car la métaphore de notre monde se fait de plus en plus criante et appelle à le voir d’un oeil nouveau, plus perspicace. Les questions que l’on se pose dépassent donc la simple compréhension de l’histoire. Elles concernent la place de Dieu, d’Internet, du pouvoir, de la vérité au sein de l’humanité… Le lecteur est toujours autant tenu en haleine et est souvent confronté à ses propres angoisses, ses propres perversions. L’initiation suit son cours, de manière toujours plus intense.
La lecture est toujours aussi limpide, les descriptions cinématographiques, et les personnages profonds et attachants.

Quatrième épisode

♥♥

J’ai terminé la lecture du quatrième épisode, et je suis un peu déçue… J’ai trouvé les passages racontés par le Dicteur un peu longs et trop éloignés de la fiction. Je comprends qu’il était important d’exposer un parallèle avec la dimension socio-économique de notre monde contemporain à cet endroit, mais ce qui m’a un peu gênée, c’est que d’un coup ces passages sont devenus tellement proches de notre réalité qu’on avait l’impression de quitter l’histoire. Or ce que j’aime justement dans ce genre de récits de science fiction, c’est de savoir qu’il y a des parallèles avec la réalité mais qu’ils sont déguisés pour donner cette distance intéressante au lecteur et souligner d’autant mieux l’absurdité et les aberrations de notre monde…
Par exemple finalement, seuls les croquants et les cubes sont nommés différemment des éléments de notre monde, alors que bien d’autres choses auraient pu être « exotisées » à mon goût.
Par contre la relation avec les jeunes et le Dicteur est toujours très intéressante, et leur combat intérieur à chacun aussi. Le dernier grand chapitre relance à nouveau l’intensité vivante du récit. Il expose la crise de doute du Dicteur suivie de sa libération par l’abandon à la paix intérieure d’une manière très surprenante, crédible et profonde.

Fanny V.

Fanny V. – 22 ans – licence de psychologie, étudiante BTS commerce
Sensibilité littéraire : éclectique, classiques, A. Nothomb

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥

Épisode 1  ♥♥♥

Épisode 2 ♥♥♥

Épisode 3 ♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥♥

J’ai beaucoup aimé bien que le fantastique ne soit pas un genre que j’apprécie particulièrement.
Ce premier épisode ne peut à l’évidence pas se lire comme un roman à part entière, parce qu’il suscite tout un monde de mystères à explorer dans les épisodes suivants qu’on ne peut absolument pas en rester là.
J’ai plongé très agréablement dans le récit qui se visualise naturellement sans effort. Les personnages s’imposent tout de suite dans leur expression propre, ils deviennent vite familiers et attachants, mais ils sont encore difficiles à cerner à ce stade de la lecture, en dehors du vieux Dicteur dont le visage austère imprime clairement sa personnalité. Le style est clair et simple, les dialogues très naturels et dynamiques.
J’ai juste décroché avec la scène de la transe, ce qui n’est pas une critique en soi mais parce que je suis personnellement hermétique au psychédélisme. Autrement la scène d’amour très crue me paraît au final bien à sa place dans l’histoire. Elle m’a d’abord déroutée, ébranlée, interpellée, puis j’ai trouvé qu’elle mettait de l’authenticité et de la profondeur dans la relation des amants qui au départ était un peu fleur bleue et platonique, faisant alors émerger plein de questions sur l’interaction obscure entre les sexes.

Deuxième épisode

♥♥♥

J’aime toujours autant et j’ai toujours autant envie de poursuivre la lecture.
Je retrouve avec plaisir les mêmes qualités d’écriture du premier épisode : récit prenant qui se visualise aisément, personnages forts et expressifs, changements de situation et rebondissements qui relancent constamment l’intérêt, intervalles pédagogiques qui enrichissent les événements du récit en exposant des idées novatrices avec clarté et profondeur.
J’espérais découvrir dans ce deuxième épisode ce qu’il allait advenir de la mère de Thomas, si celui-ci allait tenir sa promesse et retrouver la petite Cerise. Mais on quitte résolument l’univers du village pour plonger dans deux autres univers parallèles, le Mongonastère et les basses villes, qui donnent alors au livre une amplitude considérablement élargie. Car le développement de ces autres univers qui s’ignorent les uns les autres semble préparer leur rassemblement dans quelque chose de beaucoup plus vaste qui se profile à l’horizon. Et après avoir assimilé cette longue préparation, j’ai hâte maintenant qu’elle porte ses fruits en me dévoilant les clés du mystère qui me permettront de comprendre l’interaction de tous ces univers entre eux.

Troisième épisode

♥♥♥

On change encore de registre en s’éloignant de la dimension romanesque pour entrer dans un épisode résolument explicatif, et c’est vraiment bienvenu, comme s’il arrivait à point pour éclairer tous les éléments nébuleux des épisodes précédents en dévoilant leur raison d’être et leur lien avec l’édification de Mongo. Et ça devient encore plus captivant quand on comprend rétrospectivement que toute l’intrigue tient la route en obéissant à une architecture très élaborée mise en place depuis le début de l’histoire. Mais malgré toutes les explications données sur la réalité de Mongo, celui-ci garde une part indéfinissable et inaccessible qui renforce encore sa présence mystérieuse.
Avec la description du monde de la Communication, du fonctionnement des cubes, de la manipulation des croquants, on touche à un univers plus métaphorique que fantastique qui met en relief d’une manière extrême une réalité du pouvoir de la Communication qui est déjà la nôtre. Et j’ai trouvé que c’était là le plus bel effet de cet épisode, car il nous fait voir à la loupe des fonctionnements auxquels je ne faisais pas trop attention, et qui se révèlent terriblement justes et percutants.

Quatrième épisode

♥♥♥

J’ai commencé à m’habituer au changement de registre à chaque épisode, mais là j’avoue qu’il atteint un sommet dans la nouveauté qu’il propose et qui clôture magnifiquement le livre. Avec ce dernier épisode, je suis encore plus impressionnée de découvrir la cohérence de tout l’ensemble, une cohérence qui ne se situe pas seulement au niveau du récit mais qui intervient également à d’autres niveaux, principalement en reliant le fantastique à notre réalité présente où tout d’un coup la mise en œuvre de tous les développements antérieurs révèle son sens caché d’activisme politique.
La grande originalité et l’audace de ce dernier tome est qu’il rompt carrément avec l’ambiance romanesque des tomes précédents en prenant une tournure socio-économique qui met de côté l’histoire des personnages. L’Œuvre de Mongo y apparaît comme un mouvement libérateur de l’humanité au sein du monde de la Communication, et bien qu’à travers elle on ne quitte jamais complètement le contexte fantastique, on assiste à une analyse de l’état actuel de notre monde très pointue, rigoureuse, détaillée, approfondie et encore plus originale dans ses propositions qu’elle rend tout l’ensemble terriblement crédible et captivant.
J’avoue que c’est ce qui m’a le plus marquée du livre et que j’ai le plus aimé au final. Je pense néanmoins que ce procédé ne doit pas être au goût de tous les lecteurs, notamment ceux qui abordent le livre comme un roman sans se sentir concernés par son côté sociétal. Parce qu’il occupe une très longue place dans ce tome, ils risquent peut-être de décrocher sans avoir la patience d’attendre de renouer avec l’intrigue romanesque qui est pourtant bien au rendez-vous au bout de cette longue leçon de politique-fiction passionnante. Elle termine le livre en relançant l’imaginaire du lecteur sur un horizon radieux possible pour l’humanité, à condition que nous agissions collectivement en retrouvant la foi en notre pouvoir d’être humain d’accomplir l’impossible, ce pouvoir véritablement divin qui a poussé l’homme des cavernes à voler le feu des dieux avant de parvenir à conquérir la lune.

Marie J.

Marie J. – 50 ans -DEA Sciences de l’éducation, professeure de religion en collège
Sensibilité littéraire : Stendahl, Voltaire

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥ 

Épisode 1  ♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥

Épisode 3 ♥♥♥

Épisode 4 ♥♥♥

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥♥

L’histoire est très agréable à lire, se mémorise bien et reste clairement en tête. Dès que j’ai été prise dans le récit, j’ai eu du mal à le lâcher jusqu’à la fin. Le style est fluide et poétique, chaleureux.
Les personnages sont touchants et attachants, tous positifs et d’une grande humanité. Leur interaction a une forme de pureté et d’innocence, à partir des enfants, mais aussi entre Ambre et Djack jusque dans leur ébat sexuel car s’il est crûment exprimé, il n’a rien de malsain mais révèle la profondeur de leur attirance mutuelle. La sagesse de la trisaïeule fait bien sentir qu’elle est le pilier inébranlable de leur communauté.
La vie au village ressemble à un paradis où je voudrais demeurer.
La fonction sociale et salvatrice de la fête de l’An Neuf est très juste et très bien vue. Elle me rappelle les fêtes de carnaval et de vaudou de mes origines antillaises, où notamment des femmes masquées prennent leur revanche sur les hommes en choisissant et « chauffant » celui qui leur plaît, ce qui donne une pertinence particulière à la scène sexuelle comme défouloir des inhibitions.
J’ai très envie de me plonger dans la suite du livre pour découvrir ce qui va advenir des personnages : l’enfant que porte Ambre, si Thomas va tenir sa promesse, et quelle est la nature du mystérieux Mongo.
Seule remarque négative : le manque de virgules sur de nombreux passages. Comme je chante des Gospels, j’ai l’habitude de lire à voix haute, et j’ai trouvé que beaucoup de virgules manquaient pour bien scander le texte.

Deuxième épisode

♥♥♥

Ça se lit toujours très bien. L’apparition de nouveaux personnages et de nouvelles situations relance la dynamique du livre qui de ce fait reste captivant. Le moment où Thomas « lâche prise » face à Mongo dans la cellule de transfert, ce qui déclenche sa première communication, m’a fait un effet profond. La noirceur des basses villes est oppressante, le personnage « déchu » d’Ungern avec Tombola et les esclaves sexuelles décrivent des comportements poussés à l’extrême mais qui n’évoquent que trop bien l’attitude générale des humains dominés par la peur qui reste la plus répandue sur terre.
Dès qu’on quitte la scène de torture finale pour retrouver le cirque majestueux avec les deux enfants, on respire enfin. L’évocation de la beauté de la nature et la communion des enfants avec elle m’évoque les béatitudes que j’aurais aimé mieux connaître dans ma propre enfance. À la fin de l’épisode, l’apparition de la petite Mafat liée mystérieusement à l’ondine (la fée d’eau, la fontaine d’amour) que Thomas rencontre dans la cellule de transfert dans sa nouvelle communication avec Mongo, laisse présager qu’elle va avoir une certaine importance dans la suite du livre, ce qui ajoute une nouvelle intrigue attirante, d’autant qu’elle m’apparaît comme un écho de la petite Cerise.

Cette fois, le manque de virgules ne m’a plus dérangé, dès lors que j’ai intégré que ce n’est pas une faute mais un choix intentionnel de l’auteure dans sa manière de scander le texte.

Troisième épisode

♥♥♥

Ça se lit toujours très agréablement. Je reste surprise par l’originalité foisonnante et la richesse d’imagination qui continuent de se déployer, mais ce que cet épisode a en plus, c’est que ce foisonnement qui pouvait donner l’impression de s’égayer au petit bonheur se rassemble maintenant à travers la révélation du mystère de Mongo pour nous faire découvrir sa cohérence profonde. À travers la description approfondie de Mongo en tant que Maître de la Communication, un éclairage se produit sur ce qui restait confus dans les épisodes précédents en liant tous les événements entre eux. Elle nous fait réaliser que toute cette imagination débordante obéit depuis le début à un plan mûrement réfléchi où rien n’est laissé au hasard, et c’est pour moi la plus grande surprise du livre.
Je n’ai pas trop accroché à toute la partie critique et explicative sur la manipulation des croquants et de la Communication derrière eux, cela sans doute parce que je ne me sens pas trop concernée, n’ayant jamais voulu de télé et zappant systématiquement la publicité quand je tombe dessus.
Ce qui m’a le plus accrochée est la présentation des règles de conduite et de l’éthique appliqués à la communauté monastique, ainsi que tout ce qui évoque le monde spirituel. Les Trois Règles de Mongo dont son Silence sont comme des attributs déguisés de Dieu, la démonstration de la suprématie du libre arbitre sur notre conditionnement est originale dans son propos et très convaincante. En tant que théologienne, ces thèmes me sont familiers et j’apprécie d’autant plus de les voir traités ici avec une grande rigueur dans un contexte fantastique.
Enfin je me suis réjouie d’apprendre à la fin du livre que la mère de Thomas s’était bien remise de son départ, qu’elle avait une fille avec Djack, car je continuais de me préoccuper de son sort.

Quatrième épisode

♥♥♥

Le fait d’entrer dans la longue analyse politique m’a fait décrocher du contexte romanesque du livre auquel je m’étais attachée, pour n’y revenir que bien plus tard où à partir de là je n’étais plus en mesure d’anticiper la suite du récit, m’obligeant à rompre ma tendance à imaginer le futur des personnages et des situations.
Passé cette impression déroutante où j’attendais tout de même de revenir à la dimension romanesque qui m’imprégnait si bien, j’ai été peu à peu séduite puis conquise par cette longue analyse politique qui m’a appris énormément de choses de manière claire et concise. La racine de la dette, l’impasse de la croissance, la toute-puissance de l’empire financier, la fin inéluctable du travail productif, le pouvoir de l’audimètre, autant de thèmes dont j’avais vaguement entendu parler mais qui ici sont explicités en profondeur dans toutes leurs implications, ce qui me permet à présent d’en avoir une compréhension globale intégrée aux enjeux décisifs actuels pour l’humanité.
On en ressort avec un éclairage lucide qui chasse le brouillard du marasme planétaire empreint de fatalité en désignant clairement la racine des principaux maux qui nous affligent et les remèdes que l’on peut leur appliquer. Évidemment, tout cela invite à une forme d’activisme et de sens de la responsabilité plus engagé dès lors qu’on est convaincu de la crédibilité des remèdes. Je trouve cependant toujours aussi difficile d’y mettre de l’enthousiasme tant l’obstacle semble insurmontable, la force négative à l’œuvre dans le monde si puissante et omniprésente.
Du coup, j’ai adoré le passage sur l’art et la musique classique qui offre un contraste réjouissant et décontractant face à l’horreur du monde. Le propos original sonne très juste et donne une bouffée d’espoir en l’humanité en nous rappelant la beauté du pouvoir créateur humain.
Enfin, quand j’ai renoué avec la dimension romanesque en retrouvant l’intensité dramatique des personnages, après avoir été pénétrée de leur tourments et de la chute du Dicteur suivi de sa résurrection, c’est comme si le souffle de leur combat pour le bien m’avait traversée en me communiquant un peu de leur enthousiasme et de leur foi en la victoire, le livre s’achevant fort heureusement sur un horizon confiant ouvrant sur une nouvelle espérance.

Odile K.

Odile K. – 50 ans – professeure agrégée de mathématique
Sensibilité littéraire : littérature classique, « Guerre et Paix »

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥

Épisode 1  ♥♥

Épisode 2 ♥♥♥

Épisode 3 ♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥

Je me contente de deux cœurs pour le moment, non pas que je lui trouve des faiblesses, mais parce que j’ai envie et besoin d’en lire beaucoup plus avant de pouvoir me prononcer. Ce premier épisode installe une atmosphère de mystère et d’intrigue très forte qui invite irrésistiblement à partir avec Thomas pour découvrir avec lui le monde inconnu qui l’attend, et je veux d’abord savoir si la surprise est à la hauteur des attentes impalpables qu’il me suggère.
L’histoire est extrêmement facile à lire, les dialogues sont directs, la force d’évocation laissée à l’imagination du lecteur est limpide et touchante. Tout en étant simple et direct, le texte est manifestement très travaillé, attentif à la fluidité et à la musicalité des mots.
Ce premier épisode passé dans le village me laisse une impression de douceur préservée dans l’espace protégé de la vallée, tout baigne dans des tons pastel où on ne sait pas trop bien si ce qui s’y passe est réel ou de l’ordre de la rêverie. On sent en tout cas qu’il ouvre à des perspectives profondes qui ne sont ici qu’ébauchées : la scène fort instructive du jeûne qui fait pressentir une réflexion à venir sur le monde médical, la transe des villageois qui aborde la sphère céleste de la dimension spirituelle, et la longue scène sexuelle qui s’engouffre du côté de la part bestiale et primitive de l’être humain. Le livre cherche manifestement à solliciter ces différents aspects chez le lecteur, ce qui le rend assez troublant et déstabilisant dans sa façon de les associer, et ce qui excite d’autant plus ma curiosité d’en lire davantage pour comprendre où cela mène.

Deuxième épisode

♥♥♥

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le deuxième épisode de cette fresque que je trouve fort prometteur : le contexte, esquissé tout en douceur dans le premier, dans les tons chatoyants et poudrés que j’avais évoqués initialement, se précise peu à peu, gagnant en intensité et consistance, et laissant entrevoir l’ambivalence de l’âme humaine avec sa complexité et sa noirceur.
Je me suis prise au jeu de l’évolution des personnages, et je me laisse à présent porter par l’histoire. Il s’en dégage progressivement l’idée qu’elle n’est qu’un prétexte, et que je ne suis pas au bout de mes découvertes, et c’est enthousiasmant. Le premier épisode m’avait laissée réticente, le deuxième en revanche me plaît beaucoup. Je pense que le lecteur doit d’abord accepter de se laisser porter afin de lâcher prise, pour pleinement profiter de la richesse du texte et de sa densité. Merci pour ces beaux moments de lecture.

Troisième épisode

♥♥♥

D’ores et déjà, ce tome 3 tient largement ses promesses en répondant à nos attentes.
Des descriptions travaillées, un rythme régulier qui progresse vers la révélation venue en temps utile pour ces deux enfants qui accèdent à la conscience en quittant le monde de l’innocence. Les images sont crues mais l’analyse les justifie, tout s’explique enfin et trouve sa mesure.

Quatrième épisode

♥♥♥

J’ai vraiment beaucoup apprécié la teneur de ce dernier tome, en premier lieu pour son type d’analyse approfondie, lucide, intransigeante, avec le décodage sans pitié de la manipulation médiatique qui fait froid dans le dos. Quelle leçon! Mais il y a une issue que le livre laisse espérer et à laquelle grâce à l’auteure nous pouvons croire.
J’en reviens alors à mon impression du premier tome, charmant au demeurant, mais qui ne laisse absolument pas prévoir l’intensité dramatique du quatrième. Concrètement, si j’avais arrêté la lecture au premier, je serais passée à côté de l’essentiel. Je formule la crainte que l’auteure pourrait perdre en route certains lecteurs qui s’épanouiraient dans la richesse du quatrième.
À mon avis, l’épisode I n’est pas assez représentatif de l’œuvre pour être présenté indépendamment à l’éditeur. Il est encore trop hésitant et contrasté de sorte que c’est intégré aux autres qu’il trouve sa place. Il apparaît assez clairement que les épisodes III et IV forment un tout, tandis que les épisodes I et II servent d’abord à fournir le cadre où par contraste ils peinent encore à trouver leur rythme.
Une chose me gêne rétrospectivement : le traitement des dialogues avec les abréviations et les élisions systématiques dont je ne vois pas l’utilité sinon de donner un côté simpliste qui dessert les personnages, pourtant subtils et complexes. Il me semble qu’on pourrait les éviter car on sent l’auteure plus à l’aise dans les descriptions que dans ce rôle d’emprunt, ces descriptions qui sont à mon avis sa grande force avec leur pouvoir de susciter l’adhésion inconditionnelle du lecteur en lui ouvrant les yeux. Pour tout le reste, l’œuvre a une dimension noble et un beau souffle épique qu’il faut conserver.

Arnaud P.

Arnaud P. – 47 ans – architecte DPLG, plasticien
Sensibilité littéraire : très éclectique, Steinbeck, du classique au contemporain

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥

Épisode 1  ♥♥

Épisode 2 ♥♥♥

Épisode 3 ♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥♥ 

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥

Histoire alléchante, intrigante, très maîtrisée et très bien écrite dans laquelle j’ai été happé rapidement. Je lui aurais mis facilement trois cœurs s’il n’y avait pas la longue scène porno qui se présente presque comme une nouvelle à part entière à l’intérieur du récit, en tout cas comme quelque chose de complètement décalé par rapport au ton d’ensemble et qui sur le moment m’a plutôt fait rire. En fait, je n’ai rien à redire sur la scène en soi qui est plutôt bien troussée et d’une belle richesse relationnelle, mais elle revient à associer un genre fantastique avec un genre érotique auquel le lecteur n’est pas préparé, et je doute que ce mélange des genres puisse être accepté par un éditeur.
Mis à part cette critique majeure, tout le reste est excellent et le maître mot qui me vient est : originalité. Originalité du mystère de Mongo, du combat intérieur que livre la mère de l’enfant contre le destin, originalité du précepteur, du rôle mythologique dévolu aux personnages principaux, originalité de la scène du jeûne par son traitement pédagogique rigoureux, et enfin originalité de la fête de l’An Neuf qui est le moment que j’ai le plus aimé en me donnant la sensation quasi-physique de partager le bonheur de la communauté tant il rayonne de ces pages.

Deuxième épisode

♥♥♥

Je n’ai pas résisté longtemps à l’envie de lire la suite et je n’ai pas été déçu. Loin de résoudre les énigmes initiales, ce second épisode les étoffe tout en distillant des éléments de réponse, ce qui ouvre sur un univers de plus en plus vaste qui à l’évidence a été mûrement pensé et construit. On perçoit la puissante assise d’une histoire probablement monumentale qui n’est ici encore qu’au stade des fondations. Cette assise me donne la sensation excitante qu’une cathédrale va s’en élever, et c’est ce qui me rend encore plus accro dans mon désir de lire la suite.

Troisième épisode

♥♥♥

Je n’ai pas été trompé dans ma sensation. Rien de ce qui précède n’a été écrit gratuitement, et c’est ce qui m’apparaît maintenant dans le dévoilement du mystère de Mongo qui est d’abord le dévoilement d’une construction de l’imaginaire magistrale dans sa rigueur et sa précision. Du coup, mea culpa pour ma critique de la séquence porno du premier épisode. À présent seulement, je reconnais qu’elle n’a rien de gratuite, mais qu’elle a été conçue en contrepoint du caractère malsain et dépravé de l’utilisation mercantile généralisée du sexe dans le monde de la Communication. Elle parvient de cette façon à le dénoncer sans adopter de position pudibonde, puisqu’elle revendique en même temps l’expression ouverte d’une sexualité qui peut être innocente et ludique.
J’ajoute que je suis toujours davantage séduit par l’originalité du récit qui se renouvelle à chaque épisode où il n’hésite pas à jongler avec les genres littéraires, le tout entrecoupé de développements politiques, psychologiques et spirituels passionnants, de sorte qu’il m’apparaît de plus en plus inclassable. Mais cette fois ce n’est pas une critique que j’exprime mais une jubilation à plonger dans le manuscrit inédit d’un livre monumental au contenu encore secret et inconnu du public.

Quatrième épisode

♥♥

Comment ne pas être conquis par ce dernier épisode ? C’est l’apothéose du livre où ce que j’avais anticipé, pressenti, espéré dans les épisodes précédents trouve ici son aboutissement bien au-delà de mes rêves. Non seulement le livre tient toute sa promesse, mais en plus il s’achève sur ce plat de résistance d’un essai socio-économique extrêmement consistant que je n’ai absolument pas vu venir, et c’est là le grand choc du livre qui m’a laissé abasourdi. Tant d’idées neuves, pertinentes, éclairantes y sont développées qui vont en même temps servir de ciment pour relier tous les éléments du livre ensemble qu’elles me laissent une sensation de profusion et de vertige, comme si j’étais devant une nourriture trop riche que je viens d’avaler mais que je suis encore loin d’avoir digéré et assimilé complètement. En tout cas impossible de faire la synthèse d’un tel épisode.
Je ne peux que livrer mes impressions les plus fortes dont la première est sans conteste ce dernier effet de surprise de l’ingérence d’une conscience politique aiguë dans le texte qui retourne le livre comme un gant. Il révèle sa dimension cachée où il utilise le support du divertissement comme arme de combat pour tenter de réveiller les consciences endormies dans le mieux disant médiatique. Ça m’a procuré une sensation de fébrilité et d’excitation, comme si j’étais emporté par un nouveau vent révolutionnaire où je ne peux que souhaiter qu’il souffle sur le plus grand nombre, parce qu’il semble vraiment rouvrir notre horizon collectif à une amélioration possible pour l’humanité là où tout nous semble désormais bouché.
Je m’arrête là car il y aurait trop à en dire. En tout cas bravo et longue vie à L’Appel de Mongo.

Pierre-Brice S.

Pierre-Brice S. – 29 ans – doctorat en théologie, professeur d’université
Sensibilité littéraire : éclectique mais surtout le fantastique

VOLUME I ♥♥♥♥ 

Épisode 1 ♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥♥ 

Premier épisode

♥♥♥

Trois cœurs car le livre est très bien écrit, il me touche, me captive et m’intrigue surtout, d’où mon désir de lire la suite. J’aime la façon dont la narration module son expression en fonction des situations, des personnages, comme de décrire les scènes d’enfant à hauteur d’enfant justement. Le moment où Djack dialogue avec Mongo (ou lui-même) a une puissance d’évocation particulièrement saisissante. Le récit fait d’emblée sentir que chaque séquence a été mûrement pesée, travaillée et structurée en fonction de l’ensemble, de sorte qu’elles s’emboîtent, s’interpellent et s’enrichissent les unes les autres en produisant un corps organique qui semble ouvrir à de multiples niveaux d’interprétation.
Dans ce contexte, la longue scène sexuelle a certainement elle aussi toute sa raison d’être, elle ne doit pas être là gratuitement pour simplement heurter ou aguicher. Néanmoins, je la trouve quand même déplacée et excessive sur un premier épisode qui se veut tout public. Si à ce stade du livre l’auteure privilégie l’efficacité dans l’intention de toucher la plus large audience possible, d’un point de vue éditorial, il me semble qu’elle devrait être modifiée ou même retirée quitte à la replacer dans les épisodes suivants, de manière à ne pas dérouter ou rebuter une bonne part du lectorat avant qu’il n’accroche plus avant dans le livre.
Autrement le récit ponctué d’ellipses et de suggestions laisse une grande part à l’imagination propre du lecteur. C’est une qualité en soi qui selon ma sensibilité gagnerait tout de même à être plus appuyée par quelques descriptions précises. Et dernière critique, quand Thomas entre dans sa chaumière pour découvrir Djack guéri, j’ai l’impression que son action se situe dans une pièce de théâtre plutôt que dans la continuité romanesque.

Deuxième épisode

♥♥

Mon appréciation du livre n’a fait que croître à la lecture de son deuxième épisode, et je lui accorde volontiers un cœur de plus.
Les qualités que j’ai pressenties dans le premier épisode s’y trouvent confirmées et encore appuyées. Ce qui me frappe en tout premier est l’unité de l’œuvre. Il y a une justesse, un équilibre, une harmonie dans la construction qui ne se dément à aucun moment et qui donne une profonde assise au récit. Elle contribue à nous donner confiance en l’auteure dans sa façon de nous embarquer dans un vaste imaginaire qui nous réserve bien des surprises, convaincus que nous sommes qu’elle nous mènera tôt ou tard à bon port. Ainsi l’ouverture du deuxième épisode par la découverte du cirque vue par un chat et l’aigle, le tout raconté par le maître Zabir aux enfants, jongle subtilement entre imagination et perception réelle, entre intériorité et extériorité. On pressent déjà que ce rapport va être un thème majeur du livre, et de fait l’épisode s’achève par un retour à cette impression initiale où l’on retrouve les enfants qui après avoir communiqué avec Mongo au niveau de leur intériorité, découvrent une correspondance extérieure en la personne de la petite Mafat. L’interaction est très subtile et pourtant évidente au niveau du ressenti, ce qui lui donne une puissance poétique évocatrice saisissante.
J’ajoute que la force de cette unité me donne l’impression que chaque épisode a son autonomie propre, de sorte que le livre pourrait aussi bien commencer par le deuxième épisode sans briser l’harmonie d’ensemble. Les personnages principaux témoignent eux aussi d’une forme d’autonomie, parce qu’on les retrouve toujours avec cette narration transparente qui se fond dans leur intériorité pour les incarner en exprimant leur propre espace de perception et de référence.
Enfin ma seule critique négative concerne le manque d’ancrage descriptif que j’avais déjà remarqué dans le premier épisode, et qui pourrait aider à rendre plus perceptible concrètement un univers encore fort nébuleux dans sa représentation physique.

Elise E.

Elise E. – 21 ans – Étudiante 1ère année Histoire
Sensibilité littéraire : Bible, romans historiques, « Usage de la Folie » de Eugène Savitzkaya, « Les piliers de la Terre » de Ken Follett

VOLUME I ♥♥♥♥ 

Épisode 1 ♥♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥♥ 

Premier et deuxième épisode

♥♥

[Elise a fait un commentaire regroupant les deux premiers épisodes]
J’ai adoré au point de le lire deux fois de suite.
On entre dans un récit qui dépeint une réalité familière dans laquelle on se reconnaît. Puis le fantastique s’introduit par petites touches en se superposant à cette réalité reconnaissable, de sorte qu’on s’installe dedans tout de suite pendant qu’il acquiert une grande crédibilité.
L’information est très bien dosée: elle s’assimile au fur et à mesure clairement et sans effort. La lecture est alors toujours facile, attractive, dense, prenante, gagnant peu à peu en complexité tandis que l’intensité dramatique ne faiblit jamais, il n’y a pas de temps mort.
Tous les personnages sont complexes, avec une vie intérieure riche de leur passé et de leur problématique propre. Ils apparaissent sans jugement, avec un droit à exister tels qu’ils sont, ce qui nourrit leur ambivalence et leur part de mystère.
Celui qui m’a le plus marquée positivement est Zabir pour sa sagesse, sa force, sa légèreté de vie avec sa capacité à s’exprimer à hauteur des enfants, tout cela le rendant très apaisant et réconfortant.
A l’inverse, le personnage le plus marquant négativement est Ungern qui est vraiment terrifiant, l’image d’un pervers narcissique d’autant plus terrifiant qu’il reste insondable, qu’on ne parvient pas à saisir ses motivations.
L’enfant Thomas est lumineux et plein d’une innocence touchante : on ne peut que l’aimer. Sa mère Ambre est très émouvante par sa douceur et sa fragilité masquée par ses accès de colère. Djack, effacé, torturé, reste énigmatique. Quant à la trisaïeule, elle est fascinante de par son âge si ancien qui lui donne sa profondeur de sagesse en même temps que son comportement de retour à l’enfance.
J’ai été surprise par le contraste entre la narration soutenue, riche et soignée, et les dialogues parfois très bruts parce que très oralisés. De plus, ils imposent leur ton et accent précis qui ne laissent pas assez de place à l’imagination du lecteur. Je les ai trouvés donc trop oralisés au début, puis je m’y suis habituée en prolongeant la lecture, de sorte qu’ils ne m’ont plus vraiment dérangée en fin de lecture.

Daniel T.

Daniel T. – 29 ans – étudiant BTS informatique
Sensibilité littéraire : Bazin, Maupassant, Tolkien, Robin Hobb, fantasy, polars

VOLUME I ♥♥♥

Épisode 1 ♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥

Premier épisode

♥♥♥

J’ai été très agréablement surpris d’entrer dans une histoire à laquelle je ne m’attendais pas du tout.
J’aime beaucoup l’ambiance du village qui m’a fait songer à une vie communautaire autonome à laquelle j’ai aspiré il y a quelques années avec un groupe d’amis. La communauté est un modèle de société décroissante: elle respire le bonheur de vivre alors qu’elle vit dans la frugalité matérielle. La scène du jeûne est très juste et très intéressante. La fête de l’An Neuf est très bien rendue avec sa dimension de cohésion sociale et psychologique.
Les personnages sont attachants, humains et d’une grande sensibilité.
J’ai juste été interloqué et déstabilisé par la scène sexuelle qui détonne sur le ton d’ensemble de l’histoire, mais pas au point de perdre l’attrait pour la suite du récit.
J’ai très envie de lire le deuxième épisode pour découvrir l’ordre de Mongo qui pour l’instant m’évoque une communauté monastique d’artistes, ce qui est très intrigant, ainsi que pour découvrir ce qui se cache derrière l’énigmatique Mongo et ce qui va advenir de Thomas et des autres personnages.

Deuxième épisode

J’apprécie encore plus ce second épisode parce qu’il déploie un univers vaste et fort qui n’était que suggéré dans le premier épisode. Ici les personnages secondaires se construisent autour d’une intrigue et d’une thématique de la Communication où ils remplissent une fonction bien précise. Ils donnent l’impression d’être à la fois réels et à la fois des symboles ou des vecteurs servant la dimension pédagogique du récit. Je trouve que c’est une association originale qui fonctionne plutôt bien.
J’ai néanmoins été moins réceptif au premier tiers de l’épisode dans sa part descriptive et explicative du contexte et des rouages de la Communication. L’attrait pour le récit est revenu avec les scènes d’Ungern, allant en s’intensifiant avec des moments touchants (la détresse des petites filles esclaves) au milieu de l’horreur générale et du sadisme d’Ungern.
Quand on quitte cette atmosphère noire et oppressante pour retrouver les enfants dans le cirque paradisiaque, le contraste est très bien venu. Alors que la vie au Mongonastère paraît très austère, la présence de leur mentor Zabir apporte une touche de tendresse et de fantaisie qui ravive le monde innocent de l’enfance. On se laisse prendre au vagabondage des deux enfants qui a lieu autant dans la nature accueillante du cirque que dans leur imagination inventive. La leçon de vie de Zabir sur la peur révèle sa sagesse pratique et clairement compréhensible, son introduction au Taï Chi Chuan est originale en rendant palpable son lien à l’énergie mystérieuse du vivant. Enfin la scène finale de la Communication avec Mongo dans la cellule de transfert est surprenante et relance l’intrigue quand apparaît la petite fille Mafat qui lui semble mystérieusement liée.

Robin B.

Robin B. – 27 ans – Auteur compositeur, musicien
Sensibilité littéraire : éclectique, SF, Damasio, Vian, Sweig, poésie

VOLUME I ♥♥♥

Épisode 1 ♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥

Premier épisode

♥♥♥

Un cœur pour l’esprit, un cœur pour le cœur, et un cœur pour le sexe.
J’ai trouvé la première partie un peu trop sobre dans son expression, puis avec l’arrivée des cavaliers et de Djack le récit est entré sous tension, ce que j’affectionne particulièrement dans une lecture. Le style fait clairement ressortir la personnalité de l’auteure, il est comme une signature unique et de ce fait original dans sa simplicité même. C’est une prose poétique pleine de sensibilité, d’attention et de bienveillance pour les personnages. Quant à l’histoire elle-même, elle fait ressortir un plaisir de conteur d’où jaillissent aventures, intrigues, mystères, coups de théâtre et retournements de situation incessants.
La scène de sexe nous arrive ainsi sans prévenir, surprenante et déroutante, comme si elle faisait sortir de ses gonds un récit dans lequel on vient tout juste de s’installer. Et c’est une scène que je trouve particulièrement intense et réussie. Bien qu’elle soit grivoise dans sa forme, elle n’a rien de légère en soi. À la fois ludique, drôle, excitante, inquiétante, violente, avant de redevenir tendre et aimante, elle révèle énormément de choses sur la relation entre les sexes. Puis on en sort pour se précipiter vers la chute tragique qui relance toute la tension du récit, ce qui me donne bien évidemment envie de me plonger dans le prochain épisode.

Deuxième épisode

Ça repart très bien. L’entrée en matière par la découverte du cirque grandiose, puis du géant Zabir et de l’aigle royal, puis du Mongonastère, le tout abordé au niveau de la perception enfantine de Thomas lui donne un effet enchanteur saisissant. On s’engouffre ensuite dans les basses villes pour explorer un autre univers distinct régi par la peur et le pouvoir de la Communication. Le récit s’accompagne alors d’un commentaire théorique approfondi très intéressant, mais qui manque un peu de liens concrets plus explicites. J’aimerais par exemple en savoir davantage sur les loges marginales subsistant au fond des cubes en découvrant concrètement les acteurs qui les animent. Le personnage sombre d’Ungern est lui aussi très bien mis en scène et très intense dans sa présence. Son inquiétude métaphysique fait pour moi écho au doute qui ronge le vieux Dicteur, comme si tous les deux étaient tendus vers le mystère de plus en plus inquiétant de Mongo, qui est peut-être celui de l’absence de sens, du chaos et du néant qui recouvre la réalité, et l’impression d’ensemble qui en ressort est très excitante, comme si le récit se déployait au bord d’un abîme de questionnements vertigineux.
Après l’univers très noir des basses villes et d’Ungern, on retrouve le cirque et les enfants qui nous replongent immédiatement dans une ambiance lumineuse, fraîche et innocente, et le contraste est là aussi saisissant, donnant un caractère précieux et intense au paradis préservé de l’enfance et à la nature vierge. Puis on s’achemine vers la fin de l’épisode sur une note spirituelle, culminant avec la communication avec Mongo qui a un parfum poétique très évocateur.

Vincent G.

Vincent G. – 29 ans – master archéologie
Sensibilité littéraire : Kundera, Tolkien, Victor Hugo

VOLUME I ♥♥

Épisode 1 ♥♥♥ 

Épisode 2

Premier épisode

♥♥♥

Je mets largement trois cœurs car j’ai vraiment beaucoup aimé.
Mes seuls reproches concernent le manque de transition entre Thomas bébé et à l’âge de cinq ans où on le retrouve, de même qu’entre le moment où l’on quitte Ambre et Djack et le commencement de la fête de l’An Neuf, car cette absence de transition m’a perturbé en me faisant perdre le fil du récit sur le moment. La scène sexuelle est quant à elle un peu longue si on s’en tient à cet épisode considéré isolément. Il faut sans doute attendre de lire la suite de ce très grand livre pour pouvoir mieux estimer de la justesse de ses proportions.
Le récit est prenant, se lit avec un intérêt constant. Le style est concis, coulant, naturel et élégant, clair tout en étant chargé d’émotion. Les personnages sont très bien présentés, ils deviennent tout de suite identifiables, vivants, consistants, leurs interactions témoignent de leur humanité, de leur sensibilité et de leur profonde attention envers les autres, ce qui les rend particulièrement touchants et attachants. Hormis l’intrigue initiale qui aboutit au sacrifice consenti de la mère, à ce stade de la lecture le thème central du livre reste encore trop nébuleux pour pouvoir être identifié. Un grand désir de lire la suite s’impose alors pour prendre connaissance du vrai thème comme de l’objectif de l’auteure cachés derrière les limbes de Mongo aux intentions obscures.

Deuxième épisode

  [décrochage]

J’ai bien aimé le début aussi longtemps qu’on reste avec Thomas et sa découverte du Mongonastère. Mais dès qu’on aborde la description des basses villes, j’ai été déconcerté par le changement de ton, d’atmosphère, de thème et de situation, au point d’être incapable de le relier avec l’histoire antérieure. La conséquence a été que je ne suis pas parvenu à entrer dans la suite du récit, je l’ai trouvé alors déplacé, incongru, avec une accumulation de violence gratuite. Bref, j’ai décroché et je ne peux que m’arrêter là.

Frank E.

Frank E. – 21 ans – étudiant 2ème année d’histoire – Strasbourg
Sensibilité littéraire : toute littérature, auteurs antiques jusqu’aux plus contemporains

Premier épisode

♥♥♥

Je mets quatre cœurs pour être conquis sur tous ses aspects, en dehors de ma frustration de ne rien savoir de toutes les énigmes qui ont été ouvertes et qui m’obligent à plonger dans les épisodes suivants pour les découvrir.
L’unique défaut que je lui trouve est dans la séquence sexuelle qui est un peu trop longue en considérant l’épisode pris isolément, mais je pense qu’elle doit se justifier par la suite en tant qu’élément nécessaire d’un prologue d’une très vaste histoire.
Autrement je n’ai que des louanges à exprimer. J’ai commencé par lire 80p d’une traite sans pouvoir m’arrêter. J’ai tout de suite été happé dans le récit qui se visualise sans aucun effort, qui rend aussitôt vivant et caractéristique tous ses personnages au demeurant très attachants et touchants. L’écriture est fluide, simple, émouvante, les dialogues très dynamiques et réactifs. Les nombreux effets de surprise sont extrêmement stimulants, notamment la découverte de Djack en tant que précepteur. La fin douloureuse et poignante clôture l’épisode sur un sommet émotionnel. L’achèvement du récit dévoile la cohérence des liens internes qui unissent toutes les scènes entre elles en montrant qu’elles n’ont rien de gratuites, de sorte que sous l’apparente simplicité de lecture, on pressent d’autres niveaux de lecture possibles qui laissent entrevoir des significations plus subtiles. C’est ce qui m’apparaît avec Thomas, Djack et Ambre qui tous les trois livrent un combat contre eux-mêmes aboutissant à une sorte de sacrifice christique. De même que l’intervention manipulatrice de l’inconnu que revêt Mongo semble poser la question éternelle de la prédestination et du libre arbitre.

Adou B.

Adou B. – 33 ans – Étudiant Master 1 Histoire
Sensibilité littéraire : Grèce antique, Platon, Histoire contemporaine de l’Afrique, Amadou Hampâté Bâ

Premier épisode

♥♥

Les trois moments forts que j’ai retenus sont le jeûne, la relation d’Ambre et de Djack, et toute l’expression de la trisaïeule.
Le jeûne est marquant parce qu’il est décrit de manière rigoureuse, scientifique au sein d’un cadre fantastique. C’est une instruction enrichissante car on pourrait l’appliquer pour soi-même.
Ambre et Djack ont une relation d’amour intense qui est bien ressentie.
La trisaïeule est le personnage qui m’a le plus attiré et touché pour ses leçons de vie, sa sagesse ancienne, son don de soi et sa profondeur spirituelle.
L’accroche de l’épisode est immédiate, et avec le mystère de Mongo qui grandit au fil des pages, il attise la curiosité et l’appétit de lire la suite.
Le texte est d’une grande qualité d’écriture : poétique, évocateur, d’une tournure très soutenue qui laisse percevoir différents niveaux de lecture.
Ma seule remarque restrictive est que sa richesse d’écriture doit le rendre difficilement accessible à tous les publics, notamment aux jeunes du secondaire.

Emeline M.

Emeline M. – 19 ans – 1ère année d’anglais et de philosophie
Sensibilité littéraire : romans psychologiques, science-fiction, thriller, Franck Thilliez, Orwell « 1984 »

Premier épisode

♥♥

J’ai beaucoup aimé ce premier épisode.
Le début est très accrocheur, avec le dialogue entre le Dicteur et la mère qui installe tout de suite l’intrigue. La situation de ce village en dehors de la société est intrigante aussi, et le bonheur qui y règne le rend particulièrement attirant. Ça pousse à continuer de lire pour trouver les réponses, tandis qu’on va d’énigmes en énigmes qui s’imbriquent les unes dans les autres.
Le portrait des personnages est très réussi. L’identification à la mère appelée au sacrifice est forte. La vieille femme incarne bien la sagesse, en tant que guide du village.
Toute la scène du bal est réjouissante. L’écriture de la transe provoquée par le psychotrope est intéressante. Elle évoque bien le délire commun que l’on ressent de l’intérieur, comme en immersion dans la scène. Les images en général sont clairement perçues, les descriptions limpides.
La scène d’amour très crue entre Djack et Ambre surprend par son décalage avec la tonalité d’ensemble, mais c’est une bonne surprise. Il y a de l’humour, de la poésie et de la profondeur dans cette scène. En montrant comment Djack est débordé par ses pulsions qu’il ne parvient pas à contrôler, ça nous interroge sur nos propres comportements.
Puis survient la rupture où Ambre reprend son rôle de mère au détriment de son amant qu’elle rejette. Elle nous conduit jusqu’au dénouement qui nous fait vivre le déchirement maternel d’Ambre avec le départ de son enfant. C’est un coup de massue qui la laisse toute seule et fait écho à la peur de l’abandon qui est en chacun de nous.
En arrière plan de toutes ces tribulations, se tient le mystérieux Mongo qui semble avoir tout orchestré pour s’accaparer l’enfant. Il évoque une force immatérielle omnipotente, telle que Dieu. Et l’épisode se termine en nous laissant dans l’incertitude quant au choix de la mère : a-t-elle réellement fait le choix de laisser partir son fils, ou y a-t-elle été contrainte par une inexorable fatalité ?

Linus K.

Linus K. – 18 ans – 1ère année fac de philosophie, étudiant allemand
Sensibilité littéraire : Kundera, Schopenhauer, Flaubert, Nietzche

Premier épisode

Je suis très bien entré dans un récit qui laisse une grande place à la recréation imaginaire du lecteur et qui pourtant s’impose clairement, où toutes les situations s’ordonnent naturellement, où les personnages prennent vie intensément alors qu’ils sont très peu décrits concrètement, et où leurs luttes et leurs tourments sont palpables de l’intérieur. La position d’un narrateur omniscient mais effacé qui se fond dans les personnages et les situations en adoptant leurs tonalités correspondantes est originale et très bien ressentie. La séquence où Djack discute avec Mongo (et donc lui-même) est très puissante dans sa profondeur évocatrice. La fête de l’An Neuf me donne vraiment l’impression d’y participer en partageant la joie et l’osmose qui unissent les villageois.
L’arrière-plan de mystère qui s’étoffe au cours des pages fait croître l’excitation de partir avec Thomas dans l’inconnu pour découvrir tout ce qu’il cache, et donc l’excitation de se plonger dans le deuxième épisode.
Je n’ai que deux légères critiques à formuler : le vocabulaire souvent riche gagnerait à employer aussi des mots plus ordinaires, et l’apparition brutale de mots crus et vulgaires dans un récit tout en finesse a un impact perturbant qui pourrait peut-être être pondéré en les amenant avec plus de préparation.
Ce qui amène à considérer la scène sexuelle dans toute son ambivalence, car elle est assurément déstabilisante et choquante par rapport au reste du récit au point qu’on voudrait l’éviter (je me suis d’abord senti gêné de devoir entrer dans l’intimité des deux amants comme si j’étais un intrus), et en même temps elle contient une puissance souterraine, animale et barbare, qui est peut-être ce qui insuffle la plus grande intensité de vie à l’épisode. En tout cas elle a les défauts de ses qualités, et lui retirer ses gros défauts reviendrait à lui retirer ses grosses qualités.

Laeticia J.

Laeticia J. – 22 ans – 3ème année fac de lettres
Sensibilité littéraire : Maupassant, Baudelaire

Premier épisode

J’ai aimé. L’écriture est simple et poétique, très émotionnelle. On sent que toutes les scènes sont liées entre elles de manière organique et très subtile en profondeur malgré leur apparente simplicité de surface. La scène finale est extrêmement poignante et le dénouement pour Ambre si douloureux que j’ai du mal à en rester là, je voudrais connaître la suite pour savoir ce qu’il advient d’elle.
J’ai été heurtée et dérangée par la crudité de la scène de sexualité explicite. Puis j’ai commencé à sentir qu’elle faisait encore partie de l’aspect thérapeutique de la fête de l’An Neuf où, à la manière des fêtes orgiaques ancestrales, elle sert de soupape en permettant au refoulé (la part mauvaise ou inconvenante de soi) de s’exprimer une fois l’an.
La volonté pédagogique et l’engagement de l’auteure se font sentir, surtout dans la séquence du jeûne, mais je la trouve précisément appréciable pour cela.
J’ai été un peu gênée par quelques répétitions qui appuient des formules poétiques, car en les répétant ces formules poétiques perdent de leur attrait.

Agnès B.

Agnès B. – 25 ans – étudiante licence d’archéologie
Sensibilité littéraire : Alexandre Dumas

Premier épisode

C’est un premier épisode singulièrement efficace, qui permet de poser le personnage « appelé » au travers du regard de sa mère et de sa communauté utopiste. Quant à Mongo, s’il est capable de briser la mémoire de quelqu’un, aurait-il pu rendre Thomas malade pour forcer Ambre à le lui donner?
Je lirais volontiers la suite pour en savoir plus sur l’ordre ancien et très secret de Mongo et pour voir si Thomas tient sa promesse.
Le style est simple mais non simpliste, souvent à fleur d’émotion, pour porter un récit qui lui est très subtil dans ses entrelacements et ses arrières-plans suggérés.
Les plus. On est très rapidement et très ingénieusement happé dans l’histoire. Le « personnage » de Mongo se montre à la fois mystérieux, mystique et effrayant. On compatit avec Ambre et sa volonté de ne pas perdre son fils, même si on sait qu’elle n’a aucune chance de pouvoir le garder. Je n’ai pas pu m’empêcher de verser une larme sur le dénouement qui est vraiment poignant.
Les moins. La fin est peut-être un peu rapide: qu’arrive-t-il à Ambre? La scène de sexe est un peu longue, et elle m’a d’abord heurté par son vocabulaire cru qui contraste avec l’atmosphère sensible et délicate de l’ensemble.

Estelle C. / Camille F.

Estelle C. -19 ans – 1ère année fac de droit
Sensibilité littéraire : éclectique, Jane Austen

Camille F. -19 ans – 1ère année fac de droit
Sensibilité littéraire : romantique, SF
[Estelle et Camille qui sont amies rendent un avis commun après concertation entre elles]

Premier épisode

On entre tout de suite dans le cœur de l’histoire. Bien qu’on reste dans le flou concernant l’époque et le lieu où elle se passe, son gros avantage est qu’elle va directement à l’essentiel. On est immédiatement pris par l’intensité des personnages et l’enjeu du récit, à la différence de beaucoup de romans qui s’encombrent de personnages annexes superflus et de descriptions excessives qui embrouillent plutôt que clarifier la vision de l’auteur.
Ici, toutes les scènes, les situations et les interactions entre les personnages sont limpides du point de vue de la visualisation, ce qui rend la lecture très aisée, vivante, pleine de relief sur le plan de l’action comme de l’émotion. Les effets de surprise et les rebondissements qui se succèdent tout au long du récit en rehaussent constamment l’intérêt. Du fait que seuls les personnages essentiels sont développés et mis en avant, cela les rend très palpables et attachants, familiers, vivants et bien incarnés. La séparation tragique de la mère et de son enfant termine ce premier épisode sur une douleur émotionnelle extrêmement bien ressentie.

Notre seule impression négative concerne tout le passage de la fête de l’An Neuf qui nous paraît trop long et trop détaillé. Cela vaut pour la scène du jeûne et plus encore pour la scène sexuelle dont le caractère brusquement cru qui contraste avec le ton humaniste de l’ensemble a un effet déstabilisant. Mais c’est là qu’on pressent que cette longueur et ce décalage doivent être en relation avec la suite d’un énorme livre où ils révéleront leur raison d’être et qui s’annonce d’entrée comme échappant à toute catégorie établie.

Diane O.

Diane O. – 17 ans – bac à 16 ans, étudiante conservatoire de musique
Sensibilité littéraire : Jane Austen, Buzatti, Harry Potter

Premier épisode

L’histoire est intéressante mais sent le déjà-vu (société décadente sauvée par un Élu), ce qui ne la rend pas pour autant ennuyeuse : le récit est bien mené et on prend plaisir à le suivre.
Le début est accrocheur, la structure sous forme de fragments apporte une originalité et un rythme très appréciable. Mais on a parfois l’impression qu’on « traîne » dans l’histoire : certaines scènes s’étendent de manière peut-être excessive, de sorte qu’on s’en lasse et ne les apprécie pas autant qu’on pourrait. La dernière partie en revanche est réellement très bien menée et très bien écrite.
Les personnages ont beaucoup de potentiel, mais on aimerait les voir plus développés en ayant accès à leur intériorité. Thomas n’est plus évoqué sur une grande partie du livre, on en vient presque à l’oublier et c’est vraiment dommage. Le personnage de Cerise est selon moi très attachant et mériterait d’apparaître un peu plus. L’entité de Mongo est présente de manière bien plus équilibrée et subtile.
Au niveau du style, rien de très flagrant : quelques répétitions et tournures maladroites mais peu nombreuses.

Colin D.

Colin D. – 20 ans – 1ère année science de l’éducation
Sensibilité littéraire : polars, aventure

Premier épisode

La première partie est bien menée car on se retrouve vite dans la situation. J’ai été gêné par le passage des cubes gris qui sont répétés trop souvent dans le dialogue. Alors que Thomas est manifestement une sorte d’Élu attendu par la secte de Mongo, rien ne le distingue des autres enfants. Il faudrait faire ressortir sa personnalité unique par des actions magiques ou des exploits héroïques, ce qui manque dans le récit. Page 68, le passage de l’entrée de Thomas dans sa maison répété en italiques sous une forme poétique m’a dérangé parce qu’il ne colle pas avec le ton du texte. Les sautes d’humeur de sa mère sont décrites trop abruptement, il faudrait les amener par des transitions. Mais de loin le plus grave est la scène porno qui est vulgaire, pas du tout excitante et pénible à lire. Elle heurte tellement par rapport à la candeur du reste du texte qui pourrait être lu par un enfant qu’on ne comprend pas ce qu’elle vient faire là.
Ce qui m’a le plus accroché est la séquence du jeûne par son côté crédible, réaliste, détaillé, qui met en avant un acte de bravoure héroïque accompli par toute la communauté.