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L’Appel de Mongo – Les deux tests
38 lecteurs / 1 critique par volume
♥♥♥♥ j’adore, je suis conquis.e | ♥♥♥ j’aime beaucoup, je suis touché.e et captivé.e | ♥♥ sa force l’emporte malgré ses faiblesses | ♥ ça se laisse lire mais sans plus | ♥ je n’aime pas/je décroche
Protocole du test II
Le second test a porté sur les quatre volumes du livre complet, incluant un questionnaire et la rédaction d’une synthèse sous forme de 4ème de couverture.
Recrutement d’un lectorat adulte sur annonces universitaires. Le candidat doit aimer lire, être ouvert à la spiritualité et se sentir concerné par le devenir positif de la société.
Il lit en situation de lecture naturelle, pour son plaisir et sa gratification personnelle, et reste libre d’arrêter à tout moment s’il n’y trouve plus d’intérêt et décroche.
Après lecture, il exprime librement son impression dans un entretien en termes positifs comme négatifs.
[Nous certifions que tous les commentaires sont retranscrits fidèlement sans bonification. Les noms des candidats ne figurent pas pour préserver leur vie privée, mais ils peuvent être transmis pour vérification à tout contact professionnel sur demande.]
Jérôme C.
Jérôme C – 40 ans – Master franco-allemand (Leipzig) – Exploitant de transport – Alsace
Sensibilité littéraire : éclectique, littérature classique, russe et contemporaine, Goethe, Zola, Dostoïevski, Stephen King.
LIVRE COMPLET ♥♥♥♥ 9,8/10*
Volume I ♥♥♥♥ 10
Volume II ♥♥♥♥ 9
Volume III ♥♥♥♥ 9,5
Volume IV ♥♥♥♥ 10
* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime
En une formule
L’art de s’oublier soi-même pour rencontrer l’Autre et devenir Un où plus rien ne manque.
Ne cherchez plus : voici le panneau indicateur à l’attention de notre humanité déboussolée pour retrouver le chemin du paradis perdu.
En quatrième de couverture
Si vous croyez encore qu’il existe des alternatives plus réjouissantes au moins pire des mondes possibles dans lequel l’élite régnante nous enferme, ou si vous croyez que même sans cela le vrai bonheur est accessible ici et maintenant indépendamment de la folie du monde, la portée révolutionnaire de ce grand livre vous comblera au-delà de vos attentes.
En nous plongeant dans un univers dystopique où règne le pouvoir de la Communication, il projette dans notre conscience une image attrayante pleine de mystère pour le seul plaisir de nous divertir. Nous voilà embarqués dans une épopée captivante en compagnie de personnages attachants qu’on ne veut plus quitter, quand peu à peu des miroirs apparaissent au cœur du divertissement qui reflètent l’état actuel de notre monde et de notre propre réalité intérieure. L’odyssée se poursuit dans la grande image mais elle nous mène maintenant à la rencontre de soi-même, nous faisant traverser les ténèbres les plus profondes de l’âme avant de rejaillir à la lumière.
On sort du livre comme d’un sortilège. L’image support du divertissement s’est évaporée dans la pure énergie créatrice qui nous est infusée pour un nouveau commencement. Nous réalisons qu’elle était une illusion, tout comme nous étions nous-même perdu dans l’illusion du monde. Au cours de la lecture, toutes les graines de l’éveil ont été semées dans notre conscience pour nous donner les moyens d’engendrer un monde meilleur, en commençant par être heureux ici et maintenant.
Questionnaire
Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?
Le premier qualificatif qui me vient est » charmant » au sens du Moyen Âge d’être sous l’emprise d’un charme qui s’est emparé de moi de la première à la dernière ligne.
Il est captivant, surprenant, intéressant, et marquant car il reste en tête après la lecture, donnant envie de mettre en pratique ses leçons de sagesse.
L’écriture est maîtrisée dans tous ses aspects (romanesque, épopée, érotique, analytique, spirituel, force des personnages). Rien n’est en trop, tout est à sa place et s’emboîte dans des liens nécessaires qui s’éclairent mutuellement. Et ça se lit tellement bien, avec fluidité, clarté, intensité et une attraction constante.
C’est un livre qui donne de l’énergie :
1- pour être emporté dans le courant du récit comme dans une cascade ;
2- pour l’intensité des scènes érotiques qui transmettent de l’énergie vitale ;
3- pour les scènes de transe et surtout la Danse finale des mongonastiques qui fait fusionner l’œuvre collective en libérant de l’énergie pour impulser un nouveau commencement chez le lecteur ;
4- pour la source profonde de l’inspiration du livre chargée d’énergie spirituelle.
Que vous a-t-il apporté ?
Une réflexion sur moi-même avec des éclairages déterminants sur la source de la souffrance liée à l’illusion du mental et la clé concrète pour s’en délivrer.
Une invitation à s’oublier soi-même pour retrouver le chemin de la plénitude et mettre fin au manque illusoire.
Des informations éclairantes sur différents sujets (économiques, écologiques, état du monde…)
A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?
Oui. Il m’a éveillé dans ma recherche sur moi-même.
Il m’a fait voir comment notre environnement médiatique omniprésent nous conditionne à l’individualisme, à la recherche d’attention et de gloire pour se sentir exister, et donc à l’incitation permanente à cultiver une image de soi attractive et parfaite. Comme c’est un but illusoire inaccessible, il est le moteur de l’insatisfaction, du manque et de la souffrance que l’on se créé soi-même. Le remède est de revenir ici et maintenant, d’accepter l’instant présent qui détruit l’illusion du futur où est projetée notre image de soi en attente de gloire dans la télé-réalité ou ailleurs.
Il m’a éveillé au bienfait de s’accepter soi-même, à la compréhension de l’équilibre intérieur qui consiste simplement à lâcher notre attachement à l’irréel, le monde inconscient des projections, pour revenir automatiquement au centre de soi-même où on est entier et où rien ne manque.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?
Oui, il est totalement cohérent en tant que roman d’initiation, car tous ses différents aspects se rassemblent pour servir un même éveil de conscience. Il y a un emboîtement logique d’un volume à l’autre par une élévation graduelle. Le vol I installe l’univers et ses enjeux par une forte accroche initiale qui incite le lecteur à se plonger dans les volumes suivants ; le vol II donne les savoirs fondamentaux de l’état du monde aboutissant à l’inconscience comme racine du mal ; le vol III entame une plongée introspective d’interrogation sur soi-même pour déterrer la racine du mal en soi; le vol IV parachève l’introspection en déterrant la racine du mal qui engage à l’action positive sur le monde par une puissante montée d’énergie transmise au lecteur.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?
Oui, car c’est une recherche que chacun doit mener seul. Et non, car c’est dommage que l’auteure ne soit pas connue des lecteurs qui aiment son œuvre.
Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?
Oui, à condition que les gens prennent le temps de le lire.
Selon vous, est-il accessible au grand public ?
Si par grand public, on entend les lecteurs de romans de gare, non il ne l’est pas. Car trop long, et trop individuel (tout le monde n’a pas forcément envie de se remettre en question).
Mais si on entend large public, là oui. Car il s’adresse aux hommes comme aux femmes de tous âges et de toutes conditions qui peuvent être touchés et concernés.
Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?
Oui, clairement. Ce serait même une très bonne chose de le faire lire dans les lycées.
Outre sa grande qualité littéraire et son traitement vivant et captivant, il doit pouvoir intéresser beaucoup de gens attirés par le développement personnel, la réflexion sur les religions, l’écologie, des alternatives à la pensée dominante, des issues au désastre du monde…
Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?
Oui, et c’est déjà fait.
Volume I
♥♥♥♥ 10
Commentaire
J’ai énormément accroché à ce premier volume qui est aussi prenant et captivant qu’un Stephen King. Il m’est même arrivé de poursuivre la lecture au cours du repas tant j’étais pris dedans… L’écriture est très maîtrisée pour donner un livre simple à lire, facile d’accès, où toutes les situations se visualisent clairement sans effort, comme devant un écran de cinéma. Le texte reste fluide tout du long, sans accroc, il nous emporte dans son courant comme une cascade.
Dans ce premier volume, l’auteure dispose ses pions, met en place les pièces d’un échiquier qui laisse pressentir le déploiement d’une vaste construction qui nous attend dans les volumes suivants. C’est comme ça qu’apparaissent les principaux personnages. Ils ont une identité forte, des caractéristiques extrêmes, une existence hors du commun où chacun semble soumis à un destin puissant. Leur présence est marquante, criante de vérité, si bien qu’on se sent vite proche d’eux et qu’on n’a pas envie de les quitter. Le premier volume se referme avec le désir d’en connaître plus sur eux, de découvrir leur évolution et leurs interactions mutuelles, ce qui nous prédispose tout naturellement à plonger dans la suite du livre.
Des personnages marquants, je retiens particulièrement la trisaïeule tellement hors d’âge qu’elle est comme un esprit immatériel, Djack énigmatique, tourmenté et complexe, mais surtout le Baron Ungern. C’est avec lui que j’ai ressenti la plus forte identification. Il est un ange déchu, possédé par le mal, à la fois victime et bourreau. Le personnage est fascinant par sa démesure qui pointe vers la part du mal, son interrogation et sa lutte, qui est en tout être humain. Il sent qu’il est le jouet d’une puissance supérieure, esclave de son conditionnement de souffrance qui a fait de lui le monstre qu’il est devenu. Il se sait faible et tout petit devant cette puissance aveugle, il est plein de doutes, mais il ne renonce pas pour autant à sa quête métaphysique de certitude ultime, et il a pour cela toutes les audaces en allant jusqu’à défier Dieu, le Créateur et premier Responsable de sa terrible condition. J’ajoute qu’Ungern en allemand a le sens d’ »à contre-coeur », un nom que l’auteure n’a certainement pas choisi au hasard.
Dans le registre de la démesure, j’ai aussi beaucoup aimé la fête du village qui culmine avec la transe dans une invitation à tout lâcher. Sa description est particulièrement réussie car je me suis senti porté, totalement en immersion dans son atmosphère psychédélique. Puis après avoir goûté les hauteurs célestes de l’âme, la retombée dans les exigences de la chair apparaît comme son complément naturel où la dualité âme-corps mérite tout autant d’être satisfaite. On bascule alors dans la scène sexuelle que j’ai trouvée très réussie et tout à fait à sa place. Elle est le prolongement de la fête orgiaque dans son invitation à tout exprimer librement, sans retenue et sans tabou. Quand Djack est sous l’emprise de ses pulsions qu’il ne contrôle pas, comme un écho à Ungern, la violence qui le possède et qui menace de massacrer Ambre montre bien sa réalité cachée ou refoulée dans l’être humain. Après avoir laissé remonter la dangereuse énergie de sa part d’ombre, il parvient finalement à la surmonter en l’intégrant à sa conscience dans l’amour retrouvé. Il s’agit là d’une saine délivrance de la violence que l’on porte en soi, tandis que son refoulement me rappelle qu’il est à l’origine de toutes les guerres qui n’attendent que d’éclater pour expulser notre violence sur un ennemi désigné sur lequel est projetée notre ombre refoulée.
Derrière tous les personnages se tient l’énigmatique Mongo. Est-ce Dieu ? Une intelligence artificielle créée par l’homme qui a atteint le pouvoir de Dieu ? Si on ne sait encore rien de ce qu’il peut être, tout laisse entendre qu’il tire les ficelles des destins. Les principaux personnages se sentent manipulés par un destin implacable, où toute leur lutte et leur interrogation tournent autour d’un désir de se libérer du conditionnement dont ils sont prisonniers, comme si la seule expression possible de leur liberté était dans leur pouvoir de dire Non à Mongo.
Cependant, une autre approche de la liberté est suggérée quand Thomas essaye de communiquer avec Mongo dans la cellule de transfert. C’est sa résistance et sa volonté propre qui bloquent tout, mais dès qu’il renonce à imposer sa volonté, qu’il accepte et se soumet, la communication s’établit. De même qu’il est dit que c’est dans la soumission que l’on trouve Dieu… et peut-être la liberté.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien à signaler.
Volume II
♥♥♥♥ 9
Commentaire
Tout le volume apparaît comme un cours magistral proféré par le Dicteur à ses deux élèves dans l’espace de deux journées intenses. Il suspend le dynamisme du premier volume pour nous installer dans une longue parenthèse statique au caractère pédagogique marqué. Passé la petite frustration de devoir quitter ce dynamisme dans lequel j’étais si bien entraîné, l’attrait se poursuit à un autre niveau. D’abord dans la découverte de l’origine de Mongo, de sa fonction, de son lien au monde, des enjeux de la Communication, qui révèlent un univers imaginaire très élaboré et orchestré. Puis surtout dans la présentation des idées, idées souvent neuves et originales, parfois surprenantes, toujours pertinentes. On se retrouve dans un roman d’initiation qui invite le lecteur à se joindre aux deux élèves pour apprendre avec eux. Ayant été professeur et puisque l’intention du livre est ici d’instruire et d’éveiller, je dois dire que sur le plan pédagogique il est tout à fait réussi, très clair et efficace. Les idées ressortent bien, elles s’enchaînent dans une logique nécessaire, se rassemblent dans une vision d’ensemble cohérente, on suit et assimile tout les développements facilement de sorte que la lecture reste agréable et prenante.
Des idées exposées, je retiens particulièrement la nécessité de sortir du travail productif. N’étant pas politisé, je suis peu au fait de ces nouvelles problématiques et je trouve celle-ci très pertinente. De même, j’ignorais tout du mécanisme de la création monétaire et de la monnaie de dette qui a été une vraie révélation. Alors que l’économie financière donne plutôt envie de fuir tant elle reste obscure et incompréhensible, c’est tout le contraire dans le livre. Les bases fondamentales sont présentées simplement et clairement, on y voit enfin clair sur l’essentiel, ce qui rend le propos passionnant. Ces bases acquises vont nous permettre d’embrayer ensuite sur la monnaie d’attention créée par Mongo, une métaphore très parlante du pouvoir de l’attention génératrice de richesse qui règne déjà dans le monde d’Internet et des médias. La loi de l’attention qui veut que « tout ce sur quoi nous portons notre attention grandit » est très éclairante elle aussi, car elle suffit effectivement à elle seule à expliquer tout le mécanisme du pouvoir dans le monde de la Communication. Elle débouche sur l’audicratie qui renvoie à la responsabilité de notre goutte d’eau, la responsabilité du pouvoir de notre attention qui génère de la richesse là où nous la dirigeons. Ça me fait songer aux émissions de télé réalité qui sont bêtes et dégradantes et qui continuent de rapporter énormément d’argent, parce que quand on tombe dessus quelque chose se passe, le fait que tant de monde les regarde nous pousse irrésistiblement à regarder nous aussi.
Je pourrais encore citer le développement sans fin de Mongo qui augmente autant le positif que le négatif, la perte de la capacité d’attention comme explication plausible du déclin de la musique classique, le fléau de l’inconscience qui pour moi relève autant de l’indifférence et qui renvoie alors à la perte du religieux, la perte de l’attention à autrui et de l’amour du prochain. Il y a aussi les quatre poisons de la bête immonde de l’inconscience collective : l’accélération du temps, le gigantisme, le carriérisme et la frontière séparatrice, des poisons qui sont bien réels dans mon univers professionnel.
De la confrontation avec toutes les idées de ce deuxième volume, il ressort que je me sens en phase avec elles pour les trouver toutes pertinentes et cohérentes. Elles me donnent l’impression qu’elles étaient déjà en moi, que je les percevais déjà dans le monde mais sans pouvoir les exprimer,
et le livre a le mérite de les formuler clairement.
Le dernier grand moment du livre s’enclenche avec la crise de doute du Dicteur qui est vraiment très bien écrite. Elle nous fait vivre de l’intérieur sa montée d’angoisse jusqu’à ce qu’il craque, pour finalement plonger dans le Silence de Mongo et accéder à la paix intérieure qui est extrêmement bien ressentie.
Ce moment arrive à point pour préparer l’atmosphère de détente nécessaire au dénouement. Le Dicteur nous a fait accumuler son savoir au cours de la lecture, pour ensuite nous montrer que tout ce savoir l’étouffe et n’est pas essentiel pour vivre en paix et heureux. C’est aussi une invitation pour le lecteur, non pas à rejeter, mais à relativiser la connaissance acquise dans ce volume, car la compréhension profonde du Dicteur aboutit au Silence. Et l’image finale de la Madone, par son sourire transcendant indestructible, nous rappelle que si la connaissance peut aider, en définitive seul l’amour de soi-même et des autres apportera la guérison du monde.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Je signale juste que la parenthèse statique à l’intérieur du dynamisme du roman peut sembler un peu longue, mais ça reste très léger.
Volume III
♥♥♥♥ 9,5
Commentaire
Alors que je l’ai adoré, la première impression qui me vient est que je ne sais pas quoi en dire. A cause de sa richesse, de sa vastitude, de sa profondeur spirituelle qui touchent tellement de dimensions de l’être qu’il semble impossible à résumer.
Comme les volumes précédents, on rentre dedans, on est pris par le récit qui est toujours aussi bien écrit. Difficile de lâcher les pages, elles gardent leur pouvoir d’attraction en nous entraînant dans des intrigues qui s’amoncellent en restant ouvertes : l’envie de retrouver les personnages principaux, de les voir évoluer, l’envie de recevoir les révélations des grands symboles, de découvrir la cérémonie de transfert, qui sera le treizième Danseur accompli, à quoi ressemblera la treizième mutation. Mais il y a surtout l’attraction de l’inconnu, on avance dans les pages comme dans l’inconnu, car le livre ne cesse de surprendre en changeant fortement à chaque volume, au point qu’on ne sait vraiment pas à quoi s’attendre avec lui.
Dans ce troisième volume, on plonge dans une dimension spirituelle intense qui pour moi s’apparente à une religion laïque. Son pouvoir d’attraction s’exerce ici au niveau spirituel, dans un appel à aller vers soi-même, à se dévoiler pour une redécouverte de soi-même. Il éveille des intuitions de notre être intérieur, comme si on se parle à soi-même en lisant. Il exprime des vérités éternelles dans une grande référence biblique, mais en employant un langage nouveau, des images poétiques nouvelles très évocatrices qui en rafraîchissent le sens et résonnent clairement en soi.
Le livre devient de plus en plus religieux, et à ce stade, j’imagine que son auteure doit avoir un engagement religieux intense, une connaissance spirituelle profonde. On sent aussi qu’elle aime son livre, qu’elle a dû profondément aimé l’écrire, car en retour on aime son livre, on aime la force de vie et l’amour qu’il contient.
Dans le foisonnement des thèmes spirituels qui m’ont touché, celui qui me vient en premier est le sens avec, ou être avec qui est longuement développé. C’est le » aimez-vous les uns les autres » de Jésus. Son imprégnation conduit à dissiper les oppositions, les séparations, produisant un effet d’ouverture à la vie et d’apaisement profond. Il s’associe à l’autre grand thème du Oui inconditionnel à la vie qui invite à ne résister à rien et à tout accepter, nous faisant sentir que cette acceptation sans limites est le moteur qui fait s’évanouir le mal, que si nous pouvions réellement tout accepter, il n’y aurait plus aucune trace de mal dans notre réalité propre. Mais cette acceptation demande le courage de ne résister à rien de ce qui nous arrive, c’est un acte de sacrifice de soi tout comme Jésus s’abandonnant sans condition sur la Croix. Et je ne peux m’empêcher d’associer le périple de Thomas qui s’ouvre et s’abandonne toujours plus à la lente crucifixion de Jésus qui prend sur lui tous les péchés du monde pour les transcender.
Car on peut retrouver cette impression dès la révélation de l’Ogre qui survient au début du volume. C’est une entité fascinante qui contient tout le mal et est le miroir de toute notre peur, mais en même temps l’Ogre appelle Thomas comme un écho lointain de l’appel de Mongo. Thomas l’affronte en reconnaissant qu’il est aussi une part de lui, ce qui devient de plus en plus manifeste dans la dernière partie méditative du livre. Là, sa crucifixion consiste à s’affronter jusqu’au bout, c’est-à-dire à affronter jusqu’au bout l’Ogre, la peur et le mal qui résident dans le miroir de sa conscience. Ça me fait songer à la formule de Kleist qui dit qu’après avoir croqué la pomme il faut manger le pommier tout entier. Il faut aller jusqu’au bout du mal pour le consumer et le transcender. C’est aussi la voie du » connais-toi toi-même » où il faut avoir le courage de se regarder jusqu’au bout pour accéder à la connaissance de soi.
Impossible d’évoquer tous les thèmes importants car ils foisonnent. Je peux dire encore qu’ils s’enchaînent, se nourrissent et s’appellent tous les uns les autres. Comme la mission divine de l’homme qui est d’unir en lui Ciel et Terre. Comme de redevenir un petit enfant pour accéder au Royaume éveillé. Ou comme le double mouvement du relatif et de l’ultime où Thomas s’interroge si tous les êtres pourraient être en réalité éveillés, et donc au paradis, sauf lui.
Enfin une dernière note sur la scène d’amour des jeunes amants qui est d’une grande intensité érotique, accompagnant leur élévation et communion toujours plus intime par une stimulation de l’énergie très bien ressentie.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Dans la scène d’amour, il y a quelques longueurs épisodiques, quelques phrases en trop qui pourraient être retirées, mais ça reste très léger.
Volume IV
♥♥♥♥ 10
Commentaire
Comme les volumes précédents ont été à chaque fois des surprises déjouant mes attentes, j’ai commencé ce dernier volume avec une avide curiosité pour la nouvelle surprise qu’il me réservait. J’espérais quand même retrouver les grands personnages du premier volume, surtout le baron Ungern, le plus fascinant à mes yeux. Ça n’a pas été le cas mais ça ne m’a pas déçu non plus, car le grand final du livre a tout emporté dans son énergie, faisant s’évaporer tous les personnages en dévoilant leur nature illusoire dont le rôle premier était de servir de support pour l’éveil de conscience. L’aboutissement du livre est alors exactement tel qu’il doit être, et il révèle rétrospectivement son unité profonde où tous ses différents aspects étaient des préparations pour faire converger l’énergie en un point de fusion libératrice.
Pour essayer de traduire l’impression qu’il m’a faite, je perçois le livre comme une icône, au sens des icônes de l’orthodoxie russe qui ont une fonction et un pouvoir spirituels. Dans l’icône, Dieu envoie une image plate (sans perspectives) contenant un mystère qu’il faut s’efforcer de sonder par la contemplation. De la même façon, le livre envoie dans notre conscience une grande image attrayante, divertissante et chargée de mystère. Le lecteur s’en imprègne tout au long des quatre volumes où un travail de gestation est à l’œuvre qui éclot à la fin quand l’icône révèle son secret en libérant l’énergie spirituelle qu’elle contient. Alors l’image support se dissout, tout l’univers imaginaire s’évapore pour ne laisser que l’essentiel : un éveil de conscience. En reconnaissant la nature illusoire de l’image, on se réveille d’un rêve qui est aussi le rêve illusoire du monde. Lorsque l’image à laquelle on s’est identifié durant toute la lecture se dissout, c’est aussi bien l’image de soi qui se dissout. Elle procure ce sentiment libérateur de l’oubli de soi, source du vrai bonheur pour aller à la rencontre de l’Autre et parvenir à la plénitude de l’Unité où plus rien ne manque.
Le livre finit sur une ouverture qui est un nouveau commencement pour le lecteur. Il s’achève par une transmission d’énergie à travers la Danse finale des mongonastiques, où les Danseurs Carlos et Thomas tapent du pied pour prendre à témoin la Terre, symbole de l’action concrète, et où toutes les identités séparées fusionnent dans l’élan vers la Treizième Œuvre, qui ne peut être qu’une œuvre collective nécessitant la contribution de toute l’humanité. Et le lecteur sort du livre en réalisant qu’il est lui aussi partie prenante de la Treizième Œuvre, qu’elle n’adviendra qu’avec la contribution dérisoire et essentielle de sa goutte d’eau. Ainsi la boucle est bouclée pour un nouveau cycle, qui est aussi un cycle sans fin.
Le livre a semé les graines de l’éveil dans notre conscience pour nous engager à agir concrètement à notre niveau. Après nous avoir démontré que l’humanité était engagée sur le chemin de l’enfer, chemin de la ruine et du dépérissement pour les générations futures, il nous a donné tous les panneaux indicateurs pour retrouver le chemin du paradis. Ce chemin commence en reconnaissant comment on se créé soi-même son propre enfer, il s’accompagne de leçons de sagesse pratique à appliquer pour y mettre fin afin d’aller de mieux en mieux dans sa propre vie, condition préalable pour engendrer un monde meilleur pour tous.
La dimension romanesque du dernier volume est intense. Elle débute par la douloureuse rupture des jeunes amants qui est très bien ressentie. La visite de l’Ogre force Thomas à se confronter à lui-même. C’est un préalable nécessaire à sa renaissance.
Pour se connaître soi-même, il faut affronter sa propre partie infernale, aller à la rencontre de sa part d’ombre et l’accepter. S’accepter tel que l’on est est la voie pour détruire l’ego, l’image de soi, afin de trouver la paix, ce qui demande du courage. Cela revient à accepter le moment présent tel qu’il est pour détruire l’illusion du futur et du passé, et ne plus vivre de faux espoirs, comme accepter le lieu où l’on est comme le meilleur qui soit plutôt que de vouloir s’échapper dans l’ailleurs. Ce qui m’interroge sur l’intuition d’Einstein sur l’espace-temps qu’il concevait peut-être comme une donnée de la conscience.
Thomas se confronte ensuite à Gunj qui va le conduire à la guérison. Gunj évoque clairement le sage réalisé. Il a atteint la vérité de l’être et la joie intérieure inaltérable. Il est parvenu à se libérer de la souffrance enracinée dans l’ego, tout en restant profondément humain et sensible à la souffrance d’autrui, ce qui le rend proche et attachant. C’est un sage très crédible qui donne de la valeur à ses leçons de sagesse. Il n’assène pas un savoir mais a un rôle d’éveilleur et d’accoucheur dont on voit l’effet sur Thomas. Après l’avoir longuement préparé, Gunj l’abandonne a ses propres ressources intérieures pour opérer sa guérison. Elle s’enclenche avec la vision du cœur de Mafat dégorgeant de sang qui est très forte émotionnellement, tandis que le processus de guérison par le transfert de sang coupable dans la crucifixion de Thomas est tout à fait pertinent.
Le développement du rejet, de la violence, de la souffrance, puis de la réconciliation et de l’apaisement des personnages est très bien mené et ressenti, autant entre Mafat et Thomas qu’entre Carlos et Thomas. Leur métamorphose dans la scène de retrouvailles finale s’impose alors naturellement. Ils sont tous les trois unis par un même cœur ouvert dans l’amour inconditionnel comme la sainte Trinité, parce qu’ils sont tous les trois dans l’attention de l’autre et non d’eux-mêmes, donc dans l’oubli de soi où ils se sauvent eux-mêmes en parvenant à l’Un. Il n’y a plus aucune trace de jalousie et de tensions entre eux, tandis que Mafat révèle une dernière fois sa maturité supérieure sur les deux Danseurs en tant que leur initiatrice.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien. Tout est à sa place, aucune longueur à signaler.
Eva L.
Eva L. – 21 ans – 1ère année Master de Théologie – Strasbourg
Sensibilité littéraire : romans classiques et philosophie politique, Sartre, Alexandre Dumas, Marie-Aude Murail, Orwell « 1984 »
LIVRE COMPLET ♥♥♥♥ 9,5/10*
Volume I ♥♥♥ 8
Volume II ♥♥♥♥ 9
Volume III ♥♥♥♥ 9
Volume IV ♥♥♥♥ 9,5
* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime
En une formule
Une magnifique exhortation à l’Amour de toute la création.
En quatrième de couverture
A travers le destin d’un petit garçon que nous voyons grandir, nous découvrons un monde plongé dans l’horreur et comment cet enfant appelé à être un Élu pourrait le sauver. Ce roman nous parle d’amitié, d’aventure, de fraternité, d’espoir, de bienveillance et d’Amour. C’est en combattant les ténèbres de son inconscience que l’humanité pourra trouver le chemin de la fraternité, et c’est en combattant ces mêmes ténèbres à l’intérieur de lui-même que l’homme pourra se trouver en pleine lumière. Le livre tout entier est une magnifique exhortation, pour que tous aujourd’hui nous agissions à notre échelle pour un monde meilleur, comme des milliards de petits colibris.
Questionnaire
Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?
C’est un roman d’initiation, presque une épopée, qui fait le choix de s’attacher à un personnage.
Il est constitué de grandes parties avec des styles différents qui reflètent des énergies, des dynamismes, des émotions et des atmosphères tout aussi différents : vie au village, scène d’amour, transe, aventure, horreur, dialogue, monologue intérieur, description, analyse politique…
Il montre un monde horrible pour nous avertir du pire qui pourrait nous arriver si nous laissons faire, et il nous incite à partir de là à agir dès aujourd’hui.
Malgré la profondeur du mal qu’il décrit dans toute sa cruauté, la tendresse et la bienveillance dominent le livre et l’emportent largement.
La narration prend son temps. Les thèmes sont développés en profondeur, ce qui ralentit le dynamisme de la lecture sur certains longs passages. Cela peut passer pour un manque d’efficacité de tenir le lecteur en haleine, mais c’est finalement une qualité du livre. Elle révèle l’intégrité de l’auteure qui privilégie la profondeur de son message à une efficacité marchande supposée.
Que vous a-t-il apporté ?
L’envie d’agir et de croire qu’une humanité fraternelle est encore possible.
A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?
Je ne dirai pas éveillé car j’avais déjà conscience de certains thèmes abordés, mais il a renforcé mes convictions quant à l’action pour le bien-être de l’humanité et de la planète.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?
Je vois le livre comme des blocs successifs de styles différents, formant un tout cohérent. Cependant, je m’attendais à retrouver le personnage d’Ungern. Je suis un peu restée sur ma faim de ce côté-là, on ne voit pas l’évolution du monde souffrant.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?
Je ne sais pas si elle est nécessaire, mais c’est certain qu’elle renforce l’aura de mystère à l’origine de la création du livre.
Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?
Oui, totalement, car il invite à agir.
Selon vous, est-il accessible au grand public ?
Oui, car il retrace une aventure, et non, car les longues descriptions peuvent ennuyer certains lecteurs qui ne seraient pas réceptifs aux thèmes abordés.
Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?
Je ferais la même réponse que pour la question précédente.
Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?
A certains, qui y seraient réceptifs, oui.
Volume I
♥♥♥ 8
Commentaire
L’écriture simple et aisée fait qu’on entre très facilement dans l’univers du livre. La façon de mettre en place tout doucement la multitude des différents éléments de l’univers est aussi très bien amenée. L’univers se construit et se déploie peu à peu dans notre imaginaire, mais sans qu’on parvienne encore à l’identifier et à comprendre ses enjeux. On en est au stade d’avoir tous les éléments d’un puzzle dont on attend que tout soit rassemblé pour découvrir la vision d’ensemble. Et c’est en premier cela qui me donne très envie d’entamer le volume II pour découvrir l’univers total dont il retourne.
Le personnage de l’enfant Thomas qui porte la marque du héros et peut-être de l’Élu attendu, par sa bienveillance et son désir de faire le bien, donne également très envie de se plonger dans la suite. Intriguée par la communauté de Mongo et leur attente de Thomas pour sauver l’humanité et accomplir son bien, je voudrais savoir comment ils comptent s’y prendre, surtout dans sa pertinence en reflet avec le nôtre. Car avec un monde très sombre dépeint dans le récit qui est comme une extrapolation extrême du nôtre, l’enjeu de le sauver fait immanquablement écho à l’enjeu de sauver notre propre monde actuel.
C’est comme ça que je perçois le personnage d’Ungern et les situations de tortures horribles dont il se délecte. C’est un dictateur qui règne par la manipulation de la peur et qui symbolise la noirceur du pouvoir économique et politique qui pèse sur notre humanité. Mais il y apparaît comme un avertissement de ce qui pourrait nous arriver si nous laissons se développer ce pouvoir sans réagir. Car si le livre met en relief cette noirceur, il semble avant tout motivé par la bienveillance et une volonté de lui trouver un remède.
Je dirai encore que la vie au village est attrayante pour son bonheur de vivre qui s’apparente à des versions altermondialistes et alternatives de notre société consumériste.
Les personnages les plus marquants sont pour moi Thomas par sa bienveillance et son pouvoir caché d’Élu potentiel, et Djack qui est plein de mystère du fait de son arrivée « accidentelle » au village où il fait la jonction entre les différents mondes.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
J’apprécie le style classique, et ici nous avons un style moderne avec un langage parlé très direct dans les dialogues, auquel je ne suis pas trop sensible.
J’ai été aussi dérangée par des répétitions en fin de phrases que je trouve malvenues et maladroites.
Ces deux remarques ne signalent pas des fautes qui doivent être corrigées, mais simplement ma sensibilité personnelle qui ne s’accorde pas avec ces deux intentions du texte qui sont manifestement délibérées.
Volume II
♥♥♥♥ 9
Commentaire
En révélant les enjeux essentiels du livre, le second volume monte nettement en intensité par rapport au premier qui apparaît alors comme sa nécessaire préparation. C’est sa dimension d’activisme citoyen intégrée au support romanesque qui m’a le plus captivée par sa pertinence et son potentiel de large diffusion.
Le style qui a évolué pour s’accorder à la maturité du propos est élaboré et tout à fait abouti.
Alors que le premier volume nous laissait dans les limbes sans pouvoir percevoir de quoi retournait l’univers de Mongo, ce qui m’a plu d’emblée est de ne pas avoir été déçue dans mon attente d’en être éclairée. Cette fois le mystère est levé, toute la compréhension des rouages de ce monde est donnée. Ce qui semblait partir un peu dans tous les sens dans le premier volume se révèle appartenir à une vaste architecture où chaque élément participe à l’ensemble par des liens nécessaires qui n’ont rien de fantaisiste. A partir de là, le récit s’inscrit dans une solide assise qui donne une grande force de développement aux thèmes abordés qui en deviennent d’autant plus convaincants.
J’ai ainsi adoré toute la description en miroir de notre monde d’aujourd’hui qui s’ouvre sur l’exacerbation de l’industrie des croquants qui a façonné une humanité vouée à la consommation, au narcissisme et à l’égoïsme. Elle met aussi très clairement en relief que cette orientation pathologique qui nous corrompt tous fait désormais tellement partie de nos mœurs que personne ne songe à la remettre en question. Tout comme la dictature de la Communication à laquelle nous sommes soumis par une saturation de divertissements qui aboutit à un abrutissement de masse, à la passivité et à la paresse qui sont acceptés socialement alors que ce sont des vices nuisibles à notre épanouissement. Tout comme la dominante de la peur pesant sur la Communication comme principal instrument de manipulation des foules et source de toutes les destructions.
Tout cela prépare l’essai socio-économique du livre auquel j’ai beaucoup accroché. On y retrouve le champ lexical de l’horreur comme une exhortation salutaire à agir, et à agir en commençant par soi-même. Notre responsabilité individuelle de contribuer à changer le monde est judicieusement mise en avant par l’esprit de la goutte d’eau. Tout en mettant à l’honneur les mouvements marginaux d’altermondialisme motivés par une action transformatrice, elle rappelle l’impasse des révolutions du passé que seul l’essor d’une nouvelle pensée peut surmonter et dont le premier impératif est que le changement commence par l’intérieur.
Elle implique un rejet de la transcendance, du moins en ce qui concerne l’attente passive d’un salut venu de l’extérieur. Ni Dieu, ni une nouvelle révolution, ni un nouveau gouvernement ne vont sauver le monde, mais c’est à chacun de nous qu’il revient de contribuer à créer un monde meilleur en prenant conscience du pouvoir d’action effectif de notre goutte d’eau.
Ce thème en appelle d’autres qui vont se déployer au cours du livre. C’est le Silence de Mongo (ou de Dieu) qui nous interpelle ensuite. Son Silence n’est pas rien, il n’est pas inaction ni indifférence mais le gage de ne pas agir à la place des hommes en leur laissant la liberté de choisir, une liberté qui implique d’assumer la responsabilité des conséquences de nos choix. En même temps, Mongo (ou Dieu) tout en ne se manifestant pas de lui-même a un plan pour le monde, un plan insondable visant son Bien suprême dans lequel le mal est un ingrédient qui fait partie de l’accomplissement de ce plan.
Ceci renvoie à nouveau à l’interrogation toujours ouverte de la liberté et du déterminisme qui traverse tout le livre. Pour Thomas en proie à cette interrogation qui le tourmente, l’issue semble apparaître dans une conjonction des deux où c’est en s’appropriant son destin, en acceptant d’être ce qu’il est qu’il trouvera sa liberté.
J’apprécie particulièrement cette façon dont le livre entretient des interrogations fondamentales sans apporter de réponse définitive. Il stimule l’esprit critique en ne prenant pas de position tranchée. Ainsi l’institution de Mongo n’est pas un idéal parfait. Elle a des failles qui méritent d’être affrontées pour être surmontées. C’est tout le rapport entre la foi et le doute qui est exacerbé chez le Dicteur, mais aussi chez Thomas. Je trouve qu’il est très bien exploré et développé. Il montre que le doute n’est pas incompatible avec la foi mais peut contribuer à la faire grandir. La foi a parfois besoin d’être mise à l’épreuve par le doute afin de se révéler à un niveau plus profond et de devenir plus authentique. Et c’est une leçon qui vaut également pour tous les mouvements citoyens porteurs d’un idéal qui méritent d’être remis en question pour grandir en pertinence et ne pas s’aveugler.
Il y a encore beaucoup d’autres idées originales qui m’ont marquées, comme tout ce qui tourne autour de l’art comme arme de salut et d’éducation humaniste des enfants, car elle stimule leur expression, leur observation et leur altruisme.
Je citerai juste pour finir le rapport au temps qui est très évocateur des pressions de notre société de l’urgence et de la vitesse. Alors qu’il est aboli au Mongonastère, procurant la vertu de s’appliquer justement à ce que l’on fait sans tension d’un résultat à fournir, c’est tout le contraire dans la société de la croissance qui est soumise à la tyrannie du temps. Ce qui me fait songer à ce dicton africain : « Vous, vous avez les montres, et nous, nous avons le temps ».
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien à signaler.
Volume III
♥♥♥♥ 9
Commentaire
Ce volume III m’a encore plus captivée que les deux précédents. J’ai adoré lire les trois premiers quarts dans lesquels j’étais totalement absorbée. On a ici le dynamisme de l’épopée dans un roman d’initiation qui déploie pas à pas les différentes phases initiatiques conduisant à un éveil de conscience toujours plus élevé. La découverte de l’amour partagé entre Thomas et Mafat est magnifiquement exprimée. Elle est d’une grande sensibilité, pleine de douceur et de tendresse, tandis qu’ils s’ouvrent graduellement l’un à l’autre pour se rejoindre dans une communion et une intimité toujours plus profondes. Cette ouverture à l’autre révèle qu’elle est indissociable d’une ouverture à soi-même et à la vie, dans un sentiment de confiance, d’écoute, de respect et de vénération chaque fois grandissants.
C’est la grande leçon de sagesse que je retiens de ce troisième volume : oser s’ouvrir à la vie, l’accueillir comme un cadeau, lui dire un Oui inconditionnel dans le présent. Notre relation épanouie à la vie en dépend, car elle nous rappelle notre condition première d’être au monde dont seule cette disposition ouverte peut nous en faire goûter la béatitude. Ce cheminement qui conduit à être en paix avec soi-même et avec la vie éveille naturellement un état intérieur de gratitude et de bienveillance qui ne demande plus qu’à s’épancher à l’extérieur, sur les autres et sur le monde. La quête du remède universel pour sauver l’humanité souffrante qui jalonne les volumes précédents trouve ici une autre réponse complémentaire et plus élevée dans l’Amour. L’Amour peut sauver le monde dès lors que l’on reconnaît que le monde est Amour. C’est ce qu’exprime Thomas au sortir de sa nuit d’amour lorsqu’il redécouvre le monde avec les yeux neufs et innocents d’un petit enfant, lui procurant la sensation paradisiaque d’émerveillement face au monde. Là tout vient du cœur et tout est reçu avec le cœur, et il n’y a d’autre commandement que d’écouter son cœur dans le présent sans se préoccuper du futur. L’envie d’aimer qui vient du fond du cœur lui a été inspirée par Mafat pour ensuite déborder sur le monde. Il s’agit bien du véritable amour qui aspire à se dévouer au bien-être d’autrui sans rien vouloir pour soi-même. Il s’agit aussi du véritable sacrifice (de l’égoïsme) qui n’est pas contraint ou forcé, mais qui devient l’expression spontanée de la libération du cœur et de la vie en soi qui procure le véritable bonheur d’être.
Autour de ce thème central gravitent d’autres thèmes qui lui sont connectés et qui approfondissent les réflexions antérieures sur la peur, la liberté et le déterminisme, la foi et le doute…
Il y a d’abord la leçon sur Newton et Einstein. Elle révèle la relativité du monde qui n’est pas objectif mais est l’expression de notre projection subjective. Cette relativité est porteuse d’espoir car elle prouve que nous avons le pouvoir de transformer le monde à partir de nous, en transformant notre projection par l’élévation de notre conscience.
L’état désastreux dans lequel se trouve le monde est la preuve de la liberté qui nous est laissée et qui est indissociable de notre responsabilité. Nous sommes alors tenus par un devoir de conscience envers le monde et envers la Terre.
Le Mongonastère fait ressortir sa part ombrageuse de dictature où il interdit les relations d’amour entre les paysannes des îlets et les mongonastiques. Les boules noires qui voient tout suppriment la vie privée et l’intimité, et donc la liberté d’agir qui est impossible dans une surveillance constante.
La religion (dans le sens d’une connexion à une dimension transcendante) a disparu pour être remplacée par la religion de la Communication. J’y vois une vraie corrélation du déclin du religieux avec notre monde d’aujourd’hui où la recherche de réponse dans la transcendance a fait place à Internet qui a réponse à tout.
L’acte de foi est dans le Oui inconditionnel à la vie. On ne peut pas servir à la fois Dieu et l’argent, on ne peut que se donner entièrement à Dieu. Ce qui met la foi à l’épreuve en demandant le courage d’affronter sa peur. Dans cette épreuve toujours renouvelée, le doute a sa place et joue un rôle important, stimulant les remises en question et ramenant à l’humilité.
Le thème de la peur réapparaît en étant plus nuancé : il y a un juste milieu où il faut savoir aussi écouter sa peur. Cela me rappelle Aristote pour qui la vertu se trouve dans le juste milieu entre les extrêmes.
La fin du volume a des références explicites au chemin christique. Thomas réalise (p266) qu’il porte en lui la charge coupable de toute l’humanité déchue, tout comme Jésus a pris sur lui tous les péchés du monde. Pour accéder au Royaume, il faut être semblable à un petit enfant et ne rien posséder. L’homme porte en lui le péché originel mais aussi une bonté originelle…
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Le dernier quart du volume s’affaiblit par des longueurs. Les thèmes y sont traités de façon trop répétitives, m’ayant donné l’impression d’avoir déjà compris avec l’envie de passer à la suite, surtout dans les deux longs passages en italiques. Ils gagneraient à être réduits de 25%.
Volume IV
♥♥♥♥ 9,5
Commentaire
J’ai dévoré ce dernier volume qui m’a enthousiasmée parce qu’il s’achemine vers la lumière en partant de l’obscurité, aboutissant à un dénouement final plein d’espoir et d’énergie positive. On se retrouve ici totalement dans le roman initiatique marqué par les longs échanges entre Thomas et Gunj. C’est l’aspect du roman qui m’a le plus surprise car je ne m’attendais pas du tout à ce que leur dialogue sous forme de joute oratoire soit autant développé. S’il est long, il a sa valeur propre et ne donne pas une impression de longueur et de répétition comme pour la dernière partie du volume précédent. Mais par cette orientation inattendue qui mène jusqu’à la fin du livre, le baron Ungern est oublié. On ne saura rien du sort de l’humanité souffrante sous son joug avec le péril qu’il fait peser sur elle, et cette omission m’a un peu laissée sur ma faim. A la place, le livre se termine sur une fin ouverte où le combat à livrer pour délivrer cette humanité en grand péril ne fait que commencer. C’est le dernier miroir qu’il nous renvoie, car il s’agit aussi bien de notre situation collective actuelle qui nous commande d’entrer en action pour échapper à notre autodestruction. La Treizième Œuvre ne pouvant être accomplie qu’avec la contribution de toute l’humanité, c’est à chacun de nous qu’il revient désormais d’agir au niveau de notre goutte d’eau pour écrire la suite de l’histoire dont le dénouement heureux nous est assuré, comme le montrent si bien les trente dernières pages du livre. Elles nous galvanisent en étant porteuses de joie, de bienveillance, de fraternité, de certitude de l’accomplissement : nous avons le pouvoir d’agir, et à travers nous, le monde sera sauvé.
Tous les thèmes développés ont une référence biblique forte, directe ou indirecte.
1- La grande interrogation de la liberté et du déterminisme qui sillonne tout le livre aboutit à la compréhension que la liberté est dans l’acceptation de ce qui arrive, dans cette détente qui est un abandon confiant à une puissance supérieure inconcevable qui sait mieux que nous ce qui est bon pour nous parce qu’elle veille parfaitement sur nous.
2- Dans le rapport à la vie, il n’y a pas de délivrance dans la fuite de la réalité. L’attachement aux rêves qui sont des illusions créé la souffrance. Le remède pour s’en délivrer est de s’ancrer dans le présent.
3- Dans le rapport à autrui, juger les autres est le mal absolu. Le jugement est une projection (de soi) sur l’autre qui ne peut que le manquer. Il installe une séparation qui interdit la relation d’altérité, dans l’accueil bienveillant de la différence de l’autre. Avoir un cœur ouvert à toutes choses nous délivre du mal du jugement.
4- La bonne santé d’une société est dans l’équilibre, le juste milieu entre les extrêmes qui renvoie à nouveau à Aristote. La vertu n’est pas dans la soumission aveugle à la loi, mais dans le juste équilibre entre l’obéissance à la loi et sa nécessaire transgression.
5- Tout comme dans « Le Petit Prince », le regard authentique est dans l’enfant. Il faut garder sa part d’enfance pour accueillir la vie.
6- L’Ogre est l’équivalent du Diable, trompeur et tentateur, prétendant être au-dessus du bien et du mal. L’originalité ici est de montrer qu’il puise sa force dans l’inconscience collective. Il s’oppose à Mongo, donc à Dieu qui conduit à la fin des souffrances.
7- Mongo en tant que Source évoque le Saint Esprit, et donc la Trinité. L’aspect du Christ est incarné par Thomas, Mafat, et aussi Carlos plus en arrière, parce qu’ils partagent la condition de l’humanité souffrante en la prenant sur eux.
8- Il ne faut pas s’inquiéter du lendemain car Mongo veille au bien de la création.
9- Sur les deux personnes qui coexistent en nous, la fausse et la vraie, cela me fait songer à la citation de Paul : « Je fais le mal que je ne veux pas ». La fausse personne tourmente les hommes. Elle est la racine du déséquilibre et du péché originel. Il revient à Thomas dans sa dimension christique, tout comme à Mafat qui est son double féminin, de détruire le germe originel du malheur qui réside dans la fausse personne.
10- L’exhortation à agir pour le bien du monde. Mongo a besoin des hommes pour accomplir son Œuvre salvatrice. Elle ne se fera pas sans nous qui avons la chance de pouvoir agir au niveau de notre goutte d’eau. C’est une mise en garde contre la passivité qui peut prendre le déguisement de la neutralité mais qui en réalité est néfaste. Sans se remettre en question et sans conscience d’agir, notre passivité est le fléau qui nous détruira. L’Adversaire nous enlise dans les ténèbres, et on ne pourra le vaincre qu’en retrouvant le chemin de la fraternité en osant aller vers l’inconnu et l’impossible.
11- La révolution qui attend l’humanité est dans le Retournement de son attention, la faisant passer de l’égoïsme à l’altruisme, de l’attention fixée sur soi à l’attention d’autrui.
12- L’Amour et la Fraternité sont le seul vrai pouvoir. Ils s’opposent à l’orgueil. C’est ce que montre la scène finale révélant l’amour pur et entier que Mafat a autant pour Thomas que pour Carlos. Elle révèle que l’amour véritable ne choisit pas et n’est pas sélectif mais s’étend à toute la création.
13- Enfin la chute de Thomas nous montre qu’aussi élevé et pur soit-il, il n’est pas infaillible. Tout comme nous, il peut être tenté par le Diable, mais l’important est qu’à l’issue de ce combat intérieur, on soit toujours capable de se relever.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien à modifier. Comme je l’ai dit plus haut, on ne voit pas l’évolution du monde souffrant avec Ungern, mais c’est le parti pris de la fin ouverte du livre.
Pascal S.
Pascal S. – 51 ans – Ingénieur Électronique – Strasbourg
Sensibilité littéraire : littérature classique, Victor Hugo, La Fontaine, géophilosophie des civilisations disparues
LIVRE COMPLET ♥♥♥♥ 9/10*
Volume I ♥♥♥ 8
Volume II ♥♥♥♥ 9
Volume III ♥♥♥♥ 9
Volume IV ♥♥♥♥ 10
* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime
En une formule
Donnez vous le pouvoir de vous transformer vous-même pour transformer le monde.
En quatrième de couverture
Dans ce roman initiatique totalement atypique qui touche tous les plans de l’être, nous prenons conscience des enjeux vitaux de notre société hautement dysfonctionnelle en recevant les lumières pour surmonter notre autodestruction et créer ensemble un monde plus humain.
Pour ce nécessaire apprentissage, on suit la vie de Thomas depuis sa naissance jusqu’à son éveil à la pleine conscience dans un récit captivant qui nous tient en haleine tout au long de ses quatre volumes. Nous immergeant dans un univers dystopique de la Communication, il nous renvoie en permanence le miroir de notre réalité contemporaine, tandis que Thomas qui porte le potentiel du plus haut idéal humain mais aussi de sa chute dans la bassesse de l’inconscience, nous confronte à nous-même et à notre propre pouvoir d’accomplissement. Les clés de la paix intérieure nous attendent au bout de ce long voyage à la rencontre de soi-même, en réalisant qu’elle est la première richesse qu’il nous faudra cultiver pour garantir notre future prospérité partagée.
Mais comment résumer un livre dont la richesse de fond semble si inépuisable qu’on en sort avec l’envie de le relire tout entier ? Comment le qualifier alors qu’il est d’une nouveauté si particulière qu’il ne se compare à aucun genre existant ? Il faut faire l’expérience de L’Appel de Mongo pour percevoir la révolution qu’il porte en lui, ce souffle d’espoir et de renouveau dont nous avons tant besoin aujourd’hui.
Questionnaire
Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?
Je le qualifierai comme un livre d’initiation. Il est très instructif, bien écrit, d’une lecture fluide, claire et facile de compréhension. On se plonge bien dans toutes les différentes scènes qui nous gardent en immersion avec une forte empathie pour les personnages. C’est un livre qui amène à la réflexion, sur le monde actuel et aussi sur nous-même, d’une façon tout à fait surprenante. Surprenante, car il change profondément d’un volume à l’autre dans sa forme comme dans son fond pour exposer un propos toujours original, au point qu’il déjoue toutes nos attentes et qu’on ne peut plus rien anticiper jusqu’à son dénouement final.
Ma conclusion du livre est que c’est grâce à l’effort individuel de chacun, à vouloir combattre nos propre démons que l’on éveillera notre conscience pour devenir plus libre face à l’emprise de notre système fondé sur le profit, l’argent, l’individualisme, le pouvoir… Et ainsi on parviendra à une harmonie planétaire basée sur le respect des choix de l’autre et l’entraide entre tous.
Que vous a-t-il apporté ?
Ça m’a fait prendre encore plus conscience des problèmes de notre société actuelle.
A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?
Oui. Et la partie qui m’a le plus marqué est l’explication détaillée sur le système bancaire avec le fonctionnement des prêts.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?
Oui, il est très cohérent. Les quatre livres interagissent entre eux et sont nécessaires tous les quatre pour avoir l’explication complète de la pensée de l’auteure.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?
Oui, il faut que l’auteure soit anonyme pour rester cohérente avec le thème du roman.
Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?
Oui, je pense qu’il peut éveiller les consciences, ou au moins les faire réfléchir au fonctionnement de notre société.
Selon vous, est-il accessible au grand public ?
Oui, tout à fait.
Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?
Je pense que oui. En tout cas pour ma part, je considère que c’est un livre utile pour notre société, et donc qui répond à un besoin qui peut devenir contagieux.
Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?
Oui.
Volume I
♥♥♥ 8
Commentaire
J’ai trouvé ce premier volume très intéressant et captivant. Il est surprenant car bien qu’il soit un peu fantastique (juste ce qu’il faut à mon goût), son contenu est initiatique de mon point de vue avec beaucoup de passages qui sont profonds et nous font réfléchir.
La profondeur se révèle d’autant mieux qu’elle repose sur un style facile, clair et précis, très bien maîtrisé, ce qui fait qu’on est bien guidé par une écriture agréable et harmonieuse. On entre tout de suite dans les scènes qu’on visualise avec facilité, tout comme les personnages deviennent vite proches parce qu’on ressent leur sensibilité humaine qui les rend attachants.
Le village hors du monde où il fait bon vivre nous accueille chaleureusement. Il fait immanquablement écho aux communautés autonomes de simplicité volontaire qui émergent à la marge de la société comme les Oasis de Pierre Rabhi.
Quand arrive la séquence du jeûne, le livre surprend à nouveau par sa pertinence et la rigueur de ses descriptions (je pratique le jeûne et confirme que tout ce qu’il en dit est exact). Tout comme la séquence finale du Taï Chi Chuan, pratiquant l’Aïkido, je trouve bien venu sa manière de le présenter sous l’angle de l’énergie.
Il y a un contraste réjouissant entre un environnement fantastique et un contenu réaliste très abouti dès que le livre aborde des thèmes importants. C’est notamment le cas du grand sujet de la peur qui est présenté à plusieurs niveaux. Il se montre profond en restant léger lorsque l’auteure parle de la peur que l’on a tous, où pour se réconforter on consomme dans différents domaines. On veut posséder des quantités de choses pour nous donner l’illusion que l’on est en paix et pour calmer cette peur. Ce qui nous conduit plus loin dans le récit à la peur fondamentale de la mort que le maître Zabir décrit aux deux enfants lorsqu’ils doivent franchir une crevasse au-dessus du vide. Ils sentent le vide qui les attire et donc la mort. Car on a peur du vide et donc de la mort, ce qui exprime un manque de confiance en la vie avec une peur de franchir les obstacles (ici la crevasse).
J’ai trouvé aussi très intéressant le passage où Zabir explique aux enfants l’importance de toujours écouter son être profond et non son mental, car seul notre être profond sait ce qui est juste pour nous. Il leur explique aussi de toujours écouter le corps car la conscience est dans le corps et pas dans le mental.
Pour revenir à son aspect initiatique que je lui ai découvert en rapport avec ma passion pour les civilisations disparues, il y a tout un univers de symboles qui s’y déploie d’une façon hautement significative et non pas fantaisiste. Le Scarabée, symbole de la renaissance. Le cube, pierre philosophale des Égyptiens qui lui suppose une fonction salvatrice attendue. La pyramide qui capte l’énergie du cosmos pour l’ancrer sur la terre…
Au début du livre, l’enfant Thomas qui doit quitter sa mère et son village pour se rendre au Mongonastère évoque bien une initiation dans un temple des mystères comme il en existait au début de notre civilisation. Comme ici, les personnes devaient venir de leur propre gré et passer certaines épreuves éliminatoires avant d’être acceptées au monastère pour suivre l’enseignement. Même l’habit des mongonastiques, tunique à capuchon, sandales et ceinture en corde rappelle les moines des monastères.
Ce climat initiatique imprègne jusqu’aux jeux imaginaires des enfants où tout en s’amusant ils traversent l’épreuve de l’eau, l’épreuve du labyrinthe propres aux initiations dans les temples des mystères.
Quant au mystère suprême, il est habilement incarné par Mongo qui à la fin de ce premier volume n’a fait que croître en interrogation en restant complètement nébuleux. Le résultat produit est une attente fébrile de me plonger dans le volume II dans l’espoir que son mystère sera révélé et expliqué. A ce stade du récit, il me donne l’impression de vouloir nous inspirer une nouvelle façon de voir le monde, une façon plus éclairée où l’on se pose soi-même les questions.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
J’ai trouvé la scène des ébats sexuels d’Ambre et de Djack dérangeante et choquante par sa crudité, surtout parce qu’elle rompt avec le ton général de l’écriture qui est délicat et harmonieux.
Même remarque pour les scènes de torture avec Ungern.
Elles me laissent cependant l’impression qu’elles ont une raison d’être voulue par l’auteure qui m’échappe pour le moment, mais dont j’espère avoir la compréhension en poursuivant ma lecture.
Volume II
♥♥♥♥ 9
Commentaire
Ce deuxième volume m’a davantage plu encore pour son intérêt et sa profondeur. Je l’ai terminé avec une impatience d’entamer le volume III.
Ici le contexte fantastique devient clairement une loupe grossissante de notre monde actuel. La longue analyse du Dicteur dans l’observatoire du monde met en évidence le mouvement d’autodestruction dans lequel nous sommes piégés, mais aussi les alternatives et issues véritables qui existent à condition d’en devenir conscients collectivement pour les mettre en œuvre. Si le flux romanesque s’estompe en plongeant dans cet examen approfondi, il se découvre aussi captivant. D’abord le rappel de l’état catastrophique de notre monde a un effet stressant, anxiogène, ce qui rend la présentation des solutions porteuses d’espoir et de lumière d’autant plus attrayantes et nécessaires. La force de ce long développement est dans sa clarté pédagogique. Il lie bien les problèmes entre eux, montre leur interaction et leur enchaînement, nous rappelant que la bonne compréhension des problèmes est le préalable indispensable à leur résolution. Ce qui conduit ensuite à l’exposé des réponses salutaires dites « utopiques » qui se révèlent par contraste pourtant parfaitement logiques et cohérentes. On en sort avec une vision synthétique très claire de l’état du monde, avec ses périls et ses possibilités de les surmonter. Cette vision nous met face à l’énorme déni collectif de la catastrophe annoncée, et en surmontant la complexité apparente des problèmes qui nous maintient dans la confusion et l’inertie, elle nous incite clairement à agir au niveau de notre goutte d’eau.
Si la plupart des thèmes abordés me sont déjà familiers, je les ai retrouvés avec un nouvel éclairage. Tout le passage sur la création monétaire et la monnaie de dette notamment est très bien expliqué, il va droit à l’essentiel en apportant une compréhension limpide.
Je me suis senti totalement en phase avec les idées présentées, tout sonne juste et pertinent. L’industrie des croquants comme force négative, l’inconscience collective comme égrégore de la bête immonde, les têtes pensantes du monstre à la pointe des pyramides, là où trône la minorité des ultra-riches qui sont aussi les damnés de la terre, des êtres pervers habités par les forces du mal. La frontière séparatrice, poison suprême de la bête immonde, où cette élite richissime vit à l’extrême bordure du bon côté, dans l’état apparemment le plus enviable qui est en réalité le plus déséquilibré et le plus misérable. L’autre poison du monstre, la verticalité pyramidale, je le perçois nettement dans la boîte où je travaille, comment le carriérisme sélectionne les plus inconscients vers la pointe de la pyramide. La loi de l’attention et la monnaie d’attention, « tout ce sur quoi nous portons notre attention grandit », cela m’évoque les footballeurs qui gagnent des fortunes insensées, alors que c’est nous qui leur donnons le pouvoir en les regardant. Puis quand on passe à l’aspect lumineux du livre, son éclairage est tout aussi percutant. La culture des quatre richesses m’a marqué. Elle nous rappelle le sens véritable de la richesse qui est oublié et trop peu développé. Je suis aussi tout à fait d’accord avec les deux piliers pour nous sortir de notre impasse, la réappropriation du pouvoir de création monétaire et la fin du travail productif, même si nous sommes encore très loin de pouvoir les réaliser.
La crise de doute du Dicteur marque la dernière partie du volume. Ça a été une surprise car je ne m’y attendais pas du tout. Elle rassemble tout ce qui a été développé en tension, noirceur, désespoir à travers le dénouement heureux qui se produit dans le vieil homme. Il trouve enfin la paix intérieure, et avec elle, de la lumière pour l’humanité. Tout ce moment de méditation profonde est très bien exprimé, sa paix est ressentie comme bien réelle et authentique. Il en devient plus humain. Son dernier discours dans le muséum est porteur d’espérance pour l’humanité. Les jeunes Danseurs se retrouvent ensuite entre eux, la fin est dédramatisée, apaisée.
J’ajoute ici mes différentes remarques et compréhensions :
– Mongo est un système, un principe qui ne juge pas. Il est un pont entre l’homme et la vraie conscience, ou bien il est notre conscience, notre propre être.
– La pornographie, la violence, la vulgarité rabaisse l’homme. La folie humaine engendre son propre enfer. Tout excès sur le plaisir et les vices nous déconnecte de notre conscience.
– L’humanité est dans un état d’inconscience. Le cube au service de la conscience constitue un rempart contre la progression de l’inconscience. Il incarne le combat de la lumière contre les ténèbres.
– Un Danseur accompli (être auto-réalisé, avatar) fait la jonction entre deux mondes, le monde en déclin et le monde qui va renaître. Il est là pour nous faire comprendre que le monde tel qu’il est n’est pas la réalité.
– Vivre l’instant présent pour pouvoir prendre nos propres décisions. Dans l’instant présent on a deux possibilités : faire face ou se détourner. Là est le pouvoir du libre arbitre.
– Les symboles : douze Danseurs en rapport avec les douze constellations du zodiac, les douze apôtres ; le Scarabée qui est notre être ; le chiffre 7, les 7 chakras, les 7 cavaliers de l’apocalypse.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien, ce volume est juste comme il doit être.
Volume III
♥♥♥♥ 9
Commentaire
Le livre continue de tenir ses promesses en restant captivant et en stimulant mon impatience d’accéder au dernier tome, dans l’attente de recevoir sa conclusion et le dernier grand dénouement qu’il semble préparer. Il révèle aussi sa construction vaste et harmonieuse, où tout s’emboîte bien dans une vision qui reste claire. Il garde un bon mouvement en faisant alterner les phases de suspens avec leur dénouement, tandis que les moments consacrés à l’action, suivis de la réflexion, de la méditation et de l’explication lui donnent du rythme.
Le volume II surprenait par son traitement très différent du premier, le volume III surprend à son tour par sa différence qui le démarque des précédents. Si les trois volumes sont dans une continuité et gardent leur unité, ils pourraient presque se lire comme trois romans séparés qui ont chacun leur thématique et leur style propres. L’effet produit est que le passage d’un volume à l’autre détrompe toutes les attentes, au point que je me demande quelle va bien pouvoir être la différence et l’originalité du dernier volume. Il garde alors tout son mystère, avec une forte motivation de me plonger dedans pour aller à la rencontre de l’inconnu.
La spécificité de ce troisième volume est de nous faire basculer dans l’introspection, à travers l’exploration du monde intérieur de Thomas, et donc aussi indirectement du nôtre. Il s’ouvre à des plans ésotériques et spirituels qui invitent à la réflexion profonde et au recueillement méditatif.
Ça commence avec la leçon sur Newton et Einstein qui donne une crédibilité scientifique aux mutations de Mongo, où chaque mutation supérieure s’accompagne de sa loi d’harmonie appartenant à un ordre de réalité supérieur en rupture avec le précédent. Elle fait la jonction entre la mystique et la science comme les percevait Einstein dans sa quête de la loi d’harmonie universelle, ce qui donne un poids de sérieux au roman au sein de son contexte fantastique.
Vient ensuite la découverte de l’Ogre par Thomas. Il est à l’image de l’Antéchrist, maître des enfers et symbole du péché originel lié au sexe dépravé. Mais il reflète aussi notre propre démon intérieur. Je trouve que l’introduction de l’Ogre est très bien menée, car même les lecteurs qui n’ont pas d’ouverture spirituelle peuvent percevoir intuitivement de quoi il retourne. C’est encore renforcé quand Thomas et Carlos passent l’épreuve du four noir qui symbolise l’enfer. Le fait qu’ils s’en sortent parce qu’ils s’étaient attachés par la main est une belle image de la force de la confiance en soi et en l’autre qui montre qu’à deux on est plus forts pour traverser les épreuves de la vie que tout seul. Ils accèdent alors au sanctuaire des Danseurs accomplis qui s’accompagne de toute une symbolique, et ce passage a un effet vibratoire de résonance mystique auquel j’ai été particulièrement sensible.
A partir de là, Thomas est délivré de sa peur profonde qui le bloquait et l’empêchait d’être en paix au contact de son premier amour. Il va alors retrouver Mafat pour une longue nuit d’amour. Leur union graduelle de plus en plus profonde accompagne leur élévation mutuelle vers toujours plus de respect de l’autre, de pureté d’intention, de confiance, d’abandon et d’intimité partagée. Elle aboutit à l’élimination des egos qui permet de retourner à notre être véritable en retrouvant notre pureté originelle. D’où l’or qui apparaît, car il faut être pur pour retourner vers notre Père, notre origine paradisiaque. Dans l’accouplement des jeunes amants, se condense alors aussi bien le drame de l’humanité tout entière, car lorsque la parfaite union sera accomplie, il n’y aura plus de tristesse, plus de guerre, toutes les souffrances bassement humaines seront éliminées.
Thomas sort de sa nuit d’amour transfiguré. Il renaît au monde dans une perception pure qui lui rend perceptible sa réalité paradisiaque voilée par l’ego mais toujours présente. Il est connecté à son être d’où émanent toutes les vérités spirituelles, et c’est l’occasion de l’accompagner dans l’éclosion de ces vérités qui se déclarent à lui pas à pas. Si ces vérités se retrouvent dans toutes les traditions spirituelles, elles sont présentées dans un langage nouveau original qui a la vertu de les rafraîchir et d’intensifier leur sens profond en le mettant en phase avec nos problématiques contemporaines.
La lecture de cette troisième partie du volume a été pour moi la plus intense et la plus profonde. Elle induit une reconnexion à l’être par un recueillement méditatif, car son contenu est de l’ordre d’une nourriture spirituelle destinée à imprégner notre être plus que notre intellect. Tout ce passage m’a ouvert l’esprit, éclairé par des visions nouvelles parfois saisissantes, et m’a donné le sentiment de réactiver une connaissance intérieure qui était déjà mienne.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Toujours rien. Je ne lui trouve aucune longueur ni excès. J’apprécie au contraire sa façon de détailler les thèmes importants avec précision.
Volume IV
♥♥♥♥ 10
Commentaire
Mon intérêt n’a fait que croître d’un volume à l’autre, et il s’est encore accru avec le dernier volume qui tient toutes les promesses du livre. Il culmine en profondeur et révèle son unité en apportant les dernières réponses et synthèses.
On poursuit la plongée introspective de Thomas engagée dans le volume III où on reste tourné vers soi-même, vers notre être intérieur qui nous parle comme on se parle à soi-même. J’ai particulièrement bien ressenti le passage où Thomas se confronte à l’Ogre, où son mental le pousse à aller dans la luxure, à assouvir ses envies bestiales avec Mafat, jusqu’à ce qu’il rejette le démon. Il retrouve alors de l’énergie pour avoir supprimé une part d’ego de son corps, ce qui montre bien à quel point l’ego nous vole notre énergie. Et c’est grâce à l’aide de notre être intérieur qu’on y parvient, dont la connexion est essentielle pour éliminer nos démons. Ce qui m’a fait beaucoup aimé tous les passages où Thomas parle avec son être intérieur.
C’est ainsi que sont mises en lumière les deux natures qui cohabitent en permanence en nous, la vraie et la fausse. Elles se distinguent par deux mémoires incompatibles. Quand l’une domine, l’autre s’efface. La nature de l’Ogre vit du temps avec une mémoire ressassante du passé. Pour s’en délivrer, il faut lâcher prise au mental en revenant dans l’ici et maintenant où se trouve la mémoire de l’éternel présent qui appartient à notre nature éveillée. Là, on répond à l’appel de notre âme qui nous fait renouer avec notre être intime qui nous rend à nouveau entier. Dès lors on réalise qu’on ne manque de rien, alors que l’illusion d’un manque insatiable à combler fait partie de la nature même de l’Ogre, du mental et de l’ego. Mais le combat n’est jamais définitivement gagné, car les deux natures nous sollicitent continuellement pour emporter notre adhésion. Soit par la voix du démon qui nous séduit en nous invitant à la facilité et aux loisirs qui endorment notre conscience, soit par la voix de notre être qui est plus difficile à entendre parce qu’elle demande plus de maturité pour comprendre la vertu du sacrifice. Et c’est un rappel de notre responsabilité puisque ces deux voix ne sont jamais au-dessus de nous, mais c’est bien nous qui choisissons à chaque instant laquelle des deux nous voulons écouter.
La dimension romanesque est très intense dans ce dernier volume. Elle prépare le terrain des grandes plongées introspectives en s’accordant toujours profondément avec elles.
Après avoir connu un amour si profond, la violente rupture de Thomas et Mafat m’a pris par surprise. La scène est émotionnellement très forte. Le déchirement et la douleur des amants sont bien ressentis, on est peiné pour eux.
A partir de là, on va suivre l’évolution de la blessure d’amour de Thomas qui le crucifie comme le Christ. Gunj apparaît pour le conduire à la guérison. Leur longue confrontation fait ressortir la grande sensibilité et la grande humanité des personnages. C’est l’occasion de découvrir Gunj, qui peut être la conscience intérieure de Thomas, mais qui est aussi un être humain réalisé, affranchi de la souffrance et établi dans la vérité de l’être. Son comportement ainsi que la haute sagesse qu’il exprime sont tout à fait convaincants.
Gunj accule finalement Thomas à entrer en contact avec sa blessure d’amour, ce qui va enclencher sa guérison en le faisant renouer avec le cœur en souffrance de Mafat. J’ai trouvé ce moment extrêmement fort émotionnellement et très juste dans son processus de guérison.
Puis après une bonne nuit de sommeil, on retrouve Thomas enfin délivré de sa souffrance, où il se sent bien et apaisé. Et là aussi, sa profonde métamorphose est très bien perçue. Il s’éveille à une nouvelle conscience de l’amour, l’amour vrai, inconditionnel et sacrificiel parce que sans attachement qui est pourtant le seul qui lui a permis de retrouver sa connexion perdue à Mafat.
Dans cette nouvelle conscience, il revient vers Carlos après l’avoir violemment rejeté. Sur le plan romanesque, leur amitié fusionnelle marquée par la scène du nécessaire pardon, leurs retrouvailles et leurs confidences révèle encore un très beau moment émotionnel.
Puis après leurs retrouvailles réapparaît Mafat qui a cessé d’être une source de tourments entre eux, car tous les trois sont établis dans l’amour véritable qui ne peut générer aucune souffrance. Mais Mafat est aussi métamorphosée. Elle est enceinte et incarne la Mère Universelle porteuse des générations futures dont il nous faut prendre soin.
Enfin le livre se termine sur une Danse joyeuse de tous les mongonastiques qui forment une chaîne d’où ressort une énergie qui monte jusqu’au ciel, symbole de la coopération des hommes pour engendrer la Treizième Œuvre.
Et nous aussi, en tant que lecteurs, au niveau de notre goutte d’eau, nous sommes conviés à contribuer à la Treizième Œuvre qui est l’affaire de toute l’humanité. Le livre nous a donné tous les éclairages pour cela, nous avons tous les éléments en main pour agir, avec à nouveau de la lumière devant nous, parce que ce monde meilleur auquel nous aspirons est à notre portée.
J’ajoute mes différentes remarques et compréhensions :
– Sur les symboles : le tigre représente notre être intime, le papillon notre âme, les larves des aspects de l’ego qui s’accrochent à nous ; l’œuf est symbole de la création, du yoni féminin ; le miroir est un révélateur de l’ego.
– Thomas a compris que Mafat n’est pas la source de son bonheur et donc pas non plus la source de son malheur, car il est le seul à pouvoir trouver le chemin de son bonheur. La souffrance, les peurs, la tristesse qui sont en nous, nous les avons nous-même créés et nous seul pouvons les éliminer.
– Les Danseurs sont comme le Christ, ils se sacrifient pour aider l’humanité endormie.
– Le démon du désir est en nous et on doit l’éliminer de notre personnalité. La projection du désir est le péché originel qui nous a fait tous sortir du paradis.
– Les Dakinis sont aussi des Danseuses, elles font partie de l’énergie créatrice
– Carlos est l’archétype du Christ, le Sauveur de cette humanité souffrante. Thomas est l’archétype de Jean-Baptiste qui est venu avant le Christ pour préparer sa venue.
Les passages que j’ai particulièrement aimés :
– « Tu tiens dans tes poings serrés les braises ardentes de ta souffrance qu’un état d’inconscience te fait prendre à tort pour ton plus précieux trésor. »
– » Il faut s’abandonner sans résistance au déroulement imprévisible et inconnaissable de sa destinée tel qu’il advient d’instant en instant pour vivre sereinement. »
– p101, ligne 11 à ligne 16 : la conscience que toute peur est issue de notre propre énergie et ne peut donc jamais être plus forte que nous.
– L’annonce de l’Apocalypse qui est la conséquence de notre niveau de dégénérescence, de l’état misérable où l’on est arrivé.
– Tout l’éclairage sur big-pharma, cet agglomérat qui ne voit que son profit et ne veut surtout pas que les personnes qui prennent leurs médicaments guérissent pour ne pas tuer la poule aux œufs d’or. C’est pourquoi ils conçoivent des médicaments qui neutralisent les symptômes aussi longtemps qu’on les prend mais sans éliminer la cause réelle de la maladie qui doit rester active.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien.
Clara D.
Clara D. – 20 ans – 2ème année langues étrangères appliquées- Strasbourg
Sensibilité littéraire : éclectique, littérature classique, Maupassant, Zola, romans américains, Paul Auster.
LIVRE COMPLET ♥♥♥♥ 9/10*
Volume I ♥♥♥♥ 8
Volume II ♥♥♥ 7
Volume III ♥♥♥♥ 9
Volume IV ♥♥♥♥ 9
* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime
En une formule
Une incroyable épopée initiatique sur la connaissance de soi et de la nature humaine.
En quatrième de couverture
Dans un monde où les désastres des inégalités et le culte du divertissement soumis à l’audimètre tout-puissant rythment les relations humaines, une entité mystérieuse nommée Mongo choisit des Élus porteurs d’un don créateur qui a le pouvoir de sauver l’humanité de l’enfer vers lequel son comportement inconscient la dirige.
À travers Thomas, un Élu potentiel plein de vie mais également de doutes sur lui-même et sur la valeur salvatrice de leur mission pour le monde, l’auteure nous livre un profond enseignement sur le potentiel humain enfoui en chacun de nous.
Entre une épopée entraînante et des épisodes spirituels éclairants, nous nous retrouvons devant notre miroir pour une plongée introspective à la rencontre de nous-même, de la lumière de notre conscience qui est la seule vraie clé pour sortir de l’impasse du désastre planétaire programmé.
La force unique du livre est d’éveiller notre conscience au pouvoir de notre goutte d’eau pour nous inciter à agir à notre niveau, non par contrainte et nécessité, mais par enthousiasme et amour de la vie, parce qu’il nous redonne foi en notre potentiel créateur illimité qui ne demande plus que de nous rassembler pour engendrer ensemble un monde meilleur.
Questionnaire
Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?
Je l’ai beaucoup aimé. Il aborde tellement de thématiques qui nous concernent tous, comme notre rapport aux autres, le dépassement de soi, l’amour. J’ai aimé les épisodes dramatiques, d’aventures, de tensions, tout comme j’ai su apprécier les enseignements spirituels.
C’est un livre porteur de leçons, éveilleur de conscience, qui est à part, fonctionnant sur un double récit, à la fois épopée et enseignement spirituel, qui ne correspond à aucun genre établi. Il procure un vrai plaisir de lecture, avec des personnages attachants, un style agréable, fluide et rythmé, simple et pertinent, tout en étant d’une très grande richesse qui le rend difficile à résumer. Il me laisse l’impression que je n’ai pas pu tout saisir sur une première lecture, et c’est un des rares livres qui me donnent l’envie de relire ses quatre volumes pour approfondir ce qui aurait pu m’échapper.
Que vous a-t-il apporté ?
Il m’a appris à relativiser sur les petits malheurs ou angoisses qui peuvent frapper nos vies. Dans cette même idée, il m’a donné l’envie d’apprendre à positiver, à m’ouvrir encore plus aux autres.
Plus généralement, il m’a apporté de forts moments de lecture qui ont réussi à éveiller ma conscience.
A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?
Oui. Mais j’étais déjà consciente de certaines choses comme la réalité du système monétaire, du pouvoir de la goutte d’eau, ou encore de l’audimètre et de son importance. Pareil pour le rapport à la mort, sur le fait que c’est la consécration de la vie et qu’il faut en avoir conscience.
Le livre m’a éveillée sur le rapport que nous entretenons avec la réalité, l’instant présent et son importance.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?
Oui. Je trouve que les thèmes sont abordés de façon cohérente. Tout vient facilement et dans une logique bien pensée. Ce qu’on nous apprend est habillement abordé par la suite, ce qui assure une bonne cohésion et une bonne assimilation pour le lecteur. L’alternance d’épisodes romanesques et de séquences d’enseignement maintient également cette cohérence : on passe du théorique au pratique, et inversement.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?
J’approuve l’anonymat de l’auteure dans le sens où il s’agit d’un don de soi destiné à l’humanité. Comme il est dit dans le tome II, la quête de reconnaissance n’a pas lieu d’être quand l’objectif est l’essor de la culture pour un bénéfice collectif.
Pour ce qui est des mongonastiques, peut-être que l’auteure a cherché à les rendre moins fictifs en rejoignant leur anonymat, comme si elle voulait faire entendre que les mongonastiques sont les véritables auteurs, que toutes les leçons proviennent d’eux.
Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?
Je l’espère. Mais il faut que les gens se penchent d’avantage sur ce genre de lectures instructives, qui vont au-delà de la simple distraction… De plus, les crises mondiales actuelles comme celle des migrants pourraient être une bonne façon d’appliquer les leçons du roman.
Selon vous, est-il accessible au grand public ?
Je pense qu’il est parfaitement accessible à un grand public, et ce malgré quelques passages plus difficiles à comprendre, comme les leçons de sagesse de Gunj dans le dernier tome.
Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?
Oui, car le roman est attractif dû à son thème peu commun. Manier le genre romanesque et l’éveil à la spiritualité en les faisant aussi bien fusionner devrait attirer un grand nombre de lecteurs.
Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?
Oui, car les thèmes abordés dans le livre sont de grands sujets de conversation dans ma famille. De plus, j’ai beaucoup de personnes dans mon entourage qui apprécient la lecture, et surtout ce genre de thème spirituel.
Volume I
♥♥♥♥ 8
Commentaire
J’ai adoré ce premier volume. Ça se lit bien, de manière agréable et accessible. Le style est fluide, le rapport entre le récit et les dialogues bien dosé, ce qui aère le texte, tandis que l’oralité marquée des dialogues le dynamise en le rendant très vivant. J’ai une mémoire photographique, et les décors et personnages sont bien décrits, faciles à visualiser, comme si je percevais une scène cinématographique.
Entre le premier et le deuxième épisode, on passe d’une ambiance colorée à une ambiance très sombre, presque en noir et blanc, du moins pour tout ce qui concerne l’univers d’Ungern et des basses villes.
Le premier épisode se termine sur un dénouement extrêmement poignant. La façon dont le récit fait pressentir la douleur enfouie de la mère qui vient de perdre son enfant est une scène forte et très dure. Quant au village hors du monde et fermé sur lui-même, il m’a fait songer à une secte comme les Amish, pas sur le plan religieux mais pour être déconnecté du reste du monde. L’arrivée de Djack le fait ressortir parce qu’il reste un intrus et un étranger. C’est le plus marquant au moment de la transe suivie des ébats sexuels débridés, ce qui m’a procuré un véritable malaise, comme si en tant que lectrice j’étais moi-même une intruse dans leur monde à part. La description rigoureuse du jeûne est instructive et dénote un travail d’information en amont qui se veut précis.
C’est ce qui apparaît au deuxième épisode où j’ai suivi avec grand intérêt tout le développement sur la Communication. L’auteure fait preuve d’une connaissance approfondie du sujet pour le mettre si bien en lumière dans des symboles qui forment un miroir tout à fait pertinent de notre monde.
La présentation d’Ungern et des personnages qui l’entourent reste ambivalente : ils sont tous horribles mais on ne peut s’empêcher de ressentir de la compassion pour eux, car ils sont coincés dans leur situation et victimes de leur passé traumatique. Dans tout ce passage domine le thème de la peur dont ils sont esclaves, un thème qui va ensuite trouver son contre-exemple en revenant auprès des enfants et de Zabir, lorsqu’il leur apprend à surmonter la peur.
J’ai beaucoup apprécié tout ce qui tourne autour des enfants auxquels je me suis identifiée comme si j’étais un troisième enfant qui les accompagnait. J’ai ainsi suivi leurs différents épisodes initiatiques qui surviennent pas à pas, dans une atmosphère toujours agréable et clairement décrite. Je me suis sentie les vivre de l’intérieur, et plus particulièrement dans la cellule de transfert où je partageais leurs perceptions.
Pour dire un mot de Mongo qui est le grand mystère du livre, il m’évoque à ce stade une force invisible d’ordre métaphysique. Le fait qu’il communique avec les sens est original et intrigant. Tout comme la scène finale qui fait apparaître la petite fille après que l’enfant Thomas l’a peut-être rêvée dans la cellule de transfert, annonçant un destin commun, tout cela relance fort judicieusement l’intrigue pour aborder le volume suivant.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien à signaler.
Volume II
♥♥♥ 7
Commentaire
J’ai trouvé ce deuxième volume beaucoup plus intéressant dans le fond que dans la forme. Le romanesque du récit est moins présent et laisse place à une narration plus axée sur un objectif : il va à l’essentiel. On assiste à un vrai voyage initiatique sur l’humanité et ses maux, qui sont ceux de notre époque. Les théories économiques sont applicables à notre monde, notamment avec le financement de l’industrie pharmaceutique pour les maladies.
La lecture est toujours agréable et accessible, mais à condition cette fois d’y mettre sciemment son attention. A partir de là, on ne perd pas le fil de la compréhension et on se retrouve captivé à un autre niveau. L’impact que l’on en reçoit est alors d’autant plus fort qu’il nous a demandé plus de concentration. Le procédé rhétorique employé m’a fait penser au style des conférences TED, un procédé plus oral donc pour exprimer réquisitoire et plaidoyer.
Tout le volume se passe sur deux journées d’initiation. La façon dont il s’étend à l’intérieur de ces deux journées a un effet remarquable par rapport au récit qui se déploie sur plusieurs années dans le premier volume, comme si on suivait nous aussi en temps réel et de façon complète la longue initiation des jeunes Danseurs. On assiste avec eux aux révélations du Dicteur sur les rouages de la Communication et de l’Œuvre de Mongo, puis à son analyse très poussée et rigoureuse des dysfonctionnements catastrophiques de notre monde et de leurs issues possibles. L’ensemble se découvre étape par étape, avec ses rebondissements et ses coups de théâtre sur le plan des idées. Il en ressort une vraie cohérence où tout s’impose dans une vision logique, d’une grande clarté pédagogique. Le fil conducteur des différentes explications initiatiques est bien construit pour que le lecteur se concentre et assimile le contenu. Les thèmes s’enchaînent logiquement, se renvoient les uns aux autres dans des rapports de causalité nécessaires, et finalement tout apparaît lié et intriqué dans un tout indissociable. De cette façon, les parties théoriques sont bien intégrées et alternent avec la description de situations poussées aux extrêmes qui viennent les illustrer. C’est particulièrement frappant à la fin du volume quand on plonge dans une forteresse des basses villes qui abrite l’élite richissime pour explorer le thème de la frontière séparatrice, car sa nature de souffrance nous saute alors aux yeux avec un relief particulièrement saisissant et explicite.
Concernant l’évolution des personnages, on s’éloigne un peu de Thomas pour aller davantage vers Carlos en découvrant son intériorité. Ça équilibre leur importance dans le récit, et permet aussi de mettre en contraste les pensées qui les opposent. Le monde de Mongo est bien orchestré, son harmonie et son intention lumineuse pour l’humanité le rendent séduisant. Du fait qu’il lui résiste par sa révolte et sa méfiance, sa sensation de ne pas avoir choisi et de ne pas être libre, Thomas en devient moins attachant car on a envie d’être du côté de Mongo, et donc de Carlos qui lui y adhère complètement. Thomas reste néanmoins touchant dans ses souvenirs de sa vie passée et dans la scène finale avec Carlos qui les réunit dans un grand apaisement, où elle met en avant leur fraternité et leur lien fusionnel.
La métamorphose du vieux Dicteur délivré de son doute torturant apporte aussi un soulagement et une lumière d’espérance bienvenue pour l’humanité. Sa paix intérieure est crédible et bien ressentie. On quitte alors le livre dans une atmosphère apaisée avec une envie intacte de poursuivre la lecture pour suivre l’évolution de ces personnages et découvrir les énigmes restées en suspens.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Moins romanesque que le premier volume, il requiert une attention plus soutenue, mais c’est le prix à payer pour accéder à sa richesse de fond. Ce n’est donc pas une critique en soi, car on voit difficilement comment ça pourrait être fait autrement. Il nous demande de passer d’une attention passive et facile à une attention plus active qui est nécessaire pour grandir en conscience, et c’est précisément tout l’enjeu du combat pour la lumière des artistes porteurs de conscience présenté dans le livre. Il nous livre ainsi des clés de lecture dans un miroir pour nous inviter en tant que lecteur à participer nous aussi à ce combat par notre propre effort d’attention.
Volume III
♥♥♥♥ 9
Commentaire
Des trois volumes, c’est celui que j’ai préféré, au point d’avoir envie de le relire ultérieurement. Il se lit plus facilement que le II. On retrouve une dynamique romanesque entraînante et captivante qui alterne avec des moments de grande introspection. Les thématiques sont plus profondes et personnelles, dans le sens où l’essentiel se passe dans le monde intérieur de Thomas, sauf à la fin où il s’ouvre à l’universel. On peut parler de développement personnel dans ce volume car la découverte et l’exploration de lui-même que vit Thomas nous concerne tous. Parce que Thomas est focalisé sur lui-même tout au long du volume, tout est aussi bien centré sur soi, sur notre propre réalité intérieure. C’est pourquoi on lit comme devant notre miroir où tout ce qu’on perçoit renvoie à soi-même, parle à soi-même. On participe à l’introspection de Thomas qui nous pousse à nous remettre en question, à nous interroger sur notre propre réalité. Elle se fait sur une dominance de ses perceptions qui sont très bien ressenties et qui nous gardent en immersion dans son intériorité, si bien qu’on ressent avec lui, qu’on découvre et qu’on est surpris avec lui. Le contact avec le lecteur grandit alors en intensité et en intimité, ce qui rend Thomas plus proche et à nouveau touchant, parce qu’il nous apparaît plus humain et plus simple.
Une présence féminine apparaît enfin dans ce volume, et ça fait du bien. Mafat est un personnage fort qui va inspirer l’amour à Thomas. Il découvre avec elle la sexualité et l’amour, et l’attention profonde qu’il lui voue le rend là aussi particulièrement touchant. Son éveil à l’amour va s’étendre ensuite à l’humanité entière, en lui rappelant d’abord tout ce qu’il a aimé, sa mère, son village, la petite Cerise, et tous ces moments sont touchants et émouvants. J’ai aussi beaucoup aimé à la fin sa sensation de faire l’amour à la Terre. Il est dans une communion sensuelle toute simple avec la nature, ce qui m’a rappelé le Robinson de Michel Tournier.
Il y a beaucoup de symboles et d’évocations symboliques qui portent les thèmes. La goutte d’eau revient dans une expression plus profonde et spirituelle. Elle évoque un sens du partage et de la communion très parlant, on se sent concerné parce qu’elle apparaît si nécessaire face à notre culture de l’individualisme forcené.
Je m’attendais à l’apparition de l’Ogre par les indices subtilement semés dans le volume précédent. C’est la plaie du Mongonastère qui révèle que son fonctionnement n’est pas parfait, qu’il est lui aussi confronté à l’échec. Il est bien amené dans le récit. On partage la boule au ventre de Thomas tandis qu’il descend dans la cave pour aller à la rencontre de sa peur. Là encore, on est dans des symboles forts qui renvoient aux peurs de notre enfance et qui parlent à tout le monde.
Enfin le thème de la mort m’a beaucoup marqué. Il porte un message d’espoir car la mort y est présentée sous un jour lumineux plutôt que ténébreux. Ici, elle n’est pas effrayante, n’est pas une réalité péjorative qu’il faudrait fuir ou refouler. La conscience de la mort nous rappelle que notre existence humaine n’est pas infinie, elle va s’arrêter, mais en même temps la mort reste l’ouverture vers le sans limite, et le sans limite nous laisse le pressentiment qu’elle est aussi une expression de notre conscience.
J’ai terminé le livre avec une impatience de découvrir le dernier volume.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Dans la dernière partie méditative, certains passages présentent des tournures répétitives qui ne sont pas nécessaires. Ils gagneraient à être légèrement condensés.
Volume IV
♥♥♥♥ 9
Commentaire
Le dernier volume continue de se lire facilement, en restant prenant par un effet d’aspiration à découvrir la suite au fil des pages. S’il ne répond pas à toutes les attentes semées par les personnages sur le plan romanesque, il y répond pleinement sur le plan spirituel en mettant clairement en lumière le remède universel qui vaut autant pour notre évolution et bien-être personnels que pour l’évolution et le bien-être de l’humanité à venir. Il nous donne alors l’essentiel qui révèle la profonde unité du livre, où tous ses différents aspects et épisodes prennent sens en regard de ce dénouement essentiel qu’ils préparaient. Se déployant en plusieurs étapes, le remède universel s’accompagne d’une impression de libération graduelle de toute la noirceur des tourments humains auxquels le livre nous a confronté. On rejaillit à la lumière, à l’apaisement, à la bonne énergie et à la confiance en soi et en l’humanité dans notre capacité à créer ensemble un monde meilleur. Tout s’achève dans la réconciliation, la concorde, la communion, pour une fin heureuse où dominent la beauté intérieure des êtres et leur humanité.
La violente rupture entre Thomas et Mafat inaugure ce dernier volume. Si elle peut paraître d’abord banale pour ressembler à toutes les ruptures, sa portée va avoir des répercussions extraordinaires sur l’évolution intérieure des personnages. L’épreuve de la douleur de cœur de Thomas après avoir connu le paradis avec Mafat, puis son amitié brisée avec Carlos, installent une situation romanesque qui fait ressortir l’intensité de leurs liens dans la souffrance. Elle produit des moments émotionnels forts qui les rendent encore plus humains et touchants.
On suit ainsi les tourments de Thomas avec empathie. Il faut qu’il aille au bord du suicide pour réaliser dans un sursaut l’importance de la vie. Son désespoir le pousse à rencontrer l’Ogre qui incarne le Ça freudien, la nature bestiale et pulsionnelle de l’homme. Il est aussi le reflet de sa souffrance et de sa perdition dans lequel il cherche confusément une issue. C’est pourquoi l’Ogre clame qu’il détient la liberté absolue, que tout lui est permis parce qu’il est affranchi de toutes les règles. Avec cette liberté là, Thomas pourrait s’emparer de Mafat de force sans scrupules comme d’un remède à sa souffrance, sauf que la liberté de l’Ogre l’enferme dans la démence et l’isolement parce qu’elle nie la réalité de l’autre.
Tout ce passage montre que l’Ogre est une part de la nature humaine que l’on porte tous en nous. Elle est tributaire de comportements malsains auxquels on ne peut jamais complètement échapper, puisque même le Mongonastère qui cultive le plus haut idéal humain n’y échappe pas. L’Ogre est sa part d’ombre refoulée comme il est notre part d’ombre. Mais cette réalité nous montre en même temps le chemin pour réduire sa puissance qui est celui de l’acceptation. Car l’Ogre doit sa puissance à nos refoulements, et la voie de l’acceptation de soi permet à ce que nous refoulons de nous-même de remonter à la conscience pour se dissiper. Ce qui va faire le lien avec la vision prémonitoire de l’Ogre assis sur le trône de l’audimètre à la fin du livre, concentré de la part d’ombre de l’humanité qui lorsqu’elle prend le pouvoir sur les hommes, devient cette puissance d’aveuglement collectif déclenchant les guerres et toutes les barbaries.
Après avoir affronté toute sa noirceur, Thomas s’en remet à Gunj pour l’aider à guérir sa blessure de cœur. C’est l’occasion de découvrir ce dernier personnage qui lui incarne l’idéal de l’humain véritablement accompli. Sa sagesse, son calme, sa sensibilité à l’autre, sa compassion, mais aussi son détachement et sa libération de toute souffrance témoignent de la réalité de sa réalisation qui est très crédible. Il est humainement très attachant, tandis que ses enseignements spirituels ont une portée d’autant plus profonde et pertinente. Tout comme la façon dont il va acculer Thomas à lâcher son attachement maladif à Mafat qui va enclencher son processus de guérison du cœur. Et cette séquence de guérison où il prend sur lui tout le sang de souffrance qui jaillit du cœur de Mafat est aussi très touchante et forte émotionnellement.
Thomas sort de la traversée de sa souffrance avec une nouvelle maturité : il s’est éveillé à l’amour véritable, inconditionnel et désintéressé qui lui a permis de renouer avec Mafat en lui-même. Il est alors libéré pour renouer également avec Carlos en retrouvant toute leur amitié perdue. Ce qui nous amène à la scène finale où Thomas, Carlos et Mafat sont réunis dans un même amour pur et apaisé. Mafat qui est enceinte s’y révèle une dernière fois en position de force, avec une maturité plus élevée que les deux Danseurs en tant qu’incarnation de la féminité et de la Mère Universelle.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
L’instruction de Gunj sur le rapport entre la réalité présente et la trame du temps, aussi bien qu’entre l’ici et l’ailleurs pourrait être condensée car elle se répète inutilement. Je l’ai intégrée tout de suite, de sorte que sa reprise m’a fait un effet de ressassement plutôt que d’approfondissement.
Je reste un peu sur ma faim concernant Ungern qui ne réapparaît plus, alors que j’imaginais une connexion à venir entre Carlos et lui parce qu’ils partagent la même enfance traumatique.
Florence P.
Florence P. – 24 ans – Master 2 Science de la Vie – Strasbourg
Sensibilité littéraire : éclectique, Bernard Werber, Irène Frain « La forêt des 29 ».
LIVRE COMPLET ♥♥♥♥ 9/10*
Volume I ♥♥♥♥ 9
Volume II ♥♥♥♥ 9
Volume III ♥♥ 6
Volume IV ♥♥♥♥ 9
* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime
En une formule
Le paradoxe d’une évasion dans un pur divertissement qui mène au cœur de la réalité pour éveiller notre conscience.
En quatrième de couverture
Après avoir vécu dans un coin de paradis préservé d’un monde ravagé, au bord de l’abîme, l’enfant Thomas est appelé par l’énigmatique Mongo pour rejoindre le Mongonastère sur une île secrète. Les milliards de cubes gris, organes de communication créés par Mongo qui relient les humains entre eux, ne pourront sauver l’humanité en péril que si un Élu, un Danseur accompli, réussira par leur entremise à la faire accéder à un niveau de conscience supérieur.
Ce sera le rôle attendu du jeune Thomas porteur d’un don caché, aussi bien que de son nouvel ami, le docile Carlos. Ils vont partir pour un long voyage intérieur destiné à élever leur niveau de conscience, ce qui se fera à travers de grandes épreuves et des découvertes fascinantes. Ils vont apprendre la force de l’amitié, les dangers de l’inconscience, la puissance de leur maître intérieur, mais aussi s’ouvrir à l’amour inspiré par la belle Mafat, sous toutes ses formes. Ce n’est cependant qu’en traversant leurs plus effroyables peurs enfouies dans la nuit de l’âme qu’ils parviendront à atteindre la lumière de la conscience, ce Graal porteur de guérison d’une humanité en souffrance qui ne se révèle qu’au prix du plus grand courage et du plus grand sacrifice.
Thomas revêt le visage de la conscience de chaque lecteur. En l’accompagnant dans son long et périlleux périple, il nous transmet une paix intérieure et un réconfort face à la confusion et l’incertitude de notre monde. Il nous rappelle en effet que nous en sommes tous, par essence, les cocréateurs et coresponsables. Et comme il nous a livré toutes les clés et la lumière pour engendrer un monde meilleur, il ne nous reste plus qu’à nous mettre en mouvement à partir de soi, en commençant par être heureux ici et maintenant.
Questionnaire
Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?
Le livre m’a fait l’impression d’une invitation à un voyage intérieur, menant à porter plus d’attention aux autres et vivre davantage dans le présent, tout en étant conscient de l’importance de chacun et de sa responsabilité dans l’état du monde actuel.
Le livre aide à trouver une sorte de paix intérieure, tout en incitant à l’action et non à la contemplation passive.
Ce qui le qualifie le mieux : message d’espoir ; pouvoir de la » goutte d’eau » ; éveil de la conscience.
Que vous a-t-il apporté ?
Il m’a apporté dans un premier temps des instants de lecture reposants. Cependant, c’est un livre qui fait beaucoup réfléchir sur soi et sur le monde dans lequel nous vivons, aussi bien au moment de la lecture qu’une fois qu’on l’a reposé. Me sentant en phase avec l’essentiel du livre, je dirai qu’il m’a aussi apporté une certaine forme d’espoir et diminué un sentiment de désemparement ressenti parfois face aux problèmes de nos sociétés actuelles.
A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?
Je pense effectivement qu’il a éveillé ma conscience mais je ne pourrai pas évoquer de domaines. C’est plus un état général, qui me pousse à vouloir redoubler d’effort pour m’ancrer plus dans le présent et l’attention à ce/ceux qui m’entoure/nt. Le reste va de soi.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?
Absolument, et je suis convaincue qu’une seconde lecture du livre me permettrait de le redécouvrir sous un autre angle. Cette seconde lecture n’est toutefois pas nécessaire pour apprécier le livre et percevoir les liens entre les différentes séquences.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?
L’anonymat de l’auteure a tout son sens, il est en parfaite cohérence avec le contenu du livre. Car il me semble prôner le désintéressement, le renoncement à l’enrichissement strictement personnel, pour tout centrer sur l’intérêt de la collectivité.
Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?
Tout à fait, car au-delà du divertissement apporté par la lecture, chacun est nécessairement amené à prendre possession du contenu du livre, de ses réflexions. Chaque lecture nous fait évoluer, et L’Appel de Mongo nous invite à plus de pleine conscience et d’altruisme.
Selon vous, est-il accessible au grand public ?
Je pense malheureusement qu’il peut être difficile d’accès pour les jeunes générations, en raison d’un déplorable appauvrissement de leur vocabulaire. Toutefois, l’alternance des passages simples et complexes atténue cette potentielle difficulté. Le style contribue à la richesse du livre.
Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?
J’ignore à partir de quel moment on peut parler de succès, mais je suis persuadée que ce livre a le potentiel pour bien se vendre.
Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?
Absolument. J’ai même déjà commencé à en parler autour de moi.
Volume I
♥♥♥♥ 9
Commentaire
J’ai beaucoup aimé. Le contenu est captivant et accessible à tous, dans le sens où on peut facilement se reconnaître dans les situations. Le texte par contre demande un certain niveau de français. Il utilise un vocabulaire riche et pas toujours courant, mais c’est ce que j’apprécie également. Le glissement narratif qui s’adapte aux changements d’environnement des séquences en prenant leur tonalité m’a d’abord déroutée par sa nouveauté en ne percevant pas tout de suite qu’il était intentionnel. Puis il m’est apparu être une qualité majeure du récit en accentuant l’immersion dans l’imaginaire et la proximité avec les personnages, du fait de ressentir ce qu’ils vivent de l’intérieur. A cela s’ajoute un mariage très réussi entre le fantastique et le réalisme. D’un côté, le fantastique procure le plaisir de s’évader dans un monde inconnu, de l’autre côté, le rendu réaliste des événements et des personnages lui donne de la crédibilité en faisant réfléchir.
Les moments invitant à la réflexion ponctuent de la sorte tout le livre.
La scène des enfants avec leur maître Zabir m’interpelle sur la valeur d’écouter un autre, de lui faire confiance et de s’en remettre à lui pour apprendre. Sa leçon sur la reconnaissance de la peur et comment la surmonter pour ne pas être son esclave m’invite à considérer mon propre vécu dans ma relation à la peur. Quand il montre aux enfants que le premier maître est soi-même et qu’il faut toujours s’écouter avant les autres, c’est un rappel à une réalité dans laquelle je me reconnais.
La description du monde de la Communication avec son aliénation me parle aussi, avec une humanité dominée par la peur qui fait l’autruche au fond des basses villes.
Thomas dans la cellule de transfert qui se bat en vain pour obtenir ce qu’il veut de Mongo avant de lâcher prise nourrit ma réflexion sur mes propres comportements. Il m’est arrivé de lutter pour obtenir un résultat sans succès, puis en abandonnant la lutte de voir les événements de la vie m’apporter une résolution au-delà de ma volonté. Cette scène montre aussi que Thomas tout en étant l’Élu désigné reste humain avec ses limites et ses faiblesses, il n’a pas tous les pouvoirs et doit composer avec ses limitations, comme nous tous.
La question de la liberté ou du fatalisme reste suspendue tout au long du livre sans fournir de réponse. La première partie expose le cas de conscience de la mère, de l’enfant et de Djack qui aboutit à un choix sacrificiel, chacun renonçant à son désir personnel pour servir un désir altruiste. Le sacrifice particulièrement douloureux de la mère montre que son choix ne lui enlève pas la souffrance mais la libère d’un poids intenable. Pour moi, cela m’évoque que ma liberté est bien réelle parce que je suis libre de choisir. J’ai le pouvoir de faire le bon choix pour être en paix avec ma conscience, ce qui a un prix qui peut aller jusqu’à la mort.
Mongo est la grande énigme. Il n’appelle pas la réflexion, mais une interrogation permanente. Est-ce une entité ? Un concept ? Une religion ? Il donne envie de connaître la suite dans un désir de révélation.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Tout est réaliste sauf le passage où Ungern éviscère Tombola. Ayant pratiqué les dissections au cours de mes études, je peux affirmer qu’ouvrir un ventre est beaucoup plus difficile.
Je note aussi quelques légères redondances.
Volume II
♥♥♥♥ 9
Commentaire
J’aime tout autant ce deuxième volume alors qu’il se démarque fortement du premier par son traitement. Il se lit autrement où c’est sa qualité pédagogique qui vient au premier plan. De ce point de vue il est très bien formulé, clair, logique, compréhensible sans effort jusque dans ses vues profondes. Il apporte des enseignements enrichissants dont on peut tirer profit, et des vues nouvelles très bien pensées qui ouvrent notre conscience à des horizons inattendus. Il stimule notre esprit critique en élaborant des réponses en profondeur pour ensuite les remettre en question. Il nous amène ainsi à reconnaître qu’il n’existe pas de solution miracle naïve aux grands défis de notre monde, ce qui nous incite à nous interroger nous aussi sur les issues possibles tandis qu’on suit le développement des idées qui s’enchaînent naturellement en s’élevant et s’affinant toujours plus.
Le grand questionnement sur la liberté et le déterminisme réapparaît également. Il s’approfondit de l’expression de la manifestation sans agir de Mongo, comme une image de la volonté toute-puissante de Dieu ou du conditionnement qui nous a façonnés et qui tire les ficelles de chacune de nos actions. Là encore, plutôt que de fournir une réponse toute faite, ça nous amène à nous interroger plus en profondeur sur la place de notre liberté dans notre existence conditionnée.
J’ai beaucoup aimé la présentation de la création monétaire et de la monnaie de dette. C’est clair, limpide, ça se lit très bien, ce qui est une belle performance pour un sujet ardu.
Tout le thème de l’attention est très bien vu. L’audimètre, l’audicratie, la monnaie d’attention, l’attention créatrice de richesse, la pauvreté en lien avec le rejet de l’attention, le vote continuel de notre attention qui nourrit et fait croître ce sur quoi nous la portons, la responsabilité de notre goutte d’eau dans ce vote. Il offre une vision inédite de ce qui est pourtant bien au cœur du pouvoir dans notre monde de la Communication, apportant une prise de conscience déterminante.
Je ne peux qu’apprécier sa critique de la publicité à travers l’industrie des croquants. Elle met bien en avant sa profonde perversité. Alors qu’elle est admise dans notre société, qu’elle est devenue omniprésente dans notre quotidien comme si la situation allait de soi, il est salutaire de rappeler que ça reste de l’énergie négative qui n’a rien de bénéfique à nous apporter. Elle fait perdre tout esprit critique en nous lavant le cerveau, elle nous manipule et corrompt les consciences, sans parler de toute la consommation de superflu qui se fait sous son emprise et qui s’accompagne de montagnes de gaspillages et de déchets.
L’analyse des problèmes socio-économiques de notre monde, suivie de leur solution révolutionnaire en lien avec les propositions de l’altermondialisme, aboutit à la conclusion éclairée que rien ne changera si on ne commence pas par changer à l’intérieur de soi. De même, le livre rappelle bien que toutes les informations sur la réalité de ces problèmes sont aujourd’hui disponibles sur le net, et donc indirectement aussi toutes les solutions, mais personne ne les regarde. La faute à l’audimètre, au rejet de notre responsabilité de notre goutte d’eau…
J’ai trouvé très bien venu le recours au doute des personnages de Thomas et du Dicteur qui garde en éveil notre esprit critique. Il permet de relativiser la position du Mongonastère en tant que détenteur d’un bien parfait pour sauver l’humanité. Il révèle ses failles, ses zones d’ombre qui invitent à les dépasser pour avancer, et en ce sens le doute est porteur et positif. Le Dicteur finit par craquer sous la pression de son doute torturant parce qu’il ne croyait plus à son message. Il s’est imposé des barrières pour s’interdire de douter, il s’est mis tout seul dans cette situation dans laquelle il s’est enfermé et qui l’isole des autres à cause de sa dissimulation. Puis quand son doute le submerge parce qu’il ne peut plus le taire, il accepte d’être simplement humain, de ne pas tout savoir et tout contrôler, son lâcher-prise le libère alors de son isolement, et il en sort grandi, apaisé, plus humain et plus proche des autres.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien à signaler.
Volume III
♥♥ 6
Commentaire
J’ai eu plus de difficultés avec ce troisième volume qui change à nouveau considérablement des deux autres. Il se tourne vers le religieux qui ne m’est pas familier en développant des pensées par de grandes abstractions que j’ai eu du mal à suivre. Autrement, la poursuite du récit sur le plan romanesque plus concret reste toujours aussi prenante. L’évolution des personnages, leurs interactions, les nouvelles révélations du Mongonastère, les intrigues et les rebondissements continuent d’enrichir l’histoire en donnant envie de connaître la suite et fin du dernier volume.
J’ai beaucoup apprécié la façon d’enseigner de Gunj qui montre ce que peut être une pédagogie vivante et éveillée. Sa leçon sur Einstein et Newton est amusante, intéressante, et cohérente pour expliquer les mutations de Mongo.
L’apparition de l’Ogre a été une surprise. Il accompagne bien le cheminement de Thomas à la rencontre de sa peur. Après l’avoir découvert, Thomas se jette avec Carlos dans le four noir qui va déclencher leur hostilité et montrer sa peur dans tous ses états. L’Ogre y réapparaît comme le reflet de sa peur sous forme d’une puissance intrigante qui vit dans le noir où il encourage le négatif en nous, parce que dans le noir personne ne nous voit et il est plus facile de lâcher le négatif.
Le sanctuaire des Danseurs accomplis est surprenant et rassurant. Leur corps est là, dans un sourire de béatitude qui montre qu’ils ont atteint le bien suprême. Ils sont dans une autre dimension tout en étant présents, ce qui établit un lien plus concret avec leur accomplissement.
Dans tout son périple qui commence par sa peur de la rencontre intime avec Mafat, provoquant blocage et négativité, Thomas montre finalement qu’il est comme tout le monde. Il apparaît comme le symbole du pire et du meilleur qui peuvent sortir de l’homme.
Une fois libéré de la peur de lui-même, il peut retrouver Mafat pour l’aimer sans conflit. J’ai bien aimé leur deuxième rencontre pour la nuit d’amour. On alterne entre les perceptions de Mafat et de Thomas dont les vécus très différents se mélangent et convergent peu à peu. Ils deviennent de plus en plus proches en se comprenant et se sentant toujours plus semblables sur l’essentiel, leur ouverture à l’autre grandit, de même que leur abandon, leur confiance, leur sensibilité, et toute leur élévation vers l’union est bien perçue.
J’ai trouvé le thème de la mort très bien mené et très intéressant. On reste dans le factuel du saut dans l’inconnu avec une analyse psychologique du processus. En partant de l’exemple de la petite mort de l’enfance nécessaire pour renaître dans l’adolescence, on voit comment nos vies sont parcourues de petites morts et de renaissances qui sont nécessaires pour avancer. Mais chaque transition est une épreuve plus ou moins douloureuse où s’activent les conflits du jugement face à l’inconnu. Car le changement fait peur, ce qui renvoie indirectement au volume II sur le blocage de notre société dans la voie de la croissance infinie. Nous devons sortir de ce modèle qui détruit la planète, mais pour changer il faut accepter que quelque chose meurt, et nous ne changerons pas tant que nous n’aurons pas dépassé la peur de l’inconnu qui est dans toute mort et tout renouveau.
Le thème d’être avec m’a marquée, l’idée est très bien.
Le thème du miroir qui établit le rapport entre l’intérieur et l’extérieur, j’ai eu du mal à le comprendre au début du volume, mais c’est devenu plus clair avec l’explication méditative approfondie de la dernière partie.
Si j’ai été moins séduite par ce troisième volume plus difficile à lire, je reconnais a posteriori que c’est celui qui m’a fait le plus réfléchir après lecture, où ses grands questionnements spirituels restent en tête.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Ma réticence porte essentiellement sur la présentation des thèmes religieux. Ils sont développés dans des pensées abstraites très étendues dans lesquelles j’avais tendance à perdre le fil, parce que je ne suis pas très réceptive aux abstractions et par manque d’intérêt. J’ai trouvé alors qu’elles étaient inutilement insistantes, rébarbatives, mais aussi qu’elles avaient parfois un côté moralisateur un peu dérangeant. Notamment le thème de la faute originelle, comme si nous étions condamnés depuis la nuit des temps à subir une punition pour avoir fait quelque chose de mal, ça échappe complètement à mes convictions. Je comprends l’intention de mettre en avant la responsabilité de nos actions dont nous devons assumer les conséquences, mais ici c’est souvent trop chargé, et ça a un effet culpabilisant comme de se sentir montré du doigt qui est mal venu.
Volume IV
♥♥♥♥ 9
Commentaire
J’ai adoré ce dernier volume dans son ensemble et pour l’enchaînement de toutes ses parties qui sonnent juste. Alors qu’on retrouve à nouveau de longs développements de pensées abstraites, contrairement au volume précédent, j’y ai été cette fois curieusement très réceptive et en accord, ne percevant plus l’impression de culpabilisation antérieure.
Tous les grands thèmes du livre aboutissent ici à leur résolution, sur le plan du récit comme sur le plan spirituel des idées. Et c’est une résolution heureuse, lumineuse, d’une profonde cohérence. Elle procure une forme de paix intérieure face à la confusion et à l’incertitude du devenir de notre monde. Après nous avoir emportés dans son univers fantastique durant les quatre volumes, les énergies du livre culminent dans sa fin ouverte qui nous reconnecte à notre réalité propre. On ne pouvait pas concevoir de meilleure fin : elle encourage à agir en nous rappelant notre pouvoir et notre responsabilité, elle apporte de l’enthousiasme et donne de l’espoir en l’homme.
La rupture de Thomas et Mafat n’a pas été une surprise, leur passion extrême ne pouvait certainement pas durer. La scène montre les points de vue des deux personnages, leur état d’esprit différent, procédé déjà employé que je trouve très intéressant. La scène en elle-même est poignante, le déchirement des deux amants très bien ressenti.
Les personnages sont là encore poussés aux extrêmes, par des comportements et des émotions très contrastés. Ils ont toujours deux dimensions, l’une mythologique très élevée, et l’autre bassement humaine et triviale, ce qui permet de révéler en eux le pire comme le meilleur. Ce mariage constant de la double dimension des personnages est une des grandes caractéristiques du livre qui fait son attrait et sa singularité. Car il met ainsi en évidence la racine du mal comme du bien qui les anime, et qui va être exploré par la suite dans le cheminement de guérison de Thomas.
Thomas s’est montré puéril et égocentrique avec Mafat. Son entretien avec l’Ogre, entité perturbante, comble du narcissisme et tentateur de la négativité, le pousse à aller au bout de son comportement égocentré, lui faisant réaliser indirectement qu’il n’en obtiendra que plus de souffrance. L’Ogre apporte le message qu’en se laissant posséder par ses émotions négatives, on peut facilement plonger dans le délire. La clé est d’accepter de reconnaître la présence de ses émotions négatives pour les dompter, pour ne pas se laisser inconsciemment dominer par elles.
Tout cela prépare Thomas à accepter de se faire soigner et éclairer par Gunj. Le déclic se produira lorsqu’il reprendra contact avec le cœur en souffrance de Mafat, enclenchant le processus de guérison du cœur. C’est un passage symbolique fort et crédible. Toute son énergie centrée sur la préoccupation de lui-même était occupée à le détruire. Elle s’inverse en énergie positive dès qu’il s’ouvre à nouveau à l’attention des autres. Thomas va mieux, mais Mafat aussi, car malgré la distance physique son changement d’état lui a été transmis également.
J’ai beaucoup aimé l’évocation de l’acte neutre générateur d’effets néfastes. C’est très bien pointé, très bien écrit, et très important pour la prise de conscience de la responsabilité de notre passivité et inaction.
J’ai aussi été réceptive au thème de la tension des opposés devant la frontière présenté à la fin du livre, montrant que l’équilibre est dans le juste milieu entre les extrêmes.
Après que Carlos a été victime de la haine de Thomas, leur réconciliation finale est réjouissante. On a le plaisir de découvrir un peu plus Carlos, accédant aux clés d’un personnage resté secret et en retrait. Leur amitié fusionnelle est encore plus grande après l’épreuve. Ils sont délivrés de toute forme de jalousie pour aimer ensemble la même femme, nous rappelant au passage que la jalousie reste injustifiable et pathologique.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien à changer.
Jules F.
Jules F. – 20 ans – 3ème année Sciences Po – Strasbourg
Sensibilité littéraire : littérature classique, Zola, Maupassant.
LIVRE COMPLET ♥♥♥ 8/10*
Volume I ♥♥♥♥ 9
Volume II ♥♥ 6
Volume III ♥♥♥ 8
Volume IV ♥♥♥ 8
* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime
En une formule
L’intérieur est à l’extérieur et l’extérieur est à l’intérieur, tel est le miroir de la conscience et la clé du salut de l’humanité à venir.
En quatrième de couverture
Sommes-nous libres ou soumis à un déterminisme inexorable ? La réponse à cette question est capitale pour décider si les fléaux écologiques et économiques que notre humanité a engendrés relèvent de notre responsabilité et donc de notre capacité d’agir pour y remédier, ou s’ils sont le fait d’un engrenage implacable qui nous dépasse, justifiant la posture collective de déni et d’impuissance à changer qui est clairement la voie de la fatalité dans laquelle nous sommes enlisés depuis des décennies.
En suivant la destinée d’un jeune enfant porteur d’un don mystérieux qui nous entraîne dans une quête du remède universel au sein d’un univers futuriste où règne le pouvoir de la Communication, cette grande interrogation métaphysique va être développée en menant le lecteur à des prises de conscience successives jusqu’à la révélation finale de notre liberté fondamentale qui remet le salut de l’humanité entre nos mains. Tandis que nous découvrons un monde de la Communication investi par des personnages hauts en couleur et des symboles forts liés à une entité mystérieuse, on s’ouvre parallèlement à une métaphore de notre monde contemporain qui nous met constamment en prise avec des miroirs grossissants qui nous révèlent la réalité profonde de notre situation.
Il en résulte un effet de contagion où la conscience et l’énergie des personnages fictifs auxquels le lecteur s’est identifié tout au long du récit fusionnent avec notre réalité intérieure pour nous inviter à poursuivre l’aventure dans le monde réel, contribuant à notre tour à propager le remède universel à la mesure de notre goutte d’eau…
Questionnaire
Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?
Je le qualifierai de roman d’éducation focalisé sur la quête du remède universel. Il interroge sur les causes de la souffrance humaine sous toutes ses formes (extérieures sur les plans socio-économiques et politiques, et surtout intérieures par les tourments du mental qu’on s’inflige à soi-même), conduisant à différentes prises de conscience qui ouvrent la voie à des remèdes réels ou potentiels pour notre humanité.
L’impression générale est d’avoir été plongé dans une vaste métaphore de notre monde contemporain, avec des symboles forts évocateurs du pouvoir de la Communication qui conditionne de plus en plus notre existence quotidienne. Le livre nous tend ainsi des miroirs de notre société et de notre réalité intérieure qui se développent et s’approfondissent au cours des quatre volumes pour nous parler profondément de nous-même.
Que vous a-t-il apporté ?
– Un fort engouement et un vrai plaisir de lecture pour la dimension romanesque du premier volume.
– Des réflexions intéressantes et éclairantes sur notre monde de la Communication : le rapport entre l’attention passive et l’attention active très pertinent ; le pouvoir envahissant de la publicité présenté de façon originale et amusante ; le rapport entre l’inconscience et la conscience comme source du mal et source du bien impliquant la nécessité de cultiver l’éveil de conscience comme seule voie de salut pour l’humanité…
– Le dernier volume m’a procuré un sentiment de lâcher-prise qui fait du bien, par contraste avec notre société d’hyper-contrôle qui impose une tension permanente, aussi bien qu’un détachement à l’égard de notre culture du bonheur obligatoire que l’on doit afficher dans les réseaux sociaux.
A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?
Je retiens la formule clé du livre : » L’intérieur est à l’extérieur et l’extérieur est à l’intérieur « . En mettant l’accent sur la primauté de l’intériorité, il m’a rendu plus clairement conscient qu’aucun changement positif réel de notre société ne peut être attendu s’il ne s’accompagne pas d’un changement intérieur individuel correspondant.
Le rapport entre le bien et le mal commence par un manichéisme très marqué pour évoluer vers une prise de conscience de leur valeur relative et donc illusoire, transcendée par la réalisation du Bien supérieur qui intègre les opposés.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?
Oui, tout à fait. La lecture du dernier volume éclaire les volumes précédents en révélant l’unité du livre. Alors que chaque volume est très différent, explorant un champ de réflexion et de sensibilité propres, il y a un approfondissement graduel de la quête centrale du remède à la souffrance de l’humanité. Tout s’emboîte dans une logique nécessaire, où on passe d’une prise de conscience située à un certain niveau de perception à une autre à chaque fois plus profonde, nous menant au cœur de la vision d’ensemble qui dévoile toute sa cohérence.
On est entré dans l’univers fantastique du roman en plongeant dans un imaginaire très éloigné de notre vie quotidienne. Puis il s’est mis à pointer vers notre réalité en présentant des miroirs de notre société. Et ce rapport entre le lointain et le proche s’est accentué au cours des volumes pour finir par nous parler profondément de nous-même.
Le livre se termine sur une ouverture où le lecteur est convié à continuer sa propre histoire. Au-delà de l’attrait d’un récit porteur, il nous a transmis un manuel de vie avec des prises de conscience et des leçons de sagesse qu’il ne nous reste plus qu’à mettre en pratique.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?
Oui, j’y suis plutôt favorable. Je pense que cela permet de renforcer le caractère intrigant du livre et de son atmosphère.
Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?
Oui, pour son éclairage pertinent de notre société et les prises de conscience qu’il suscite, mais à condition que le livre soit resserré sur l’essentiel et rédigé plus simplement afin d’être attractif pour un large public.
Selon vous, est-il accessible au grand public ?
Non, pour la version que j’ai pu lire, car il y a trop de longs passages théoriques et abstraits insistants qui feront décrocher le plus grand nombre.
Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?
J’attends de pouvoir lire la dernière version remaniée et simplifiée pour me prononcer. Mais ça reste très certainement possible, car le contenu du livre est en soi intense, captivant, original et éclairant, nous confrontant aux grands défis de notre réalité contemporaine qui nous préoccupent tous.
Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?
Même réponse que précédemment, j’attends de pouvoir lire la dernière version remaniée et simplifiée pour me prononcer. Mais si ses longueurs excessives ont disparu et qu’elle me conquiert, ce sera sans hésitation.
Volume I
♥♥♥♥ 9
Commentaire
J’ai vraiment beaucoup aimé.
La grande réussite du livre à ce stade est de plonger le lecteur dans une situation romanesque vite prenante portée par une intrigue forte pour le confronter à des interrogations philosophiques et existentielles fondamentales qui restent ouvertes tout du long.
La part de l’imaginaire propre du lecteur est habilement ménagée en n’identifiant pas clairement le cadre du récit. C’est une époque futuriste indéterminée dont le contexte reste flou et ouvert, ce qui permet de stimuler son propre champ de réflexion. Et très vite, plutôt que de partir dans une anticipation lointaine déconnectée de notre réalité, on est pris dans ce qui s’apparente davantage à une métaphore de notre monde contemporain où se déploient des symboles forts qui percutent sur des facteurs incontournables de notre vie d’aujourd’hui.
Cela vaut pour les milliards de cubes gris qui font écho à l’omniprésence des écrans dans nos vies, source insidieuse de dépendance et d’addiction, comme pour les boules noires qui font écho à un organe de contrôle et de surveillance de tous nos comportements qui se développe toujours plus avec l’extension sans fin d’Internet. Car le monde dépeint dans le livre où le pouvoir de la Communication règne en maître absolu est déjà le nôtre. Et il livre des réflexions très éclairantes sur ce nouveau pouvoir, notamment sur le paradoxe d’un monde de libre communication, sans censure et sans entrave, qui n’en impose pas moins une forme de dictature subtile en distillant une pensée hégémonique se revendiquant comme expression neutre d’une réalité objective et d’un bon sens commun.
Outre la dimension politique révélant les nouveaux enjeux de pouvoir, il y a aussi une approche sociologique marquée par le contraste entre un village heureux où la communauté doit être soudée pour assurer sa survie, limitant la liberté individuelle par une obligation presque mécanique d’être solidaire, et l’univers des basses villes où les individus sont libres et indépendants, mais dont l’isolement et l’individualisme génèrent une société malsaine et malheureuse.
Quant aux grandes interrogations sur la condition humaine, elles s’enclenchent dès l’entrée en matière du récit par le cas de conscience insoluble imposée à Ambre, la mère de l’enfant élu. On est alors plongé dans une référence biblique riche qui nous tient en haleine avec le combat intérieur des trois protagonistes initiaux qui aboutit au sacrifice et au don de soi pour un mobile inconnu. C’est aussi toute la part d’innocence de l’humanité incarnée par l’enfant Thomas qui va être confrontée à la volonté de contrôle du Dicteur et du Mongonastère à des fins intéressées, une volonté de contrôle motivée par une quête obsessionnelle de perfection et de salut, comme si la perte de l’innocence renvoyant à la chute du paradis était inéluctable. S’y ajoute le thème de la perte de la mémoire qui en passant par Djack évoque l’oubli de l’origine et de l’essentiel, comme si l’humanité errait sans but, ne sachant pas où elle va parce qu’elle ne sait pas (ou a oublié) d’où elle vient.
Puis à partir de là, se pose la grande question de la liberté et du déterminisme qui va imprégner tout le récit. Cette question métaphysique est particulièrement relancée avec l’introduction du personnage noir d’Ungern qui est l’antithèse de la bonté naturelle exprimée par Thomas et son village. On se trouve alors dans un schéma manichéen marqué : les bons d’un côté et les mauvais de l’autre. Sauf que tout en Ungern montre que c’est un déterminisme implacable qui l’a façonné par-delà sa volonté propre pour le rendre si haineux. Ce qui réactive l’interrogation fondamentale de la condition humaine : l’homme est-il bon ou mauvais par nature ? Et qui en est la cause ? Est-il responsable de ce qu’il hérite de son conditionnement ? Ou la responsabilité en revient-elle à ce Mongo, évocation suggérée d’un pouvoir créateur transcendant, qui semble façonner les êtres à sa guise pour les rendre bons ou mauvais selon sa seule volonté ?
En tout cas, toutes ces interrogations passionnantes développées dans ce premier volume donnent une irrésistible envie de se plonger dans le second volume pour les approfondir en espérant en recevoir encore d’autres éclairages.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien à signaler.
Volume II
♥♥ 6
Commentaire
Ce volume rompt avec le précédent en quittant l’élan romanesque pour nous installer dans un essai socio-économique et politique contemporain.
Il reprend les thèmes abordés dans le premier volume pour les développer sur le terrain de l’analyse et de la réflexion. C’est la question de la liberté et du déterminisme, de la nature bonne ou mauvaise de l’homme, du pouvoir médiatique envahissant, avec le voyeurisme, la sexualité mercantile, la quête financière et existentielle d’attention, l’observation et la surveillance omniprésentes, la surinformation qui annihile le sens de l’engagement et de l’action, et aussi l’isolement des individus par des connexions toujours plus virtuelles où tout le monde veut se montrer sur les écrans alors que les contacts humains réels se raréfient.
J’ai beaucoup aimé toute la réflexion sur la publicité et la façon originale dont elle est mise en relief. De même, le rapport entre l’attention passive et l’attention active est très pertinent. C’est fondamentalement le rapport entre le fait d’être conscient ou inconscient qui engage notre responsabilité individuelle dans le monde de la Communication : donner notre attention à ce qui est digne d’attention pour faire croître la dignité dans le monde. Choisir et cultiver la conscience s’annonce comme la voie du salut pour l’humanité, tandis que l’inconscience est la voie de la perdition à la racine de tous les malheurs de l’humanité.
Le livre renvoie alors à une dimension religieuse ou spirituelle en adoptant une position clairement manichéenne qui montre la « juste voie ».
C’est l’aboutissement du long développement de l’essai socio-économique comme synthèse des thèmes et problématiques de notre monde contemporain. L’impasse de la croissance infinie et sa solution par la décroissance. L’impasse de l’endettement infini et sa solution par la réappropriation du pouvoir de création monétaire par le peuple. L’impasse du chômage endémique et sa solution par le revenu d’existence universel et le travail non productif créateur de richesse humaine, etc.
Mais ce manichéisme est heureusement tempéré par le constat d’échec des meilleures intentions et solutions sur la papier, ainsi que par de fortes ambiguïtés révélant les contradictions inhérentes en tout être humain. Face à la nécessité de la décroissance, il y a la croissance infinie de Mongo comme une volonté de pouvoir insatiable et indéracinable dans la nature ou la destinée même de l’homme. Tout comme il y a ce rappel que Mongo n’est qu’un Instrument, et que dans ce monde de la Communication que nous sommes en train d’engendrer tous ensemble, nous pouvons en faire le meilleur usage comme le pire.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Mon engouement pour le premier volume porté par sa dimension romanesque captivante et riche en péripéties s’est refroidi en devant la quitter pour plonger dans le long développement de l’essai socio-économique. J’entends bien que c’est le parti pris du livre qui a toute sa raison d’être en tant qu’il nourrit l’ensemble du propos, mais il aurait fallu que je puisse bifurquer sur l’essai en me sentant à nouveau captivé sur le plan de la réflexion et de la découverte d’une nouvelle vision, ce qui n’a pas été le cas en dehors de quelques idées neuves inédites.
La raison en est que de par ma formation et culture politique, les thèmes d’actualité repris dans l’essai me sont familiers, et j’ai donc eu l’impression d’une redite et de ne rien apprendre de nouveau sur de nombreuses pages. D’où mon manque d’enthousiasme et mon impression de longueur.
Bien que l’intérêt sera certainement supérieur chez un lecteur qui découvre ces thèmes pour la première fois, la question à se poser est à qui se destine le livre ?
Pour les lecteurs ignorants ces thèmes, l’essai aura un effet de nouveauté avec une valeur pédagogique et attractive certaine, mais pour les gens comme moi, je pense qu’il y aura une tendance à décrocher en raison de trop de longueurs.
A mon sens, ce second volume gagnerait alors à être réduit à l’essentiel sur toute la partie essai, sans perdre pour autant l’attrait potentiel qu’il doit exercer sur les lecteurs non-initiés.
Volume III
♥♥♥ 8
Commentaire
Ce volume III renoue avec l’intensité de l’action et des enjeux du premier volume qui s’était affaiblie sur le volume II. On monte aussi d’un cran dans le développement et l’éclairage des thèmes initialement abordés.
Le questionnement toujours renouvelé de la liberté s’y révèle tributaire de la bonté de l’homme. Une bonté qui n’est pas innée mais s’acquiert par une éducation de haute tenue stimulant les prises de conscience et l’élévation de l’âme. On trouve ici un écho très fort de l’Humanisme de Rabelais qui donne la primauté à une éducation complète intelligente faite d’effort, de courage et de discipline sans quoi la bonté ne peut pas fleurir en l’homme.
C’est ainsi que débute ce troisième volume qui présente le Mongonastère comme une école de la conscience où le travail du corps avec le Taï Chi Chuan et l’art de la Danse a autant d’importance que le travail intellectuel dispensé par Gunj. Le but est l’élévation continue du niveau de conscience qui procure toujours plus de liberté et de bien-être, conditions indispensables pour les exprimer à l’extérieur de soi sous la forme d’une bonté épanouie naturelle et spontanée.
La grande formule du livre « L’intérieur est à l’extérieur, et l’extérieur est à l’intérieur » résume tout le propos d’une éducation à l’éveil de conscience comme seule voie de salut pour l’humanité. Elle reprend l’aboutissement de l’analyse socio-politique du volume II en l’approfondissant et en la rendant directement perceptible à travers le travail d’éveil de conscience du jeune Thomas. Le changement commence par l’intérieur, car le monde n’est jamais perçu objectivement mais à travers la coloration positive ou négative de notre état intérieur dont il est la projection.
Une évolution salutaire de la société ne pourra donc advenir qu’en partant de la transformation intérieure des individus conduisant à une multiplication d’actes individuels toujours plus conscients, c’est-à-dire aussi bien toujours plus épanouis dans la bonté naturelle et spontanée.
Avec la rencontre des paysannes des îlets, le récit renoue avec l’action. L’éveil du grand amour de Thomas incarné par Mafat relance toute l’intrigue des connexions et implications insaisissables de Mongo. D’abord Mongo lui interdit l’accès à Mafat lors de leur première rencontre amoureuse parce qu’elle a éveillé sa peur de l’ »autre » qu’il n’a pas encore affrontée. Une peur profonde qui s’extériorise sous la forme de l’Ogre, cette abomination de Mongo qui lui donne alors une dimension encore plus élevée, comme s’il était au-delà du bien et du mal. De là il orchestre le destin implacable des êtres en faisant indifféremment leur bien comme leur mal, puisqu’en définitive le bien et le mal ne sont que des interprétations relatives du mental humain. Le « mal » que croit subir Thomas va faire son bien, et vice versa, révélant que la manifestation de Mongo par-delà bien et mal œuvre toujours à la finalité du Bien supérieur.
C’est ce que montre toute l’ambiguïté du personnage de Mafat. Mongo l’a désignée à Thomas dès l’enfance en l’associant à la fontaine d’amour dans la cellule de transfert, et en même temps succomber à l’amour de Mafat revient à se détourner de son devoir de mongonastique.
Dans la longue scène d’amour, Mafat va être son initiatrice pour l’élever par leur communion toujours plus intime à une conscience toujours plus vaste jusqu’à atteindre à un paroxysme béatifique de libération, d’amour et de compassion, expression de l’accomplissement humain total. Alors que c’était l’éducation du Mongonastère qui devait le conduire à cette suprême élévation de conscience, il apparaît que c’est en s’y opposant pour suivre l’enseignement de la vie même et de sa propre sagesse intérieure que Thomas y est parvenu en répondant à l’amour de Mafat. Sauf qu’à travers Mafat l’initiatrice, il s’agit peut-être encore de l’éducation de Mongo commandée par sa main invisible.
Renaissant de son illumination comme un nouvel être, Thomas va ensuite explorer sa conscience neuve de l’éveil dans de nombreuses dimensions. La conscience de la mort y tient une place essentielle. Elle est le pendant salvateur du refoulement de la réalité de la mort propre à la société de la croissance infinie qui alimente son autodestruction, invitant à se réconcilier avec la réalité de la mort dans une vision positive et lumineuse où elle est réintégrée au cycle sans fin de la vie. C’est la leçon finale du lâcher prise qui conduit au véritable bonheur par l’abandon confiant à la vie, sans s’accrocher à aucun savoir ni aucun contrôle et sans être maître de rien.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
La leçon sur Newton et Einstein décrivant le passage à un niveau d’harmonie supérieur est trop longue. La nuit d’amour de Thomas et Mafat est elle aussi trop longue et devrait être resserrée sur l’essentiel.
Volume IV
♥♥♥ 8
Commentaire
La plus forte impression que je garde de ce dernier volume est qu’il fait du bien. Il invite à lâcher prise, à entrer dans l’acceptation de ce qui adviendra en reconnaissant au final qu’on ne maîtrise pas notre destin. C’est particulièrement salutaire dans notre société où tout se veut hyper-contrôlé. Ce besoin de contrôle génère une tension permanente alors qu’en réalité notre pouvoir de contrôler les événements reste très limité, voire illusoire. Le livre nous en fait prendre conscience en apportant une forme de paix, car face à l’inanité du contrôle, il ne reste qu’à s’abandonner à notre destin imprévisible en confiance, et cette détente fait se sentir bien.
La lecture du dernier volume éclaire les volumes précédents en amenant une autre compréhension : tout ce qui a été exposé de façon si marquée se trouve relativisé et distancié. L’unité du livre est aussi révélée. Alors que chaque volume est très différent, explorant un champ de réflexion et de sensibilité propres, il n’y a pas de redites mais un approfondissement graduel de la quête centrale du remède à la souffrance de l’humanité. Tout s’emboîte dans une logique nécessaire, où on passe d’une prise de conscience située à un certain niveau de perception à une autre à chaque fois plus profonde, nous menant au cœur de la vision d’ensemble qui dévoile toute sa cohérence.
On est entré dans l’univers fantastique du roman sans préjugé de départ, plongeant dans un imaginaire très éloigné de notre vie quotidienne. Puis il s’est mis à pointer vers notre réalité en présentant des miroirs de notre société. Et ce rapport entre le lointain et le proche s’est accentué au cours des volumes pour finir par nous parler profondément de nous-même.
J’ai terminé la dernière page du livre en me disant d’abord : » Ah bon, rien de plus « , comme s’il manquait le dénouement final, puis quelques secondes après c’est devenu évident que la fin ne pouvait pas être autrement. Le livre se termine sur une ouverture où le lecteur est convié à continuer sa propre histoire. Au-delà de l’attrait d’un récit porteur, il nous a transmis un manuel de vie avec des prises de conscience et des leçons de sagesse qu’il ne nous reste plus qu’à mettre en pratique.
Le dernier volume reste dans un manichéisme marqué, où l’individu est tiraillé par son choix entre le bien et le mal. La figure de l’Ogre s’oppose ainsi à celle de Gunj incarnant la sagesse réalisée, chacun faisant valoir ses attraits et ses séductions.
Le problème moral est à nouveau soulevé dans la quête du bonheur. Il nous interroge indirectement sur notre culture du bonheur obligatoire, ce bonheur apparent de l’image de soi que nous devons afficher en public, tout comme nous devons toujours nous faire valoir positivement sur les réseaux sociaux.
Le pouvoir qu’a autrui de faire notre bonheur ou notre malheur symbolisé par Mafat met bien en évidence la faiblesse fondamentale de l’Homme face à ce pouvoir. Quand Thomas réalise que Mafat n’est pas la cause première de son bonheur, et donc qu’elle ne peut pas être non plus la cause première de son malheur, il accède à une prise de conscience déterminante qui réoriente complètement sa quête du bonheur en percevant sa source en lui. C’est un message positif annonçant que le seul bonheur accessible est dans la plénitude de l’être qui ne dépend que de soi. Tout le reste nous enferme dans les illusions. Mais la quête du bonheur tout au long de notre vie n’est-elle pas justement de courir après des chimères ? Et ce bonheur que notre culture nous commande de conquérir impérieusement existe-t-il seulement ?
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
La séquence avec l’Ogre est trop longue, il y a des répétitions et des insistances inutiles.
Je note aussi une tendance à l’excès d’adjectifs dans le texte en général.
Claire A.
Claire A. – 20 ans – 2ème année Architecture et Engineering – Strasbourg
Sensibilité littéraire : éclectique, Marc Levy, Guillaume Musso.
LIVRE COMPLET ♥♥♥ 8/10*
Volume I ♥♥♥♥ 9
Volume II ♥♥ 7
Volume III ♥♥♥ 8
Volume IV ♥♥♥ 8
* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime
En une formule
Quand la force de l’humanité naîtra de la force de chacun d’entre nous.
En quatrième de couverture
Un combat décisif nous attend pour sauver l’humanité avant qu’il ne soit trop tard.
Le compte à rebours est annoncé dans ce roman dystopique d’un genre nouveau qui ne se compare à rien d’existant. Pendant qu’il nous immerge dans une réalité parallèle très élaborée pour nous entraîner dans une aventure captivante avec des personnages attachants en quête du remède universel, il nous tend en même temps constamment le miroir de notre monde contemporain où règne le pouvoir de la Communication. Le cocktail d’ensemble produit un éveil de conscience décisif : il existe une issue pour notre humanité en grand péril à condition de nous mettre en mouvement collectivement à travers le pouvoir de notre goutte d’eau.
Ce pouvoir, il appartient à chaque lecteur d’aller à sa rencontre tandis que le livre nous confronte à nous-même jusque dans la plus grande profondeur, là où est tapie notre peur, notre culpabilité, notre inconscience la plus inavouable qu’il nous faut accepter avec lucidité pour nous en délivrer. Car c’est de notre transformation intérieure seule que pourra émerger un nouveau monde régénéré.
Et on sort de cette épreuve réconcilié avec la vie et avec soi-même, dans une confiance neuve en notre pouvoir créateur illimité. Notre horizon bouché s’ouvre à la lumière où tout redevient possible. L’enthousiasme renaît, avec une envie d’agir à notre niveau pour contribuer à créer un monde meilleur, car nous savons désormais que nous en avons les moyens et que tout est entre nos mains.
Questionnaire
Quelle impression générale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?
Il m’a permis de croire qu’ensemble tout est possible, que nous sommes tous responsables du monde dans lequel on vit.
Ce livre est riche, surprenant, inspirant et bénéfique pour les consciences.
Que vous a-t-il apporté ?
Une nouvelle vision du monde. On a tendance à se dire qu’il ne va pas si mal que ça, parce qu’on n’ose pas affronter l’horreur qui nous entoure.
Si les choses ne changent pas, notre futur peut devenir très mauvais.
A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?
J’ai pris conscience de plusieurs aspects de la vie et j’ai un nouveau regard sur différents sujets :
– La notion de Peur, que l’on s’inflige souvent à soi-même.
– Les besoins fondamentaux des « quatre richesses » à cultiver chaque jour.
– L’attention à la réalité de l’Autre et le don désintéressé.
Ce sont des aspects du livre que je souhaite développer dans mon quotidien.
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?
Oui. Certaines séquences dont je ne percevais pas la raison d’être ont pris leur sens dans les volumes suivants (le baron Ungern, scène d’amour…)
Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?
Oui. Le livre propose une vision de l’avenir et des solutions sur la façon de l’améliorer.
Afficher un nom d’auteur reviendrait à dire que quelqu’un à trouvé la « clé » pour aider l’humanité, ce qui ne correspond pas aux valeurs des mongonastiques.
Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?
Oui. Il peut ouvrir les consciences et amener l’humanité et chaque individu à se remettre en cause.
Selon vous, est-il accessible au grand public ?
Je pense que non. Il faut partager certaines valeurs avec l’auteure et avoir un esprit ouvert pour percevoir le but de l’œuvre.
Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?
Oui.
Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?
Oui.
Volume I
♥♥♥♥ 9
Commentaire
J’ai été portée par l’accroche très prenante de la première partie. Je l’ai lue très vite sans presque pouvoir m’arrêter, tenue en haleine par le suspens. C’est aussi très bien écrit, agréable et facile à lire, ce qui ajoute à l’aisance de s’absorber dans l’histoire.
Je retiens plus particulièrement la relation entre la mère et l’enfant qui est touchante et pleine de sensibilité. Comme le père est absent, l’enfant est pour elle seule avec tout l’amour et la responsabilité de veiller à son bien-être. Le conflit qu’elle endure entre son désir de le garder et sa conscience de devoir le perdre en faisant le bien véritable de l’enfant qui l’attire ailleurs dans l’inconnu est d’une grande intensité. Son tourment la conduit finalement à aller au-delà de l’égoïsme pour faire le meilleur choix pour le bien de son enfant. Elle sacrifie son amour possessif en révélant l’amour pur et désintéressé qu’elle lui a toujours porté, et tous les sentiments qui s’expriment entre elle et son enfant à ce niveau-là sont très beaux.
L’arrivée « accidentelle » de Djack au village a été une vraie surprise lorsque j’ai découvert en même temps que la mère qu’il était le précepteur. Ça a encore plus intensifié le suspens qui tourne autour de Mongo en laissant entendre qu’il pourrait contrôler les destins, et donc manipuler toutes les situations pour contraindre la mère à faire le choix de lui donner son enfant malgré elle, puisque dès le départ elle a affirmé sa ferme volonté de le garder.
Bien qu’elle ne fait qu’une courte apparition, la petite Cerise est aussi un personnage touchant, et la trisaïeule avec ses manières extravagantes est assez comique.
Sur la deuxième partie, lorsqu’on aborde le monde sombre des basses villes pour arriver jusqu’au baron Ungern, ça part dans une direction complètement différente qui coupe avec le récit initial, autant dans sa forme qui devient choquante et trash que dans son fond. Il montre la noirceur et le malheur du monde qui reflètent davantage ce vers quoi l’humanité est en train de s’enfoncer, par opposition au bonheur de vivre du village qui reste un rêve ou une utopie.
Ça m’a fait un peu décrocher pour me sentir frustrée de ne plus être portée par l’élan initial du récit qui m’a si bien plu, mais je l’ai retrouvé ensuite quand on quitte ce monde sombre pour revenir dans la lumière du Mongonastère, où on accompagne à nouveau les enfants dans un récit d’une grande sensibilité, avec des relations touchantes et pleines d’humanité.
Je note que j’ai été marquée par la leçon de vie de Zabir donnée aux enfants sur la peur, qui est une réponse salutaire à la peur aveuglante à laquelle sont soumis tous les humains des basses villes. Elle m’a fait m’interroger sur ma propre relation à la peur en me transmettant un enseignement pour m’en détacher.
Le livre I se termine avec une séquence dans la cellule de transfert qui ravive tout le mystère de Mongo. Le suspens sur ce qu’il pourrait bien être est complètement relancé. Je ne veux rien anticiper pour ne pas être déçue si ça ne devait pas correspondre à mes attentes. Je préfère me laisser surprendre, ce qui attise d’autant plus mon envie de lire la suite.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Rien à corriger. Ma remarque sur le monde sombre du baron Ungern avec son écriture choquante et trash n’est pas un défaut en soi. Je ne suis pas accoutumée à ce style violent qui heurte ma sensibilité, mais je reste convaincue qu’il n’est pas gratuit et a sa raison d’être dans ce grand livre dont j’espère avoir la compréhension en poursuivant ma lecture.
Volume II
♥♥ 7
Commentaire
J’ai lu ce deuxième volume avec plus de difficulté, principalement la partie essai à laquelle j’ai eu du mal à accrocher, mais je souhaite toutefois poursuivre la lecture du volume III.
J’ai par contre très bien accroché à la première partie de ce volume II qui dévoile les énigmes initiales en révélant la cohérence de l’univers de Mongo. Tout trouve sa place autour de l’enjeu du Mongonastère de faire évoluer la Communication pour améliorer le sort de l’humanité, notamment la présence du baron Ungern qui y apparaît comme son nécessaire contraste. La description de l’évolution de Mongo au cours des âges est agréable à lire et à découvrir. Il apparaît comme un aboutissement d’une intelligence artificielle et pourtant il reste toujours aussi mystérieux et insaisissable, tout comme les boules noires qui recèlent son douzième degré de conscience. Les trois Règles qui le régissent est une belle idée qui donne une vraie assise au développement du monde de la Communication par l’intermédiaire de ses mutations. Ça établit le lien avec les Danseurs, la solidarité des mongonastiques qui œuvrent ensemble en apportant chacun leur goutte d’eau, tandis qu’on suit les étapes menant aux douze mutations avec intérêt dans cette construction imaginaire qui obéit à une logique très pertinente. C’est ce passage qui me met le plus en attente du volume III en laissant pressentir l’avènement de la treizième mutation que je suis curieuse de découvrir.
La description de l’industrie des croquants est bien vue également. Elle montre de manière extrême comment la publicité nous manipule, ce qui m’a amenée à mieux reconnaître son impact et son omniprésence désormais admise dans notre vie, notamment dans sa manière de stimuler artificiellement notre faim en nous poussant à manger au-delà des besoins du corps, ce qui ne peut qu’être néfaste à notre santé.
La deuxième partie commence par un long essai socio-économique qui met entre parenthèses le récit. Je me suis sentie frustrée de devoir ainsi décrocher de l’intrigue qui me tenait en haleine. Son contenu ne m’a pas vraiment attirée et m’a plutôt ennuyée, à l’exception de quelques idées originales comme la culture des quatre richesses que j’ai prise en note pour son grand intérêt. La monnaie d’attention qui apparaît plus loin en rapport avec la création monétaire m’a marquée elle aussi pour sa pertinence évocatrice, parce qu’elle reflète bien l’exigence d’attention de plus en plus nécessaire dans notre société d’aujourd’hui pour marquer notre place professionnelle et autre.
Je me suis sentie plus à l’aise avec le texte lorsqu’il renoue ensuite avec les dialogues. Il a à nouveau stimulé mon intérêt, et j’avoue que je préfère cette forme narrative qui me permet de m’identifier aux personnages dans l’action. En suivant les échanges de Carlos et de Thomas dans le présent de leur situation, je m’identifie plus facilement à eux avec la sensation de partager leur vie, ce qui rend le récit plus dynamique et vivant.
La crise du Dicteur est bien perçue. C’est en s’écoutant lui-même qu’il parvient à la guérison de son doute. Il finit par retrouver le meilleur de lui-même et la paix intérieure, et donc la plus grande des quatre richesses.
La découverte des Musiciens dans les ateliers montre l’art désintéressé des mongonastiques dont le don créateur est pour recevoir et pour donner. La scène finale entre les deux garçons est touchante. Elle met en avant les univers très différents dont ils sont issus qui n’empêchent pas leur relation fusionnelle, révélant un besoin l’un de l’autre où ils se complètent.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Le long essai socio-économique m’a fait décrocher du dynamisme du récit. Je ne dirai pas pour autant que c’est un défaut qui doit être corrigé en le retirant ou en le réduisant. Difficile de trancher, car s’il est moins attrayant et plus difficile à lire, donc d’un accès moins grand public sur ce passage, il enrichit néanmoins le livre en donnant plus de substance aux thèmes abordés.
Volume III
♥♥♥ 8
Commentaire
J’ai besoin d’être stimulée par l’action et l’interaction des dialogues pour rester prise dans un récit, c’est pourquoi je préfère ce style de roman. Mais je dois dire que j’ai été agréablement surprise par la dernière partie sur la longue introspection de Thomas, donc sans action et sans dialogue. J’ai beaucoup accroché à son contenu qui m’a bien parlé, et pour la première fois j’ai pu suivre cette forme narrative avec un vrai intérêt.
Ce qui m’a attirée d’emblée dans ce passage est sa façon de nous faire percevoir la réalité comme un cadeau. La vie est un cadeau qui nous est donné. A nous d’en prendre soin et de bien en profiter, ce qui demande seulement de rester en accord avec elle en faisant le bien. Car la liberté est donnée à l’homme, nous pouvons choisir la vie que nous voulons mener, mais cette liberté de choisir implique que nous sommes responsables de nos actes et de leur conséquences que nous devons assumer. Cela renvoie alors à la responsabilité de notre goutte d’eau qui reste décisive pour créer ensemble un monde meilleur.
La longue réflexion sur la mort m’a beaucoup plu également. Elle est présentée dans une perception positive où elle fait partie de la vie. En faisant le parallèle avec la mort de l’enfance nécessaire pour donner naissance à l’adolescence, elle montre que notre vie est parsemée de petites morts et de renaissances qui sont à chaque fois des passages d’un état ancien à un état nouveau qui sont indispensables au renouvellement du courant de vie. La mort finale du corps qui nous attend tous est présentée dans cette perspective qui nous fait pressentir qu’elle n’est elle aussi qu’un passage nécessaire pour un renouvellement plus grand dans lequel quelque chose de notre conscience persiste, tout comme nous n’avons pas perdu notre conscience de soi en passant de la mort de l’enfance à la naissance de l’adolescence. Rien de dogmatique n’est cependant affirmé sur la mort. Elle garde tout son mystère en se tenant à sa réalité factuelle de saut dans l’inconnu, mais on en ressort avec un sentiment apaisé, une plus grande acceptation de la mort et plus de confiance en ce qui nous attend dans l’inconnu. C’est l’expérience de Thomas qui accepte toujours plus la mort avec bonheur en même temps qu’il s’abandonne toujours plus à la vie qui nous transmet cette impression positive. Mais puisque son destin de Danseur l’appelle au sacrifice de sa vie, je me demande s’il ne va pas mourir dans la suite du récit, comme si son acceptation de la mort était une façon de se préparer à être le treizième Danseur accompli.
Pour revenir au début du récit, j’ai été marquée par l’apparition de l’Ogre. On partage le frisson de peur qui anime Thomas jusqu’à ce qu’il le découvre en ouvrant la porte. J’ai été surprise d’apprendre qu’il s’agissait d’un Danseur qui avait échoué à la mutation. Ne reste plus de lui que le mal qu’il a refoulé durant son éducation où il s’efforçait de ne présenter que le meilleur de lui-même, et qui est ressorti au moment de la mutation en le possédant tout entier. L’Ogre renvoie alors aussi à la part obscure ou mauvaise que l’on refoule en soi, ce qu’exprime bien le pressentiment de Thomas de porter l’Ogre en lui.
Quand il expérimente la perdition des ténèbres avec son ami Carlos et qu’ils s’en sortent parce qu’ils sont restés attachés par la main, c’est une belle image de solidarité qui montre qu’à deux on est plus forts pour affronter une épreuve.
La traversée de l’épreuve leur fait accéder au sanctuaire des Danseurs accomplis où les attend le Dicteur. Il décide de briser la Règle de sa charge en leur faisant des révélations interdites. J’ai trouvé très intéressant ce moment où il abandonne une perfection formelle d’éducation pour se montrer plus humain et plus proche des deux garçons. Il leur donne sa goutte d’eau en étant réceptif à leur humanité commune, ce qui ne peut qu’élever leur confiance mutuelle et leur sentiment d’œuvrer tous ensemble au même but. De cette façon, il leur apporte finalement beaucoup plus que s’il s’était contenté de respecter la Règle.
J’ai aussi bien aimé l’évolution de Thomas à l’intérieur de ce troisième volume. A son premier rendez-vous avec Mafat, il se montre d’abord supérieur et dominateur. Puis sa rencontre avec l’Ogre va le libérer de sa peur profonde. A partir de là, son sentiment de supériorité disparaît puisqu’il réalise que c’était avant tout un rempart pour se protéger de sa peur de l’autre. S’il a un don exceptionnel, ça n’en fait pas pour autant un être supérieur. Et de découvrir qu’il n’est fondamentalement pas différent des autres, qu’il est au même niveau qu’eux le libère de son isolement d’Élu et lui procure de l’apaisement.
Il est alors mûr pour rencontrer Mafat pour de bon parce qu’il se sent à présent avec elle de l’intérieur, au même niveau qu’elle. Il découvre la sexualité et la dimension de l’amour, où sa vie austère de mongonastique laisse place à de l’attachement pour un autre être. Il renoue ainsi avec sa part d’affection humaine comme il a pu la connaître avec la petite Cerise dans son village. Mais ce moment marque aussi son passage à l’âge adulte où il s’ouvre à l’autre et assume ses sentiments.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
Dans la dernière partie, j’ai fini par perdre le fil dans le deuxième grand passage en italiques. S’il était deux fois plus court en restant sur l’essentiel, je pense que ça ne se produirait pas.
Volume IV
♥♥♥ 8
Commentaire
J’ai été contente de retrouver Mafat en ce début de volume, et attristée pour elle et Thomas dans la scène de leur rupture. Cette scène met en avant leur amour très puissant en le confrontant à leur histoire qui était impossible dès le départ. Le fait que Mafat soit prête de passer pour une sorcière en détournant un mongonastique de sa mission est une idée forte, de même que Thomas qui préfère renoncer à sa mission de sauver l’humanité pour laquelle il est venu au Mongonastère plutôt que de quitter Mafat. Elle montre bien l’intensité de leur passion qui les enferme dans un amour égoïste qui se fait au détriment des autres. C’est pourquoi leur amour passionnel est sans issue, parce qu’il reste chargé de souffrance pour tous. Et leur grande souffrance qui va atteindre jusqu’à Carlos est très bien ressentie. On a de la peine pour ce qu’ils endurent.
On découvre alors un autre Thomas qui a perdu le goût de la vie. Son mal-être l’amène à visiter l’Ogre. A travers lui, il veut se convaincre que Mafat est responsable de son mal, que c’est sa faute si il souffre et non la sienne. La voie de l’Ogre est donc d’agir sur Mafat pour se libérer de sa souffrance puisqu’il lui fait croire qu’elle en est la cause, que c’est en lui imposant sa volonté pour qu’elle se plie à son désir qu’il ira mieux.
Tout cela prépare sa confrontation avec Gunj qui va l’amener à sa guérison en l’éclairant sur la vraie nature de son mal. Il lui fait bien voir que Mafat ne peut pas être la source de son malheur parce qu’elle n’est pas non plus la source de son bonheur. Thomas est enfermé dans son mal où il est son propre bourreau comme son propre sauveur. Cette réalité me renvoie au volume I où elle a déjà été abordée concernant la peur inutile qu’on s’inflige à soi-même. Thomas doit donc aller à l’intérieur de lui pour trouver la source de son mal-être qu’il doit éliminer, avant de pouvoir renouer avec la source de son bien-être qui ne dépend de rien d’extérieur.
On voit que Gunj a le pouvoir de le guider vers sa guérison parce qu’il est un être illuminé qui est lui-même parvenu à se guérir de toute souffrance en atteignant la vérité. Comme Bouddha, c’est un sage réalisé tout à fait crédible qui donne un poids d’authenticité aux vérités spirituelles qu’il énonce. C’est comme ça qu’il m’a fait accrocher aux deux personnalités en nous, la vraie et la fausse, la consciente et l’inconsciente, que je trouve très révélatrices. J’ai aussi été marquée par son enseignement sur les trois actes, le négatif, le neutre, et le positif, qui m’a apporté une vraie prise de conscience sur la négativité masquée de l’acte neutre.
Dans sa dernière confrontation avec Gunj, Thomas doute encore de lui-même. Il ne ressent pas l’envie de sauver l’humanité car il n’a pas cette force de dévouement et de sacrifice. Et c’est seulement en découvrant Mafat qui porte un enfant que le désir de sacrifice va s’éveiller naturellement en lui. J’ai trouvé que c’était là une belle scène pleine de sens pour conduire à la fin du roman. Mafat y apparaît comme l’incarnation du Bien, de la douceur maternelle et de la force d’amour universelle. L’impulsion de Thomas à se sacrifier n’est plus contrainte mais devient l’élan spontané de son amour pour les enfants à venir de l’humanité.
Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé
J’ai trouvé la confrontation entre Gunj et Thomas dans la première partie qui mène jusqu’à sa guérison trop théorique. Il y a trop d’insistance sur la souffrance de Thomas, notamment le passage où il se connecte au cœur ensanglanté de Mafat jusqu’à parvenir à sa guérison. C’est très théorique et statique. Ça passerait mieux si c’était réduit à l’essentiel.
J’ai d’abord été frustrée de ne pas savoir qui de Thomas ou de Carlos allait être l’Élu pour accomplir la Treizième Œuvre. Puis j’ai finalement apprécié l’idée qu’ils l’accompliraient ensemble, puisqu’elle ne peut être qu’une œuvre collective. De cette façon la fin est libre, et c’est aussi bien, car on peut imaginer ce qu’on veut.