Critique de Eiriléna L.

Synthèse

Eiriléna L. -18 ans – terminale et conservatoire de danse, ressortissante grecque depuis 2 ans
Sensibilité littéraire : Théophile Gautier, H. Potter

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥♥ 

Épisode 1  ♥♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥ 

Épisode 3 ♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥♥ 

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥♥♥

J’ai adoré, j’ai hâte de lire la suite, c’est trop bien.
L’écriture est superbe, simple et fluide, captivante, très émouvante et très vivante, on visualise tout de suite les scènes et les situations.
Les personnages sont tous forts et attachants, on n’a pas envie de les quitter.
La scène de sexe ne casse pas la relation romantique entre Ambre et Djack. Elle la rend au contraire plus intense et profonde en les confrontant à la violence de la pulsion sexuelle qui les amène à dépasser leur volonté de domination liée à leur peur de l’autre sexe.
Je me suis fort identifiée au destin de Thomas doué pour la danse qui va quitter sa mère pour suivre une éducation appropriée à son don, car c’est aussi ce que je me prépare à faire pour intégrer une école de danse aux USA. Ce qui excite d’autant plus ma curiosité de découvrir le mystère de Mongo et ce qui attend Thomas.

Deuxième épisode

♥♥♥

Il est bien différent du premier et j’ai d’abord été un peu déçue de ne pas y trouver ce que j’attendais : une sorte d’école de danse en apprenant en plus qu’il n’y a pas de filles chez Mongo. Puis je me suis fait au nouveau contenu du livre où l’on quitte l’atmosphère bienheureuse du village pour plonger dans un monde sombre, cruel et triste qui nous rappelle à la dure réalité. J’ai commencé aussi à comprendre que le livre est plus qu’une évasion dans un monde imaginaire, parce qu’il contient des éclairages qui sont là pour nous aider à mieux comprendre notre monde actuel, ainsi que des leçons de vie qui peuvent nous aider à affronter nos difficultés personnelles, comme l’explication sur la peur imaginaire et la peur réelle que je trouve très juste et bénéfique. Alors si j’ai été déroutée par ce deuxième épisode qui ne correspond pas à mes attentes initiales, ce qu’il apporte d’autre me donne toujours envie de continuer la lecture.

Troisième épisode

♥♥♥

Il est à nouveau différent des deux autres. Cette fois, on découvre qui est vraiment Mongo, mais s’il est présenté d’abord comme un simple Instrument, son aspect mystérieux réapparaît quand on comprend qu’il porte en lui la conscience des Danseurs accomplis. Mongo me fait alors plutôt songer à une représentation métaphorique de notre conscience intérieure dotée d’un potentiel infini qu’il nous appartient de réaliser, ce qui revient à réaliser le destin de notre désir profond que l’on porte en soi et qui est le chemin difficile du sacrifice qui est attendu de Thomas. Cet épisode se lit également très bien, avec clarté, il captive à nouveau par la surprise de sa différence et me donne toujours envie de continuer la lecture.

Quatrième épisode

♥♥♥♥

Avec ce dernier épisode, j’ai retrouvé l’enthousiasme du premier épisode qui m’avait si bien absorbée et conquise mais d’une façon complètement différente. J’ai été à nouveau surprise par son originalité qui le distingue encore des autres. Je ne m’attendais pas du tout à entrer dans cette longue analyse politique qui m’a fait m’éloigner du roman pour y découvrir des réalités concernant notre monde aussi passionnantes si pas plus.
Je ne savais rien de l’envers catastrophique du décor de la religion de la croissance qu’on nous prêche sans arrêt dans les médias, ni de la création monétaire fondée sur la dette qui est donc irremboursable par définition, alors que les médias nous rabâchent le contraire en nous faisant croire que le peuple doit se serrer la ceinture pour la rembourser parce qu’on serait trop dépensier. C’était pour moi la première claque, comme si je voyais tout d’un coup le mensonge permanent que diffuse la télé, alors qu’auparavant je n’y faisais pas attention et en tout cas je ne pensais pas que c’était à ce point-là. Le gros avantage de la longue analyse politique est qu’elle se lit comme une aventure humaine passionnante, avec plein de retournements au niveau des idées, que toutes les explications sont claires, développées à fond de façon à ce qu’on comprenne bien de quoi il retourne.
On n’a alors plus aucun doute sur l’origine et la responsabilité du désastre qui s’annonce, mais au lieu d’en rester sur ce constat sinistre, ce que le livre a de plus fort, c’est qu’il part de son analyse rigoureuse et approfondie du désastre pour proposer des réponses positives qui sont tout aussi rigoureuses et détaillées. Ça les rend tellement crédibles qu’elles redonnent un espoir formidable dans notre avenir, et c’est là que le livre redevient si enthousiasmant.

En même temps ce passage permet de comprendre le rôle de préparation des épisodes précédents. Alors qu’on ne voyait pas trop bien pourquoi ils partaient dans des directions différentes, tout s’éclaire, on découvre leur place nécessaire dans l’ensemble, comme le thème de la mixture onctueuse de la réalité fictive diffusée par les cubes qui apparaît dans le deuxième épisode et qui rend soudain terriblement percutante la communication hégémonique des puissances régnantes présentée dans nos médias comme le spectacle vivant de l’unique réalité.
Après cette longue leçon de l’état du monde et de ses remèdes possibles, on retourne dans la vie du roman et de ses personnages avec cette impression qu’on ne les a pas vraiment quittés, parce que la leçon fusionne avec l’enjeu des Danseurs qui doivent l’intégrer pour accomplir l’exploit de libérer l’humanité, tout comme elle fusionne avec ma propre réalité de citoyenne qui doit tout autant l’intégrer pour contribuer moi aussi à cet accomplissement collectif. Et c’est comme si le livre se terminait sur cette apothéose où en m’identifiant à nouveau aux héros, je me sens investie de leur courage héroïque dans un monde fantastique qui a rejoint mon propre monde, le monde de la réalité qui ne m’écrase plus et ne me laisse plus impuissante parce qu’il est désormais réenchanté par notre merveilleux pouvoir d’être humain d’agir sur lui pour le meilleur.