Critique de Idriss M.

Synthèse

Idriss M. – 28 ans – dernière année médecine – Strasbourg
Sensibilité littéraire : développement personnel dont Robert Kyosaki « Père riche, père pauvre », nutrition et karaté, romans fantastiques et philosophiques dont J.C. Mourlevat « Le combat d’hiver »

LE LIVRE COMPLET

LIVRE COMPLET  ♥♥♥♥  9/10*

Volume I  ♥♥♥♥  

Volume II  ♥♥♥♥  

Volume III  ♥♥♥

Volume IV  ♥♥♥♥ 

* la note chiffrée estime la qualité littéraire formelle et la note de cœur l’adhésion intime

En une formule

Une école d’éveil de la conscience portée par une aventure romanesque captivante.

Volume I 

♥♥♥♥ 

Commentaire

L’histoire est tout de suite prenante et très intéressante grâce à deux qualités essentielles du livre :
1- La narration omnisciente et impersonnelle s’adapte à chaque personnage.
Quand le récit entre dans la sphère d’influence d’un personnage ou d’une situation, il en prend aussitôt la coloration et la tonalité. C’est très net dès qu’il s’agit des enfants, où le narrateur s’exprime à leur hauteur, comme si c’était un enfant de sept ans qui se mettait à décrire la scène. C’est clairement marqué aussi avec le personnage noir d’Ungern, où le monde apparaît à travers le prisme de sa haine métaphysique et de son champ de perception qui rend tout misérable et répugnant, révélant en même temps l’enfer qui est en lui. Ça continue avec Ambre et son univers d’anxiété et de grande nervosité, Djack qui est comme un enfant perdu, le Dicteur Moyahm Shédid et son doute ravageur qui est très bien somatisé et donne une perspective indécise, branlante et trouble de la mission du Mongonastère.
La vertu de ce procédé permet d’être très vite absorbé dans le récit par une forte identification aux personnages que l’on ressent de l’intérieur avec empathie.
2- Alors qu’on est plongé dans un contexte fantastique, tout ce qui est décrit en terme de fait et de vérité d’expérience est précis et rigoureux, donc parfaitement réaliste et pertinent, ce qui contribue à accroître la crédibilité de l’histoire.
C’est le cas du jeûne où en tant qu’étudiant en médecine et pratiquant du Ramadan, je peux confirmer l’exactitude de sa valeur thérapeutique, de détachement des biens terrestres et d’ouverture de conscience.
De même, la course des enfants dans le précipice qui sollicite la conscientisation du corps et le dépassement de la peur pour ne pas chuter. Pratiquant le « parkour », je me retrouve totalement dans cette description.
Et enfin, pratiquant le karaté de longue date, l’évocation du Taï Chi Chuan par la maîtrise de la présence à ce qui est sans attente et anticipation est également tout à fait pertinente.

L’entité nébuleuse de Mongo est captivante. Les indices semés laissant entendre que c’est une création humaine d’un pouvoir incommensurable (équivalant à Dieu ou à un Dieu ? Champ de conscience cosmique ?), et qu’il a atteint un douzième degré de conscience par l’entremise de Danseurs humains, tout cela suscite une grande curiosité de poursuivre la lecture pour découvrir de quoi il retourne.
Le village sans nom, non localisable dans le temps et l’espace, et en tant qu’il incarne une communauté humaine heureuse et fraternelle, lui donne une dimension universelle. Il me fait songer à l’image du petit village français où il fait bon vivre dont je rêvais enfant depuis Madagascar.
Non seulement le village, mais également tous les personnages du récit, par leur destin marqué et leur rôle exacerbé, révèlent un aspect universel ou mythologique.
Il y aurait aussi beaucoup à dire autour d’Ungern dans sa capacité à manipuler les êtres par la peur qui est très convaincante. Tout comme il témoigne de l’ambiguïté du rapport maître esclave, bourreau victime, qui sont comme des couples complémentaires interchangeables : en chaque bourreau est une victime, en chaque victime est un bourreau (de soi-même).
Dans le premier épisode, le cas de conscience insoluble de la mère de l’enfant élu porte les trois protagonistes principaux de ce drame (la mère, l’enfant, et l’amant) vers le même dénouement déchirant du sacrifice de soi pour une cause supérieure désintéressée. Il révèle la dimension humaniste et spirituelle du récit où les protagonistes sont contraints de renoncer à leur confort personnel, leur désir propre, leur sécurité et amour possessif, pour affronter l’épreuve de l’inconnu qui seule peut les faire grandir.
Je terminerai en disant que je suis surpris qu’aucun éditeur n’a encore remarqué ce livre, car il a tout pour être un succès populaire avec un récit captivant tout en étant subtil dans son propos et raffiné dans sa composition.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Je trouve qu’il y a deux scènes trop longues qui gagneraient à être raccourcies d’un quart. Celle des ébats charnels entre Ambre et Djack après la transe, et celle d’Ungern avec le savant et Tombola.
Elles m’ont donné l’impression de traîner un peu en longueur sans rien m’apprendre de plus, alors que je m’impatientais de renouer avec la suite du récit.

Volume II 

♥♥♥♥ 

Commentaire

Alors qu’il est très différent du premier dans son traitement et que sa lecture demande une attention plus intense, j’ai gardé la même attirance et le même intérêt pour ce deuxième livre. Le sujet reste dans la continuité du premier livre mais devient sérieux et très approfondi, ce qui l’éclaire rétrospectivement en lui donnant une consistance inattendue. On a droit à un développement complet des thèmes principaux qui sont traités dans tous leurs aspects, extérieurs comme intérieurs, dans leurs implications sociales et économiques comme dans leur dimension psychologique individuelle, et qui s’enchaînent selon un ordre naturel. On se retrouve avec une grande richesse d’informations qui s’inscrivent dans un tableau d’ensemble clair et cohérent. Tout est alors bien assimilé et reste en mémoire. Et c’est maintenant une gourmandise intellectuelle qui m’appelle à continuer avec le troisième livre.

Je suis en accord avec toutes les idées présentées. Je reconnais leur vérité dans mon propre vécu, leur justesse, et leur importance majeure dans notre monde d’aujourd’hui.
1- L’attention. Le manque d’attention et la quête d’attention sont poussés aux extrêmes en montrant leur absurdité. On est dans l’hyperbole qui sert bien le récit d’anticipation comme projection du meilleur et du pire qui peuvent advenir des facteurs déterminants qui sont en germe aujourd’hui dans notre monde de la Communication. Le rapport entre l’attention passive et l’attention active est très intéressant. C’est le rapport entre un état d’inconscience facile qui ne demande pas d’effort (d’énergie) mais qui au final pompe notre énergie, et un état de conscience qui demande de consommer notre énergie mais qui au final nous enrichit en nous rendant encore plus d’énergie. Je trouve très juste aussi le rapport entre l’attention et la richesse. C’est le pouvoir de notre attention focalisée qui conduit à la richesse, où la qualité d’attention prime sur la quantité, comme le souligne très bien le livre.
2- La religion de la croissance. Son impasse et son développement autodestructeur son clairement démontrés, et je trouve très judicieux que son aspect psychologique soit aussi présenté, notamment pourquoi elle favorise la réussite des avides.
3- La création monétaire et la monnaie de dette. C’est très parlant pour moi où dans ma communauté religieuse, l’usure est interdite.
4- La culture des quatre richesses. Sur le modèle de la pyramide de Maslow, c’est une bonne remise en question de notre rapport à l’argent et du sens de la richesse véritable.
5- L’industrie des croquants. Sa perversité fondée sur la manipulation inconsciente est bien montrée. On la perçoit de l’intérieur de Thomas et Carlos qui en font l’expérience. On retrouve ici le procédé de personnalisation du vocabulaire qui permet d’être en immersion avec les personnages où l’impact des croquants est ressenti intensément.
6- La neutralité de Mongo. Il n’est pas le Sauveur du monde, tout comme notre technologie ne va pas faire notre salut. Elle est neutre en soi, son impact maléfique ou bénéfique dépend de l’usage que nous en faisons, avec conscience ou inconscience.

J’ai bien aimé l’explication des douze mutations de Mongo avec les trois Règles qui le régissent. Leur évolution est cohérente et s’enchaîne bien, en commençant par un Mongo adulé que le monde entier connaissait, pour ensuite s’effacer complètement de la mémoire et atteindre l’omnipotence.
Je m’attendais à ce que le Dicteur craque. Il était bloqué par la peur d’affronter ses doutes, et son lâcher prise était nécessaire pour qu’il se retrouve. Car en tant qu’enseignant de haut niveau avec les Danseurs, il ne peut y arriver que s’il communique d’abord bien avec lui-même. Ce qui m’a fait aussi sentir que la manifestation sans agir de Mongo en était le déclencheur.
Le contraste entre Thomas et Carlos est bien mené. Alors que Carlos est dévoué à la cause parce qu’il a été sauvé par Mongo d’une enfance traumatique, Thomas a eu une enfance heureuse qui le fait douter de son engagement à travers « son mauvais génie » qui a cependant un rôle de questionnement positif le faisant avancer. La réflexion finale de Carlos sur le désir de surface opposé au désir profond est très pertinente.
J’ai été heureux d’apprendre que Djack avait finalement rejoint Ambre et qu’ils avaient eu une fille.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

L’enchaînement des idées est dense, il demande une forte attention qui peut être épuisante. S’il était plus aéré en y mêlant du récit plus léger, ça passerait sans doute mieux. Mais ce n’est pas une critique de quelque chose qui doit être corrigé car le texte n’est pas en défaut, il est juste plus exigeant pour le lecteur.

Volume III 

♥♥♥

Commentaire

Ce troisième volume relance la dynamique entraînante de la lecture. On perçoit l’évolution des personnages principaux, on voit grandir Carlos et Thomas, on assiste à une journée quotidienne de leur éducation dans cette école d’éveil de la conscience. On y retrouve Zabir avec un enseignement plus poussé du Taï Chi, art martial violent qui peut aussi avoir la douceur d’une Danse en entrant dans le flux de l’énergie, ce qui évoque très justement le but ultime de tout art martial qui est d’atteindre le non-agir, l’action qui coule de source sans intention et sans effort (parallèle subtil mais indéniable avec la mystérieuse manifestation sans agir de Mongo au douzième degré de conscience). L’ensemble nous maintient dans une cinématique positive et intéressante.
La leçon de Gunj sur Newton et Einstein est une belle idée. Elle donne une assise sérieuse aux mutations de Mongo, et j’apprécie particulièrement quand des vérités scientifiques sont utilisées pour la compréhension personnelle de notre vécu.
J’ai trouvé le premier rendez-vous de Thomas avec Mafat qui provoque son blocage magnifique. Il est typique de l’adolescent inexpérimenté qui n’a pas encore eu de relation sexuelle. La description de l’immaturité de Thomas, de son comportement puéril, puis de sa prise de conscience de sa peur du contact avec l’autre sexe qui s’est éveillée est tout à fait juste et pertinente.
Cela déclenche son exploration de sa peur profonde symbolisée par l’Ogre de Mongo. On entre alors dans une dimension de développement personnel, car Zabir lui dit qu’il ne lui est pas interdit de mener sa propre recherche pour savoir de quoi il retourne. Je trouve cette scène aussi très bien venue en montrant la subtilité de l’éducation du Mongonastère, car bien que les relations avec les filles des îlets sont interdites, il y a de la place pour l’ouverture et la transgression, les adolescents restant libres de vivre leur propre expérience.
En affrontant sa peur profonde, Thomas finit par rencontrer l’Ogre qui est un être réel, un Danseur ayant échoué lors de la mutation. Je ne m’y attendais pas et c’est une bonne initiative. Elle rappelle qu’être investi du plus haut génie et de la plus haute énergie peuvent être catastrophiques et ne sont en rien une garantie d’accomplissement du bien.
On reste dans l’aventure romanesque quand Thomas et Carlos se jettent dans la pièce noire où ils vont devoir dépasser leur peur. Ils réussissent l’épreuve qui leur ouvre l’accès au sanctuaire des Danseurs accomplis. Alors que Thomas était convaincu que Mongo les avait dévorés en aspirant toute leur conscience, de les découvrir dans une présence épanouie avec leur sourire de Bouddha où ils sont heureux de donner bouleverse complètement sa vision de Mongo et de son destin. Il accède à une compréhension profonde que son éducation doit nécessairement le confronter au Démon qui est aussi  » un instructeur qui enseigne avec des aiguilles  » pour être plus fort que lui afin de réduire son empire, et faire ainsi grandir l’Ange, véritable sens de son évolution spirituelle.

Libéré de sa peur, Thomas est soudain libéré de toute entrave à retrouver Mafat. Leur seconde rencontre s’annonce par sa course effrénée dans la nuit tempétueuse où il va devoir se jeter dans un fleuve en furie pour la retrouver. C’est une belle métaphore d’Éros, avec cette idée que c’est au cœur du fleuve, au cœur de l’énergie qu’il est en sécurité, c’est-à-dire en obéissant au courant de son envie tel qu’il le commande dans le présent, plutôt que de passer à côté en réfléchissant aux conséquences et en rationalisant.
Leur rencontre se passe dans une grotte où ils sont seuls au monde. Ils sont comme Adam et Eve au premier jour de la création, n’ayant le droit de s’aimer que dans cette unique nuit. La scène d’amour évolue graduellement vers le spirituel. Elle est agréable à lire, sans longueur, et réussie.
Thomas en ressort transformé. Il jouit de sa vie et se sent parfaitement heureux. C’est grâce à son état de félicité qu’il a accès aux grandes vérités de la vie. Il réalise son lien avec la Nature, où il en est à la fois une expression insignifiante et essentielle, tout comme la goutte d’eau demeure essentielle à la constitution de l’océan. Il perçoit désormais sa vie dans une vue globale, intégrée à l’ensemble de la création, ce qui me rappelle la morale kantienne d’agir de façon globale.
Les grandes vérités qui se dévoilent à Thomas portent sur la mort, le jugement, la faute originelle, le Oui inconditionnel, et pour finir la nature de la fable qui sert à les présenter. Je trouve ces thèmes justes, pertinents, et très évocateurs des vérités spirituelles que je reconnais en moi.
La réconciliation avec la mort en tant que cycle naturel permet de la relativiser et de s’affranchir de sa peur, tout en conservant sa réalité première de saut dans l’inconnu.
Le juge est ce qui impose un filtre, une frontière entre soi et l’autre, aussi bien qu’entre soi et soi-même. Plus le jugement est fort, plus on est convaincu de ce qui est bien et de ce qui est mauvais, plus il y a de séparation entre les deux, et plus on se créé soi-même de la culpabilité, de la charge coupable, alors qu’il n’existe rien de mauvais en soi. C’est particulièrement révélateur dans le cadre du Surmoi psychanalytique en tant que juge répressif. Plus il exerce de répression sur ce qu’il va désigner comme une part mauvaise de soi, plus cette part va ressortir violemment de façon détournée et néfaste.
Quand Thomas reconnaît qu’il porte en lui la faute originelle responsable de la chute de l’humanité, là par contre c’est sans rapport avec la toxicité du juge. Elle l’appelle à une mission salvatrice de rachat qui est un modèle positif d’évolution. Si tous les humains l’appliquaient en reconnaissant la faute en eux plutôt de que la voir en l’autre, le monde accéderait à la paix.
Le Oui inconditionnel est l’expression de la foi. Il renvoie au sermon de Bouddha sur le juste milieu qui conduit à dépasser les notions de bien et de mal. Il ouvre à la réalité du présent où se déroule l’aventure de notre vie, et qui est le paradis accessible ici et maintenant.
L’évocation finale de la fable nous signale que tout ce qui a été dit est une image, une évocation poétique qui pointe vers la vérité, mais qu’elle ne se prend pas pour la vérité qui demeure indicible et au-delà de toute expression. C’est une invitation à la tolérance envers toutes les formes d’expression spirituelle et religieuse, car si elles sont différentes dans leur forme littérale, elles peuvent pointer vers la même vérité ultime insondable.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

La dernière partie du livre sur le long monologue intérieur de Thomas devrait être espacée par des scènes d’action concrètes et dynamiques pour maintenir l’intérêt de la lecture.
Le texte en lui-même est trop riche d’informations denses qui demandent de faire des pauses pour les intégrer. Ces informations ont tendance à se répéter et à être insistantes, ce qui relève d’un procédé pédagogique les reprenant sous différentes perspectives pour faciliter l’assimilation justement. Ce n’est donc pas un défaut en soi, si ce n’est que pour moi ces répétitions n’apportent rien de véritablement nouveau, avec pour effet qu’au lieu d’accroître mon intérêt, elles produisent une baisse d’intérêt. On obtiendrait certainement une meilleure stimulation de la lecture en réduisant ces répétitions et insistances.
Même remarque pour les deux longs passages en italiques. Le texte reste trop longtemps dans un ligne plate, monotone, où on peut avoir tendance à s’endormir.

Volume IV 

♥♥♥♥ 

Commentaire

Je dois commencer par signaler mon rapport particulier à ce grand livre en quatre volumes. J’ai suspendu ma lecture dans le cadre des délais du test d’évaluation, pour un livre que je n’ai cependant pas pu lâcher et qui m’a accompagné durant mes six premières années de médecine.
La première partie du quatrième volume exprime la souffrance du cœur de Thomas suite à sa rupture amoureuse avec une charge émotionnelle extrême. Étant à ce moment-là moi-même confronté à une souffrance de cœur équivalente, je ne me sentais pas en état d’affronter une telle charge de douleur émotionnelle. Ce qui fait que j’ai poursuivi ma lecture en prenant mes distances et un jugement assez négatif qui ne m’a pas permis d’accueillir la suite avec ouverture.
Puis le temps a passé, j’ai surmonté ma souffrance de cœur, vécu de nouvelles expériences, mûri. Et après environ deux ans, j’ai recommencé la lecture du dernier volume avec une nouvelle maturité et plus de détachement émotionnel. Cette fois j’ai pu tout accueillir avec attention, reconnaître la justesse et la nécessité de l’ensemble des scènes, même douloureuses. Cela m’a rendu réceptif à la profondeur de son développement spirituel jusqu’à sa synthèse finale, pour y découvrir une grande correspondance avec la vision et les valeurs de mon propre cheminement religieux.
Le contraste entre mes deux perceptions du livre espacées dans le temps montre qu’il n’est pas accessible à toutes les sensibilités. Il faut avoir été confronté aux épreuves de la vie, à la passion amoureuse, à son aveuglement, puis à son détachement pour percevoir tout son sens en tant que quête du remède universel, qui culmine dans la guérison du cœur comme une nécessité essentielle pour connaître l’harmonie dans la relation intime autant que dans sa vie.
On referme alors le livre en réalisant qu’il a traité tous les aspects de notre réalité malade, à la fois intime et collective, en déployant tout du long son énergie de guérison sous la forme d’une vision limpide de la nature du mal et du remède à lui appliquer. Devenu riche de cette vision, il nous renvoie au final à notre responsabilité et à notre pouvoir créateur, en nous établissant dans un rapport au monde à la fois concret et profondément spirituel.

Ce quatrième volume apporte la synthèse de tout ce qui a été préparé et annoncé dans les volumes précédents. Ses différents constituants finissent par se rejoindre en révélant leur signification. Le baron Ungern avec son œuvre de destruction de l’humanité apparaît dans la vision de Thomas, rejoignant l’Ogre assis sur le trône de l’audimètre dans la vision de Carlos. C’est le triomphe de l’inconscience de l’humanité et de son irresponsabilité qui va engendrer l’enfer sur terre comme la récolte de son aveuglement qu’elle a cultivée.
Mais cet aboutissement cauchemardesque n’est pas une fatalité inéluctable et peut encore être évité pour se changer en son contraire : un renouveau créateur ouvrant une nouvelle ère de paix de fraternité. Le destin de l’humanité reste donc ouvert et va dépendre essentiellement de nous, de notre capacité à faire face à la réalité en assumant la responsabilité de notre goutte d’eau.
Notre salut dépend de ce grand Retournement à 180° qui est le sens premier de la conversion. Il consiste à sortir du déni de la réalité que nous cultivons en nous abreuvant de divertissements hypnotiques sans fin, pour lui faire face comme de faire face à soi-même. Le livre le marque symboliquement par la disparition des cubes remplacées par le miroir de la conscience, annonçant l’avènement de la Treizième Œuvre. Mais on ne peut y parvenir qu’en ayant foi en soi et dans la vie, foi en la Source de la vie ou en Dieu, car cette foi en notre nature fondamentalement bonne et innocente est indispensable pour traverser le purgatoire du miroir douloureux de notre réalité.

Le quatrième volume brasse tous les grands thèmes spirituels en donnant un éclairage cohérent de leur diversité comme de leur apparente contradiction.
– Le questionnement de la responsabilité ultime et de l’irresponsabilité ultime ne s’oppose pas dès lors qu’on les rapporte au double aspect de la réalité.
– La manifestation sans agir de ce qui est (la Source, Dieu) nous invite à nous y accorder et à nous y abandonner, comme de s’abandonner à la grâce de Dieu qui sait mieux que moi ce qui est bon pour moi. Cela revient à reconnaître que la vie est du mouvement, et que s’abandonner à la vie c’est se plonger avec foi dans son courant imprévisible.
– La manifestation sans agir révèle aussi un pouvoir et une sagesse supérieure qui s’oppose à notre compréhension limitée du moment. Elle nous renvoie à l’illusion de voir, de connaître et du jugement de la fausse personne (ego). On en trouve une illustration dans le Coran où Moïse rencontre un inconnu qui noie un enfant et commet d’autres actes apparemment négatifs ou absurdes. Leur raison appartient à une sagesse supérieure qui n’est révélée qu’ultérieurement en comprenant que cet enfant allait devenir un tyran…
– L’union est la nature de notre vraie personne, la séparation la nature de la projection de notre fausse personne qui ne pourra jamais s’en défaire. Dans la relation d’amour, la souffrance du cœur a pour origine notre identification à la fausse personne qui maintient la souffrance de la séparation dans la trame du temps (passé et futur). La seule issue est de lâcher l’identification à notre fausse personne en nous ancrant dans le moment présent, là où se trouve toujours l’union et la plénitude de notre vraie personne.

Ce qui pourrait être amélioré ou corrigé

Rien à signaler.