Critique de Marion C.

Synthèse

Marion C. – 21 ans – licence pro graphisme
Sensibilité littéraire : Fantastique, Harry Potter, Tolkien

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥♥ 

Épisode 1  ♥♥♥♥ 

Épisode 2 ♥♥♥♥ 

Épisode 3 ♥♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥♥ 

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥♥♥

J’ai adoré sur toute la ligne et je ne peux pas supporter de rester sur ma faim en ne lisant pas la suite.
L’histoire riche et palpitante nous tient en haleine du début à la fin. La vie au village exhale une atmosphère de bonheur magnifiquement ressentie. Le jeûne laisse une empreinte profonde par son aspect crédible et réaliste. Le dénouement tragique de la mère est très émouvant tant sa douleur est palpable. Et bien sûr, l’entité Mongo, totalement indéfinissable à ce stade du premier épisode, installe un suspens métaphysique des plus alléchants.
J’ai été un peu déroutée par le procédé de flash-back de la première partie avant de l’intégrer. De même, la scène sexuelle m’a semblé incongrue au premier abord, et ce n’est qu’à son aboutissement qu’elle m’est apparue juste et nécessaire. Puis c’est seulement en arrivant à la fin du livre que j’ai pris conscience qu’aucune scène n’était gratuite, mais qu’elles étaient toutes liées les unes aux autres dans un enchaînement organique, révélant une construction magistrale conçue depuis la première ligne jusqu’à la dernière.

Deuxième épisode

♥♥♥♥

On change de registre, avec un premier développement de l’état du monde, des commentaires d’ordre psychosociologique, politique et spirituel, ce qui rend ce nouvel épisode encore plus intéressant, surtout que l’on sent que là aussi il participe d’une construction beaucoup plus vaste dont il n’est que la préparation.
La découverte des lieux par Thomas est particulièrement bien sentie parce qu’il se montre d’abord inadapté et plein d’interrogations. L’entrée en matière des Danseurs accomplis et de leur lien avec Thomas en tant qu’Élu relance aussitôt tout son mystère. Ma seule remarque négative concerne le passage de la description des basses villes que je trouve trop long parce que trop répétitif dans sa manière de faire ressortir les principaux thèmes, thèmes que j’ai l’impression d’avoir assimilés du premier coup.
La longue séquence dialoguée d’Ungern avec le savant puis Tombola jusqu’à sa torture finale m’a emballée, comme si j’étais plongée dans un dessin animé avec des personnages hauts en couleur manifestant un dynamisme de tous les instants.
Le contraste avec le cirque majestueux que l’on retrouve dès qu’on quitte l’atmosphère oppressante d’Ungern et des basses villes est très bien venu, car il nous fait sentir le caractère précieux de la nature, de l’air libre et de l’innocence de l’enfance. En plus de cela, j’ai été particulièrement touchée par la scène du trou qu’ils doivent sauter pour le commentaire spirituel de Zabir qui m’a fait un effet profond. De même que toute la discussion sur la peur et la juste façon de composer avec elle, en réponse bien sûr à une humanité qui vit pétrie de peur dans les basses villes comme l’autruche, a été très éclairante en regard de ma propre vie.
Elle m’a révélé du même coup la dimension spirituelle cachée que porte le livre, car tout en utilisant un contexte fantastique, il devient de plus en plus flagrant que ce qu’il exprime n’a rien de fantaisiste mais se réfère à des réalités précises et rigoureuses applicables à notre monde actuel.

Troisième épisode

♥♥♥♥

L’histoire est toujours aussi intéressante et déroutante, du fait de changer encore de style et d’ambiance, en entrant cette fois résolument dans le dévoilement de la réalité de Mongo où va prédominer la description et l’explication des rouages du monde de la Communication. Mongo et sa communauté de créateurs y occupent une place centrale qui devient clairement une place symbolique ou métaphorique, et son rôle métaphorique majeur m’a positivement impressionnée parce qu’il rend compte en profondeur d’une manière juste et tout à fait surprenante des problématiques et des ambiguïtés propres à la Communication.
Quand on aborde l’architecture de la croissance de Mongo liée aux mutations de conscience des Douze Danseurs accomplis, je me suis sentie plonger dans un fantastique spirituel aux résonances intérieures presque palpables qui restent néanmoins insondables, ce qui produit un effet très intrigant. De même, la description de l’évolution de la Communication en fonction des mutations, tout en demeurant dans le fantastique, sonne terriblement juste et pertinent.

Quatrième épisode

♥♥♥♥

Je continue à mettre quatre cœurs pour clôturer le dernier épisode, car le livre a largement tenu ses promesses en réussissant à entretenir mon intérêt et ma curiosité jusqu’au bout. Si mon enthousiasme a été le plus fort sur le premier épisode, ce qui a pris le relais dans les épisodes suivants, c’est une attirance grandissante envers l’originalité foncière d’un livre qui m’a réservé surprises sur surprises, relançant constamment mon intérêt à travers ses changements de genre et d’atmosphère qui le rendent définitivement inclassable.
Ici la surprise majeure est l’introduction d’un essai politique extrêmement développé que j’ai trouvé très bien intégré à l’ensemble du récit, où le fantastique se marie avec notre réalité socioéconomique présente, tout comme l’enjeu décisif que ce passage représente pour les jeunes Danseurs renvoie au même enjeu décisif pour notre humanité actuelle. Au même rythme que les Danseurs, on y découvre les réalités de l’état du monde cachées par les médias dominants, preuves à l’appui, ce qui rend d’autant plus pertinente la critique de la manipulation des médias élaborée dans les épisodes précédents. De l’imposture de la religion de la croissance jusqu’à la révélation de l’économie de l’attention, en passant par l’escroquerie planétaire de l’empire financier, on bascule de l’autre côté du miroir médiatique pour découvrir une autre réalité qui nous incite à la responsabilité sous une forme d’activisme citoyen.
C’est à l’évidence le moment le plus fort du livre qui donne sa cohérence à tout l’ensemble, mais j’avoue toutefois qu’il ne m’a pas marquée au point de susciter mon engagement dans le mouvement qu’il appelle. C’est sans doute parce que je n’ai que 21 ans, que je n’ai pas encore été confrontée avec le monde du travail et la dure réalité économique, en tout cas, je ne me sens pas trop désireuse de me battre sur ce terrain-là pour le moment.
Du coup, ça reste la dimension romanesque du livre qui m’a le plus emballée dans ce dernier épisode. Suivre l’évolution des personnages, leurs préoccupations et conflits intérieurs, jusqu’à la scène finale très touchante entre Thomas et Carlos qui lui révèle une part de son passé traumatique, c’est ce qui me donne envie de continuer à les suivre dans les prochains épisodes s’il m’était possible de les lire.