Critique de Odile K.

Synthèse

Odile K. – 50 ans – professeure agrégée de mathématique
Sensibilité littéraire : littérature classique, « Guerre et Paix »

VOLUMES I ET II*  ♥♥♥

Épisode 1  ♥♥

Épisode 2 ♥♥♥

Épisode 3 ♥♥♥ 

Épisode 4 ♥♥♥

* Le test 1 s’est limité aux deux 1ers volumes, chaque volume contient 2 épisodes

Premier épisode

♥♥

Je me contente de deux cœurs pour le moment, non pas que je lui trouve des faiblesses, mais parce que j’ai envie et besoin d’en lire beaucoup plus avant de pouvoir me prononcer. Ce premier épisode installe une atmosphère de mystère et d’intrigue très forte qui invite irrésistiblement à partir avec Thomas pour découvrir avec lui le monde inconnu qui l’attend, et je veux d’abord savoir si la surprise est à la hauteur des attentes impalpables qu’il me suggère.
L’histoire est extrêmement facile à lire, les dialogues sont directs, la force d’évocation laissée à l’imagination du lecteur est limpide et touchante. Tout en étant simple et direct, le texte est manifestement très travaillé, attentif à la fluidité et à la musicalité des mots.
Ce premier épisode passé dans le village me laisse une impression de douceur préservée dans l’espace protégé de la vallée, tout baigne dans des tons pastel où on ne sait pas trop bien si ce qui s’y passe est réel ou de l’ordre de la rêverie. On sent en tout cas qu’il ouvre à des perspectives profondes qui ne sont ici qu’ébauchées : la scène fort instructive du jeûne qui fait pressentir une réflexion à venir sur le monde médical, la transe des villageois qui aborde la sphère céleste de la dimension spirituelle, et la longue scène sexuelle qui s’engouffre du côté de la part bestiale et primitive de l’être humain. Le livre cherche manifestement à solliciter ces différents aspects chez le lecteur, ce qui le rend assez troublant et déstabilisant dans sa façon de les associer, et ce qui excite d’autant plus ma curiosité d’en lire davantage pour comprendre où cela mène.

Deuxième épisode

♥♥♥

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le deuxième épisode de cette fresque que je trouve fort prometteur : le contexte, esquissé tout en douceur dans le premier, dans les tons chatoyants et poudrés que j’avais évoqués initialement, se précise peu à peu, gagnant en intensité et consistance, et laissant entrevoir l’ambivalence de l’âme humaine avec sa complexité et sa noirceur.
Je me suis prise au jeu de l’évolution des personnages, et je me laisse à présent porter par l’histoire. Il s’en dégage progressivement l’idée qu’elle n’est qu’un prétexte, et que je ne suis pas au bout de mes découvertes, et c’est enthousiasmant. Le premier épisode m’avait laissée réticente, le deuxième en revanche me plaît beaucoup. Je pense que le lecteur doit d’abord accepter de se laisser porter afin de lâcher prise, pour pleinement profiter de la richesse du texte et de sa densité. Merci pour ces beaux moments de lecture.

Troisième épisode

♥♥♥

D’ores et déjà, ce tome 3 tient largement ses promesses en répondant à nos attentes.
Des descriptions travaillées, un rythme régulier qui progresse vers la révélation venue en temps utile pour ces deux enfants qui accèdent à la conscience en quittant le monde de l’innocence. Les images sont crues mais l’analyse les justifie, tout s’explique enfin et trouve sa mesure.

Quatrième épisode

♥♥♥

J’ai vraiment beaucoup apprécié la teneur de ce dernier tome, en premier lieu pour son type d’analyse approfondie, lucide, intransigeante, avec le décodage sans pitié de la manipulation médiatique qui fait froid dans le dos. Quelle leçon! Mais il y a une issue que le livre laisse espérer et à laquelle grâce à l’auteure nous pouvons croire.
J’en reviens alors à mon impression du premier tome, charmant au demeurant, mais qui ne laisse absolument pas prévoir l’intensité dramatique du quatrième. Concrètement, si j’avais arrêté la lecture au premier, je serais passée à côté de l’essentiel. Je formule la crainte que l’auteure pourrait perdre en route certains lecteurs qui s’épanouiraient dans la richesse du quatrième.
À mon avis, l’épisode I n’est pas assez représentatif de l’œuvre pour être présenté indépendamment à l’éditeur. Il est encore trop hésitant et contrasté de sorte que c’est intégré aux autres qu’il trouve sa place. Il apparaît assez clairement que les épisodes III et IV forment un tout, tandis que les épisodes I et II servent d’abord à fournir le cadre où par contraste ils peinent encore à trouver leur rythme.
Une chose me gêne rétrospectivement : le traitement des dialogues avec les abréviations et les élisions systématiques dont je ne vois pas l’utilité sinon de donner un côté simpliste qui dessert les personnages, pourtant subtils et complexes. Il me semble qu’on pourrait les éviter car on sent l’auteure plus à l’aise dans les descriptions que dans ce rôle d’emprunt, ces descriptions qui sont à mon avis sa grande force avec leur pouvoir de susciter l’adhésion inconditionnelle du lecteur en lui ouvrant les yeux. Pour tout le reste, l’œuvre a une dimension noble et un beau souffle épique qu’il faut conserver.