Critique de Pascal S.

SynthĂšse

Pascal S. – 51 ans – IngĂ©nieur Électronique – Strasbourg
Sensibilité littéraire : littérature classique, Victor Hugo, La Fontaine, géophilosophie des civilisations disparues

LIVRE COMPLET  ♄♄♄♄  9/10*

Volume I  ♄♄♄  8

Volume II  ♄♄♄♄  9

Volume III  ♄♄♄♄  9

Volume IV  ♄♄♄♄  10

* la note chiffrĂ©e estime la qualitĂ© littĂ©raire formelle et la note de cƓur l’adhĂ©sion intime

En une formule

Donnez vous le pouvoir de vous transformer vous-mĂȘme pour transformer le monde.

En quatriĂšme de couverture

Dans ce roman initiatique totalement atypique qui touche tous les plans de l’ĂȘtre, nous prenons conscience des enjeux vitaux de notre sociĂ©tĂ© hautement dysfonctionnelle en recevant les lumiĂšres pour surmonter notre autodestruction et crĂ©er ensemble un monde plus humain.
Pour ce nĂ©cessaire apprentissage, on suit la vie de Thomas depuis sa naissance jusqu’à son Ă©veil Ă  la pleine conscience dans un rĂ©cit captivant qui nous tient en haleine tout au long de ses quatre volumes. Nous immergeant dans un univers dystopique de la Communication, il nous renvoie en permanence le miroir de notre rĂ©alitĂ© contemporaine, tandis que Thomas qui porte le potentiel du plus haut idĂ©al humain mais aussi de sa chute dans la bassesse de l’inconscience, nous confronte Ă  nous-mĂȘme et Ă  notre propre pouvoir d’accomplissement. Les clĂ©s de la paix intĂ©rieure nous attendent au bout de ce long voyage Ă  la rencontre de soi-mĂȘme, en rĂ©alisant qu’elle est la premiĂšre richesse qu’il nous faudra cultiver pour garantir notre future prospĂ©ritĂ© partagĂ©e.
Mais comment rĂ©sumer un livre dont la richesse de fond semble si inĂ©puisable qu’on en sort avec l’envie de le relire tout entier ? Comment le qualifier alors qu’il est d’une nouveautĂ© si particuliĂšre qu’il ne se compare Ă  aucun genre existant ? Il faut faire l’expĂ©rience de L’Appel de Mongo pour percevoir la rĂ©volution qu’il porte en lui, ce souffle d’espoir et de renouveau dont nous avons tant besoin aujourd’hui.

Questionnaire

Quelle impression gĂ©nĂ©rale vous a fait le livre et qu’est-ce qui le qualifierait le mieux ?

Je le qualifierai comme un livre d’initiation. Il est trĂšs instructif, bien Ă©crit, d’une lecture fluide, claire et facile de comprĂ©hension. On se plonge bien dans toutes les diffĂ©rentes scĂšnes qui nous gardent en immersion avec une forte empathie pour les personnages. C’est un livre qui amĂšne Ă  la rĂ©flexion, sur le monde actuel et aussi sur nous-mĂȘme, d’une façon tout Ă  fait surprenante. Surprenante, car il change profondĂ©ment d’un volume Ă  l’autre dans sa forme comme dans son fond pour exposer un propos toujours original, au point qu’il dĂ©joue toutes nos attentes et qu’on ne peut plus rien anticiper jusqu’à son dĂ©nouement final.
Ma conclusion du livre est que c’est grĂące Ă  l’effort individuel de chacun, Ă  vouloir combattre nos propre dĂ©mons que l’on Ă©veillera notre conscience pour devenir plus libre face Ă  l’emprise de notre systĂšme fondĂ© sur le profit, l’argent, l’individualisme, le pouvoir
 Et ainsi on parviendra Ă  une harmonie planĂ©taire basĂ©e sur le respect des choix de l’autre et l’entraide entre tous.

Que vous a-t-il apporté ?

Ça m’a fait prendre encore plus conscience des problĂšmes de notre sociĂ©tĂ© actuelle.

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

Oui. Et la partie qui m’a le plus marquĂ© est l’explication dĂ©taillĂ©e sur le systĂšme bancaire avec le fonctionnement des prĂȘts.

Maintenant que vous l’avez terminĂ©, percevez-vous sa cohĂ©rence d’ensemble et les liens nĂ©cessaires des diffĂ©rentes sĂ©quences dans le dĂ©veloppement des thĂšmes ?

Oui, il est trĂšs cohĂ©rent. Les quatre livres interagissent entre eux et sont nĂ©cessaires tous les quatre pour avoir l’explication complĂšte de la pensĂ©e de l’auteure.

Maintenant que vous l’avez terminĂ©, percevez-vous la raison d’ĂȘtre de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiĂ©e et nĂ©cessaire ?

Oui, il faut que l’auteure soit anonyme pour rester cohĂ©rente avec le thĂšme du roman.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Oui, je pense qu’il peut Ă©veiller les consciences, ou au moins les faire rĂ©flĂ©chir au fonctionnement de notre sociĂ©tĂ©.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Oui, tout Ă  fait.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succĂšs de librairie ?

Je pense que oui. En tout cas pour ma part, je considĂšre que c’est un livre utile pour notre sociĂ©tĂ©, et donc qui rĂ©pond Ă  un besoin qui peut devenir contagieux.

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

Oui.

Volume I 

♄♄♄  8

Commentaire

J’ai trouvĂ© ce premier volume trĂšs intĂ©ressant et captivant. Il est surprenant car bien qu’il soit un peu fantastique (juste ce qu’il faut Ă  mon goĂ»t), son contenu est initiatique de mon point de vue avec beaucoup de passages qui sont profonds et nous font rĂ©flĂ©chir.
La profondeur se rĂ©vĂšle d’autant mieux qu’elle repose sur un style facile, clair et prĂ©cis, trĂšs bien maĂźtrisĂ©, ce qui fait qu’on est bien guidĂ© par une Ă©criture agrĂ©able et harmonieuse. On entre tout de suite dans les scĂšnes qu’on visualise avec facilitĂ©, tout comme les personnages deviennent vite proches parce qu’on ressent leur sensibilitĂ© humaine qui les rend attachants.
Le village hors du monde oĂč il fait bon vivre nous accueille chaleureusement. Il fait immanquablement Ă©cho aux communautĂ©s autonomes de simplicitĂ© volontaire qui Ă©mergent Ă  la marge de la sociĂ©tĂ© comme les Oasis de Pierre Rabhi.
Quand arrive la sĂ©quence du jeĂ»ne, le livre surprend Ă  nouveau par sa pertinence et la rigueur de ses descriptions (je pratique le jeĂ»ne et confirme que tout ce qu’il en dit est exact). Tout comme la sĂ©quence finale du TaĂŻ Chi Chuan, pratiquant l’AĂŻkido, je trouve bien venu sa maniĂšre de le prĂ©senter sous l’angle de l’énergie.
Il y a un contraste rĂ©jouissant entre un environnement fantastique et un contenu rĂ©aliste trĂšs abouti dĂšs que le livre aborde des thĂšmes importants. C’est notamment le cas du grand sujet de la peur qui est prĂ©sentĂ© Ă  plusieurs niveaux. Il se montre profond en restant lĂ©ger lorsque l’auteure parle de la peur que l’on a tous, oĂč pour se rĂ©conforter on consomme dans diffĂ©rents domaines. On veut possĂ©der des quantitĂ©s de choses pour nous donner l’illusion que l’on est en paix et pour calmer cette peur. Ce qui nous conduit plus loin dans le rĂ©cit Ă  la peur fondamentale de la mort que le maĂźtre Zabir dĂ©crit aux deux enfants lorsqu’ils doivent franchir une crevasse au-dessus du vide. Ils sentent le vide qui les attire et donc la mort. Car on a peur du vide et donc de la mort, ce qui exprime un manque de confiance en la vie avec une peur de franchir les obstacles (ici la crevasse).
J’ai trouvĂ© aussi trĂšs intĂ©ressant le passage oĂč Zabir explique aux enfants l’importance de toujours Ă©couter son ĂȘtre profond et non son mental, car seul notre ĂȘtre profond sait ce qui est juste pour nous. Il leur explique aussi de toujours Ă©couter le corps car la conscience est dans le corps et pas dans le mental.

Pour revenir Ă  son aspect initiatique que je lui ai dĂ©couvert en rapport avec ma passion pour les civilisations disparues, il y a tout un univers de symboles qui s’y dĂ©ploie d’une façon hautement significative et non pas fantaisiste. Le ScarabĂ©e, symbole de la renaissance. Le cube, pierre philosophale des Égyptiens qui lui suppose une fonction salvatrice attendue. La pyramide qui capte l’énergie du cosmos pour l’ancrer sur la terre

Au dĂ©but du livre, l’enfant Thomas qui doit quitter sa mĂšre et son village pour se rendre au MongonastĂšre Ă©voque bien une initiation dans un temple des mystĂšres comme il en existait au dĂ©but de notre civilisation. Comme ici, les personnes devaient venir de leur propre grĂ© et passer certaines Ă©preuves Ă©liminatoires avant d’ĂȘtre acceptĂ©es au monastĂšre pour suivre l’enseignement. MĂȘme l’habit des mongonastiques, tunique Ă  capuchon, sandales et ceinture en corde rappelle les moines des monastĂšres.
Ce climat initiatique imprĂšgne jusqu’aux jeux imaginaires des enfants oĂč tout en s’amusant ils traversent l’épreuve de l’eau, l’épreuve du labyrinthe propres aux initiations dans les temples des mystĂšres.
Quant au mystĂšre suprĂȘme, il est habilement incarnĂ© par Mongo qui Ă  la fin de ce premier volume n’a fait que croĂźtre en interrogation en restant complĂštement nĂ©buleux. Le rĂ©sultat produit est une attente fĂ©brile de me plonger dans le volume II dans l’espoir que son mystĂšre sera rĂ©vĂ©lĂ© et expliquĂ©. A ce stade du rĂ©cit, il me donne l’impression de vouloir nous inspirer une nouvelle façon de voir le monde, une façon plus Ă©clairĂ©e oĂč l’on se pose soi-mĂȘme les questions.

Ce qui pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ© ou corrigĂ©

J’ai trouvĂ© la scĂšne des Ă©bats sexuels d’Ambre et de Djack dĂ©rangeante et choquante par sa cruditĂ©, surtout parce qu’elle rompt avec le ton gĂ©nĂ©ral de l’écriture qui est dĂ©licat et harmonieux.
MĂȘme remarque pour les scĂšnes de torture avec Ungern.
Elles me laissent cependant l’impression qu’elles ont une raison d’ĂȘtre voulue par l’auteure qui m’échappe pour le moment, mais dont j’espĂšre avoir la comprĂ©hension en poursuivant ma lecture.

Volume II 

♄♄♄♄  9

Commentaire

Ce deuxiĂšme volume m’a davantage plu encore pour son intĂ©rĂȘt et sa profondeur. Je l’ai terminĂ© avec une impatience d’entamer le volume III.
Ici le contexte fantastique devient clairement une loupe grossissante de notre monde actuel. La longue analyse du Dicteur dans l’observatoire du monde met en Ă©vidence le mouvement d’autodestruction dans lequel nous sommes piĂ©gĂ©s, mais aussi les alternatives et issues vĂ©ritables qui existent Ă  condition d’en devenir conscients collectivement pour les mettre en Ɠuvre. Si le flux romanesque s’estompe en plongeant dans cet examen approfondi, il se dĂ©couvre aussi captivant. D’abord le rappel de l’état catastrophique de notre monde a un effet stressant, anxiogĂšne, ce qui rend la prĂ©sentation des solutions porteuses d’espoir et de lumiĂšre d’autant plus attrayantes et nĂ©cessaires. La force de ce long dĂ©veloppement est dans sa clartĂ© pĂ©dagogique. Il lie bien les problĂšmes entre eux, montre leur interaction et leur enchaĂźnement, nous rappelant que la bonne comprĂ©hension des problĂšmes est le prĂ©alable indispensable Ă  leur rĂ©solution. Ce qui conduit ensuite Ă  l’exposĂ© des rĂ©ponses salutaires dites « utopiques » qui se rĂ©vĂšlent par contraste pourtant parfaitement logiques et cohĂ©rentes. On en sort avec une vision synthĂ©tique trĂšs claire de l’état du monde, avec ses pĂ©rils et ses possibilitĂ©s de les surmonter. Cette vision nous met face Ă  l’énorme dĂ©ni collectif de la catastrophe annoncĂ©e, et en surmontant la complexitĂ© apparente des problĂšmes qui nous maintient dans la confusion et l’inertie, elle nous incite clairement Ă  agir au niveau de notre goutte d’eau.

Si la plupart des thĂšmes abordĂ©s me sont dĂ©jĂ  familiers, je les ai retrouvĂ©s avec un nouvel Ă©clairage. Tout le passage sur la crĂ©ation monĂ©taire et la monnaie de dette notamment est trĂšs bien expliquĂ©, il va droit Ă  l’essentiel en apportant une comprĂ©hension limpide.
Je me suis senti totalement en phase avec les idĂ©es prĂ©sentĂ©es, tout sonne juste et pertinent. L’industrie des croquants comme force nĂ©gative, l’inconscience collective comme Ă©grĂ©gore de la bĂȘte immonde, les tĂȘtes pensantes du monstre Ă  la pointe des pyramides, lĂ  oĂč trĂŽne la minoritĂ© des ultra-riches qui sont aussi les damnĂ©s de la terre, des ĂȘtres pervers habitĂ©s par les forces du mal. La frontiĂšre sĂ©paratrice, poison suprĂȘme de la bĂȘte immonde, oĂč cette Ă©lite richissime vit Ă  l’extrĂȘme bordure du bon cĂŽtĂ©, dans l’état apparemment le plus enviable qui est en rĂ©alitĂ© le plus dĂ©sĂ©quilibrĂ© et le plus misĂ©rable. L’autre poison du monstre, la verticalitĂ© pyramidale, je le perçois nettement dans la boĂźte oĂč je travaille, comment le carriĂ©risme sĂ©lectionne les plus inconscients vers la pointe de la pyramide. La loi de l’attention et la monnaie d’attention, « tout ce sur quoi nous portons notre attention grandit », cela m’évoque les footballeurs qui gagnent des fortunes insensĂ©es, alors que c’est nous qui leur donnons le pouvoir en les regardant. Puis quand on passe Ă  l’aspect lumineux du livre, son Ă©clairage est tout aussi percutant. La culture des quatre richesses m’a marquĂ©. Elle nous rappelle le sens vĂ©ritable de la richesse qui est oubliĂ© et trop peu dĂ©veloppĂ©. Je suis aussi tout Ă  fait d’accord avec les deux piliers pour nous sortir de notre impasse, la rĂ©appropriation du pouvoir de crĂ©ation monĂ©taire et la fin du travail productif, mĂȘme si nous sommes encore trĂšs loin de pouvoir les rĂ©aliser.

La crise de doute du Dicteur marque la derniĂšre partie du volume. Ça a Ă©tĂ© une surprise car je ne m’y attendais pas du tout. Elle rassemble tout ce qui a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© en tension, noirceur, dĂ©sespoir Ă  travers le dĂ©nouement heureux qui se produit dans le vieil homme. Il trouve enfin la paix intĂ©rieure, et avec elle, de la lumiĂšre pour l’humanitĂ©. Tout ce moment de mĂ©ditation profonde est trĂšs bien exprimĂ©, sa paix est ressentie comme bien rĂ©elle et authentique. Il en devient plus humain. Son dernier discours dans le musĂ©um est porteur d’espĂ©rance pour l’humanitĂ©. Les jeunes Danseurs se retrouvent ensuite entre eux, la fin est dĂ©dramatisĂ©e, apaisĂ©e.

J’ajoute ici mes diffĂ©rentes remarques et comprĂ©hensions :
– Mongo est un systĂšme, un principe qui ne juge pas. Il est un pont entre l’homme et la vraie conscience, ou bien il est notre conscience, notre propre ĂȘtre.
– La pornographie, la violence, la vulgaritĂ© rabaisse l’homme. La folie humaine engendre son propre enfer. Tout excĂšs sur le plaisir et les vices nous dĂ©connecte de notre conscience.
– L’humanitĂ© est dans un Ă©tat d’inconscience. Le cube au service de la conscience constitue un rempart contre la progression de l’inconscience. Il incarne le combat de la lumiĂšre contre les tĂ©nĂšbres.
– Un Danseur accompli (ĂȘtre auto-rĂ©alisĂ©, avatar) fait la jonction entre deux mondes, le monde en dĂ©clin et le monde qui va renaĂźtre. Il est lĂ  pour nous faire comprendre que le monde tel qu’il est n’est pas la rĂ©alitĂ©.
– Vivre l’instant prĂ©sent pour pouvoir prendre nos propres dĂ©cisions. Dans l’instant prĂ©sent on a deux possibilitĂ©s : faire face ou se dĂ©tourner. LĂ  est le pouvoir du libre arbitre.
– Les symboles : douze Danseurs en rapport avec les douze constellations du zodiac, les douze apĂŽtres ; le ScarabĂ©e qui est notre ĂȘtre ; le chiffre 7, les 7 chakras, les 7 cavaliers de l’apocalypse.

Ce qui pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ© ou corrigĂ©

Rien, ce volume est juste comme il doit ĂȘtre.

Volume III 

♄♄♄♄  9

Commentaire

Le livre continue de tenir ses promesses en restant captivant et en stimulant mon impatience d’accĂ©der au dernier tome, dans l’attente de recevoir sa conclusion et le dernier grand dĂ©nouement qu’il semble prĂ©parer. Il rĂ©vĂšle aussi sa construction vaste et harmonieuse, oĂč tout s’emboĂźte bien dans une vision qui reste claire. Il garde un bon mouvement en faisant alterner les phases de suspens avec leur dĂ©nouement, tandis que les moments consacrĂ©s Ă  l’action, suivis de la rĂ©flexion, de la mĂ©ditation et de l’explication lui donnent du rythme.
Le volume II surprenait par son traitement trĂšs diffĂ©rent du premier, le volume III surprend Ă  son tour par sa diffĂ©rence qui le dĂ©marque des prĂ©cĂ©dents. Si les trois volumes sont dans une continuitĂ© et gardent leur unitĂ©, ils pourraient presque se lire comme trois romans sĂ©parĂ©s qui ont chacun leur thĂ©matique et leur style propres. L’effet produit est que le passage d’un volume Ă  l’autre dĂ©trompe toutes les attentes, au point que je me demande quelle va bien pouvoir ĂȘtre la diffĂ©rence et l’originalitĂ© du dernier volume. Il garde alors tout son mystĂšre, avec une forte motivation de me plonger dedans pour aller Ă  la rencontre de l’inconnu.

La spĂ©cificitĂ© de ce troisiĂšme volume est de nous faire basculer dans l’introspection, Ă  travers l’exploration du monde intĂ©rieur de Thomas, et donc aussi indirectement du nĂŽtre. Il s’ouvre Ă  des plans Ă©sotĂ©riques et spirituels qui invitent Ă  la rĂ©flexion profonde et au recueillement mĂ©ditatif.
Ça commence avec la leçon sur Newton et Einstein qui donne une crĂ©dibilitĂ© scientifique aux mutations de Mongo, oĂč chaque mutation supĂ©rieure s’accompagne de sa loi d’harmonie appartenant Ă  un ordre de rĂ©alitĂ© supĂ©rieur en rupture avec le prĂ©cĂ©dent. Elle fait la jonction entre la mystique et la science comme les percevait Einstein dans sa quĂȘte de la loi d’harmonie universelle, ce qui donne un poids de sĂ©rieux au roman au sein de son contexte fantastique.
Vient ensuite la dĂ©couverte de l’Ogre par Thomas. Il est Ă  l’image de l’AntĂ©christ, maĂźtre des enfers et symbole du pĂ©chĂ© originel liĂ© au sexe dĂ©pravĂ©. Mais il reflĂšte aussi notre propre dĂ©mon intĂ©rieur. Je trouve que l’introduction de l’Ogre est trĂšs bien menĂ©e, car mĂȘme les lecteurs qui n’ont pas d’ouverture spirituelle peuvent percevoir intuitivement de quoi il retourne. C’est encore renforcĂ© quand Thomas et Carlos passent l’épreuve du four noir qui symbolise l’enfer. Le fait qu’ils s’en sortent parce qu’ils s’étaient attachĂ©s par la main est une belle image de la force de la confiance en soi et en l’autre qui montre qu’à deux on est plus forts pour traverser les Ă©preuves de la vie que tout seul. Ils accĂšdent alors au sanctuaire des Danseurs accomplis qui s’accompagne de toute une symbolique, et ce passage a un effet vibratoire de rĂ©sonance mystique auquel j’ai Ă©tĂ© particuliĂšrement sensible.
A partir de lĂ , Thomas est dĂ©livrĂ© de sa peur profonde qui le bloquait et l’empĂȘchait d’ĂȘtre en paix au contact de son premier amour. Il va alors retrouver Mafat pour une longue nuit d’amour. Leur union graduelle de plus en plus profonde accompagne leur Ă©lĂ©vation mutuelle vers toujours plus de respect de l’autre, de puretĂ© d’intention, de confiance, d’abandon et d’intimitĂ© partagĂ©e. Elle aboutit Ă  l’élimination des egos qui permet de retourner Ă  notre ĂȘtre vĂ©ritable en retrouvant notre puretĂ© originelle. D’oĂč l’or qui apparaĂźt, car il faut ĂȘtre pur pour retourner vers notre PĂšre, notre origine paradisiaque. Dans l’accouplement des jeunes amants, se condense alors aussi bien le drame de l’humanitĂ© tout entiĂšre, car lorsque la parfaite union sera accomplie, il n’y aura plus de tristesse, plus de guerre, toutes les souffrances bassement humaines seront Ă©liminĂ©es.

Thomas sort de sa nuit d’amour transfigurĂ©. Il renaĂźt au monde dans une perception pure qui lui rend perceptible sa rĂ©alitĂ© paradisiaque voilĂ©e par l’ego mais toujours prĂ©sente. Il est connectĂ© Ă  son ĂȘtre d’oĂč Ă©manent toutes les vĂ©ritĂ©s spirituelles, et c’est l’occasion de l’accompagner dans l’éclosion de ces vĂ©ritĂ©s qui se dĂ©clarent Ă  lui pas Ă  pas. Si ces vĂ©ritĂ©s se retrouvent dans toutes les traditions spirituelles, elles sont prĂ©sentĂ©es dans un langage nouveau original qui a la vertu de les rafraĂźchir et d’intensifier leur sens profond en le mettant en phase avec nos problĂ©matiques contemporaines.
La lecture de cette troisiĂšme partie du volume a Ă©tĂ© pour moi la plus intense et la plus profonde. Elle induit une reconnexion Ă  l’ĂȘtre par un recueillement mĂ©ditatif, car son contenu est de l’ordre d’une nourriture spirituelle destinĂ©e Ă  imprĂ©gner notre ĂȘtre plus que notre intellect. Tout ce passage m’a ouvert l’esprit, Ă©clairĂ© par des visions nouvelles parfois saisissantes, et m’a donnĂ© le sentiment de rĂ©activer une connaissance intĂ©rieure qui Ă©tait dĂ©jĂ  mienne.

Ce qui pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ© ou corrigĂ©

Toujours rien. Je ne lui trouve aucune longueur ni excĂšs. J’apprĂ©cie au contraire sa façon de dĂ©tailler les thĂšmes importants avec prĂ©cision.

Volume IV 

♄♄♄♄  10

Commentaire

Mon intĂ©rĂȘt n’a fait que croĂźtre d’un volume Ă  l’autre, et il s’est encore accru avec le dernier volume qui tient toutes les promesses du livre. Il culmine en profondeur et rĂ©vĂšle son unitĂ© en apportant les derniĂšres rĂ©ponses et synthĂšses.
On poursuit la plongĂ©e introspective de Thomas engagĂ©e dans le volume III oĂč on reste tournĂ© vers soi-mĂȘme, vers notre ĂȘtre intĂ©rieur qui nous parle comme on se parle Ă  soi-mĂȘme. J’ai particuliĂšrement bien ressenti le passage oĂč Thomas se confronte Ă  l’Ogre, oĂč son mental le pousse Ă  aller dans la luxure, Ă  assouvir ses envies bestiales avec Mafat, jusqu’à ce qu’il rejette le dĂ©mon. Il retrouve alors de l’énergie pour avoir supprimĂ© une part d’ego de son corps, ce qui montre bien Ă  quel point l’ego nous vole notre Ă©nergie. Et c’est grĂące Ă  l’aide de notre ĂȘtre intĂ©rieur qu’on y parvient, dont la connexion est essentielle pour Ă©liminer nos dĂ©mons. Ce qui m’a fait beaucoup aimĂ© tous les passages oĂč Thomas parle avec son ĂȘtre intĂ©rieur.
C’est ainsi que sont mises en lumiĂšre les deux natures qui cohabitent en permanence en nous, la vraie et la fausse. Elles se distinguent par deux mĂ©moires incompatibles. Quand l’une domine, l’autre s’efface. La nature de l’Ogre vit du temps avec une mĂ©moire ressassante du passĂ©. Pour s’en dĂ©livrer, il faut lĂącher prise au mental en revenant dans l’ici et maintenant oĂč se trouve la mĂ©moire de l’éternel prĂ©sent qui appartient Ă  notre nature Ă©veillĂ©e. LĂ , on rĂ©pond Ă  l’appel de notre Ăąme qui nous fait renouer avec notre ĂȘtre intime qui nous rend Ă  nouveau entier. DĂšs lors on rĂ©alise qu’on ne manque de rien, alors que l’illusion d’un manque insatiable Ă  combler fait partie de la nature mĂȘme de l’Ogre, du mental et de l’ego. Mais le combat n’est jamais dĂ©finitivement gagnĂ©, car les deux natures nous sollicitent continuellement pour emporter notre adhĂ©sion. Soit par la voix du dĂ©mon qui nous sĂ©duit en nous invitant Ă  la facilitĂ© et aux loisirs qui endorment notre conscience, soit par la voix de notre ĂȘtre qui est plus difficile Ă  entendre parce qu’elle demande plus de maturitĂ© pour comprendre la vertu du sacrifice. Et c’est un rappel de notre responsabilitĂ© puisque ces deux voix ne sont jamais au-dessus de nous, mais c’est bien nous qui choisissons Ă  chaque instant laquelle des deux nous voulons Ă©couter.

La dimension romanesque est trĂšs intense dans ce dernier volume. Elle prĂ©pare le terrain des grandes plongĂ©es introspectives en s’accordant toujours profondĂ©ment avec elles.
AprĂšs avoir connu un amour si profond, la violente rupture de Thomas et Mafat m’a pris par surprise. La scĂšne est Ă©motionnellement trĂšs forte. Le dĂ©chirement et la douleur des amants sont bien ressentis, on est peinĂ© pour eux.
A partir de lĂ , on va suivre l’évolution de la blessure d’amour de Thomas qui le crucifie comme le Christ. Gunj apparaĂźt pour le conduire Ă  la guĂ©rison. Leur longue confrontation fait ressortir la grande sensibilitĂ© et la grande humanitĂ© des personnages. C’est l’occasion de dĂ©couvrir Gunj, qui peut ĂȘtre la conscience intĂ©rieure de Thomas, mais qui est aussi un ĂȘtre humain rĂ©alisĂ©, affranchi de la souffrance et Ă©tabli dans la vĂ©ritĂ© de l’ĂȘtre. Son comportement ainsi que la haute sagesse qu’il exprime sont tout Ă  fait convaincants.
Gunj accule finalement Thomas Ă  entrer en contact avec sa blessure d’amour, ce qui va enclencher sa guĂ©rison en le faisant renouer avec le cƓur en souffrance de Mafat. J’ai trouvĂ© ce moment extrĂȘmement fort Ă©motionnellement et trĂšs juste dans son processus de guĂ©rison.
Puis aprĂšs une bonne nuit de sommeil, on retrouve Thomas enfin dĂ©livrĂ© de sa souffrance, oĂč il se sent bien et apaisĂ©. Et lĂ  aussi, sa profonde mĂ©tamorphose est trĂšs bien perçue. Il s’éveille Ă  une nouvelle conscience de l’amour, l’amour vrai, inconditionnel et sacrificiel parce que sans attachement qui est pourtant le seul qui lui a permis de retrouver sa connexion perdue Ă  Mafat.
Dans cette nouvelle conscience, il revient vers Carlos aprĂšs l’avoir violemment rejetĂ©. Sur le plan romanesque, leur amitiĂ© fusionnelle marquĂ©e par la scĂšne du nĂ©cessaire pardon, leurs retrouvailles et leurs confidences rĂ©vĂšle encore un trĂšs beau moment Ă©motionnel.
Puis aprĂšs leurs retrouvailles rĂ©apparaĂźt Mafat qui a cessĂ© d’ĂȘtre une source de tourments entre eux, car tous les trois sont Ă©tablis dans l’amour vĂ©ritable qui ne peut gĂ©nĂ©rer aucune souffrance. Mais Mafat est aussi mĂ©tamorphosĂ©e. Elle est enceinte et incarne la MĂšre Universelle porteuse des gĂ©nĂ©rations futures dont il nous faut prendre soin.
Enfin le livre se termine sur une Danse joyeuse de tous les mongonastiques qui forment une chaĂźne d’oĂč ressort une Ă©nergie qui monte jusqu’au ciel, symbole de la coopĂ©ration des hommes pour engendrer la TreiziĂšme ƒuvre.
Et nous aussi, en tant que lecteurs, au niveau de notre goutte d’eau, nous sommes conviĂ©s Ă  contribuer Ă  la TreiziĂšme ƒuvre qui est l’affaire de toute l’humanitĂ©. Le livre nous a donnĂ© tous les Ă©clairages pour cela, nous avons tous les Ă©lĂ©ments en main pour agir, avec Ă  nouveau de la lumiĂšre devant nous, parce que ce monde meilleur auquel nous aspirons est Ă  notre portĂ©e.

J’ajoute mes diffĂ©rentes remarques et comprĂ©hensions :
– Sur les symboles : le tigre reprĂ©sente notre ĂȘtre intime, le papillon notre Ăąme, les larves des aspects de l’ego qui s’accrochent Ă  nous ; l’Ɠuf est symbole de la crĂ©ation, du yoni fĂ©minin ; le miroir est un rĂ©vĂ©lateur de l’ego.
– Thomas a compris que Mafat n’est pas la source de son bonheur et donc pas non plus la source de son malheur, car il est le seul Ă  pouvoir trouver le chemin de son bonheur. La souffrance, les peurs, la tristesse qui sont en nous, nous les avons nous-mĂȘme crĂ©Ă©s et nous seul pouvons les Ă©liminer.
– Les Danseurs sont comme le Christ, ils se sacrifient pour aider l’humanitĂ© endormie.
– Le dĂ©mon du dĂ©sir est en nous et on doit l’éliminer de notre personnalitĂ©. La projection du dĂ©sir est le pĂ©chĂ© originel qui nous a fait tous sortir du paradis.
– Les Dakinis sont aussi des Danseuses, elles font partie de l’énergie crĂ©atrice
– Carlos est l’archĂ©type du Christ, le Sauveur de cette humanitĂ© souffrante. Thomas est l’archĂ©type de Jean-Baptiste qui est venu avant le Christ pour prĂ©parer sa venue.

Les passages que j’ai particuliĂšrement aimĂ©s :
– « Tu tiens dans tes poings serrĂ©s les braises ardentes de ta souffrance qu’un Ă©tat d’inconscience te fait prendre Ă  tort pour ton plus prĂ©cieux trĂ©sor. »
–  » Il faut s’abandonner sans rĂ©sistance au dĂ©roulement imprĂ©visible et inconnaissable de sa destinĂ©e tel qu’il advient d’instant en instant pour vivre sereinement. »
– p101, ligne 11 Ă  ligne 16 : la conscience que toute peur est issue de notre propre Ă©nergie et ne peut donc jamais ĂȘtre plus forte que nous.
– L’annonce de l’Apocalypse qui est la consĂ©quence de notre niveau de dĂ©gĂ©nĂ©rescence, de l’état misĂ©rable oĂč l’on est arrivĂ©.
– Tout l’éclairage sur big-pharma, cet agglomĂ©rat qui ne voit que son profit et ne veut surtout pas que les personnes qui prennent leurs mĂ©dicaments guĂ©rissent pour ne pas tuer la poule aux Ɠufs d’or. C’est pourquoi ils conçoivent des mĂ©dicaments qui neutralisent les symptĂŽmes aussi longtemps qu’on les prend mais sans Ă©liminer la cause rĂ©elle de la maladie qui doit rester active.

Ce qui pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ© ou corrigĂ©

Rien.