Avis du livre pour l’association La Pive

Synthèse

Lecteur Alain Touyard – membre actif de l’association de monnaie locale LA PIVE à Besançon.

Appréciation du LIVRE COMPLET  ♥♥♥♥ 

En une formule

Outil majeur du changement de paradigme, cette œuvre révolutionnaire est à mettre entre toutes les mains.

Synthèse en forme de 4ème de couverture

On entre dans le livre sans pouvoir l’identifier, mais sa force, son originalité et sa richesse nous attirent aussitôt pour nous captiver tout au long de ses quatre volumes. Il est constamment surprenant, révolutionnaire dans son style comme dans sa portée. Son écriture aisée, fluide et dynamique donne de l’intensité aux thèmes qui touchent toute la palette de notre humanité et de notre monde en crise, tandis que sa structure très cohérente nous révèle peu à peu comment tout est lié à tous les niveaux. Il va monter progressivement en puissance d’attention, de sens et de profondeur pour nous saisir, nous interpeller, nous percuter, nous éclairer, constituant une voie de sagesse qui culminera par un grand final libérateur porteur d’espoir et d’enthousiasme.
Voilà une œuvre à mettre entre toutes les mains même si l’urgence du changement de paradigme. qu’elle appelle n’est certainement pas pour demain. Car elle n’exclut pas un espoir à plus long terme, un espoir de prise de conscience pour éveiller le monde vers plus d’amour, d’harmonie et de coopération en comptant sur l’association de toutes les forces positives en présence.
Ces forces seront plus que nécessaire lors de l’effondrement en comprenant ainsi mieux les arcanes qui nous y ont conduit et la façon de nous prémunir du péril de notre civilisation.


Le livre et les monnaies locales

(Réf. Vol II – analyse socio-économique p102 à p154)

J’ai beaucoup apprécié l’exploration du monde économique et plus particulièrement des banques où j’ai pu constater (en tant que promoteur d’une économie locale, solidaire et non spéculative) que nous sommes loin de l’alternative proposée tenant à la fois du bon sens et d’une dimension ultra révolutionnaire, compte tenu des pouvoirs en place et de l’asservissement des populations.

Le livre porte les valeurs de solidarité, d’écologie, de non-spéculation, de commerce équitable et de production de proximité des monnaies locales. Mais son éclairage pédagogique sur la création monétaire et l’économie financière constitue aussi bien un défi pour les associations de monnaies locales, parce qu’il les met face à leur limitation et impasse actuelles en tant qu’épiphénomène qui produit un impact que trop marginal sur le courant de destruction sociale et écologique du capitalisme prédateur. C’est pourtant ici que L’Appel de Mongo peut leur apporter sa plus grande contribution, en tant que terreau, inspiration, base de réflexion et référence accessible au plus grand nombre, pour nous ouvrir collectivement à une véritable révolution monétaire qui cette fois aura un impact salutaire réel et décisif.

Questionnaire

Quelle impression générale vous a fait le livre ?

C’est un livre à part dont la forme est difficilement qualifiable. Il est constamment surprenant, ne relève d’aucun genre établi, est révolutionnaire dans le style comme dans la portée. Son fonctionnement sur le plan de la lecture est lui-même à part, parce qu’il monte progressivement en puissance (d’attention, de sens, de profondeur) au cours des quatre volumes. Il vous saisit, vous interpelle, vous percute, vous éclaire, donne espoir et constitue une voie de sagesse.

Que vous a-t-il apporté ?

Une ouverture au niveau spirituel.
Une introspection dans le rapport à la vie, la mort, l’amour.
Un apprentissage vers une posture plus attentive, plus consciente, plus solidaire.
Une observation et un éclairage sur les phénomènes en présence conduisant à la mise en péril de notre monde, grâce à une analyse systémique, socio-politique et psychanalytique.

A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?

Surtout dans le fait que notre passé personnel et notre vécu au sein de notre environnement propre peut nous inhiber, nous enfermer, conduisant à parasiter le présent et notre capacité à se projeter sereinement.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous sa cohérence d’ensemble et les liens nécessaires des différentes séquences dans le développement des thèmes ?

La cohérence d’ensemble n’a pas été une préoccupation pour moi compte tenu que la lecture de chapitre en chapitre et de volume en volume apparaît toujours fluide, et que cette épopée nous mène de plus en plus dans la profondeur de façon naturelle, sans violence tout en étant suffisamment convoquée pour faire bouger ses lignes.

Maintenant que vous l’avez terminé, percevez-vous la raison d’être de l’anonymat de l’auteure en lien avec le sacerdoce des mongonastiques ? La trouvez-vous justifiée et nécessaire ?

L’anonymat revendiqué réaffirme les valeurs portées par le livre : ce n’est pas un produit marchand mais un outil d’élévation.
Cet anonymat n’est pas forcément nécessaire mais ajoute du crédit et de la légitimité. De plus, il donne une autre dimension au livre : il ne nourrit pas l’ego de l’auteure et nous renvoie plus à ce que nous en faisons qu’à ce qu’elle a réalisé.

Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?

Sans aucun doute, car nous sommes de plus en plus utilisés en tant que « cerveaux disponibles » pour les diktats sociétaux qui nous submergent.
Cette mise à distance par la fonction métaphorique du livre, son approche systémique, ses éclairages à l’aide de concepts puissants ne peuvent pas laisser indifférent.

Selon vous, est-il accessible au grand public ?

Pour ma part oui, car la syntaxe et le vocable sont très accessibles. De plus, on se trouve pris dans une aventure qui nous captive et nous amène à nous ouvrir à notre capacité d’être dans l’ici et maintenant.
Toutefois il ne s’agit pas d’un livre pour enfant ou préadolescent et certaines scènes nécessitent un ancrage suffisant de ses valeurs pour qu’il n’y ait pas de prise à la fascination au lieu de la répulsion que certaines scènes violentes suscitent.

Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?

Le potentiel de succès est très dépendant du moment, de la qualité des relais et des critiques, du niveau d’interrogation des potentiels lecteurs sur le plan existentiel, sociétal et spirituel.
Du fait que le livre explore l’extrême confusion de notre monde pour en faire émerger une vision claire et cohérente qui rouvre notre horizon dans l’impasse à une issue libératrice, la perte de sens actuelle pourrait constituer un déclencheur massif, surtout chez les jeunes trop souvent déboussolés et en perte de repères.

Une fois publié, le conseilleriez-vous à vos proches ?

Oui, mais avec une mise en garde pour rester ouvert, faire tomber les résistances et se laisser gagner par la richesse du livre.

Considérez-vous que ce qu’annonce l’Avertissement de lecture s’est vérifié au cours de votre lecture ? Le trouvez-vous justifié ? A corriger pour l’améliorer ?

Oui, globalement. Un avertissement est nécessaire pour éviter les malentendus, prévenir le lecteur de l’originalité inclassable du livre, de sa fonction de métaphore de notre monde d’une grande profondeur sous son apparente simplicité, et que ce n’est pas un produit formaté pour la vente où certaines scènes peuvent choquer.
Il faudrait cependant éviter de stigmatiser le lecteur potentiel dans « Pour qui ce livre n’est pas fait ». Car il ne peut pas savoir à quelle catégorie il appartient (réceptif ou non réceptif) tant qu’il n’a pas commencé sa lecture. Il faudrait alors reformuler ce passage en retirant la catégorisation. Prévenir simplement qu’il contient des scènes de violence et de sexualité qui peuvent heurter un public fragile mais que ces scènes ne sont pas gratuites, leur fonction étant de confronter le lecteur à l’exploitation de la violence et de la sexualité pour le conduire au cours du livre à les transcender et à s’en émanciper.
Le sous-titre « L’Appel de Mongo croît en vous » fait un peu embrigadement sectaire. Il pourrait être remplacé par « Un vecteur d’éveil » ou « Notre place d’acteur ».
Essayer de réduire encore l’ensemble du texte.

Quel est votre avis sur les couvertures des quatre volumes ?

Dans l’ensemble, je préférerai qu’il n’y ait pas d’images ou des images abstraites simples, mais il faut garder le logo @ de Mongo. L’image « explosion de couleurs » du vol I est assez abstraite et évoque bien la « germination ». Ce qui n’est pas le cas des autres volumes. Sur le vol IV, le souffle de libération est bienvenu mais l’image est trop kitsch.

Considérez-vous que le livre défend les valeurs de votre association ?

Pour moi la réponse se situe à deux niveaux.
La réponse est oui en considérant que le livre porte les valeurs de solidarité, d’écologie, de non-spéculation, de commerce équitable et de production de proximité des monnaies locales. Oui également en ce qu’il soutient une éducation citoyenne sur le pouvoir de la monnaie qui est la principale réussite des monnaies locales.
Mais l’éclairage pédagogique qu’apporte le livre sur la création monétaire et l’économie financière constitue aussi bien un défi pour les associations de monnaies locales, parce qu’il les met face à leur limitation et impasse actuelles en tant qu’épiphénomène qui produit un impact que trop marginal sur le courant de destruction sociale et écologique du capitalisme prédateur.
Il faudra certainement attendre une prochaine crise financière majeure pour impulser un nouvel élan aux monnaies citoyennes, ce qui mesurera leur pouvoir potentiel en les rendant indispensables. Car c’est seulement en changeant d’échelle où elles pourront pousser comme des champignons, et surtout en se libérant de leur tutelle à l’euro et aux institutions financières qu’elles deviendront un véritable instrument monétaire créé et géré par les citoyens dans une économie au service de l’humain. Et c’est ici que L’Appel de Mongo peut leur apporter sa plus grande contribution, en tant que terreau, inspiration, base de réflexion et référence accessible au plus grand nombre, pour nous ouvrir collectivement à une véritable révolution monétaire qui cette fois aura un impact salutaire réel et décisif.

Volume I – Germination

Tout d’abord s’agit-il d’un livre de fiction, d’anticipation, d’aventure, un conte philosophique ou un support de méditation ? En fait peu importe, car il parait difficile à classer et quelque soit notre appétence à un genre littéraire, sa force, son originalité, sa richesse et sa porosité peuvent à mon sens éveiller l’intérêt de tout un chacun.

Qu’est ce qui caractérise alors ce livre ?

  • Du point de vue de l’écriture, hormis sa lecture aisée, fluide, le choix du vocabulaire est très abordable mais pour autant suffisamment riche pour décrire les sentiments, la spiritualité avec justesse, précision et simplicité. De plus, l’absence de censure pour exprimer les choses telles qu’elles sont y ajoute de la force, du réalisme et de la proximité. Concernant la structure du livre, elle est tout aussi fluide et témoigne de cohérence.
  • Du point de vue du fond, c’est à mon sens à la fois un livre politique et psycho-sociologique dans sa façon de traiter ce qui a trait au pouvoir, à l’argent et aux outils d’aliénation aux fins d’assujettir la population (à cet égard la façon dont est traitée la communication est brillante et raisonne avec l’actualité, qu’il s’agisse du Trumpisme, de notre démocrature, de la montée des extrêmes ou du totalitarisme conquérant de Poutine).
  • C’est aussi un livre militant qui convoque notre part d’acteur que l’on prend ou non, dans le rapport aux femmes, à la sexualité, la conjugalité dans sa forme émancipatrice voire érotique, mais laissant aussi la place à la forme d’exploitation la plus radicale et perverse qui ne peut que mobiliser de la répulsion.
  • C’est aussi un livre humaniste. Même si la dialectique du bien et du mal est très présente, elle n’est pas pour autant binaire et ouvre à la complexité (au sens de Morin), à la question du sens de l’existence, aux risques de dérives auxquels nous ne sommes pas préservés (au sens de Arendt). Elle ne s’impose pas comme une morale dictée par une autorité quelconque mais puisée au fond de soi et de ses valeurs portées ou à révéler.
  • C’est aussi un livre pédagogique. En s’adressant de façon métaphorique à l’enfant qui est en nous pour mieux nous convoquer dans notre réalité sans violence et délimiter ce qui tient de l’émancipation, de la prise d’autonomie,de l’embrigadement et du juste rapport à l’autorité.
  • C’est ainsi aussi un livre émancipateur par son absence de diktat, l’appel à la mobilisation de son libre arbitre pour plus de liberté, de coopération et d’amour.

Enfin par la pluralité des thèmes abordés et leur universalisme, il s’agit avant tout d’un support à l’introspection et d’un guide par les visions éclairantes qu’il nous suggère et ses pistes de libération. Par exemple, l’exploration approfondie des émotions dont la peur est particulièrement bien mise à nu. On culmine alors au dessus de la pyramide de Maslow!
Pour finir, un livre à peine terminé qui nous invite à une relecture attentive (avec surlignage et annotations pour en faire un outil de développement personnel) et un deuxième tome que l’on a hâte de débuter.

Volume II – Communication

Je présente mon orientation avant d’aborder mon retour sur ce tome :

  • Partisan d’une écologie sociale, environnementale et culturelle.

  • Partisan pour la décroissance face à un monde fini en déperdition et face à un peuple toujours plus inféodé aux diktats de la consommation et toujours plus centré sur l’avoir et le paraître (cf. Guy Debord) à la défaveur du point central de l’existence, « l’être » et la coopération.

  • Partisan du revenu universel.

  • En lutte contre toutes formes d’exploitation de l’homme par l’homme par un engagement politique, syndical et associatif et favorable à la désobéissance civile face à un aveuglement généralisé.

  • Altermondialiste face à un monde de plus en plus clivé à la solde de prédateurs que nous nourrissons nous aussi à notre échelle.

Tout ceci m’amène à considérer avec intérêt la lecture du monde que nous livre le second volume (certes sous une forme d’anticipation, mais à peine voilée par rapport au monde dans lequel nous vivons, et assez proche temporellement pour nous alerter sur les extrêmes vers lesquels nous pourrions inexorablement nous diriger).
A ce titre, j’ai beaucoup apprécié le traité sur ce que je désignerai de façon plus prosaïque : la publicité, la télé-réalité, l’audimat, le lobbying, l’information en boucle, les JT schizophrènes, les réseaux sociaux, la submersion d’informations de tous poils… comme éléments d’influence majeurs et plus généralement tout ce qui contribue à « rendre les cerveaux disponibles » pour toujours plus de surconsommation, d’aliénation, de détournement de l’attention, de la conscience et du rapport critique. Tout ceci inhibe la prise de sa place d’acteur pour au final ne désirer que de l’immédiateté, de la superficialité et de l’intensité extérieure à soi.

Le traité concernant la croissance renforce ce propos par l’exploration de ses mécanismes grâce à une approche systémique révélant son absurdité et sa brutalité. Cela souligne aussi son omniprésence, ses forces adaptatives pour tout récupérer à son profit, y compris ses effets délétères (la délinquance, les révoltes, la maladie, les guerres, voire la transition écologique) et sa façon d’user des vieux artifices pour perdurer (esclavage moderne, délocalisations, croyance en la théorie du ruissellement…).
A ce propos, les quatre grands poisons exposés dans ce tome qu’utilise notre société moderne pour accroître sa puissance, son développement et se prémunir du risque de déstabilisation sont à mon sens très percutants.
J’ai aussi bien apprécié l’exploration du monde économique et plus particulièrement des banques où j’ai pu constater (en tant que promoteur d’une économie locale, solidaire et non spéculative) que nous sommes loin de l’alternative proposée tenant à la fois du bon sens et d’une dimension ultra révolutionnaire, compte tenu des pouvoirs en place et de l’asservissement des populations.

Concernant ce qui à mon sens relève du domaine spirituel, la part de conscience comme force de libération et l’inconscience comme actrice de sa propre oppression, le divertissement comme outil d’asservissement par l’oblitération de la conscience sont des approches qui font résonance en moi tout comme l’accès à son désir le plus profond et le besoin d’engagement pour une société plus harmonieuse.
Le cheminement pour un monde meilleur (au travers des 12 mutations et ses écueils ouvre à un rapport critique sur toute forme d’implication pour faire évoluer la société. Cela confirme pour ma part que la fin ne justifie pas tous les moyens et à plus forte raison une ingérence secrète, même si celle-ci est éminemment spirituelle et positive dans son intention originelle (l’histoire ancienne et contemporaine des religions nous le confirme). Cela ne reprend-il pas aussi d’autres travers pernicieux explorés dans le livre ?

Concernant les changements engagés et souhaités dans le livre, ceux-ci s’engagent sur du très long terme et présentent malheureusement un décalage temporel pour le lecteur en attente d’éclairages ici et maintenant, car notre nécessité de changement de paradigme s’avère extrêmement urgente.

Concernant la dynamique du livre, j’ai apprécié la présence des deux enfants aux parcours et à la personnalité singulière qui contribuent par leurs interrogations et interprétations à garantir une certaine distanciation et confirmation de nos réserves ou adhésions.

Quelques réserves ou interrogations :

  • Si l’intérêt des deux tomes est de nous convoquer dans ce que nous sommes, désirons, faisons, une gêne s’instille par le manque de références historiques et bibliographiques qui amène à poser des vérités dans une forme de « toute puissance ». Cela s’avère contraire à l’accès à l’autonomie et peut faire émerger son corollaire, à savoir « l’impuissance » (il s’agit bien sûr d’un roman, mais la pertinence d’une telle critique sociétale et son approche spirituelle imposeraient des références pour mieux faire savoir).

  • 1200 pages (?) limitent l’accès au plus grand nombre de lecteurs. Ceux-ci étant de plus en plus enclins à l’immédiateté et la facilité, c’est dommage compte tenu de la portée de cet ouvrage. Je n’ai pas pour autant de réponse, reconnaissant son absence de redondances, son temps nécessaire au cheminement avec une narration propre à nous captiver. (A moins de trahir cet écrit en adoptant le style Reader digest ou petits fascicules pour chaque thématique s’adressant à ceux qui veulent monter en conscience ou en prenant la forme d’un appel à la Stéphane Hessel, mais il s’agit alors de tout autre chose).

Si mes propos relèvent d’une vision par trop réaliste et pragmatique, je souscris pleinement à la fonction métaphorique de l’ouvrage pour garantir une liberté de lecture, une distanciation pour paradoxalement être convoqué dans ce qui est entendable par le lecteur en fonction de son niveau de conscience et sa plasticité.
J’ai accueilli l’effondrement du Dicteur (porteur de la toute-puissance de sa vérité) à la fin du volume comme une libération, car la toute puissance a tendance à me faire fuir pour être un fervent défenseur de l’autonomie. Autonomie qui se construit à partir du doute qui forcément limite toute forme de violence symbolique, ouvre à l’introspection, la coopération, le partage en toute humilité et authenticité. Or après sa crise, le Dicteur renoue avec sa vulnérabilité (sa part féminine) qui l’ouvre à la compassion et l’empathie.

Même si j’ai laissé s’insinuer le doute avec lequel j’aime cohabiter, je souhaite vivement lire les deux derniers volumes.

Volume III et IV – Enchaînement/Libération

Le volume III nous invite avec encore plus d’acuité à aller au fond de nous-même, de notre rapport à nous-même, à l’autre, au cosmos. Il nous fait sortir d’une approche binaire pour intégrer la relativité qui ouvre à la compréhension, l’acceptation, l’humilité, la complexité, notre fragilité et notre culpabilité. Il nous invite à creuser cette dialectique vie/mort, éros/thanatos, notre être intérieur et extérieur, la nécessite de l’un pour nourrir l’autre et vice versa, et la nécessaire acceptation de ce cycle pour accéder à sa liberté, son humanité.
Il nous invite à explorer ce qui tient de notre origine, notre souffrance mais aussi à intégrer la souffrance que nous recevons en héritage et avec laquelle nous cohabitons selon différents niveaux de conscience (soit comme espace inhibant nos forces créatrices ou nous ouvrant à une harmonie avec le monde dans ce qu’il est et dont nous sommes les co-constructeurs).
Il a le pouvoir de nous convoquer dans notre liberté suprême pour notre bien ou notre mal ou celui d’autrui. Liberté d’autant plus réelle qu’au delà de notre pouvoir d’acteur, nous avons aussi celui de juge vis à vis de soi et d’autrui pour grandir ou ériger des barricades. Pour accéder à sa propre humanité ou s’enfermer pour échapper à sa finitude ou aller dans une fuite en avant.

Malgré son intérêt certain, ce volume m’a paru un peu rébarbatif sur les pages en italique où l’exploration des conséquences et les arguments qui se fondent avec les contre-arguments ajoutent de la complexité dans un livre qui laisse plutôt libre cours à une lecture facilitée par le caractère narratif. J’admets toutefois la part qui me revient en lien à une aversion pour le religieux et toute forme de déification, d’ésotérisme ou de mystique. En somme, mes défenses m’ont amené à expurger ce qui me gênait pour ne retenir que ce qui relevait d’une approche spirituelle laïque (de ce fait, que Mongo soit un Dieu, un prophète ou le fruit d’une intelligence artificielle m’importe peu). Ce qui ne m’empêche pas d’être en pleine résonance avec cette citation attribuée à A. Malraux : « Le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas ».
Malheureusement on n’y prend difficilement le pas, même si cela s’avère une nécessité encore plus cruciale que lorsque cette phrase avait été prononcée. Il nous faut effectivement renouer avec les exigences de la raison et des défis contemporains dans le respect des opinions de chacun, mener une vie intérieure en harmonie avec les exigences sociétales et l’engagement sociétal.

Concernant le dernier volume, sa restitution relève d’un entremêlement avec le volume III. Ce que j’ai particulièrement apprécié au niveau des concepts, allusions ou symboles sont :

  • Le rapport au temps s’éloignant d’une approche productiviste, contraignante à la faveur du temps long, de la relativité, du rapport au cosmos et du cheminement intérieur.

  • La dialectique du bien et du mal non binaire mais présente en nous dans sa complexité.

  • Le pardon comme vecteur de résilience.

  • La notion d’attention et de conscience comme force pour prendre sa place d’acteur et sortir de la soumission aux forces dirigées vers sa propre aliénation.

  • La liberté et son corollaire la « responsabilité »

  • La goutte d’eau pour nous renvoyer à notre petitesse et l’humilité qui doit en découler tout en soulignant sa force comme constituante des océans, une force qui doit nous prémunir d’une irresponsabilité de nos actes par la sous-estimation de notre impact sur le monde et nous inviter à contribuer collectivement à la construction d’une nouvelle harmonie entre tous les damnés de la terre et les bonnes âmes.

  • L’invitation à l’auto-questionnement pour faire la part entre ce qui tient du sens et de notre humanité et ce qui sert l’ego.

  • L’ici et maintenant comme vecteur de lucidité, de liberté, de libération du passé et du futur vu comme anxiogène et inhibant, pour plus d’énergie et de clairvoyance pour un futur soutenu par le passé devenu éclairant car plus distancé grâce à l’attention de la conscience.

  • La polygamie non perçue comme une assise du pouvoir phallique mais un lien non genré dont le moteur est l’amour absolu et son partage.

  • Le consentement qui n’est pas l’octroi de l’accord pour l’homme mais une contractualisation mutuelle permanente et dynamique.

  • La réhabilitation des sorcières.

Concernant des approches plus rationnelles, j’ai bien apprécié l’usage de la relativité tout au long du livre et une forme de réhabilitation de Einstein en dissociant ce qu’il a découvert de ce que l’on en a fait et en repositionnant son approche éminemment humaniste.
J’ai aussi apprécié l’approche percutante sur les laboratoires pharmaceutiques et leur hégémonie sur la santé (état de complet bien être physique, mental et social!?). Elle fait écho avec l’actualité concernant la vaccination contre le covid et ses secrets bien gardés, ainsi que la prise de pouvoir des lobbyings pharmaceutiques sur les politiques de santé au niveau étatique et européen où ils engloutissent les plus gros budgets, laissant loin derrière les actions de prévention sur les causes majeures des maladies telles que la malbouffe ou la pollution de l’air et de l’eau.

Concernant les scènes sadiques ou sataniques qui sont loin de la recherche du buzz, celles-ci sont finement révélatrices du bien et du mal, de notre propre cruauté, de notre violence symbolique ou plus et surtout de notre vulnérabilité au chant des sirènes.

Concernant la principale scène érotique, celle-ci évince toute dimension phallique pour nous conduire à la réjouissance en mettant au cœur « l’amour fusionnel », avec bien malheureusement le risque de morcellement pouvant en découler.

En conclusion :

Une œuvre à mettre entre toutes les mains même si j’ai peu d’espoir pour un changement urgent de paradigme. Ceci n’exclut pas pour autant un espoir à plus long terme, un espoir de prise de conscience pour éveiller le monde vers plus d’amour, d’harmonie et de coopération en comptant sur l’association de toutes les forces positives en présence.
Ces forces seront plus que nécessaire lors de l’effondrement en comprenant ainsi mieux les arcanes qui nous y ont conduit et la façon de nous prémunir du péril de notre civilisation.
Ce livre n’est pas consensuel et c’est justement ce qui fait sa force et son originalité. N’étant pas un produit marchand, c’est le désir, le besoin, la maturité sociétale qui en générera son développement.

Je souhaite et encourage vivement une parution et médiatisation à hauteur des enjeux et de la portée de ce grand ouvrage révolutionnaire (de plus la lecture de ce livre peut bien valoir quelques séances de psychanalyse et de ce fait quel qu’en soit le prix, cela restera modique).