Avis du livre pour l’association d’art-thérapie
Synthèse
Lectrice Florence Soissong – Artiste peintre et art-thérapeute à UMAMANA⇒ et dans l’association « La Fabuleuse Nomade » à Strasbourg.
Appréciation du LIVRE COMPLET ♥♥♥♥
En une formule
Un roman initiatique qui offre une floraison de prises de conscience dans une condensation et une richesse exceptionnelles.
Synthèse en forme de 4ème de couverture
On est très vite happé dans ce qui s’apparente au premier abord à un divertissement populaire avec tous ses ingrédients addictifs : un climat de mystère, une intrigue forte, des personnages attachants, avec un texte bien écrit qui se lit très facilement, le tout porté par une charge émotionnelle intense qui nous fait osciller entre les extrêmes de la lumière et des ténèbres. Mais il s’en distingue aussi en y intégrant des moments didactiques qui donnent du recul sur l’impact brut du récit, éclairant ce qui se passe en coulisses, dans l’intériorité des personnages, ou dans des leçons de sagesse qui dissipent le choc des émotions en apportant des prises de conscience.
Les quatre volumes vont conserver cette polarité en évoluant vers de plus en plus de profondeur et de richesse de sens, dans un univers fantastique qui va se révéler de plus en plus clairement être une représentation de notre monde. C’est alors les écrans qui sont au centre du livre, avec tous les enjeux du pouvoir de la Communication qui règne en maître absolu. On y découvrira ses rouages, ses perversions et ses potentiels d’éveil et de libération, nourrissant une réflexion profonde et des prises de conscience décisives sur cette boîte de Pandore addictive de notre 21ème siècle qui nous apportera le pire comme le meilleur, selon qu’elle nous enfoncera dans toujours plus d’inconscience ou que nous nous en rendrons maîtres en grandissant en conscience.
Le livre et l’art-thérapie
Il a beaucoup de liens avec l’art-thérapie :
- La dimension artistique des Danseurs dans un but d’éveil.
- C’est un conte pour adulte qui travaille en profondeur sur les archétypes.
- Le livre fait la distinction entre l’art marchand pour le divertissement et l’art sacré ou spirituel qu’il défend en mettant en avant sa fonction sociale, thérapeutique, d’épanouissement et d’éveil.
Questionnaire
Quelle impression générale vous a fait le livre ?
Une bonne impression. Il m’a beaucoup intéressée.
A-t-il éveillé votre conscience dans certains domaines ? Si oui, lesquels ?
Oui, il m’a rendue plus attentive au pouvoir de notre goutte d’eau, et à ce que représente l’audicratie, le pouvoir de l’attention.
D’une manière générale, toutes les chose dites dans le livre stimulent la conscience. Si elles n’ont rien de nouvelles, ça les rafraîchit et les réactive en les exprimant d’une façon nouvelle et originale.
Considérez-vous que le livre peut avoir un impact bénéfique sur la conscience collective ?
Oui. Pour les personnes qui ne sont pas dans le questionnement ou en recherche, l’aspect accrocheur du début peut les attirer à condition de ne pas décrocher sur les passages didactiques sans action.
Percevez-vous des dimensions prémonitoires (ou anticipatrices) du livre ?
Oui. L’IA incarnée par Mongo qui est devenu Dieu.
Le livre dans son ensemble est prémonitoire, parce qu’il est une représentation du monde d’aujourd’hui où il amplifie et grossit tout ce qui peut advenir.
Selon vous, a-t-il un potentiel de succès de librairie ?
Oui.
Considérez-vous que ce qu’annonce l’Avertissement de lecture s’est vérifié au cours de votre lecture ? Le trouvez-vous justifié ? A corriger pour l’améliorer ?
L’Avertissement n’est pas nécessaire. Il est une intrusion dans le ressenti du lecteur pour le diriger dans une certaine direction, et ce n’est pas le bienvenu.
Quel est votre avis sur les couvertures des quatre volumes ?
J’aime bien la police de caractère. Les images, ça va, sauf le logo @ qui est un peu effrayant, intrigant, tirant vers la secte.
Considérez-vous que le livre défend les valeurs de votre association d'art-thérapie ?
Oui, ça me parle, pour la dimension artistique des Danseurs dans un but d’éveil. Aussi parce que c’est un conte pour adulte qui travaille en profondeur sur les archétypes. Et pour sa distinction entre l’art marchand pour le divertissement, et l’art sacré ou spirituel, que le livre défend en mettant en avant sa fonction sociale, thérapeutique, d’épanouissement et d’éveil.
Volume I – Germination
J’ai terminé rapidement ce premier volume, et effectivement, je confirme que ça se lit très bien, c’est très efficace : j’ai envie de connaître la suite!
Je trouve que c’est bien écrit. On plonge dans l’histoire et on s’attache aux personnages comme dans un film ou une série qui possède tous les ingrédients addictifs qui font qu’on ne peut pas le lâcher, avec le méchant cruel et ses serviteurs, des scènes d’action, de sexe, de torture, le village de rebelles cachés… Au premier abord, le livre s’apparente à un divertissement populaire reprenant tous les grands clichés dans un mélange de Mad Max, Game of Throne, Little Boudha, Star Wars… Et c’est très fort émotionnellement. Le récit nous entraîne dans un véritable ascenseur émotionnel où alternent des scènes sombres de violence et de cruauté avec des scènes lumineuses d’une grande humanité et sensibilité. Ce contraste extrême nous remue, nous happe, au point qu’on pourrait craindre une manipulation recourant à l’emprise émotionnelle et aux bas instincts s’il ne s’accompagnait pas d’une dimension didactique qui démontre les mécanismes à l’œuvre sous cette charge émotionnelle extrême.
Là, le livre nous permet de prendre du recul pour revenir au recueillement et à la réflexion. Par exemple, la partie sombre autour du baron Ungern va nous subjuguer émotionnellement par son climat d’horreur et de terreur, pour ensuite retrouver le sage Zabir éduquant les deux enfants élus dans une nature majestueuse, où ils vont examiner l’origine de la peur et apprendre à traiter avec elle pour s’en libérer. Cette partie-là nous offre une vision de lumière d’une grande beauté par sa sagesse et sa sensibilité humaines, comme d’autres parties équivalentes qui sont des vrais cadeaux.
Le livre nous apporte encore une autre mise à distance dans le fait de nous montrer constamment l’autre côté du miroir. Si on voit le méchant cruel jouir sadiquement de sa cruauté, on bascule aussi dans son monde intérieur pour découvrir sa souffrance cachée et sa détresse abyssale, tout comme avec le gros cochon pédophile et ses jeunes esclaves sexuelles.
Le monde de la Communication est exploré d’une façon assez similaire qui permet de le percevoir sous différentes facettes. Au final, j’ai trouvé beaucoup de thèmes auxquels j’adhère et qui me parlent (spiritualité, éducation, santé, vie simple et heureuse des villageois…), des thèmes que je lis avec intérêt parce qu’ils amènent à un autre niveau de conscience.
Je me dis que sous cette forme cela peut effectivement, mine de rien, amener à des ouvertures de conscience auprès du plus grand nombre comme certains films ou livres qui permettent de comprendre notre monde et d’ouvrir d’autres possibles, comme par exemple Le meilleur des mondes, Avatar, Matrix… Je vois bien alors ce livre avoir l’impact de La prophétie des Andes, de L’alchimiste de Paulo Coelho, ou de Conversation avec Dieu.
Volume II – Communication
J’ai trouvé ce second volume moins prenant, surtout pour sa longue analyse socio-économique qui nous sort de l’énergie d’entraînement du roman. Même s’il traite des sujets importants sur l’écologie, la décroissance, l’empire financier, et propose des moyens pour nous sortir du désastre planétaire, son côté didactique et idéologique est un peu long et ennuyeux.
Je préfère quand les dialogues reprennent entre les personnages qui vont débattre de tous ces sujets mais d’une façon contradictoire et vivante, n’imposant pas un point de vue particulier. Car ce qui se joue durant leurs échanges et durant tout ce volume, c’est l’exploration des causes du dysfonctionnement de notre monde et la recherche des moyens d’y remédier. On brasse alors beaucoup d’idées centrées sur la Communication qui ne manquent pas d’intérêt et d’originalité, et certaines m’ont particulièrement marquées.
Je retiens en tout premier l’audicratie (pouvoir de l’attention). Il révèle le véritable pouvoir qui gouverne notre monde de la Communication, ayant supplanté la démocratie qui n’est plus qu’un gouvernement fantoche puisque le vote des citoyens n’a aucune influence sur les vraies puissances qui décident de leur condition sociale et de l’état du monde.
L’audicratie par contre peut rendre au citoyen le pouvoir d’imposer sa volonté à ces puissances qui décident de notre sort (GAFAM, multinationales, finance, bourse, médias), à condition que nous prenions conscience du pouvoir de notre goutte d’eau, ou goutte d’attention.
Le livre parle ici de la responsabilité de notre goutte d’eau qui est une idée que je trouve très percutante. Elle part de la loi universelle qui régit notre monde de la Communication : « Tout ce sur quoi nous portons notre attention grandit ». C’est notre goutte d’attention, multipliée par les milliards de gouttes de tous les citoyens du monde qui est l’énergie motrice qui façonne notre monde. Le don de notre goutte d’attention est le vote continuel que nous accomplissons en audicratie. Si nous en prenons conscience, nous pouvons orienter volontairement notre attention sur ce que nous souhaitons voir se développer, et la retirer à ce que nous souhaitons voir disparaître. Ce vote est très puissant car l’attention (moteur de l’industrie publicitaire) est ce qui entraîne les conduites d’achat en se répercutant jusqu’aux valeurs cotées en bourse.
Je signalerai encore la frontière séparatrice comme poison d’aveuglement permettant à la bête immonde (inconscience collective) de se propager. La frontière séparatrice exprime l’écart extrême entre les riches et les pauvres qui ne cesse de se creuser, avec l’illusion de croire qu’il existe un bon côté auquel s’oppose un mauvais côté. Le poison de la frontière séparatrice engendre un déséquilibre extrême des deux côtés, car à l’extrémité des deux côtés on trouve des pauvres qui souffrent d’une misère extérieure et des riches qui souffrent d’une misère intérieure correspondante. Je trouve cette vision très juste.
Volume III – Enchaînement
On renoue dans ce volume III avec la dynamique romanesque du premier volume, la stimulation de l’intrigue, et son énergie de vie. Il y a de nombreux passages intenses, passionnels, tendus vers l’idéal et l’absolu, qui sont le propre de l’énergie de l’adolescence. Les enfants qu’on a suivis précédemment sont devenus de jeunes adultes à peine sortis de l’adolescence. Le récit touche ici tous les grands thèmes qui nous préoccupent à cet âge : la découverte du sexe et de l’amour ; le développement personnel dans le besoin d’être maître de sa vie ; la prise de risque pour être libre et surmonter la peur qui nous limite…
Je perçois la montée en puissance des archétypes dans ce volume, qui s’apparente de plus en plus à un conte pour adulte. De même que les contes pour enfants ont une portée thérapeutique, leur permettant d’apprivoiser leurs contenus inconscients et de composer avec leurs énergies, le récit nous plonge dans notre inconscient, active notre part d’ombre sous la forme de l’Ogre, nous confronte au blocage de la peur, nous pousse à la dépasser pour rejoindre un centre de lumière et de paix au fond de nous. Il est symbolisé par les statues des Danseurs accomplis assis en cercle au centre d’une grotte de lumière, qui me laissent une impression ambivalente, un peu inquiétante : ce qu’ils ont réalisé est-il bien ou pas bien ?
La grande scène d’amour entre les jeunes amants, Thomas et Mafat, est très belle. Elle montre de l’intérieur et d’une manière vécue ce que peut être l’aboutissement d’une pratique sexuelle spirituelle, comme dans le tantrisme et le taoïsme. Leur union culmine dans la fusion extatique, mais tout leur cheminement reste très concret et parlant, dans leur façon de s’unir de plus en plus intimement en ressentant toujours plus de respect et de confiance. Cette scène par sa douceur et sa beauté est un cadeau, elle nous réconcilie avec notre humanité.
Après ce paroxysme, on suit la révélation spirituelle qui se déclenche chez Thomas et aboutit à un nouveau paroxysme extatique, le volume s’achevant dans la lumière, l’amour et l’euphorie.
J’en suis sortie en ressentant toute la richesse qu’il contient et que je n’ai pas pu intégrer d’un coup à la première lecture, ce qui me donne envie de le relire plus posément. Car j’étais aspirée dans l’intrigue qui donne envie de connaître la suite, me faisant passer trop vite les passages d’une grande richesse spirituelle qui demandent du recueillement pour accéder à leur profondeur.
Volume IV – Libération
Le dernier volume démarre sur la rupture violente des amants. Confrontés à la culture de leur univers qui interdit les relations entre les moines mongonastiques et les villageoises, Mafat déclenche la rupture en se pliant à la règle, avec le sentiment coupable d’avoir commis une faute grave. Thomas va tout faire pour la convaincre de rester ensemble, et j’étais plutôt d’accord avec lui. J’ai trouvé dommage que leur histoire d’amour s’arrête.
Mais cette rupture est ce qui va relancer la tension dramatique du récit en plongeant Thomas en enfer, tant sa souffrance de la séparation est extrême. Son monde devient infernal, il est totalement pris dans le piège de l’ego. Il va retrouver l’Ogre dans la cave, sa part d’ombre. Il est possédé par l’ombre, sombrant dans l’aveuglement, la haine, la colère, qui le garde dans un état de souffrance permanent.
Complètement à bout, il rejoint Gunj dans son atelier alchimique pour le supplier de l’aider. Commence alors un long entretien thérapeutique qui va forcer Thomas à faire face à lui-même, à sa fausseté, sa misère, sa nature de souffrance aveugle qui le lie à l’Ogre et qu’il alimente en ne pouvant pas lâcher son attachement pour Mafat. Au bout de cette épreuve, réalisant qu’il ne fait que cultiver de la souffrance pour lui-même et pour Mafat, il craque finalement en lâchant son attachement douloureusement.
C’est à ce moment-là qu’il reprend contact intérieurement avec Mafat en percevant son cœur qui saigne violemment. Il est bouleversé par sa souffrance et retrouve aussitôt tout son amour pour Mafat qu’il veut à tout prix délivrer de sa souffrance. Ce qui ouvre le passage décrivant le cheminement menant à la guérison du cœur qui est très beau, à la fois abstrait et concret, très parlant, car la sensation d’avoir le cœur qui saigne est une expérience universelle.
Pour la suite et fin du dernier volume, je fais la même remarque que pour le volume III. Ces volumes sont un peu comme une bible d’une grande richesse spirituelle qui demande une relecture recueillie pour accéder à toute leur profondeur. C’est pourquoi j’ai envie et besoin de les relire pour intégrer leur profusion que pour le moment je suis incapable de synthétiser.