Entre complot et complotisme

Le véritable complot de l’ombre ne se trouve pas à l’extérieur mais est à l’œuvre dans l’inconscience de chacun d’entre nous.
L’Appel de Mongo volume II

La racine du « complotisme »

La bonne santé de nos démocraties de libre expression repose sur la neutralité des grandes tribunes médiatiques qui garantit le débat contradictoire reflétant la volonté d’expression de tous les citoyens. Cette disposition demeure une aspiration idéale jamais réalisée où plus on s’en approche cependant, plus nous avons de capacité collective à entendre nos différences et à les respecter, devenant une source d’enrichissement mutuel et de renforcement de la cohésion sociale.

Or c’est seulement dans un climat d’accalmie où l’on ne se sent pas menacé qu’on peut s’ouvrir à une position différente de la sienne dans l’écoute et le respect. Car dans les phases de montée de peur et d’insécurité collectives, on assiste toujours à une montée de la radicalisation des opinions.

La crise du covid en est une parfaite illustration. En plein inconnu sur le virus où nous n’avions que des interrogations, au lieu d’un débat contradictoire d’experts et de médecins de tous bords respectant les diversités de point de vue, ce qui aurait permis d’alimenter une réflexion commune conduisant à des réponses concertées acceptées par toute la population, les grands médias ont assené une vérité officielle interdisant toute critique et proposition alternative en les condamnant d’emblée comme pensée déviante qui relève de la maladie mentale complotiste.

Cette radicalisation sans précédent d’une pensée unique servant d’abord les intérêts des puissances régnantes a eu pour résultat de créer une véritable fracture schizophrénique de la population.

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Avec plus d’un humain sur quatre se retrouvant « psychiatrisé » pour contester la vérité officielle, tous ces gens qualifiés de « grégaires et d’irrationnels qu’il faut rééduquer pour leur faire entendre raison », se sont réfugiés dans les réseaux sociaux où là seulement ils trouvent un écho et des informations alternatives sur leur préoccupation.

Depuis, la fracture entre ce qui se dit dans les réseaux sociaux et ce qui se dit dans les médias de masse continue de se creuser, avec une radicalisation de plus en plus extrême où dans un dialogue de sourds, chaque camp accuse l’autre de propager mensonges, fantasmes et manipulations.

D’un côté, toutes les informations alternatives qui s’écartent de la pensée unique et menacent les intérêts des puissances régnantes reçoivent automatiquement la boule puante de « complotistes ». Il s’agit d’une arme médiatique en apparence grossière mais en réalité très efficace, car elle permet d’évacuer tout examen critique sur ces informations et détourne la grande majorité de l’envie de les consulter de plus près.

De l’autre côté, au sein de ces informations dérangeantes pour le pouvoir qui reposent sur des faits dûment vérifiés, se mêlent un foisonnement d’opinions passionnelles qui vont systématiquement « démoniser » les tenants du pouvoir et de la censure, voyant en eux les acteurs masqués de toutes les calamités du monde qui servent leurs desseins obscurs.
Or en portant des accusations définitives qui se passent de preuves établies, ce foisonnement passionnel alimente une projection paranoïaque collective où le complotisme relève bien ici, et ici seulement, d’une pathologie, au sens où il est un facteur d’isolement et de déconnexion sociale qui ne bénéficie à personne.
Au contraire, en s’agglomérant aux informations alternatives validées et à tous ceux qui s’efforcent de les faire connaître pour le bien commun, il contribue à les décrédibiliser et à jeter la confusion en donnant de l’eau au moulin de leurs détracteurs.

Le monde est fracturé entre le camp des « complotistes » sévissant sur les réseaux sociaux, et le camp des « bien-pensants » alimentés par les institutions officielles et les grands médias aux mains d’une poignée de milliardaires.
Une guerre de l’information est déclarée entre les deux camps qui se battent pour faire triompher leur vérité, ce qui n’arrivera jamais. Car comme dans toute guerre, cette guerre de l’information ne fait que renforcer les oppositions où chaque camp se contracte toujours plus dans ses certitudes, ne faisant qu’augmenter le sentiment d’altérité, d’hostilité et d’incommunicabilité entre les deux camps.

Lorsqu’on comprend que la première cause de la montée du « complotisme » est la montée de la radicalisation, que la première cause de la montée de la radicalisation est la montée de la peur collective, la seule voie pour résorber le « complotisme » est une voie qui se montrera capable de traiter la peur collective pour la réduire et la résorber.
Car la réduction de la peur collective s’accompagne automatiquement d’une réduction de la peur de l’autre et de sa différence, ce qui seul peut conduire à la réconciliation de notre société fracturée en rouvrant le dialogue entre les deux camps dans l’écoute et le respect de nos différences.

Mais comme nous sommes entrés dans une phase de grande incertitude et de grande turbulence où la peur collective va continuer de grandir, la fracture schizophrénique de la société va continuer de s’accentuer. Et plus les crises vont s’aggraver, plus la grande majorité va se réfugier dans la pensée unique propagée par les médias de masse, dans un besoin atavique de se rassembler autour d’un repère commun qui lui procure un sentiment rassurant de cohésion et d’appartenance de groupe.

Parmi tout ce que le livre L’Appel de Mongo a anticipé, la montée du « complotisme » avec ses mécanismes d’arrière-plans et d’impact sur les consciences ne manque pas au rendez-vous. Et comme sa principale anticipation traite de la montée de la peur collective à laquelle il répond en présentant des remèdes concrets pour la résorber, il donne par là même la réponse pour résorber un « complotisme » alimenté par notre inconscience collective.

Le « complotisme » dans le livre (extrait)

― L’inconscience, l’ennemie de l’humanité et l’ennemie intime en chacun de nous. La totalité des gouttes d’inconscience sécrétées par chacun d’entre nous forme l’agrégat de l’inconscience collective qui pèse sur l’humanité de sa chape de plomb. C’est elle la bête immonde que l’Œuvre de Mongo a pour mission d’annihiler, c’est elle l’ennemie du genre humain que nous combattons sans relâche depuis tant de générations. Or on ne combat bien son ennemi que si on le connaît bien, et nous n’avons cessé de l’étudier jusque dans ses moindres retranchements pour lui arracher ses sombres secrets… Loin de se réduire à un magma de confusion informe, l’inconscience collective de l’humanité revêt les apparences d’une entité à part entière, une entité parasitaire cherchant à survivre et à croître en pompant directement l’énergie humaine. S’agissant d’une entité, elle est par conséquent structurée, gouvernée par des lois décelables qui révèlent son mode de propagation qu’il devient alors possible de briser… … Mais d’abord évitons de tomber dans le piège des apparences trompeuses!

Le Dicteur se tendit comme un ressort, témoignant de toute la précaution qu’il prenait à aborder le piège :

― L’inconscience collective, c’est la part d’ombre de l’humanité, et si on plonge dans cette part d’ombre avec des yeux grands ouverts, que découvre-t-on en premier ? Tout ce dont je vous ai entretenus concernant la corporation des anciens banquiers : un inextricable réseau d’alliances secrètes dont le but est d’accroître sans fin le profit et le pouvoir d’une poignée d’initiés richissimes sur le dos d’une humanité maintenue dans l’ignorance de leurs motivations. De là à invoquer un complot de l’ombre destiné à asservir une humanité aveugle, il n’y a qu’un pas… qui est un faux pas!… Car cela reviendrait à désigner cette alliance secrète comme l’ennemie jurée de l’humanité et la principale responsable de ses malheurs, alors que cet ennemi proclamé n’est lui-même qu’une ombre! Et en se battant frontalement contre une ombre, au lieu de l’affaiblir, on ne fait que la renforcer en la nourrissant de sa propre énergie, si bien que tout en croyant combattre ces puissances de l’ombre, on se retrouve à les servir inconsciemment pour avoir soi-même basculé du côté de l’ombre!… C’est pourquoi dans le combat contre les forces occultes de l’humanité, le premier impératif est de réaliser clairement que le véritable complot de l’ombre ne se trouve pas à l’extérieur mais est à l’œuvre dans l’inconscience de chacun d’entre nous.

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Il leva son index avec insistance, martelant son avertissement :

― S’il est bien un pouvoir que l’inconscience a sur nous, c’est celui de réussir à nous aveugler encore et encore en nous ensorcelant d’une façon ou d’une autre! On ne saurait être trop prudent quand on entre en contact avec la part d’ombre de l’humanité!… D’abord, il faut toujours garder à l’esprit que l’inconscience collective que nous combattons est indissociable de nous-mêmes et de notre propre énergie. Tapie dans l’ombre de la conscience, elle se nourrit de l’énergie de réaction, de rejet et de guerre que nous lui menons et qui contribue à édifier une hydre gigantesque aux ramifications infinies. Cette hydre a pour base la part d’inconscience de chacun d’entre nous, tandis qu’elle présente de multiples têtes pensantes qui s’élèvent de son dos comme du sommet d’autant de pyramides. Les têtes pensantes sont reliées entre elles et constituent ces fameux réseaux d’alliances occultes agissant à l’encontre de l’humanité… Le premier aveuglement est de croire qu’il suffirait de couper les têtes pensantes du monstre pour l’abattre, ce qui relève de la plus totale illusion. Car aussi longtemps que l’état d’inconscience de l’humanité ne sera pas entamé à sa base, plus on lui coupera de têtes, plus le sang du monstre rejaillira sur les hommes, et plus de ce sang repousseront de nouvelles têtes plus féroces et démoniaques encore… Le second aveuglement est de croire que la poignée de profiteurs richissimes qui forment les têtes pensantes du monstre le dirigent selon leur bon plaisir, alors qu’en réalité ils sont ses premiers esclaves qui n’ont gagné le privilège d’être à la tête du monstre que parce qu’ils sont les plus inconscients de tous. Ce sont eux les vrais damnés, et les damnés ne jouissent pas des bienfaits de leurs crimes mais ne font que répandre sur le monde toute l’horreur et la souffrance qu’ils portent en eux… Ce n’est qu’en sortant de ces deux aveuglements que l’on peut reconnaître qu’il n’y a pas d’un côté des profiteurs de la bête immonde et de l’autre des victimes de ses exactions, mais du fait de le nourrir de notre propre inconscience, tous les humains sont à différents degrés à la fois ses complices et ses victimes. Seule cette reconnaissance a le pouvoir d’entamer son empire maléfique en amenant chacun à balayer devant sa porte, tandis que refouler sa propre participation à la monstruosité du monde en se posant en victime d’un complot de l’ombre ne contribue qu’à le perpétuer.

< L’Appel de Mongo vol II p211-213 >