3/4 – Non à la guerre contre le Terrorisme

par | Jan 26, 2016 | 0 commentaires

11- Nous ne sommes pas confrontés à une guerre de civilisations mais à un changement de civilisation | 12- Le dernier recours à la guerre : nous élever vers un nouveau paradigme | 13- La vraie nature du combat | 14- De la lumière au cœur des ténèbres

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11- Nous ne sommes pas confrontés à une guerre de civilisations mais à un changement de civilisation

Soyons bien clair. Nous sommes entrés dans la longue phase d’agonie du vieux monde de la croissance infinie qui quoi que nous fassions désormais pour le sauver est destiné à mourir. Nous en sommes au stade de l’acharnement thérapeutique de plus en plus violent où l’on fait feu de tout bois pour parvenir encore à alimenter sa croissance afin de le maintenir debout coûte que coûte, tant la perspective de son effondrement final nous affole.

Soyons bien clair. L’intensification de la guerre contre le terrorisme voulue par l’élite régnante n’est pas que le fait d’une âme noire et cupide, elle obéit également à une logique de survie de notre société mondialisée, et en ce sens elle a le soutien de la majorité des acteurs décisionnaires qui la composent. C’est que ces acteurs ne sont pas aveugles, ils sont bien conscients de la dimension mortifère qu’a prise la croissance productive et néanmoins ils la soutiennent toujours, parce qu’ils savent que nous n’avons pas le choix. Même si elle génère dorénavant plus de nuisance et de misère que de richesse et de bien-être, même si elle nous entraîne dans une voie d’autodestruction, renoncer à la croissance aujourd’hui entraînerait la faillite irrémédiable des nations suivie d’un effondrement brutal de tout notre système financier, autrement dit une catastrophe mondiale imminente bien plus effroyable que celle que la croissance productive met en œuvre pas à pas en reportant le pire dans le futur. Voilà la véritable expression de notre impasse : pour éviter la catastrophe mondiale tout de suite, la mort du vieillard perclus de souffrance et de dysfonctionnement tout de suite, nous prolongeons son agonie par l’acharnement thérapeutique d’une intensification graduelle de la guerre contre le terrorisme qui nous permet de contenir sa désagrégation au prix d’une violence, d’une souffrance et d’un désastre toujours accrus.

Soyons bien clair. Si comme l’assènent les porte-voix de l’élite régnante il n’y a pas d’alternative crédible au moins pire de ces deux maux auquel elle nous condamne, si nous ne sommes pas capables de proposer un autre modèle de société viable qui garantisse la stabilité sociale sans recourir au travail négatif ainsi que la stabilité financière sans recourir à la croissance productive désormais génératrice de ruine et de misère, au final nous ne pourrons que donner raison à nos dirigeants en nous soumettant à la fatalité de l’inexorable engrenage de la guerre pour contrer la catastrophe encore bien plus dévastatrice d’un effondrement économique planétaire.

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Les deux guerres mondiales ont été comme les convulsions d’un accouchement extrêmement douloureux d’où a émergé à chaque fois un autre monde cherchant à repartir sur de nouvelles bases depuis les ruines de l’ancien monde dévasté, des bases plus saines et plus appropriées destinées à nous protéger des grands maux qui ont abouti à l’hécatombe mais que l’humanité d’alors était impuissante à affronter et surmonter, comme si la crise majeure de la guerre avait été nécessaire pour l’aider à grandir en conscience et en maturité. Il n’y a guère de doute que nous sommes entrés dans la phase préliminaire d’un 3ème conflit mondial qui n’attend plus que l’activation d’une crise majeure planétaire pour s’embraser. Tout comme il n’y a guère de doute que notre vieux monde de la croissance n’a pas la capacité de résoudre cette crise majeure, puisqu’il ne sait lui appliquer d’autre remède que la croissance qui est précisément ce qui aggrave la crise.

C’est pourquoi il a fait son temps et il ne lui reste plus qu’à mourir, ce dont témoigne l’enclenchement de son processus autodestructeur irréversible. Cependant, comme il a réussi à s’étendre sur toute la planète, que son mode de fonctionnement et son dogme ont atteint toute l’humanité, c’est au crépuscule de toute une civilisation que nous sommes en train d’assister. Mais la fin d’une civilisation, même planétaire, n’implique pas pour autant la fin de l’humanité. Car depuis que le monde est monde bien des civilisations se sont succédé, s’éteignant à chaque fois pour laisser place à la suivante sans que l’humanité disparaisse avec elles. Par contre, il est certain que nous pouvons encore retarder très longtemps la mort inéluctable de notre civilisation de la croissance à travers un acharnement thérapeutique qui prolongera son agonie sur des décennies et des décennies, ce qui signifie que nous pouvons encore aggraver le calvaire de l’humanité en semant l’enfer sur terre pour des décennies et des décennies, jusqu’à ce que finalement nous nous retrouvions à bout de ressource et de force où après avoir achevé de décimer la Terre entière, il ne nous restera plus qu’à sombrer pour de bon avec elle.

Aussi la question n’est pas de savoir s’il est en notre pouvoir d’empêcher la mort de notre vieille civilisation de la croissance, elle a désormais atteint ses limites et il est certain que nous ne le pouvons pas, tout comme nous ne pouvons pas interrompre les convulsions d’un accouchement quand il a commencé. La seule véritable question qui se pose à nous est de savoir si nous sommes capables de préparer la naissance de la nouvelle civilisation que réclame notre monde dans l’impasse sans passer par les convulsions dévastatrices d’un accouchement terriblement douloureux, ou pour le dire autrement, si nous sommes capables d’accoucher sans douleur en laissant notre vieux monde de la croissance mourir de sa belle mort pour que naisse un nouveau monde régénéré. Car l’ensemble des crises qui frappent l’humanité ne pourront être traitées que par ce nouveau monde en attente dès lors qu’il sera parvenu à nous délivrer de la fondation mortifère de la croissance productive et de la tyrannie de l’endettement généralisé qui lui est indissolublement liée. Ce qui se résume en définitive à la question fondamentale de savoir si notre humanité a atteint suffisamment de conscience et de maturité pour accomplir cette profonde transition vers un renouveau créateur sans avoir à passer par l’embrasement d’une 3ème Guerre mondiale.

12- Le dernier recours à la guerre : nous élever vers un nouveau paradigme

Des signes de ce mûrissement de conscience sont indéniablement présents au sein de la société civile à l’échelle planétaire, c’est-à-dire à la base de l’immense pyramide de notre société de la croissance infinie. Là fourmillent une multitude de solutions innovantes, de réponses originales, d’initiatives citoyennes qui ont en commun de se reconnaître dans un nouveau paradigme en rupture radicale avec le vieux paradigme qui a porté toute notre civilisation industrielle.

Un changement de paradigme se caractérise par un bond de conscience évolutif sans lien de continuité avec le précédent. Il correspond au passage discontinu d’un monde de perception conceptuelle vers un autre monde de perception conceptuelle, équivalant au passage d’un système de référence autonome vers un autre système de référence autonome. C’est la raison pour laquelle les tenants et gardiens du vieux paradigme sont dans l’incapacité foncière de percevoir la pertinence du nouveau paradigme émergeant, celui-ci n’étant à leurs yeux qu’une chimère irrationnelle alors qu’il relève d’un ordre de réalité plus élevé. Mais pour y accéder, il est nécessaire de sortir du vieil espace de référence pour entrer dans le nouvel espace de référence dont la cohérence supérieure est porteuse de potentialités salutaires fantastiques qu’actuellement seule la frange minoritaire de la société civile qui l’a déjà intégrée est en mesure de reconnaître et d’activer.

Plus concrètement, le changement de paradigme part du constat que c’est notre modèle de société tout entier qui doit être changé jusque dans ses fondations, à partir du moment où toutes les tentatives de réformes mises en œuvre pour l’améliorer ont échoué du fait de leur totale impuissance à résoudre ses contradictions et ses dysfonctionnements. Et c’est bien là tout le sens de l’émergence d’un nouveau paradigme connecté à un autre ordre de réalité dont la cohérence supérieure résout en elle-même, naturellement et sans effort, la somme de contradictions et de dysfonctionnements qui restent insolubles dans l’ordre de réalité inférieur du vieux paradigme.

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Prenons un exemple très parlant. Alors que notre société de la croissance fonde sa stabilité sociale sur la pérennité du travail pour ses citoyens, elle est en même temps celle qui en raison de son besoin de performance continuelle a détruit comme jamais le travail en le remplaçant par les machines et les ordinateurs. Dans les faits, elle est occupée à mettre en place les conditions d’un monde sans travail où celui-ci est de moins en moins nécessaire à sa création de richesse, mais comme elle ne parvient pas à sortir de son obsession de mettre les gens au travail, elle dérive en fournissant de plus en plus de travail négatif qui loin de lui apporter un surcroît de richesse n’œuvre au contraire qu’à sa ruine et à sa destruction. Partant de ce constat, le nouveau paradigme résout très simplement la contradiction en se dotant des moyens d’assurer la stabilité sociale sans recourir au travail. C’est ici qu’un vaste champ de recherches, de réflexions, d’initiatives autour d’un revenu d’existence universel a commencé à fleurir à travers toute la planète. Et c’est ici aussi où l’on rencontre un blocage psychologique majeur qui est parfaitement représentatif de la nécessité de faire un saut de conscience évolutif pour le surmonter.

En effet, pour notre conscience collective toujours prisonnière du vieux paradigme où elle vit depuis si longtemps avec la vertu du travail productif comme source d’enrichissement et de valorisation, c’est un verrou psychologique très difficile à faire sauter. Comment concevoir un art de vivre ensemble qui soit enrichissant et épanouissant sans passer par les liens du travail ? Comment surtout concevoir un enrichissement collectif de l’humanité en payant les gens à ne rien faire à travers un revenu de base qui mettrait fin au travail non désiré, inutile et dommageable ? Pourtant dès l’instant où notre conscience s’élève dans l’espace de référence du nouveau paradigme, la réponse devient évidente et imparable. Plutôt que payer des millions de gens essentiellement par l’impôt pour accomplir un travail négatif qui est source de souffrance, de misère, de gaspillage et de dévastation pour l’humanité, permettre à ces millions de gens d’être payés à ne rien faire grâce à la mise en place d’un revenu de base universel nous épargnerait la gigantesque ruine dont leur activité nuisible est responsable. Et on découvre qu’en soustrayant la ruine que l’on s’épargne ainsi par la neutralisation de cette activité humaine négative colossale, l’humanité s’en trouve enrichie d’autant, ce qui relève d’un simple calcul comptable qui apporte la preuve irréfutable que dans une future société de post-croissance, la fin du travail non désiré, inutile et néfaste serait bien une source d’enrichissement pour l’humanité et non d’appauvrissement.

De même, face au tyran apparemment invincible de l’empire financier qui nous condamne à croître sans fin pour lui payer le loyer de nos dettes et éviter la catastrophe de la faillite, le nouveau paradigme fait naturellement apparaître la solution la plus simple, la plus radicale et surtout la plus effective qui soit pour nous en affranchir : l’appropriation du pouvoir de création monétaire par la société civile. Mais là aussi, il est nécessaire de faire un bond de conscience dans l’ordre de réalité supérieur sans quoi il est impossible de reconnaître sa crédibilité et son extraordinaire potentiel émancipateur. Car il faut parvenir à percevoir d’une part, que la création monétaire est le fondement du pouvoir de l’empire financier, et d’autre part, que l’empire financier s’en est attribué le privilège en créant la monnaie à partir de rien, sur une base fictive et immatérielle. Et ce n’est que lorsqu’on a intégré ces deux données qu’il devient évident que la meilleure façon de nous délivrer de l’esclavage de la dette est de destituer l’empire financier de son pouvoir de création monétaire en nous l’accaparant, c’est-à-dire en créant nous-mêmes notre propre monnaie par la base, au sein et au bénéfice de la société civile sans passer par le recours à une banque centrale, ce qu’il nous est en réalité aussi aisé de faire que l’empire financier puisque sa monnaie étant de nature fictive et immatérielle, il nous suffit tout comme lui de la créer à partir de rien.

Si plus de 5000 monnaies citoyennes sont en train de fleurir dans le monde, il faut bien comprendre qu’on le doit à la connexion au nouveau paradigme. Il témoigne d’une conscience émergente planétaire qui ouvre la voie d’une émancipation possible de l’empire financier, avec au final la perspective de pouvoir mettre un arrêt au cauchemar de la croissance perpétuelle qui fera fatalement s’effondrer le système financier actuel avec l’immense pourriture qu’il contient mais sans nous entraîner avec lui dans sa chute, dès lors que nous aurons suffisamment développé nos propres instruments monétaires parallèles aux mains des citoyens qui soient capables de le remplacer.

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Ces deux aperçus suffisent à montrer les potentialités créatrices du nouveau paradigme dans lequel il n’y a ni fatalité ni impuissance, mais seulement une fécondité débordante qui ouvre sur une multitude d’issues concrètes, d’alternatives pragmatiques et profondément cohérentes qui s’imposent naturellement une fois qu’on accède à son espace de référence. Le nouveau paradigme apporte l’ouverture, la lumière, l’espérance, l’enthousiasme, l’intelligence, la créativité, le dynamisme dont nous avons besoin pour sortir de notre inertie face au désastre programmé. Et s’il contient les clés pour résoudre l’ensemble de nos crises, c’est parce qu’il est l’enfant naturel de ces crises qui sont fondamentalement des crises de croissance d’où il a émergé le premier en tant que conscience supérieure. En ce sens, il est le germe de la nouvelle conscience et de la nouvelle maturité qui attend l’humanité au sortir de sa crise majeure. La grande interrogation est s’il va s’imposer à nous après l’embrasement d’une 3ème Guerre mondiale, ou si nous allons être capables de le rejoindre dès à présent pour nous donner les moyens d’accoucher en douceur d’un nouveau monde de paix et de prospérité.

Car son principal défaut qui n’en est pas un à proprement parler est qu’il n’existe pour le moment qu’à l’état de germe. Or les germes sont destinés à se développer mais ils n’ont pas en eux-mêmes le pouvoir de changer le monde. La part de l’humanité qui est réceptive au nouveau paradigme est actuellement trop minoritaire pour représenter un contre-pouvoir effectif. Bien qu’elle soit extrêmement agissante, créative, ingénieuse et solidaire, toutes les alternatives qu’elle met en œuvre ne sont aussi pour le moment qu’à l’état de bourgeons. Le rôle des bourgeons est de croître jusqu’à produire un arbre, mais ils n’ont ni la force ni les attributs de l’arbre, et on ne peut pas demander aux bourgeons d’être opérationnels comme s’ils pouvaient remplir le rôle de l’arbre.

C’est ici que se produit la plus grande confusion à l’égard du nouveau paradigme : tant qu’on ne perçoit pas le potentiel de l’arbre dans ses bourgeons, on les qualifie d’utopies déconnectées de tout pouvoir d’action réel sur le monde. Mais dès qu’on perçoit le potentiel de l’arbre dans ses bourgeons, on ne peut plus que leur donner toute notre attention, notre énergie, notre soutien pour les aider à croître jusqu’à ce qu’ils deviennent ces arbres prometteurs qui eux seront parfaitement opérationnels pour contrer le fléau de la guerre et son massacre planétaire en nous aidant à bâtir la nouvelle civilisation plus salubre, équilibrée et fraternelle de l’après-croissance.

13- La vraie nature du combat

Notre conscience collective va-t-elle rester prisonnière du vieux paradigme ou saura-t-elle se tourner à temps vers le nouveau paradigme ? Allons-nous continuer à ne voir que de vaines utopies dans les bourgeons du nouveau paradigme du fait de leur poids actuel dérisoire, ou allons-nous reconnaître l’issue potentielle pleine de lumière, d’espérance, de force de vie positive qu’ils contiennent ? Le côté où la balance va pencher décidera du sort de toute l’humanité.

Nous nous trouvons à un moment charnière décisif de notre Histoire qui nous place au carrefour de deux orientations fondamentales. Ou bien nous allons continuer de nous enfoncer sur le chemin de l’enfer en nous soumettant passivement au diktat de nos élites, ces gardiens et derniers grands profiteurs du vieux paradigme qui de leur propre aveu reconnaissent leur impuissance totale à améliorer notre situation en nous ressassant qu’il n’y a pas d’alternative au moins pire des mondes possibles dans lequel ils veulent nous enfermer. Nous continuerons alors de nous en remettre à nos bergers aveugles qui de leur propre aveu ne voient d’autre horizon où conduire leur troupeau qu’un horizon sombre, fermé, en impasse, qui exige de nous préparer à faire des sacrifices en raison des temps de plus en plus difficiles qui nous attendent. Ou bien nous allons avoir un sursaut de conscience collectif qui va nous sortir de la torpeur de la fatalité à laquelle nos élites nous condamnent. Et nous retrouverons alors la flamme du combat qui nous a animés au cours de notre Histoire à chaque fois que nous étions confrontés à une calamité extrême ou à une inégalité extrême ou à une injustice extrême, cette flamme de l’idéal et de l’espérance qui a à chaque fois démenti la fatalité en nous donnant le courage et la force d’accomplir l’impossible. Et nous allons ainsi renverser le cours tragique de notre déchéance en renouant avec le chemin du paradis, qui est ce chemin du grand destin évolutif de l’humanité, ce chemin d’améliorer les conditions d’existence de l’humanité tout entière.

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Le véritable combat qui attend notre humanité du XXIème siècle est celui qui oppose la force de vie naissante incarnée par le nouveau paradigme à la force de mort sclérosante du vieux paradigme, il s’agit de ce combat-là et pas d’un autre. Car c’est bien de la victoire du premier entraînant la désagrégation et l’extinction du second dont dépend le salut de l’humanité, ou du moins les conditions d’une renaissance positive mettant un terme à son autodestruction, et non la supposée éradication du terrorisme ou des États voyous de l’axe du mal ou de l’Islam intégriste qui ne changera absolument rien à la situation mondiale calamiteuse dans laquelle nous nous enfonçons.

Une fois que la racine du mal a été bien diagnostiquée, que le véritable ennemi actuel de l’humanité a été bien identifié, la direction du juste combat s’impose d’elle-même, déployant la cartographie du champ de bataille qui oppose les deux camps. D’un côté se trouve l’élite régnante des 1% qui réside au sommet de la pyramide de pouvoir de notre société mondialisée, de l’autre côté la minorité agissante connectée au nouveau paradigme qui réside pour l’essentiel à la base de la pyramide, au sein de la société civile. La pointe de la pyramide draine vers elle tout le pouvoir et les privilèges du vieux paradigme, de ce fait elle ne peut que chercher à le défendre et le préserver en dépit de ses aberrations de plus en plus nocives, et c’est pourquoi cette pointe est extrêmement rigide, d’une rigidité qui maintient en place tout l’édifice pyramidal du vieux paradigme. La base de la pyramide est quant à elle beaucoup plus meuble, elle offre prise à des transformations profondes touchant les fondations de notre société qui éclosent sous forme de ces bourgeons gorgés de vie neuve et créatrice qui s’efforcent de pousser en s’élevant dans la pyramide.

Le rapport entre la base et la pointe de la pyramide révèle les deux champs de force en opposition. Il nous fait bien comprendre qu’aucun changement salutaire ne peut être attendu d’en haut, puisque tout ce qui vient d’en haut lutte contre le changement qu’il ressent comme une menace envers la pérennité de la pyramide. Ce n’est qu’en bas que le renouveau créateur est possible, au sein du peuple qui est le plus directement affecté par les aberrations de la pyramide, où ces éléments activistes travaillent à une transformation profonde de ses fondations bancales afin de les remplacer par de nouveaux piliers plus sains. Et c’est là que la pointe de la pyramide se révèle être une force de mort qui est cette force de rigidité, de fermeture, de répression s’exerçant sur sa base en s’efforçant d’étouffer, de dénigrer, d’écraser la force de vie ascensionnelle de tous ces bourgeons naissants porteurs du renouveau créateur. Puis entre ces deux extrêmes se trouve la majorité silencieuse, la masse des indifférents et des non-impliqués qui n’agissent ni dans un sens ni dans l’autre, mais qui sont cependant d’une importance cruciale dans la mesure où leur poids reste déterminant pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre en fonction de leur comportement. Dès lors le véritable champ de bataille qui décidera de l’issue du combat se situe dans l’espace de la Communication où se tient le premier pouvoir pour s’accaparer et conquérir les consciences.

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À cet égard, les forces en présence donnent un avantage écrasant à l’élite régnante des 1% qui a sous son contrôle la quasi-totalité des grands médias, incluant la presse écrite. Elle dispose de l’arme du divertissement de masse pour maintenir les peuples dans la torpeur de l’engourdissement en les distrayant de la dure réalité qui les afflige, de sorte qu’ils lui restent docilement soumis sans se poser de questions sur les causes de leurs tourments. Elle diffuse en même temps ses valeurs et sa vision hégémonique du monde à travers tous ses supports, publicité, fiction, jeu, animation, actualité, imprégnant en permanence une conscience collective qui finit par les intégrer comme l’expression de la réalité et du bon sens commun. Son pouvoir d’influence est si colossal qu’elle parvient à nous faire avaler les plus gros mensonges en les faisant passer pour des vérités établies, enfermant notre conscience collective dans un état schizophrénique de déni de la réalité des faits. C’est ainsi que prospère la fable glorieuse de la croissance qui est chantée dans toutes ses tribunes et que l’immense majorité d’entre nous continue d’avaler en croyant à ses vertus pour nous sauver, alors qu’elle ne sert plus que ses seuls intérêts. Tandis qu’à l’inverse elle masque et minimise les horreurs dont cette croissance est responsable, réussissant à les effacer de la conscience collective en nous déconnectant de plus en plus de la réalité. Ce que l’on peut vérifier entre autres avec les catastrophes nucléaires industrielles qui disparaissent dès que possible des médias alors que dans les faits elles demeurent d’une actualité brûlante, puisque rien n’est résolu et qu’elles continuent de répandre leur poison radioactif pour des siècles et des siècles.

Face à ce pouvoir de communication hégémonique écrasant imposé d’en haut, la minorité agissante de la société civile prend racine dans le terreau de la révolution technologique du monde de la Communication qui met à sa disposition l’infrastructure horizontale de la toile d’Internet pour s’exprimer. Là, elle utilise essentiellement les réseaux sociaux pour propager sa communication de proche en proche et par contagion, s’efforçant de réveiller, d’avertir, d’éclairer les consciences dans l’espoir de les mobiliser. La trame d’Internet est aussi ce qui permet à la conscience émergente du nouveau paradigme de se structurer, se développer et s’identifier à travers toute la planète, cimentant des réseaux de solidarité autour de ses travaux qui bénéficient du partage des connaissances, de la recherche, de l’initiative et de la créativité collectives pour gagner en force et en consistance. Son principal atout est qu’elle parle le langage de la vérité en exposant la réalité des faits, des faits qui n’ont besoin que d’eux-mêmes pour se soutenir et donnent leur verdict une fois pour toutes dès qu’on les a acceptés et reconnus, à la différence de l’énorme chape de mensonges des médias qui demandent une mobilisation et un effort constants pour les entretenir. Ce qui signifie que le temps joue en sa faveur puisqu’il est le meilleur tamis de la vérité et qu’au final tous les mensonges finissent par s’écrouler faute de carburant pour les alimenter. Ce qui signifie également que les consciences qu’elle parvient à réveiller en les mettant en contact avec les faits ont de bonnes chances de devenir de solides propagatrices de cette vérité, ouvrant sur un potentiel de contagion lent à s’établir mais définitivement acquis.

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S’il était encore besoin de donner une preuve que nous avons bien identifié là les deux camps fondamentaux qui luttent pour conquérir les consciences sur le champ de bataille de la Communication, l’un depuis le sommet de la pyramide et l’autre depuis sa base, il suffit de mesurer leur antagonisme radical dont chacun peut faire l’expérience en basculant d’un côté du miroir médiatique à l’autre. En effet, ce qui est revendiqué comme blanc par la puissance médiatique devient noir de l’autre côté, et vice-versa, mais il n’y a guère de place pour la demi-mesure.

Et une fois qu’on perçoit bien leur opposition tranchée qui délimite la frontière entre une volonté de contrôler des consciences obscurcies et une volonté de les libérer en les éclairant, il est certain que l’intensification de la guerre contre le terrorisme avantage nettement la puissance d’en haut. Elle lui donne plus de pouvoir pour étouffer les bourgeons du nouveau paradigme en limitant ses manifestations et expressions, tandis qu’elle rend encore plus inaudible sa créativité foisonnante et ses alternatives prometteuses en les noyant sous le bruit de sa propagande de guerre.

Alors qui va l’emporter ? La force du mensonge ou la force de la vérité ? La lumière de la conscience ou les ténèbres de l’inconscience ? L’interrogation reste ouverte. La seule certitude est que personne n’échappera au champ de bataille de la Communication ni à ses conséquences. Que nous soyons actifs ou passifs, dans tous les cas nous ne pouvons pas nous tenir au-dessus de la mêlée, car même avec un comportement prétendument neutre ou indifférent nous favorisons forcément un camp au détriment de l’autre, et nous porterons tous notre part de responsabilité dans l’issue du combat.

14- De la lumière au cœur des ténèbres

Les attentats du 11 septembre 2001 qui ont abouti à la version officielle d’un acte terroriste commis par Al Qaeda ont changé la face du monde, inaugurant la guerre de l’Occident contre « l’axe du mal » qui a redessiné la carte des alliances internationales face à la liste des États « voyous » à briser pour tous les avantages que nous avons cherché à en tirer depuis 15 ans (ressources, intérêts géostratégiques, soumission économique). Cette légitimation planétaire de nos guerres préventives du Bien contre le Mal ne tient que grâce à la version officielle. C’est pourquoi elle est un élément absolument crucial qui doit être défendu coûte que coûte, ce qui interdit toute critique et remise en question. Car si elle pouvait être contredite par le réexamen d’une commission d’enquête indépendante, cela changerait à nouveau la face du monde, cette fois de façon catastrophique pour les USA et leurs alliés en changeant la face du Bien aux yeux de toute l’humanité.

Une fois qu’on a bien saisi l’enjeu gigantesque qui tourne autour de la version officielle, on comprend mieux pourquoi nos médias de « libre expression » la défendent si fanatiquement en lapidant le premier « déséquilibré » venu qui se permettrait d’émettre des doutes sur leurs antennes. Mais c’est aussi leur talon d’Achille, car rien ne peut mieux faire ressortir leur duplicité et connivence avec les puissances régnantes qui en deviennent caricaturales. Du coup, les sondages à leur égard sont de plus en plus calamiteux : nous sommes moins de 1/4 aujourd’hui à leur faire encore confiance pour nous dire la vérité, ce qui laisse entendre que notre conscience collective est plus éveillée et lucide qu’on pourrait le croire, et c’est plutôt une excellente nouvelle.

Autre excellente nouvelle, malgré leur verrouillage de toute controverse et leur matraquage d’une vérité officielle que 100% de nos médias claironnent, les sondages d’opinion en faveur du doute ont progressé partout dans le monde. Tous sondages confondus, on atteint aux alentours de 60% de « déséquilibrés » qui ne croient pas à la vérité officielle (sans compter le rassemblement spectaculaire de plus de 2000 experts scientifiques qui dénoncent son incohérence), pour seulement 40% d’individus « sains d’esprit » dont la plupart se sont contentés de l’information des médias. Du coup, ces derniers ignoraient l’existence de la 3ème tour qui s’est effondrée sans avoir été percutée par aucun avion, fait particulièrement troublant qui lorsqu’ils en prennent connaissance, vidéo à l’appui, les font basculer dans le camp des « déséquilibrés » pour la moitié d’entre eux.

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L’encyclique du pape François sur l’écologie annonce une véritable révolution sur laquelle nos médias sont restés particulièrement discrets. S’adressant potentiellement à 1300 millions de chrétiens, elle dénonce pour la première fois la perversité de la croissance productive mondiale qui est source de misère, d’exploitation et de dévastation pour le plus grand nombre au profit de la seule minorité des riches. Et elle réclame des pays riches que nous nous engagions dans une voie de décroissance qui est seule soutenable pour l’humanité, rejoignant en cela l’analyse du Dalaï Lama qui défend cette position depuis plus de 40 ans.

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Les contingents de l’armée américaine sont de plus en plus fatigués et déprimés pour les guerres sans fin et sans issue qu’ils mènent au Moyen-Orient. On a référencé discrètement mais officiellement (chiffres du ministère de la Défense US) un taux de suicide supérieur au nombre de soldats morts au combat. C’est à tel point que de nombreux militaires US dont des gradés se sont révoltés dans les médias sociaux en exprimant leur refus de combattre en Syrie aux côtés d’Al Qaeda, leur ancien ennemi redevenu ami au gré des intérêts changeants des lobbies financiers et industriels. La majorité des soldats US sont désormais bien conscients qu’ils ne combattent pas pour la bonne cause mais pour ces lobbies qui mènent le jeu dans de sales guerres de domination où ils n’ont pas le beau rôle.

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La propagande de haine ultra-violente contre l’Occident de EI/Daech, tout en étant très efficace pour recruter des combattants, produit l’effet inverse auprès des populations arabes et musulmanes. Elle leur présente un visage de l’Islam intégriste si cauchemardesque qu’elles ont de moins en moins envie d’être « sauvées » par des djihadistes qui leur préparent un monde encore plus dément que celui que leur fait subir l’oppresseur occidental. On assiste à un épuisement de toute volonté martiale dans ces populations meurtries par tant d’années de guerre et de privation qui ne croient plus que la victoire de tel ou tel camp pourra améliorer leur sort. Elles n’en sont plus qu’à pleurer, crier et supplier pour que la folie des conflits cesse et qu’on leur laisse seulement un peu de répit.

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PAGE SUIVANTE

15- Osons faire un rêve de lumière

16- L’incontournable nécessité d’une mobilisation citoyenne internationale pour la paix

17- L’immense force du monde associatif

18- En guise d’épilogue

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