Transcription de la vidéo
1- Avant d’aborder le miracle de l’agroforesterie tropicale, rappelons brièvement le désastre
Les forêts primaires ont perdu 80% de leur superficie depuis 30 ans de déforestation intensive. La forêt amazonienne grande comme 10 fois la France perd en moyenne 13 millions d’ha par an, soit ¼ de la France.
Les causes de la déforestation sont l’exploitation du bois, l’exploitation minière et pétrolière, l’agrobusiness des multinationales qui rase les forêts pour en faire d’immenses monocultures et d’immenses pâturages pour le bétail, mais aussi la culture du brûlis qui pousse une multitude de paysans pauvres à défricher des parcelles de forêt pour se procurer des terres à cultiver.
La poursuite de cette déforestation massive des poumons de la Terre est ni plus ni moins qu’un acte suicidaire pour l’humanité. Elle est une cause déterminante du réchauffement climatique. Elle dérègle le climat planétaire en n’assurant plus son rôle de régulation des précipitations, intensifiant ouragans et tempêtes dévastatrices. De même qu’elle assèche les nappes phréatiques en ne jouant plus son rôle d’éponge, réduit le débit des cours d’eau pour ne plus générer de nuages, faisant alterner des périodes de sécheresse et d’inondation s’étendant sur tout le continent.
C’est aussi un véritable trésor de biodiversité qui est anéanti avec 26000 espèces végétales et animales qui disparaissent chaque année. Quant à l’exploitation agricole, elle obéit à un boom économique positif à court terme suivi d’un effondrement irréversible, du fait d’un appauvrissement rapide des sols nécessitant pesticides et intrants chimiques, puis de leur érosion conduisant à la désertification. Et dans tout cela, n’oublions pas les peuples indigènes de la forêt amazonienne qui de 1 million il y a 100 ans ont été réduits à 220000 aujourd’hui et qui vivent un véritable calvaire face à l’invasion, l’empoisonnement et la destruction de leur milieu nourricier.
En continuant à ce rythme, la moitié de la forêt tropicale aura disparu en 2030 et il ne restera plus rien des poumons de la Terre en 2050.
2- Face à la catastrophe annoncée, se dresse un homme remarquable, Ernst Götsch
A la fois fermier et chercheur scientifique, il s’est installé au Brésil en 1984 en achetant 500 ha de terres arides et sans eau, rendues stériles et improductives après leur déforestation.
Alors que la richesse et la complexité de la forêt primaire ont nécessité des milliers d’années pour s’élaborer, en l’espace de 30 ans, il est parvenu à la reconstituer sur ses 500 ha dans sa luxuriance d’origine, faisant progressivement réapparaître sa végétation typique et sa biodiversité.
Mais ne nous y trompons pas. Sous l’apparence d’une nouvelle forêt tropicale, il s’agit en réalité d’une ferme agricole qui utilise la propension naturelle de cette forêt à produire de l’abondance pour l’associer à la culture de comestibles, ici le cacao et la banane.
Le résultat de cette association est qu’elle fournit une production biologique d’une qualité exceptionnelle avec des rendements extraordinaires, bien supérieurs à l’agriculture industrielle, tout en ayant l’énorme avantage d’être autonome et permanente puisqu’elle n’a pas besoin de recourir à des intrants extérieurs, et donc au pétrole.
Quel est le secret de ce prodige ? Se mettre à l’écoute de l’intelligence de la nature et de son courant d’énergie foisonnant incessant en lui confiant le soin de faire l’essentiel du travail de production et de régénération.
Les travaux d’Ernst Götsch ont été systématisés et sont reproductibles sur tous types de terrain. Depuis, il s’efforce de transmettre son processus d’élaboration de forêt comestible nommé synthropie qui ne demande plus qu’à être appliqué à grande échelle. Cela à la fois pour restaurer la forêt tropicale en résolvant du même coup toutes les catastrophes planétaires liées à sa disparition, mais aussi à la fois pour assurer une croissance économique réellement soutenable, c’est-à-dire de l’abondance et de la prospérité pour toutes les populations qui sont contraintes aujourd’hui de vivre de la destruction de cette forêt.
Il rencontre un véritable engouement au Brésil où il a commencé à faire des émules, du petit producteur jusqu’aux grands fermiers gérant des milliers d’hectares. Voici quelques uns de leurs témoignages qui laissent rêveurs, et pourtant ce n’est pas une utopie mais bien la réalité terrestre, on ne peut plus palpable et mesurable.
3- Agroécologie versus agriculture industrielle
Contrairement à la propagande d’une élite régnante qui voudrait nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternative crédible au moins pire des mondes possibles, ce monde insoutenable qu’elle nous impose pour continuer à servir son seul profit, on voit bien ici que cette alternative existe, qu’elle est parfaitement réaliste et opérationnelle pour avoir fait ses preuves.
Elle est d’ailleurs loin d’être unique et s’inscrit dans le vaste courant de l’agroécologie qui émerge un peu partout sur la planète. C’est au rapporteur des Nations Unies Olivier de Schutter qu’on lui doit d’être sortie de l’ombre lorsqu’il a présenté un rapport en sa faveur en 2011. Il a fait l’effet d’une bombe puisqu’il aboutit à la conclusion, preuve scientifique à l’appui, que l’agroécologie est plus performante que l’agriculture industrielle, donc plus apte qu’elle à nourrir l’humanité et cela sans son impact désastreux pour n’avoir que des vertus environnementales et sociales.
Alors que l’agriculture industrielle perpétue un cercle vicieux autodestructeur, qu’elle pollue, rend malade, épuise les sols et reste insoutenable parce qu’elle ne peut rien produire sans engrais issus du pétrole, l’agroécologie génère un cercle vertueux autoréparateur.
Elle relocalise la production qui bénéficie d’abord aux plus pauvres, assurant la sécurité et la souveraineté alimentaire. Elle repousse l’érosion et la désertification en restaurant les sols, absorbe du CO2, contribuant à limiter le réchauffement climatique, elle augmente l’humidité locale et donc les cours d’eau et l’accès à l’eau potable, l’ensemble réduisant nombre de maladies.
Puis quand on sait que le pic pétrolier est devant nous avec sa pénurie catastrophique irréversible qui va alimenter toujours plus de guerres, l’agroécologie en se passant de pétrole devient un grand facteur de stabilité et de paix mondiale.
Nous avons donc bien là une issue concrète, une solution immédiatement applicable dont le développement à grande échelle promet d’apporter les plus grands bénéfices à l’humanité pour un financement minimal.
Mise devant ce fait accompli, en toute logique, l’ONU, l’OMS, la Banque Mondiale, le FMI, etc, toutes ces institutions internationales chargées de traiter les maux de l’humanité ne pouvaient que se réjouir de la bonne nouvelle et la soutenir.
Et qu’en a-t-il résulté jusqu’à ce jour ?
Fondamentalement rien n’a bougé. Rebaptisée nouvelle révolution verte, c’est plus que jamais l’agriculture industrielle qui s’affiche comme la seule capable de résoudre le problème de la faim dans le monde à grand renfort de haute technologie OGM.
Cette situation confirme une fois de plus à quel point les institutions internationales sont gangrenées par les multinationales qui imposent leur volonté pour accaparer tous les marchés.
4- La guerre secrète de Bill Gates contre l’agroécologie
On se dira alors qu’il y a peut-être plus d’espoir du côté des grandes organisations humanitaires comme la fondation Bill Gates qui par définition ne cherche pas à faire du profit.
Rappelons qu’avec ses 43 milliards de dotation, elle est la plus puissante au monde et a plus d’impact que l’OMS. Elle symbolise l’aspect le plus généreux et altruiste de l’impérialisme marchand en se donnant pour vocation d’éradiquer les maladies et la faim dans le monde.
Sur le site de la fondation, ce noble dessein nous saute aux yeux à toutes les pages tant elles sont pétries de bons sentiments. Et la lettre d’intention de sa directrice générale nous rassure déjà au plus haut point quand on lit sa dernière phrase : « Nous voulons réunir à la même table tous les points de vue (et toutes les solutions possibles). Nous ne voulons négliger aucune piste susceptible d’être efficace. »
Sachant que ses cabinets d’expertise ne peuvent bien évidemment pas ignorer le rapport de De Schutter, ni les performances exceptionnelles de l’agroforesterie de Götsch, là à coup sûr, l’agroécologie n’a pas pu passer à la trappe, elle doit même recevoir un soutien de taille.
Mais on aura beau fouiller, on ne trouvera rien : elle ne verse pas un centime à l’agroécologie, tout son financement agricole tourne autour de Monsanto qui en bénéficie directement et indirectement.
Et il y a pire. Non seulement elle ne lui donne pas un centime, mais son pouvoir d’influence est si colossal qu’elle oriente les politiques agricoles des nations dans le sens de son financement, c’est-à-dire en faveur des OGM au détriment d’autres options, c’est-à-dire qu’elle ferme carrément la porte à l’agroécologie pour toutes les instances qui veulent bénéficier de son argent.
5- Comment expliquer (face aux preuves validées des performances de l’agroécologie) un tel déni des faits et un tel blocage généralisé ?
Derrière le choix entre agroécologie et OGM, bien plus qu’un débat technique sur le meilleur remède à appliquer, c’est d’abord tout un choix de société qui est en jeu.
D’un côté, nous avons notre actuelle société post-industrielle mondialisée dans laquelle nous sommes piégés comme dans une impasse, de l’autre côté, une aspiration citoyenne à sortir de cette impasse en basculant vers une autre société.
La première s’est édifiée sur les valeurs d’un vieux paradigme devenu hautement dysfonctionnel qu’on peut résumer ainsi :
-Domination et exploitation de la nature et des hommes par d’autres hommes.
-Développement des sciences et techniques pour accroître le pouvoir de dominer et d’exploiter.
-Croissance économique sans fin fondé sur l’emprunt et donc un endettement sans fin.
La seconde se nourrit de la conscience émergente d’un nouveau paradigme beaucoup plus fonctionnel de par ses valeurs opposées :
-Alliance et solidarité avec la nature aussi bien qu’entre les hommes.
-Développement des sciences et techniques pour solutionner le désastre et servir l’humanité.
-Arrêt de l’endettement et donc de la croissance folle qui nous détruit en épuisant les ressources et dévastant la planète.
Le vieux paradigme a une structure pyramidale qui impose la loi du plus fort, le règne des prédateurs par une guerre de compétition incessante où il faut manger le plus faible pour ne pas être mangé.
A la base de cette pyramide, la masse des travailleurs sont sommés de produire toujours plus avec un salaire toujours plus bas afin d’accroître sans fin les profits qui sont aspirés vers le haut jusqu’à la pointe de la pyramide. C’est comme ça qu’on se retrouve aujourd’hui avec cette élite régnante composée de 1% de l’humanité qui a réussi à accaparer la moitié des richesses planétaires, concentrant désormais entre ses mains tous les pouvoirs. Ce système ne peut pas être réformé ni amélioré ni moralisé, parce que c’est dans sa structure même de produire de l’inégalité qui ne cesse d’augmenter, de l’endettement, de l’exploitation, de la dépendance aux puissants qui ne cessent d’augmenter. Et il ne peut se maintenir sans la voracité insatiable du court terme qui est occupé à dévorer toutes les ressources. C’est donc le système en lui-même qui est insoutenable, et c’est pourquoi il est entré dans sa phase suicidaire d’autodestruction dans laquelle il nous entraîne tous.
6- La seule façon d’en sortir est de changer de système
Nous ne sommes pas ici dans la vieille opposition capitalisme-communisme, car il s’agit de faire un véritable saut évolutif vers un nouvel ordre de réalité plus élevé.
Confronté à la totale impuissance du système actuel à résoudre ses contradictions et ses dysfonctionnements, c’est là tout le sens de l’émergence d’un nouveau paradigme connecté à un autre ordre de réalité dont la cohérence supérieure résout en elle-même, naturellement et sans effort, la somme de contradictions et de dysfonctionnements qui restent insolubles dans l’ordre de réalité inférieur du vieux paradigme.
La preuve la plus parlante de ce que nous avançons, c’est bien évidemment le passage de l’agriculture industrielle inhérente au vieux paradigme à l’agroécologie ancrée dans le nouveau paradigme, et qui est ce passage d’un cercle vicieux autodestructeur à un cercle vertueux autocréateur qui s’établit de lui-même, une fois de plus naturellement et sans effort.
Et ce constat vaut également pour biens d’autres alternatives novatrices opérant sur l’ensemble des crises qui nous assaillent.
Le salut de l’humanité va dépendre de notre évolution de conscience collective, c’est-à-dire aussi bien de l’évolution du rapport de force entre le monde mourant du vieux paradigme et le monde naissant du nouveau paradigme qui aspire à le remplacer.
D’un côté, l’élite régnante qui trône au sommet de la pyramide est la gardienne du vieux paradigme, et elle fera tout pour le maintenir en vie tant qu’il continuera à faire sa fortune, aussi aberrant et catastrophique soit-il.
De l’autre côté, les alternatives du nouveau paradigme s’efforcent de germer et de se développer depuis la base de la pyramide. Mais c’est là qu’elles rencontrent une puissante résistance venue d’en haut, parce qu’elles sont comme un corps étranger s’infiltrant dans le vieux paradigme qui menace de le faire imploser. Et de fait, le nouveau paradigme ne peut en aucun cas intégrer la structure pyramidale car il repose sur un pouvoir horizontal où c’est l’entraide et la coopération qui font sa force, de sorte qu’il tend de lui-même à résorber les inégalités, ce qui va à l’encontre du fonctionnement de la pyramide.
C’est pourquoi tout ce qui vient d’en haut incarne désormais une force de mort sclérosante qui s’efforce d’étouffer les bourgeons naissants du nouveau paradigme qui eux incarnent la force de vie, ce renouveau créateur dont notre monde a impérativement besoin pour sortir de son impasse catastrophique.
7- Une fois que le véritable rapport de force qui va décider du sort de l’humanité a été mis en lumière, tout le reste devient extrêmement clair
Ce qui est au sommet de la pyramide, empire financier, médiatique, multinationales, institutions internationales, Etats, ne peuvent que continuer à soutenir l’insoutenable agriculture industrielle parce qu’elle appartient au vieux paradigme qu’elle structure et pérennise en étant intriquée dans une multitude d’intérêts et de marchés qui se nourrissent les uns les autres : industrie pétrolière, chimique, alimentaire, bancaire.
Quant à la haute technologie des OGM qu’elle promeut comme seule issue pour nourrir l’humanité, elle n’est autre que cette science destinée à accroître le pouvoir de dominer et d’exploiter la nature et les hommes par d’autres hommes.
La volonté de Monsanto de breveter le vivant vise à accroître le contrôle technologique aux mains d’une élite afin d’accroître la dépendance, l’endettement, l’exploitation des peuples, avec pour conséquence d’accroître encore les inégalités, la voracité du court terme et l’épuisement des ressources, tandis que toujours plus de pouvoir et de profits se concentre à la pointe de la pyramide.
Face à cela, l’agroécologie représente une menace potentielle parce qu’elle est une vraie solution validée qui démonte l’aberration de l’agriculture industrielle et sa soi-disant absence d’alternative, mais plus encore parce qu’elle porte la lumière, l’espérance, la créativité et les valeurs du nouveau paradigme, c’est-à-dire un vent de révolution et d’émancipation des peuples.
Si l’agroécologie se développait à grande échelle, elle entraînerait automatiquement le développement de l’autonomie, l’indépendance, la prospérité des peuples, conduisant à une résorption de l’endettement et des inégalités. Les parts de marché des multinationales se réduiraient, ainsi que les profits exorbitants de l’élite. Du coup, son pouvoir de contrôle concentrationnaire exerçant sa coercition depuis la pointe jusqu’à la base de la pyramide s’affaiblirait, et c’est tout l’édifice du vieux paradigme qui serait fragilisé.
C’est pourquoi tout ce qui est en haut ne peut tolérer le développement de l’agroécologie qu’il s’efforce de maintenir dans la marginalité, de peur que ce corps étranger ne finisse par faire imploser la pyramide qui assure la fortune de 1% de l’humanité en même temps qu’elle nous condamne tous à l’autodestruction.
Quant à Bill Gates à leur tête, l’homme le plus riche du monde, ce bienfaiteur de l’humanité y apparaît soudain comme la pire caricature des contradictions aveugles du vieux paradigme. Car tout en ayant une volonté réelle d’éradiquer la famine et les maladies, sa fondation toute-puissante en promouvant massivement Monsanto pour étouffer l’agroécologie, se prépare à être une des plus grandes affameuses et pourvoyeuses de maladies de tous les temps.
8- Notre monde n’est pas perdu
Le fait que les puissances d’en haut se sentent menacées par les alternatives du nouveau paradigme est la meilleure preuve de leur vigueur et de leur pertinence.
Elles portent la force de vie naissante à travers un foisonnement créateur sans précédent que l’immense majorité d’entre nous ne demande qu’à embrasser. Et cette force de vie finira inévitablement par triompher de la force de mort des derniers gardiens du vieux paradigme.
Plus vite nous perdrons la naïveté de croire aux puissances d’en haut pour nous secourir, plus vite nous réaliserons que les organisations internationales ne font qu’aggraver les problèmes qu’elles sont sensé traitées, plus vite nous prendrons la responsabilité de nous occuper nous-mêmes de notre destinée, mieux ce sera.
Nous sommes le pouvoir du plus grand nombre, nous sommes 99%.
Continuons de développer une conscience d’achat responsable, continuons de diffuser l’information de proche en proche, continuons de nous mobiliser sur des actions citoyennes.
Soyons conscient du pouvoir essentiel de notre goutte d’eau qui lentement mais sûrement finira par remplir l’océan de notre délivrance.
Sources et crédits images
www.agendagotsch.com
www.thrivemovement.com
www.avsf-agroecologie.com
www.sosfaim.be
www.reseautransition.be
www.therule.org
www.foodmyths.org
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